Insee Conjoncture Hauts-de-FranceBilan économique 2018 - Hauts-de-France

En 2018, la croissance économique en France se poursuit à un rythme modéré (+ 1,7 %). Les Hauts-de-France s’inscrivent dans la tendance nationale même si certains indicateurs économiques, à commencer par l’emploi salarié, marquent légèrement le pas. Ainsi, le taux de chômage atteint son plus bas niveau depuis 10 ans et les créations d’entreprises restent dynamiques, portées par le régime de la micro-entreprise.

Insee Conjoncture Hauts-de-France
No 18
Paru le :Paru le06/06/2019
Auteur : Sandra DELABY, DRAAF, Hauts-de-France
Insee Conjoncture Hauts-de-France No 18- Juin 2019

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2018 publiés par l'Insee.
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Agriculture – Des filières pénalisées par la météo mais certaines productions bien valorisées Bilan économique 2018

Auteur : Sandra DELABY, DRAAF, Hauts-de-France

Les cours des céréales d’hiver s’envolent durant l’été mais le niveau de production est en baisse. Les betteraves industrielles sont petites mais riches en sucre ce qui compense partiellement la perte de production. Les pommes de terre destinées à l’industrie féculière souffrent particulièrement de la sécheresse estivale. La production de lait augmente légèrement mais le manque de fourrage amène certains éleveurs à envoyer à la réforme une partie de leur troupeau laitier. Avec un prix des matières premières céréalières comme pétrolières élevé, les coûts de production augmentent. Toutefois, cette hausse est compensée par l’augmentation du prix des produits agricoles.

Insee Conjoncture Hauts-de-France

No 18

Paru le :06/06/2019

Bilan mitigé en céréales d’hiver

La floraison des céréales d’hiver est perturbée par la fraîcheur et les pluies abondantes du printemps. La moisson est précoce, les orges sont ainsi récoltées dès juin. Les productions de blé tendre et d’orge d’hiver baissent respectivement de 4 % et 17 %. Les récoltes sont ainsi décevantes en quantité puisque les rendements ne s’élèvent qu’à 84 q/ha en blé tendre d’hiver et à 76 q/ha en orge d’hiver. De plus, les surfaces implantées en blé tendre et en orge d’hiver diminuent respectivement de 7 000 et de 4 000 hectares. Toutefois, la qualité des blés est satisfaisante et le contexte de sécheresse qui sévit en Europe du Nord est favorable au redressement des cours. Le blé français est ainsi mieux valorisé ; la cotation du blé tendre rendu Rouen passe de 165 € la tonne en juin à 208 € en août. L’indice des prix des céréales à la production connaît une tendance haussière sans toutefois atteindre les niveaux connus avant 2015 (figure 1).

Figure 1Évolution des indices des prix des produits agricoles à la production (IPPAP bruts base 2015)

Évolution des indices des prix des produits agricoles à la production (IPPAP bruts base 2015)
Céréales Pommes de terre Betteraves industrielles
2010 69,2 55,8 103,4
67,2 56,0 103,4
65,7 63,3 103,4
69,5 71,9 103,4
73,1 74,5 103,4
75,9 71,2 103,4
95,7 68,3 103,4
118,1 71,7 103,4
125,4 88,7 103,4
120,3 88,6 109,8
122,3 91,1 109,8
132,7 95,5 109,8
2011 144,7 105,0 109,8
144,5 107,2 109,8
130,8 105,7 109,8
136,8 108,0 109,8
136,3 107,3 109,8
133,2 103,7 109,8
122,9 101,2 109,8
124,5 81,3 109,8
123,1 70,4 109,8
113,4 66,4 136,0
111,9 64,6 136,0
110,9 62,9 136,0
2012 119,5 66,5 136,0
122,5 70,5 136,0
122,7 69,2 136,0
123,0 65,6 136,0
121,8 72,5 136,0
124,0 70,2 136,0
141,0 68,4 136,0
150,9 67,9 136,0
149,5 128,0 136,0
147,7 129,1 143,9
153,2 138,2 143,9
146,8 138,4 143,9
2013 142,0 138,5 143,9
135,6 135,4 143,9
135,1 138,6 143,9
135,0 152,1 143,9
129,5 159,3 143,9
119,7 163,9 143,9
115,7 164,5 143,9
108,8 171,3 143,9
108,0 135,5 143,9
110,9 126,7 122,8
112,9 126,0 122,8
113,7 124,1 122,8
2014 108,3 116,8 122,8
108,1 104,8 122,8
114,6 101,2 122,8
114,9 100,4 122,8
107,6 94,4 122,8
104,1 88,7 122,8
102,7 86,9 122,8
98,9 90,2 122,8
90,3 75,5 122,8
95,1 72,5 99,4
102,1 75,2 99,4
108,0 73,8 99,4
2015 108,1 74,1 99,4
102,6 72,6 99,4
102,5 72,5 99,4
100,6 71,8 99,4
92,9 86,9 99,4
98,5 94,4 99,4
109,0 94,0 99,4
97,8 95,1 99,4
92,7 145,6 99,4
98,2 136,3 101,8
100,1 130,2 101,8
97,0 128,8 101,8
2016 89,6 131,8 101,8
85,3 133,8 101,8
83,6 135,7 101,8
84,7 142,8 101,8
86,8 154,0 101,8
91,1 165,0 101,8
94,8 165,9 101,8
95,5 175,0 101,8
92,7 178,4 101,8
94,7 172,6 103,8
96,8 172,3 103,8
96,1 175,9 103,8
2017 98,6 176,9 103,8
99,3 175,4 103,8
96,8 176,3 103,8
94,1 173,2 103,8
93,1 169,7 103,8
95,7 163,3 103,8
96,7 163,5 103,8
92,7 170,3 103,8
92,5 116,2 103,8
92,5 118,1 110,3
92,4 118,1 110,3
91,3 119,8 110,3
2018 90,5 119,4 110,3
91,7 118,9 110,3
93,5 117,6 110,3
93,9 120,2 110,3
97,3 129,3 110,3
100,9 125,6 110,3
109,1 124,7 110,3
120,6 128,9 110,3
114,7 188,9 110,3
114,0 183,7 110,3
114,1 188,0 110,3
115,2 187,6 110,3
  • Sources : Insee, Agreste.

Figure 1Évolution des indices des prix des produits agricoles à la production (IPPAP bruts base 2015)

  • Sources : Insee, Agreste.

Des difficultés pour les planteurs de betteraves

Les conditions météorologiques nuisent au développement des betteraves industrielles. La pression sanitaire est élevée et les récoltes sont hétérogènes en fonction de la nature du sol et de la date d’arrachage. La production baisse de 10 % par rapport à l’an passé et les cours du sucre blanc avoisinent les 300 € la tonne alors qu’ils dépassaient les 500 € début 2017. Compte tenu de l’importance des excédents sucriers, la filière doit se réorganiser.

Rendements et qualités hétérogènes en pommes de terre

Avec le surplus d’offre de la campagne précédente, les cours de la pomme de terre sont bas en début d’année. La sécheresse de l’été limite le développement des tubercules et provoque une . Les pommes de terre destinées à la féculerie accusent une baisse de rendement de 15 % par rapport à l’an passé. Stimulés par une récolte qui s’annonce hétérogène, les cours bondissent à partir de septembre et se maintiennent par la suite à ce niveau élevé.

Hausse de la collecte de lait

Avec 2,3 milliards de litres de lait livrés, les volumes de lait collectés en 2018 sont en hausse de 1 % par rapport à l’an passé. Les cours du lait restent sensiblement supérieurs à ceux connus en 2016 (figure 2). Le manque de fourrage conduit les éleveurs laitiers à entamer leur stock de foin dès l’été pour nourrir les animaux en pâture. De plus, le prix des aliments se redresse en raison des mauvaises récoltes dans de nombreux pays (figure 3). Dans ce contexte, les marges dégagées par les éleveurs se réduisent.

Figure 2Évolution du prix moyen standard du lait (en euros pour 1 000 litres)

Évolution du prix moyen standard du lait (en euros pour 1 000 litres)
mois 2016 2017 2018
01 283,56 326,89 325,25
02 282,12 311,11 319,22
03 277,62 306,32 310,51
04 272,06 307,23 306,90
05 269,97 304,93 307,21
06 271,42 308,28 313,56
07 270,39 330,74 325,30
08 281,26 337,69 335,40
09 289,25 347,76 345,71
10 283,33 353,48 343,72
11 282,46 332,53 330,82
12 286,81 332,41 329,42
  • Source : FranceAgriMer, enquête mensuelle laitière.

Figure 2Évolution du prix moyen standard du lait (en euros pour 1 000 litres)

  • Source : FranceAgriMer, enquête mensuelle laitière.

Figure 3Évolution des indices de prix des biens et services de consommation courante (base 100 en 2015)

Évolution des indices de prix des biens et services de consommation courante (base 100 en 2015)
Semences et plants Énergie et lubrifiants Engrais et amendements Produits de protection des cultures Aliments des animaux
2015 99,8 94,9 100,5 99,1 99,4
99,9 105,0 102,1 99,3 100,2
100,0 106,0 102,6 99,7 100,5
100,0 107,8 102,8 100,3 100,5
100,2 109,4 102,3 100,6 100,3
100,1 106,8 99,6 100,3 100,0
99,9 102,2 98,9 100,2 100,2
100,0 95,7 98,9 99,9 100,7
100,1 96,1 98,5 100,1 100,4
100,3 95,1 98,4 100,3 99,7
100,2 94,9 97,9 100,2 99,2
99,6 86,1 97,5 99,9 98,9
2016 99,2 82,5 96,4 99,0 98,5
99,0 82,5 95,9 98,8 97,5
98,9 87,1 95,1 98,8 96,5
99,1 87,7 94,4 99,3 95,6
99,2 94,5 92,2 99,5 95,2
99,4 96,3 88,2 99,6 95,7
98,9 93,2 85,2 99,8 96,0
98,7 91,4 83,8 99,7 96,0
98,8 92,8 83,3 99,8 95,7
98,2 98,1 83,1 99,9 95,2
97,9 95,9 83,5 99,6 95,1
97,2 105,2 85,7 98,8 95,3
2017 96,9 105,1 87,7 98,5 95,8
97,0 105,5 88,9 98,2 96,5
97,1 102,4 89,3 98,3 96,7
97,3 103,6 89,1 98,8 96,8
97,4 99,3 87,6 98,9 96,6
97,2 95,2 84,5 98,9 96,4
96,8 96,3 82,7 98,4 96,1
97,0 98,5 82,7 98,6 95,8
97,2 102,1 83,7 98,8 95,3
97,0 104,0 85,5 98,9 94,9
96,7 107,4 86,3 98,5 94,4
96,6 107,3 86,8 98,4 94,3
2018 96,6 111,8 87,3 98,6 94,9
96,9 108,5 87,8 98,4 95,2
97,0 109,0 88,1 98,6 95,7
97,4 113,1 88,2 99,5 96,3
97,4 119,3 87,7 99,9 96,9
97,2 118,4 86,9 99,8 97,1
97,4 118,0 88,3 99,6 97,3
97,7 118,7 90,0 99,3 98,3
97,7 121,4 92,3 99,6 99,9
97,5 125,7 94,3 99,3 100,8
97,7 120,3 96,1 98,5 101,4
97,3 113,3 96,8 97,6 101,7
  • Sources : Insee, Agreste.

Figure 3Évolution des indices de prix des biens et services de consommation courante (base 100 en 2015)

  • Sources : Insee, Agreste.

Abattage soutenu des bovins femelles

Le nombre de bovins abattus augmente de 1,8 % pour s’établir à 266 600 têtes. Cette hausse est portée par l’abattage des femelles : + 3 % de vaches et + 4,5 % de génisses. Le manque de qualité des fourrages, la hausse du prix des aliments et la baisse de rentabilité des ateliers laitiers conduisent les éleveurs à augmenter le volume de vaches laitières envoyées à la réforme. Dans ce contexte, l’indice des prix des gros bovins à la production se contracte en fin d’année (figure 4). Avec une moyenne annuelle de 98,1, il perd 0,5 point par rapport à l’an passé. A contrario, l’indice des prix à la production des veaux de boucherie augmente de 0,7 point avec un indice moyen annuel de 100,6.

Figure 4Évolution des indices des prix des produits agricoles à la production (IPPAP bruts base 2015)

Évolution des indices des prix des produits agricoles à la production (IPPAP bruts base 2015)
Gros bovins Porcins
2010 82,5 84,0
82,4 88,3
83,5 90,4
83,2 89,0
82,9 95,4
82,0 100,5
82,3 99,8
82,6 98,3
83,3 97,6
85,0 91,9
85,7 91,1
85,9 91,9
2011 86,0 94,7
85,9 99,0
87,0 104,1
87,6 110,5
87,7 112,0
85,8 104,8
87,9 103,3
90,9 104,1
91,6 102,6
94,2 107,6
94,3 112,7
94,6 107,6
2012 94,8 101,9
97,2 112,0
98,3 114,1
98,2 107,6
101,6 105,5
103,1 112,7
104,6 116,3
107,6 122,0
106,6 134,9
104,9 127,7
103,7 119,8
104,2 113,4
2013 105,6 111,1
107,8 112,0
109,6 116,6
109,6 114,8
111,4 110,4
111,9 120,2
112,5 123,4
109,9 129,2
107,2 133,3
104,8 119,1
103,0 111,6
102,0 109,8
2014 102,7 107,3
103,5 103,1
104,1 106,0
104,0 119,6
104,2 117,1
102,6 117,3
101,9 117,9
102,8 114,7
100,8 106,7
97,4 97,3
95,3 95,2
95,7 91,8
2015 96,4 89,6
97,1 92,2
99,1 99,3
99,1 100,6
100,2 99,8
101,7 103,9
103,8 107,6
105,0 112,5
103,1 110,4
100,6 102,7
98,3 94,1
95,8 87,5
2016 95,8 88,5
95,9 89,8
97,2 90,5
95,9 91,5
95,0 96,9
94,9 107,5
94,8 115,0
94,8 116,1
92,4 118,9
92,2 111,1
93,4 104,8
94,1 104,8
2017 94,8 105,7
96,2 109,7
97,9 113,2
99,2 121,3
99,6 118,3
100,1 117,7
99,0 118,1
100,0 114,5
100,1 106,6
99,9 98,9
98,9 96,3
97,5 94,6
2018 96,9 91,4
96,8 94,1
98,3 99,1
98,0 96,8
98,8 96,2
98,9 97,4
100,0 97,7
99,7 99,5
99,6 101,2
98,2 96,8
96,0 95,5
96,5 95,4
  • Sources : Insee, Agreste.

Figure 4Évolution des indices des prix des produits agricoles à la production (IPPAP bruts base 2015)

  • Sources : Insee, Agreste.

Les éleveurs de porcs inquiets

La filière porcine accroît son dynamisme de 4 % dans la région avec 774 600 porcins abattus contre 744 400 en 2017 dont 591 600 porcs charcutiers. Dans un contexte d’offre mondiale soutenue, le cours du porc charcutier est en moyenne de 1,38 €/kg en 2018 contre 1,56 € en 2017, soit une baisse de 10 % (figure 5). La peste porcine à la frontière extérieure de la France et la crainte d’un embargo ajoutent de l’incertitude et désorganisent le marché. Les exportations de porcs vers la Chine reprennent quand même au second semestre.

Figure 5Cotation du porc charcutier classe E+S bassin Nord-Est

prix en euros par kg de carcasse
Cotation du porc charcutier classe E+S bassin Nord-Est (prix en euros par kg de carcasse)
Semaine Moy / 5ans 2017 2018
1 1,41 1,48 1,32
2 1,41 1,49 1,32
3 1,41 1,50 1,34
4 1,41 1,51 1,28
5 1,42 1,52 1,30
6 1,43 1,55 1,31
7 1,42 1,56 1,33
8 1,43 1,57 1,37
9 1,45 1,58 1,38
10 1,46 1,58 1,42
11 1,46 1,59 1,42
12 1,49 1,60 1,43
13 1,50 1,64 1,40
14 1,52 1,68 1,38
15 1,53 1,72 1,38
16 1,55 1,74 1,39
17 1,55 1,73 1,37
18 1,54 1,72 1,36
19 1,53 1,68 1,37
20 1,53 1,67 1,37
21 1,52 1,66 1,37
22 1,52 1,66 1,37
23 1,54 1,67 1,38
24 1,57 1,67 1,39
25 1,59 1,67 1,38
26 1,63 1,67 1,39
27 1,64 1,67 1,41
28 1,63 1,67 1,42
29 1,64 1,67 1,40
30 1,65 1,66 1,40
31 1,66 1,66 1,40
32 1,66 1,66 1,41
33 1,66 1,65 1,41
34 1,66 1,63 1,42
35 1,65 1,60 1,46
36 1,65 1,56 1,48
37 1,65 1,57 1,49
38 1,63 1,53 1,48
39 1,60 1,49 1,43
40 1,57 1,46 1,39
41 1,52 1,41 1,39
42 1,49 1,41 1,38
43 1,46 1,39 1,38
44 1,45 1,39 1,37
45 1,43 1,36 1,35
46 1,42 1,36 1,35
47 1,41 1,36 1,36
48 1,40 1,36 1,36
49 1,39 1,36 1,36
50 1,38 1,36 1,37
51 1,39 1,35 1,36
52 1,37 1,33 1,36
  • Source : Réseau des nouvelles et des marchés.

Figure 5Cotation du porc charcutier classe E+S bassin Nord-Est

  • Source : Réseau des nouvelles et des marchés.

Les prix des moyens de production augmentent

L’indice des prix d’achat des moyens de production agricoles (IPAMPA) s’inscrit dans une tendance haussière tout au long de l’année notamment au second semestre. Cette croissance s’explique principalement par la flambée du prix de l’énergie et dans une moindre mesure par un coût plus élevé des engrais ou amendements et des aliments pour bétail. La hausse de l’IPAMPA est toutefois compensée par l’augmentation du prix des produits agricoles. Le contexte reste ainsi favorable aux exploitations agricoles.

processus de vieillissement biologique

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