Insee Conjoncture GuadeloupeBilan économique 2014 de Guadeloupe

En 2014, l'économie guadeloupéenne reste atone. L'attentisme des ménages maintient la consommation à un niveau relativement faible, tandis que l'absence de visibilité des entreprises a pour conséquence la poursuite des pertes d'emplois notamment dans la construction. Les échanges extérieurs sont en repli. En particulier, les importations de biens d'équipement et intermédiaires diminuent. Toutefois, les entreprises ont poursuivi leur investissement. Si l'activité touristique se maintient avec deux millions de passagers à l'aéroport Pôle Caraïbes, l'activité hôtelière marque le pas.

Insee Conjoncture Guadeloupe
Paru le :Paru le15/06/2015
Guy MYSTILLE, Insee
Insee Conjoncture Guadeloupe- Juin 2015

Emploi salarié - Une année difficile pour l’emploi salarié marchand guadeloupéen

Guy MYSTILLE, Insee

L’année 2014 a été difficile pour l’emploi salarié marchand guadeloupéen qui recule de 2,9 % en un an. L’industrie et la construction pâtissent des effets d’une crise conjoncturelle et reculent après trois années d’instabilité. Le secteur tertiaire marchand limite les pertes, mais il évolue en deçà du niveau atteint entre 2010 et mi 2013.

Insee Conjoncture Guadeloupe

No 1

Paru le :15/06/2015

Un premier trimestre qui ne s’est pas confirmé

Les différents indicateurs suggèrent une détérioration de l’économie guadeloupéenne accompagnant un marché du travail fébrile. Fragilisé par la mauvaise tenue de l’industrie et de la construction, l’emploi salarié marchand guadeloupéen enregistre une baisse exceptionnelle au milieu de l’exercice 2014. Seul le secteur tertiaire marchand soutient de nouveau l’emploi en fin d’année.

Le premier trimestre 2014 exprime pourtant un regain d’activité, dans la continuité de la fin de l’année 2013. Lié à un simple effet de saisonnalité, ce regain ne s’est pas confirmé.

Comparé à celui de la Guyane, le niveau de l’emploi marchand guadeloupéen est bas. Les hausses observées sont régies par la création de postes peu pérennes. À titre d’exemple, les effectifs des autres activités de service augmentent de 4,2 % au premier trimestre par rapport au quatrième trimestre 2013. Ils reculent dans le même temps de 20 % en glissement annuel.

L’industrie et la construction catalyseurs du repli

Porté par l’agroalimentaire, le secteur industriel est resté stable plusieurs mois au cours du premier semestre. Il recule au second semestre, affichant ainsi une évolution comparable à celle du secteur industriel en Martinique. Cependant, la plus forte contribution à la baisse de l’emploi salarié marchand relève du secteur de la construction. Entre 2010 et 2013, le domaine alterne hausses et baisses, tout en gardant un faible niveau d’emploi. L’activité dans la construction s’est encore dégradée en 2014, reflet d’une crise désormais avérée du secteur. Elle est liée à trois facteurs : un marché privé qui s’est essoufflé, une commande publique qui pâtit de la raréfaction des appels d’offre sur un territoire exigu et une carence en projets structurants. D’autre part, la filière BTP guadeloupéenne souffre des mutations d’un marché dorénavant soumis à une concurrence géographiquement plus élargie.

Le secteur tertiaire marchand soutient l’emploi guadeloupéen

Le secteur tertiaire marchand soutient l’emploi salarié marchand guadeloupéen au second semestre. Il est malgré tout soumis à l’instabilité de certains de ses sous-secteurs. L’hôtellerie guadeloupéenne a par exemple enregistré de nombreuses fermetures d’établissements depuis l’an 2000, tendance qui s’est amplifiée avec le conflit social de 2009. En 2014, le secteur peine encore à s’épanouir. Le tertiaire marchand est aussi soumis aux aléas du secteur du transport et de l’entreposage : ses effectifs inscrits augmentent en effet de 3,2 % au premier trimestre 2014 par rapport au quatrième trimestre 2013, mais ils reculent ensuite (– 2,8 % et – 3,8 % au second et troisième trimestre).

Les autres activités de service englobent un panel de sous-secteurs allant des activités de services personnels, de réparation de biens domestiques, aux activités des organisations associatives. Elles affichent pareillement des évolutions constitutives d’un équilibre précaire, alimentées par la présence de contrats aidés.

Un recours marginal au secteur intérimaire

En 2014, 18 500 contrats d’intérim ont été conclus en Guadeloupe. C’est beaucoup moins qu’en Martinique, qui en comptabilise 25 000 sur la même période. C’est également moins qu’en 2013 (20 457). Les entreprises ont davantage fait appel à du personnel intérimaire en début et en fin d’année. En volume moyen, la Guadeloupe comptabilise 9 900 équivalents temps plein (ETP), soit une valeur supérieure à celle enregistrée en Martinique (9 300).

Figure 1Chiffres clés de l'emploi en 2014

Chiffres clés de l'emploi en 2014
Nombre de salariés (effectif) Évolution 2013/2014 (%)
Industrie 8 646 -2,4
Construction 6 788 -9,0
Tertiaire marchand 47 218 -1,8
Total (hors agriculture) 62 652 -2,7
Agriculture 1 709 -7,6
Total 64 361 -2,9
  • Source : Epure.

Figure 2Légère baisse dans les DFA en 2014 par rapport à 2013

Indice base 100 en 2009T2
Légère baisse dans les DFA en 2014 par rapport à 2013 (Indice base 100 en 2009T2)
Guadeloupe Guyane Martinique
2009 T2 100 100 100
2009 T3 101,5 103,2 97,9
2009 T4 102,7 104,4 97,9
2010 T1 107,4 104,9 98,0
2010 T2 106,5 103,7 99,5
2010 T3 104,9 104,5 99,2
2010 T4 107,8 106,2 100,1
2011 T1 107,9 107,9 96,6
2011 T2 107,9 106,7 96,6
2011 T3 107,4 112,6 97,4
2011 T4 106,4 111,2 95,1
2012 T1 107,8 113,6 95,1
2012 T2 108,3 115,4 95,8
2012 T3 104,8 114,3 95,1
2012 T4 105,1 116,1 95,6
2013 T1 107,8 116,8 97,3
2013 T2 106,0 115,2 95,6
2013 T3 101,1 114,6 93,7
2013 T4 102,3 117,6 94,3
2014 T1 103,2 116,6 94,7
2014 T2 101,5 116,1 94,3
2014 T3 99,5 116,9 94,9
2014 T4 100,1 117,1 94,4
  • Source : Epure.

Figure 2Légère baisse dans les DFA en 2014 par rapport à 2013Évolution de l'emploi salarié dans les secteurs concurrentiels

  • Source : Epure.

Figure 32014, un exercice stable par rapport à 2013, sauf pour la Guadeloupe - Évolution de l'emploi salarié dans les secteurs concurrentiels (en %)

2014, un exercice stable par rapport à 2013, sauf pour la Guadeloupe - Évolution de l'emploi salarié dans les secteurs concurrentiels (en %)
poste d'activité du tertiaire marchand GUADELOUPE MARTINIQUE GUYANE
évolution 2014T4 / 2014T3 évolution 2014T4 / 2013T4 évolution 2014T4 / 2014T3 évolution 2014T4 / 2013T4 évolution 2014T4 / 2014T3 évolution 2014T4 / 2013T4
Commerce 0,1 -0,8 0,3 -0,5 1,8 5,4
Autres activités de services -7,4 1,6 -4,4 8,1 -12,5 -1,0
Transport et entreposage 2,3 -1,3 2,0 4,0 0,4 5,1
Hébergement et restauration 14,1 2,9 4,8 1,2 0,1 4,2
Information et communication -0,4 -0,6 0,8 -1,8 8,4 7,2
Activités financières et d'assurance -0,3 -0,2 -0,8 -0,6 -0,7 1,9
Activites immobilères 1,2 -7,2 0,4 1,6 -2,0 1,8
Activités Scientifiques et techniques - Services administratifs et de soutien 2,0 -6,6 -2,4 -2,4 2,9 -6,6
Ensemble tertiaire marchand 1,2 -1,8 -0,4 0,6 0,3 0,7
  • Note : l'évolution en glissement annuel rapporte les effectifs du 31 décembre 2014 aux effectifs du 31 décembre 2013.
  • Source : Epure.

Figure 42014, une année difficile

Indice base 100 au 2009T2
2014, une année difficile (Indice base 100 au 2009T2)
Industrie Construction Tertiaire marchand Ensemble
2009 T2 100 100 100 100
2009 T3 103 98 101 101
2009 T4 103 94 103 102
2010 T1 107 104 106 106
2010 T2 106 100 106 105
2010 T3 104 98 104 103
2010 T4 105 100 107 106
2011 T1 108 101 107 106
2011 T2 108 99 107 106
2011 T3 107 100 107 106
2011 T4 106 99 106 105
2012 T1 108 101 107 106
2012 T2 108 100 108 107
2012 T3 102 97 105 104
2012 T4 103 97 105 104
2013 T1 110 99 107 106
2013 T2 109 101 105 105
2013 T3 104 91 101 100
2013 T4 104 89 103 101
2014 T1 105 90 103 102
2014 T2 105 88 101 100
2014 T3 104 85 100 98
2014 T4 103 84 101 99
  • Source : Epure.

Figure 42014, une année difficileÉvolution de l'emploi salarié marchand en Guadeloupe

  • Source : Epure.

Figure 5Intérim : un recours peu fréquent

Intérim : un recours peu fréquent
Guadeloupe Martinique Guyane
Janvier 2 484 1 888 1 076
Février 1 452 2 342 759
Mars 1 734 1 811 826
Avril 1 141 1 919 804
Mai 1 226 2 149 690
Juin 1 182 1 536 759
Juillet 1 273 1 954 1 108
Août 1 666 2 038 1 078
Septembre 1 712 3 220 1 040
Octobre 999 2 526 867
Novembre 1 884 2 033 1 166
Décembre 1 760 2 000 1 055
  • Source: Dares.

Figure 5Intérim : un recours peu fréquentNombre de contrats d'intérim conclus en 2014 selon le département

  • Source: Dares.

Sources

Les emplois salariés font l’objet de déclarations sous forme de Bordereaux de Recouvrement des Cotisations (BRC).Ces Bordereaux sont adressés par les employeurs aux Unions de Recouvrement de Sécurité Sociale et des Allocations Familiales (Urssaf), puis transmis trimestriellement à l’Insee. Ils concernent les salariés soumis au régime général de sécurité sociale, à l’exception des apprentis dont les cotisations sont prises en charge par l’État, des emplois domestiques et des fonctionnaires de l’État. Sur les données issues des BRC, une chaîne de traitement dite Epure (Extension du Projet Urssaf sur les Revenus et l’Emploi) est utilisée pour les départements français d’Amérique depuis 2006. Le champ est restreint aux activités les mieux représentées. Sont exclus du champ Epure, les caisses de congés payés, les établissements de vente à domicile et les administrateurs d’immeubles à l’AFPA.(source Dares).

Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.

Définitions

Emploi salarié :

Les salariés sont les personnes qui travaillent, aux termes d’un contrat, pour une autre entité résidente en échange d’un salaire ou d’une rétribution équivalente, avec un lien de subordination.

Estimations d'emploi localisées / ESTEL / Estel :

A partir de 2009, les estimations d'emploi annuelles sont calculées à partir du dispositif Estel (Estimations d'emploi localisées), qui se fondent sur l'utilisation des sources administratives en niveau.

Pour les salariés, il s'agit des Déclarations Annuelles de Données Sociales (DADS « grand format ») contenant, en plus des DADS stricto sensu, les données du fichier de paye des agents de l'État et celles des particuliers employeurs).

Pour les non salariés agricoles, les sources mobilisées sont les fichiers de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) et pour les non salariés non agricoles, les fichiers de l'Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale (ACOSS) qui est la Caisse Nationale des Unions de Recouvrement des Cotisations de Sécurité Sociale et d'Allocations Familiales (URSSAF).

Le concept central d'Estel est une synthèse ascendante des sources administratives utilisées avec prise en compte de la multi-activité. Estel mesure l'emploi selon un concept « BIT répertorié » : l'emploi est mesuré sur la dernière semaine de l'année et tout emploi déclaré est comptabilisé.

Le passage à Estel permet la production des estimations d'emploi annuelles à un niveau géographique et sectoriel plus fin que l'ancien système (celui de la zone d'emploi croisée avec le niveau A38 de la nouvelle nomenclature d'activités au lieu du niveau départemental) ; de plus on disposera chaque année de la double localisation au lieu de résidence et au lieu de travail pour les salariés et d'informations sur le sexe et la tranche d'âge quinquennale des travailleurs salariés et non salariés.

Intérim / Travail temporaire / Travail intérimaire :

L' intérim (ou travail intérimaire ou travail temporaire) consiste à mettre à disposition provisoire d’entreprises clientes, des salariés qui, en fonction d'une rémunération convenue, sont embauchés et rémunérés à cet effet par l'entreprise de travail temporaire.

L'intérim se caractérise donc par une relation triangulaire entre l’entreprise de travail temporaire, l’entreprise cliente et le salarié, et implique la conclusion de deux contrats : un contrat de mise à disposition (entre l’entreprise de travail temporaire et l’entreprise cliente) et un contrat de mission (entre l’entreprise de travail temporaire et le salarié).

Le contrat ne peut être conclu que pour l’exécution d’une tâche précise et temporaire, dénommée mission, et seulement dans les cas énumérés par la loi. Quel que soit le motif pour lequel il est conclu, un tel contrat ne peut avoir ni pour objet ni pour effet de pourvoir durablement un emploi lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise utilisatrice.

Correction des variations saisonnières / CVS / Désaisonnalisation :

La correction des variations saisonnières permet d’éliminer l'effet de fluctuations périodiques infra-annuelles dues au calendrier et aux saisons, de manière à faire ressortir les évolutions les plus significatives de la série. Celles-ci sont contenues dans la tendance et la composante irrégulière.

Par exemple, les ventes de jouets augmentent toujours fortement entre novembre et décembre, en raison de Noël. Sur les données brutes, cet effet périodique masque l’évolution conjoncturelle sous-jacente pour une année donnée. Une fois la série désaisonnalisée, c’est-à-dire l’effet Noël retiré, les ventes peuvent s’avérer en baisse, signe d’une moins bonne année.

Documentation

Définitions (pdf, 48 Ko )