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Insee Conjoncture Martinique · Juin 2023 · n° 24
Insee Conjoncture MartiniqueBilan économique 2022 - Martinique Bonne orientation de l’économie martiniquaise en 2022

En 2022, le marché du travail s’améliore avec une baisse du nombre de demandeurs d’emploi et une hausse de l’emploi salarié du secteur tertiaire marchand (hors intérim). Les créations d’entreprises sont également en hausse. La situation financière des ménages et des entreprises est satisfaisante. Les secteurs portuaire et aérien redécollent portés en partie par la progression du flux de touristes de séjour.

Insee Conjoncture Martinique
No 24
Paru le :Paru le01/06/2023

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2022 publiés par l'Insee.

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Agriculture - La Martinique marquée par une quatrième année consécutive déficitaire en pluie Bilan économique 2022

Hervé Lefaix (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de Martinique)

L’année 2022 est à nouveau marquée par des conditions météorologiques peu favorables, mais surtout par une forte augmentation des coûts de production au premier semestre. La production de cannes broyées est particulièrement touchée et recule de près de 10,0 % par rapport à l’année précédente. Le volume de bananes commercialisées progresse de 5,4 % sur un an.

Insee Conjoncture Martinique

No 24

Paru le :01/06/2023

Des rendements en baisse suite à une nouvelle période de sécheresse

Une nouvelle calamité agricole sécheresse est reconnue pour la période d’août 2021 à mai 2022. C’est la quatrième depuis 2019, avec pour conséquences des baisses de rendement sur de nombreuses productions végétales et les prairies malgré les pluies de fin d’année. S’ajoutent les répercussions du dérèglement des marchés mondiaux, ce qui engendre des hausses importantes du coût des intrants et de l’énergie.

Les prix de vente de la banane sont en hausse

Avec 151 166 tonnes de bananes mises sur le marché en 2022 (147 828 tonnes à l’export et 3 338 tonnes sur le marché local), la production martiniquaise commercialisée progresse de 5,4 % par rapport à 2021.

Figure 1Évolution des principales productions agricoles entre 2021 et 2022

(en tonnes)
Évolution des principales productions agricoles entre 2021 et 2022 ((en tonnes))
Type de productions 2021 2022 Évolution 2021/2022 (en %)
Production commercialisée de bananes 143 392 151 166 5,4
Cannes broyées 209 982 189 241 -9,9
dont Sucreries 37 213 28 760 -22,7
dont Distilleries 172 769 160 481 -7,1
Fruits, Légumes et Tubercules 6 889 nd nd
Production animale 3 486 3 929 12,7
dont Volailles 1 683 1 940 15,3
dont Porcins 1 098 1 269 15,6
dont Bovins 705 720 2,1
  • nd : données non disponibles.
  • Sources : DAAF – CTCS – Abattoir BôKaïl – SAGR – Régie de l’abattoir.

L’année 2022 est marqué par une rupture dans la baisse quasi continue des prix depuis plusieurs années. Depuis 2018, les records des prix les plus bas s’enchaînaient (0,65 €/kg pour la catégorie « Antilles extra », moyenne mensuelle à quai en novembre 2018). En 2022, la tendance s’inverse, à l’exception de la période de moindre demande estivale. Les prix se maintiennent à un niveau au-dessus des moyennes de ces dernières années (0,89 €/kg pour la catégorie « Antilles extra », moyenne mensuelle à quai en novembre 2022). Cette année, les apports sont globalement moindres (événements climatiques, géologiques, sanitaires), amenant au maintien d’une certaine tension sur l’approvisionnement des marchés.

Figure 2Évolution de la production de bananes et du prix payé au producteur entre 2021 et 2022

Évolution de la production de bananes et du prix payé au producteur entre 2021 et 2022
Production 2021 2022 Évolution 2021/2022 (en %)
Exportations (en tonnes) 140 338 147 828 5,3
Marché local (en tonnes) 3 054 3 338 9,3
Production commercialisée (en tonnes) 143 392 151 166 5,4
Prix moyen payé au producteur (en €/Kg) 0,65 0,73 12,3
Prix moyen local (en €/Kg) 0,45 0,50 11,1
  • Source : DAAF- Banamart.

Figure 3Évolution mensuelle du tonnage de bananes martiniquaises exportées en France Hexagonale et du prix moyen d'achat

(en euro)
Évolution mensuelle du tonnage de bananes martiniquaises exportées en France Hexagonale et du prix moyen d'achat ((en euro))
Période 2020 Prix moyen au kg 2021 Prix moyen au kg 2022 Prix moyen au kg
Janvier 0,72 0,64 0,74
Février 0,72 0,68 0,78
Mars 0,72 0,70 0,78
Avril 0,73 0,69 0,76
Mai 0,67 0,65 0,69
Juin 0,63 0,57 0,61
Juillet 0,65 0,51 0,69
Août 0,69 0,63 0,74
Septembre 0,69 0,69 0,78
Octobre 0,68 0,68 0,76
Novembre 0,67 0,68 0,77
Décembre 0,58 0,63 0,77
  • Source : DAAF – Banamart.

Figure 3Évolution mensuelle du tonnage de bananes martiniquaises exportées en France Hexagonale et du prix moyen d'achat

  • Source : DAAF – Banamart.

Production insuffisante de canne pour les distilleries et la sucrerie

La sécheresse de 2021 a fortement pesé sur la repousse de la canne et les replantations après récolte. Les rendements sont exceptionnellement bas : 48 tonnes par hectare de canne sont récoltées en moyenne en 2022 alors que le rendement moyen sur les vingt dernières années est de 53T/ha. Seulement 189 241 tonnes sont ainsi récoltées (209 982 tonnes en 2021), 160 481 tonnes destinées aux distilleries et 28 760 tonnes à la sucrerie du Galion. Le taux de sucre au-dessus de la moyenne (12,18 % de richesse en saccharose) ne permet pas de compenser la baisse des tonnages. La sucrerie ne produit que 1 080 tonnes de sucre (1292 tonnes en 2021), alors que le marché local annuel du sucre de bouche est de l’ordre de 4 000 tonnes. Les distilleries produisent 100 915 hectolitres équivalent alcool pure (hap) : 12 088 hap de rhum de sucrerie et 88 827 hap de rhum agricole. Certaines filières de production agricole ont des difficultés à se développer et produire plus par manque de débouchés (étroitesse du marché local, concurrence des produits importés...), ce n’est pas le cas pour la filière canne-sucre-rhum qui pourrait valoriser jusqu’à 80 000 tonnes de canne supplémentaires par an.

Figure 4Évolution des tonnages de cannes commercialisées et teneur en saccharose sur dix ans

(en tonnes)
Évolution des tonnages de cannes commercialisées et teneur en saccharose sur dix ans ((en tonnes))
Année Sucrerie Distilleries Richesse en saccharose (en %)
2012 47 368 127 937 12,92
2013 42 872 135 050 12,28
2014 39 665 127 218 12,26
2015 46 605 160 902 12,53
2016 49 081 176 870 10,61
2017 39 123 169 126 10,71
2018 31 756 174 640 9,93
2019 23 100 137 513 13,27
2020 38 708 167 946 12,10
2021 37 213 172 769 11,17
2022 28 760 160 481 12,18
  • Source : CTCS

Figure 4Évolution des tonnages de cannes commercialisées et teneur en saccharose sur dix ans

  • Source : CTCS

Un début d’année difficile pour les fruits et légumes

La mission d’enquête constituée suite à la demande de reconnaissance de la sécheresse au titre des calamités agricoles, relève des pertes de production de l’ordre de 30 % en maraîchage et de l’ordre de 50 % en arboriculture fruitière au premier semestre. Cependant, les premiers chiffres collectés via les principales organisations de producteurs (OP) semblent montrer une légère augmentation des volumes commercialisés sur l’année par rapport à 2021, elle aussi marquée par une calamité agricole.

D’une part, il peut s’agir d’une évolution du nombre des adhérents apporteurs au sein des OP suite à la disparition notamment d’une d’entre elles en 2022. D’autre part, les conditions météorologiques du premier semestre ont permis malgré tout une bonne récolte de melons chez les producteurs spécialisés au sud de la Martinique.

Reprise de la production de porc et volaille

Au niveau des abattoirs, la production de bovins se stabilise (+2,1 % par rapport à 2021). Tandis que les abattages de porcins progressent de 15,6 % (1 269 tonnes en 2022) et les abattages de volaille de 15,3 % (1 940 tonnes en 2022).

Pour les filières de production animale, l’année 2022 marque une reprise après plusieurs années de baisse, malgré la très forte augmentation du coût des intrants principalement au 1er semestre 2022. Sur l’année, les engrais augmentent de près de 50 %, le carburant de 16,9 % et le SMIC horaire net mensuel est revalorisé de 6,6 %. Les indicateurs du Réseau de Référence en élevage de ruminants Antilles indiquent une augmentation de 6 % des coûts de productions et de 12 % du prix de revient sur l’année.

Figure 5Évolution des productions animales entre 2021 et 2022

(en tonnes)
Évolution des productions animales entre 2021 et 2022 ((en tonnes))
Production animales 2021 2022*
Volailles 1 683 1 940
Porcins 1 098 1 269
Bovins 705 720
  • *données provisoires.
  • Sources : DAAF – Abattoir BôKaïl – SAGR – Régie de l’abattoir.

Figure 5Évolution des productions animales entre 2021 et 2022

  • *données provisoires.
  • Sources : DAAF – Abattoir BôKaïl – SAGR – Régie de l’abattoir.

Figure 6Évolution des importations de viande

(en tonnes)
Évolution des importations de viande ((en tonnes))
Type de viandes 2021 2022 Évolution 2021/2022 (en %)
Bovins 4 172 4 275 2,5
Porcins 3 719 3 775 1,5
Volailles 9 345 9 918 6,1
Total 17 236 17 968 4,2
  • Source : Douanes
Publication rédigée par :Hervé Lefaix (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de Martinique)

Pour comprendre

Les données relatives à la canne et à la banane sont recueillies auprès du Service Agriculture et Forêt de la DAAF qui instruit les demandes d’aides relatives à ces filières. Les chiffres concernant la canne sont en général connus dès le mois de juin de l’année en cours, la campagne « banane » se poursuivant jusqu’à la fin de l’année.

Pour les autres fruits et légumes, les données concernant le 2ᵉ semestre sont fournies en général à la mi-février N+1, et peuvent faire l’objet d’ajustements ultérieurs. Pour les productions animales, le SISEP (Information statistique, économique et prospective) recueille les données des différents abattoirs mois par mois.

L’ensemble de ces données sert par ailleurs à l’établissement de la Statistique Agricole Annuelle qui comporte une édition dite « provisoire » au début de l’année N+1 et une édition dite « définitive » au second semestre.

Le bilan économique de l’Insee est rédigé en début d’année, certaines données sont susceptibles d’évoluer par la suite.