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Insee Conjoncture Martinique · Juin 2023 · n° 24
Insee Conjoncture MartiniqueBilan économique 2022 - Martinique Bonne orientation de l’économie martiniquaise en 2022

En 2022, le marché du travail s’améliore avec une baisse du nombre de demandeurs d’emploi et une hausse de l’emploi salarié du secteur tertiaire marchand (hors intérim). Les créations d’entreprises sont également en hausse. La situation financière des ménages et des entreprises est satisfaisante. Les secteurs portuaire et aérien redécollent portés en partie par la progression du flux de touristes de séjour.

Insee Conjoncture Martinique
No 24
Paru le :Paru le01/06/2023

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2022 publiés par l'Insee.

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Transport maritime - La crise sanitaire desserre son emprise sur le trafic de passagers et le trafic de conteneurs bat des records Bilan économique 2022

Jean-Michel Vion (Grand Port Maritime de La Martinique)

En 2022, l’activité se normalise au fil de l’année pour le trafic de passagers. Le trafic inter-îles repasse au-dessus du seuil des 100 000 passagers et la croisière reprend enfin après deux saisons blanches. En progressant de 8,4 %, le trafic de marchandises retrouve son niveau nominal de 3 millions de tonnes. La progression relative des vracs et des marchandises diverses est du même ordre. Les vracs liquides (produits pétroliers) progressent avec le retour du raffinage à la société anonyme de la raffinerie des Antilles (SARA) alors que les vracs solides chutent en raison du faible niveau d’importation du clinker (ciment brut). Le trafic conteneurisé atteint un record historique avec 192 000 équivalents vingt pieds. Le trafic de passagers renaissant entraîne une forte progression de la fréquentation du port.

Insee Conjoncture Martinique

No 24

Paru le :01/06/2023

Net rebond du transport de vracs pétroliers

En 2022, l’activité de raffinage reprend après neuf mois d’arrêts subis en 2021. La société anonyme de la raffinerie des Antilles (SARA), après un niveau plancher de 660 000 tonnes atteint en 2021, remonte à 780 000 tonnes (figure 1). Toutefois, le tonnage total du secteur ne repasse toujours pas le seuil du million de tonnes depuis 2017 (le tonnage moyen de 2000 à 2016 était de 1,3 millions de tonnes). L’import de pétrole brut se limite à quatre approvisionnements au lieu des sept initialement programmés, et le tonnage de 300 000 tonnes reste à un niveau très faible en regard de l’importation moyenne des vingt dernières années (630 000 tonnes).

Les exports vers les DFA (Départements Français d’Amérique : Guyane et archipel de la Guadeloupe) des produits raffinés sur le site SARA de Californie sont aussi à un niveau très bas et les exports ne progressent que grâce à l’activité de « bunkering » en plein essor (avitaillement des soutes des navires). Le bilan des vracs liquides importés ou exportés par la SARA est donc faible eu égard au retour à la normale des capacités de raffinage des installations de Californie.

En revanche, les importations de fuel par EDF pour ses deux centrales électriques de Bellefontaine et de Fort-de-France progressent de 20 000 tonnes (+11 %) et atteignent un record en dépassant les 200 000 tonnes. C’est la conséquence directe du remplacement de l’approvisionnement terrestre, via l’oléoduc reliant la SARA à la centrale de la Pointe des Carrières, par un approvisionnement exclusivement maritime par le port.

Figure 1Évolution du transit portuaire en Martinique

(en milliers de tonnes)
Évolution du transit portuaire en Martinique ((en milliers de tonnes))
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 Évolution 2021 – 2022 (en %)
Total liquides + solides en vrac 1 363 775 1 664 548 1 430 893 1 816 861 1 879 281 1 703 673 1 434 665 1 349 504 1 496 041 1 217 590 1 231 412 1 339 980 8,8
Liquides en vrac 1 162 396 1 455 742 1 213 036 1 577 152 1 643 012 1 483 522 1 196 691 1 091 458 1 111 059 880 677 848 791 986 845 16,3
Pétrole brut (SARA) 551 543 699 252 477 319 636 962 709 022 626 680 461 840 382 577 452 914 288 469 150 571 300 680 99,7
Produits raffinés (SARA) 610 853 756 490 735 717 796 464 776 634 687 906 565 462 558 886 508 647 408 664 512 522 479 249 -6,5
Import EDF (Bellefontaine+FDF) nd nd nd 143 726 157 356 168 936 169 389 149 995 149 498 183 544 185 698 206 916 11,4
Solides en vrac 201 379 208 806 217 857 239 709 236 269 220 151 237 974 258 046 384 982 336 913 382 621 353 135 -7,7
Céréales 37 977 41 907 53 598 51 687 53 997 53 510 52 283 50 919 51 119 47 553 51 756 50 219 -3,0
Engrais 10 526 15 674 19 814 23 267 20 163 23 043 16 149 18 275 16 524 17 526 15 368 15 241 -0,8
Clinker 152 876 151 225 137 671 143 116 147 987 131 397 144 627 123 000 144 600 104 788 152 721 114 855 -24,8
Autres solides en vracs 0 0 6 774 21 639 14 122 12 201 24 915 65 852 172 739 167 046 162 776 172 820 6,2
Marchandises diverses 1 450 910 1 443 819 1 448 121 1 759 573 1 526 034 1 429 442 1 561 093 1 711 212 1 718 134 1 485 587 1 532 916 1 657 800 8,1
Conteneurisées 1 414 910 1 407 819 1 028 776 1 280 380 1 063 445 971 510 1 065 512 1 179 834 1 171 347 989 194 1 019 496 1 085 935 6,5
Tares des conteneurs nd nd 292 484 339 700 312 494 301 614 327 770 350 269 361 142 333 459 346 650 387 696 11,8
Véhicules automobiles nd nd 20 662 21 609 25 638 27 169 26 011 29 151 27 753 22 421 24 848 25 217 1,5
RO-RO (tonnage net marchandises) nd nd 81 630 77 678 82 519 86 939 88 503 95 321 98 087 88 269 88 479 94 225 6,5
Tares Ro-Ro et ferry nd nd 42 749 40 206 41 938 42 210 53 297 56 637 59 805 52 245 53 443 64 727 21,1
Total marchandises 2 814 685 3 108 367 2 879 014 3 576 434 3 405 315 3 133 115 2 995 758 3 060 716 3 214 175 2 703 177 2 764 328 2 997 780 8,4
  • nd : non disponible.
  • Source : Grand port maritime de la Martinique.

Recul du trafic de vracs solides

Les vracs solides rechutent après une année 2021 qui avait acté un net rebond. La forte contraction des importations de clinker (ciment brut : −38 000 tonnes soit −25 % par rapport à 2021) explique cette baisse. Les céréales sont également en léger retrait (−3 %) tandis que les engrais sont stables. En revanche l’import de biomasse pour la centrale électrique du Galion reprend sa progression et atteint son meilleur niveau à 160 000 tonnes.

Grâce aux vracs liquides, le secteur des vracs progresse globalement de 108 500 tonnes (+9 %) par rapport à 2021. Toutefois avec un total de 1 340 000 tonnes, ce tonnage est le troisième plus faible des deux dernières décennies, juste devant 2020 et 2021.

Poursuite de la progression du tonnage de marchandises diverses

En 2022, avec un total annuel de 3 millions de tonnes, la progression du tonnage de marchandises s’élève à 233 000 tonnes (+8,4 % par rapport à 2021), et signe le retour à une activité normale (figure 2).

Le tonnage des marchandises diverses (conteneurs et ro-ro) progresse de 124 000 tonnes (+8,1 %), porté notamment par celui des marchandises conteneurisées (+7,9 %). Les tonnages du trafic roulier (ro-ro) progressent de 10,4 % par rapport à 2021 grâce au trafic échangé avec la Guadeloupe qui retrouve un niveau élevé de 94 000 tonnes. L’import de véhicules neufs reste stable à 25 000 tonnes.

Figure 2Évolution du tonnage des vracs et des marchandises diverses (dont conteneurs)

(en milliers de tonnes)
Évolution du tonnage des vracs et des marchandises diverses (dont conteneurs) ((en milliers de tonnes))
Vracs Marchandises diverses (dont conteneurs) Ensemble
2012 1 665 1 444 3 109
2013 1 431 1 466 2 897
2014 1 817 1 760 3 577
2015 1 879 1 526 3 405
2016 1 704 1 429 3 133
2017 1 435 1 561 2 996
2018 1 350 1 711 3 061
2019 1 496 1 718 3 214
2020 1 214 1 486 2 699
2021 1 231 1 533 2 764
2022 1 340 1 658 2 998
  • Source : Grand port maritime de la Martinique.

Figure 2Évolution du tonnage des vracs et des marchandises diverses (dont conteneurs)

  • Source : Grand port maritime de la Martinique.

Record pour le trafic de conteneurs

Le trafic de conteneurs marque un nouveau record avec 192 000 EVP (Équivalent Vingt Pieds), soit une progression de plus de 20 000 EVP par rapport à 2021 (+12 %). Cependant cette évolution est portée par la très forte progression du trafic de conteneurs vides (+12 000 EVP).

Le trafic de conteneurs domestiques atteint lui aussi son meilleur niveau avec un total de 169 000 EVP (+11 %), dont 96 500 pleins (+4 %). La hausse concerne aussi le transbordement (+23 %), qui repasse le seuil des 20 000 EVP. Seul l’export de banane se contracte (−1 %), et reste sous la barre des 15 000 EVP (figure 3).

Figure 3Évolution du trafic de conteneurs

(en milliers d’EVP)
Évolution du trafic de conteneurs ((en milliers d’EVP))
Transbordement Domestique Total
2012 15,0 129,0 144,0
2013 19,3 128,1 147,4
2014 36,1 135,8 171,9
2015 17,2 142,0 159,2
2016 9,9 143,3 153,2
2017 20,1 140,4 160,5
2018 31,3 141,2 172,5
2019 29,6 148,7 178,3
2020 15,5 149,0 164,5
2021 18,5 153,2 171,7
2022 22,8 169,3 192,1
  • Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2023.

Figure 3Évolution du trafic de conteneurs

  • Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2023.

Redémarrage du secteur de la croisière

Après deux saisons blanches (la saison couvre la période allant d’octobre à septembre de l’année suivante) en lien avec la crise sanitaire, le secteur de la croisière redémarre au dernier trimestre pour la saison 2022/2023. Ce retour très attendu permet aux compagnies de réaliser 53 escales et à 95 000 passagers de transiter par les installations portuaires, dont 20 000 commençant ou finissant une croisière à Fort-de-France (figure 4). Ce niveau d’activité, sur la même période de septembre à décembre, est semblable à celui de l’année 2016.

Figure 4Évolution de la croisière en Martinique

Évolution de la croisière en Martinique
Nombre d'escales (en unité) Nombre de passagers (entrées/sorties) (en milliers)
2002 206 382
2003 217 513
2004 222 302
2005 127 188
2006 138 179
2007 117 134
2008 109 180
2009 100 145
2010 97 161
2011 60 76
2012 105 195
2013 110 254
2014 145 411
2015 170 545
2016 190 654
2017 225 898
2018 216 889
2019 169 672
2020 100 406
2021 0 0
2022 53 168
  • Source : Grand port maritime de la Martinique.

Figure 4Évolution de la croisière en Martinique

  • Source : Grand port maritime de la Martinique.

Fin des limitations sanitaires pour le trafic de passagers inter-îles

Les contraintes sanitaires ont été levées progressivement sur les îles voisines de la Dominique et de Sainte-Lucie, et l’offre de trafic est redevenue pleine pendant l’été, avec 40 escales mensuelles. Si le premier semestre ne totalise que 145 escales et 33 000 passagers, le second semestre voit transiter 71 000 passagers en 224 escales et permet de repasser la barre des 100 000 passagers annuels. Cela fait suite à une année 2021 historiquement basse, avec seulement 30 000 passagers.

La fréquentation du port repart à la hausse

Après le recul historique de 2020 et 2021 (1 220 escales), le retour à la normale du secteur « passagers » entraîne une forte croissance du nombre d’escales, en hausse de 24 % (figure 5).

Figure 5Évolution de la fréquentation portuaire

Évolution de la fréquentation portuaire
2018 2021 2022 Évolution 2021–2022 (en %)
Nombre de passagers (entrées/sorties) 1 030 132 29 965 272 662 809,9
Passagers Croisière transit* 771 352 0 149 916
Passagers embarquant/débarquant 117 828 0 18 283
Total Croisière 889 180 0 168 199
Inter-îles 140 952 29 965 104 463 248,6
Nombre d'escales 1 923 1 122 1 387 23,6
Marchandises 784 711 950 33,6
Croisières 216 0 53
Inter-îles de passagers 607 162 369 127,8
Autres 316 249 15 -94
  • * passagers croisière en transit (excursionnistes) comptés 2 fois (au débarquement et à l'embarquement), conformément au référentiel technique annexé à l'arrêté ministériel du 24 octobre 2012 et relatif à l'élaboration et à la transmission des statistiques portuaires.
  • Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2023.

Figure 6Chiffres clés du transport maritime

Chiffres clés du transport maritime
2018 2021 2022 Évolution 2021–2022 (en %)
Total des Marchandises (en tonnes) 3 060 716 2 764 328 2 997 780 8,4
Nombre de conteneurs (en EVP) 172 522 171 723 192 133 11,9
Nombre de passagers (entrées et sorties) 1 030 132 29 965 272 662 809,9
dont croisière basée au port 117 828 0 168 199
Nombre d'escales de navires 1 923 1 122 1 387 23,6
  • Source : Grand port maritime de la Martinique.
Publication rédigée par :Jean-Michel Vion (Grand Port Maritime de La Martinique)

Pour comprendre

Le GPMLM (Grand Port Maritime de la Martinique) est la porte d’entrée principale des marchandises en Martinique (plus de 95 %). Les différents secteurs d’activité portuaire sont codifiés selon les directives du ministère des transports dont dépendent tous les ports français en matière de statistiques.

Les marchandises en vracs sont les marchandises transportées en grande quantité sur des navires spécialisés dédiés à cette activité. On distingue les vracs liquides, essentiellement des produits pétroliers y compris le méthane car le gaz est transporté sous forme liquéfiée, des vracs solides, transportés généralement par des cargos-vraquiers ou des navires polyvalents (minerais, céréales…).

Les marchandises dites diverses comprennent les marchandises à l’intérieur des conteneurs transportés sur des navires porte-conteneurs, et les marchandises transportées sur des navires dits roll on/ roll off (ro-ro), de type « ferry », dont les moyens de déchargement et chargement sont généralement des unités routières comme des camions avec ou sans remorques ; les véhicules d’importations sont le plus généralement des marchandises débarquées de navires spécialisés et manutentionnées en ro-ro.

Les passagers sont de 2 types : les voyageurs qui vont d’une île vers une autre et les croisiéristes qui embarquent ou débarquent d’un paquebot. Les croisiéristes sont également de 2 types : ceux qui commencent ou finissent une croisière à Fort-de-France (croisière « basée ») et ceux qui sont en escale à la journée (dits aussi en transit) ayant embarqué dans un autre port.

Sources

Grand Port Maritime de la Martinique

Définitions

Clinker : constituant du ciment en forme de nodules durs et cristallisés.

EVP (Équivalent Vingt Pieds) : unité de mesure pour exprimer une capacité de transport, multiple du volume standard occupé par un conteneur qui regroupe à la fois les 20 pieds et les 40 pieds. Un conteneur de 20 pieds mesure 2,6 mètres (8,5 pieds) de haut par 2,4 m de large (8 pieds) et 6,1 m (20 pieds) de long pour une capacité d’environ 38 m³.

Ro-Ro ou roulier : cette appellation vient de l'anglais « Roll-On, Roll-Off » signifiant littéralement « roule dedans, roule dehors ». Les Ro-Ro, sont des navires utilisés pour transporter des véhicules, chargés grâce à une ou plusieurs rampes d'accès. On les dénomme ainsi pour les distinguer des navires habituels où les produits sont chargés à la verticale par des grues « lo-lo » (lift-on, lift-off).

Transbordement : déchargement et rechargement de marchandises d’un navire sur l’autre dans un délai court.