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Insee Conjoncture Normandie · Juin 2023 · n° 37
Insee Conjoncture NormandieBilan économique 2022 - Normandie L’économie normande poursuit sa reprise en 2022, notamment dans l’industrie

L’activité normande poursuit son rebond en 2022. Plus de 8 000 emplois ont été créés dans la région en un an. Tous les secteurs d’activités créent des emplois, excepté le tertiaire non marchand. Fin 2022, le taux de chômage en Normandie atteint son plus bas niveau depuis plus de quarante ans (6,7 %) dans le prolongement de la tendance observée ces 8 dernières années. La Normandie est la région française à présenter le recul le plus marqué du nombre de demandeurs d’emploi sur un an, notamment pour la catégorie A (sans activité professionnelle). Les tensions de recrutement sur le marché du travail s’intensifient dans plusieurs secteurs de l’économie régionale (hôtellerie-restauration, métiers de bouche, transports, etc.).

En 2022, 35 500 entreprises ont été créées en Normandie, soit 1 000 de moins qu’en 2021. La hausse des créations d’entreprises dans l’industrie et les services ne compense pas les moindres créations d’entreprises dans le secteur « commerces, transports, hébergement et restauration ». La création d’entreprises industrielles est dynamique (+16,7 % sur un an) et atteint son plus haut niveau depuis plus de 10 ans. Les défaillances d’entreprises restent en 2022 à l’un de leur plus bas niveau sur les trente dernières années en Normandie. Elles rebondissent néanmoins très généralement depuis l’arrêt en juin 2022 des mesures de soutien aux entreprises pour faire face à la crise sanitaire de la Covid-19.

Les échanges commerciaux enregistrés en Normandie en 2022 sont marqués par une forte hausse des importations, liée aux prix de l’énergie et des hydrocarbures alors que les exportations progressent trois fois moins rapidement par rapport à 2021. Il en résulte une dégradation du solde commercial très marquée en 2022.

En 2022, le trafic maritime de marchandises augmente dans les principaux ports normands.

Les récoltes de céréales et d’oléagineux n’ont pas été affectées par les vagues de chaleur estivales et la sécheresse de l’année 2022 contrairement aux cultures de printemps dont les rendements ont fléchi. Les prix des produits agricoles ont augmenté fortement, davantage que le coût des consommations intermédiaires malgré la flambée des prix des engrais et des aliments pour animaux.

Les mises en chantier sont en hausse dans la région alors qu’elles diminuent au niveau national. Les autorisations de logements, indicateur de l’activité à venir, progressent également. La vente de logements neufs consolide la dynamique entamée en 2021.

Après deux années marquées par la crise sanitaire, l’affluence touristique est de retour en Normandie, malgré une clientèle étrangère moins présente qu’en 2019. Les touristes sont en particulier revenus nombreux dans les campings des départements de la Seine-Maritime, de la Manche et du Calvados.

Insee Conjoncture Normandie
No 37
Paru le :Paru le01/06/2023

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2022 publiés par l'Insee.

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Agriculture - En 2022, les résultats de l’agriculture normande progressent de nouveau Bilan économique 2022

Elisabeth Borgne (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt)

En 2022, les récoltes de céréales et d’oléagineux ne sont pas affectées par les vagues de chaleur estivales et la sécheresse contrairement aux cultures de printemps dont les rendements fléchissent. La production laitière se stabilise. Les prix des produits agricoles augmentent fortement en raison du manque de disponibilités et du contexte géopolitique. La hausse des charges est contenue malgré la flambée des prix des engrais et aliments pour animaux. Comme au niveau national, le résultat de la branche agricole normande devrait croître en 2022 pour la deuxième année consécutive.

Insee Conjoncture Normandie

No 37

Paru le :01/06/2023

Des récoltes aux rendements mitigés et des prix élevés liés aux déséquilibres géopolitiques et à la sécheresse

En 2022, la récolte céréalière régionale progresse de 5,9 % par rapport à celle de 2021, grâce à de meilleurs rendements pour les principales céréales cultivées dans la région (blé tendre d’hiver et orge d’hiver), malgré un léger recul de la surface cultivée (figure 1). La production de colza progresse de près de 20 %, tirée par un rendement en nette hausse. Les rendements des cultures de printemps (betteraves industrielles, lin textile, pommes de terre, maïs fourrage) se rétractent, ces cultures étant pénalisées par les vagues de chaleur estivales et le déficit hydrique. Les principaux légumes de plein champ de la région (carottes, oignons, etc.) sont également touchés par ces conditions climatiques. En effet, leurs rendements sont en retrait par rapport à la campagne précédente (de -2 à -4 % pour les choux jusqu’à -13 % pour les carottes).

Figure 1Surface, rendements et production des principaux produits végétaux en Normandie

Surface, rendements et production des principaux produits végétaux en Normandie
Principaux produits végétaux Surfaces (ha) Rendement (100 kg/ha)* Production (100 kg)*
2022 Évolution 2022/2021 (en %) Évolution 2022 /moyenne 2017-2021 (en %) 2022 Évolution 2022/2021 (en %) Évolution 2022/moyenne 2017-2021 (en %) 2022 Évolution 2022/2021 (en %) Évolution 2022/moyenne 2017-2021 (en %)
Toutes céréales dont : 638 652 -2,5 0,7 83 8,7 6,2 53 054 430 5,9 6,9
blé tendre 443 620 -6,0 -3,4 88 13,6 8,5 38 926 690 6,8 4,6
orge et escourgeon 131 260 9,8 8,8 77 3,8 8,8 10 104 450 13,9 18,7
avoine 8 170 -17,3 -11,2 50 -9,8 -11,1 410 920 -25,4 -21,1
maïs grain 40 200 9,1 31,4 70 -24,9 -18,8 2 807 390 -18,1 7,5
triticale 7 900 -3,8 15,5 61 14,5 10,7 479 650 10,2 27,7
Colza 122 860 2,4 -2,6 42 16,0 20,5 5 145 170 18,7 17,1
Féveroles et fèves 5 640 3,1 -1,3 39 1,2 12,6 218 700 4,4 12,8
Pois protéagineux 12 300 -13,5 -19,3 36 20,3 2,0 440 860 4,0 -17,8
Betteraves industrielles 30 510 6,6 -14,6 875 -3,2 -2,4 26 690 800 3,2 -17,5
Lin textile 74 420 33,1 9,6 55 -22,9 -15,5 4 102 640 2,6 -6,6
Pommes de terre de consommation 13 789 1,0 8,2 356 -15,8 -15,1 4 914 720 -15,0 -8,1
Maïs fourrage 229 910 0,1 -0,9 128 -15,6 -11,3 29 391 100 -15,6 -12,2
  • * en matière sèche pour le maïs fourrage
  • Source : Agreste - SAA - SAA provisoire 2022

En mars 2022, les cours du blé tendre s’envolent à la suite du déclenchement du conflit russo-ukrainien qui stoppe le flux d’exportation de céréales et oléagineux provenant du bassin de la mer Noire. En début de campagne 2022-2023, les cours mondiaux se détendent en raison de la signature en juillet 2022 d’un accord garantissant le transport sécurisé des céréales et oléagineux en mer Noire (figure 2). Ils restent toutefois élevés (366 €/t pour le blé tendre et 700 €/t pour le colza rendu Rouen début juillet, soit respectivement +75 % et +30 % sur un an).

En 2022, le prix de la betterave payé au producteur est en hausse. La perspective d’un bilan mondial en sucre excédentaire ne pèse qu’à la marge sur le prix, les stocks étant au plus bas depuis 5 ans. Les prix de la pomme de terre et du lin sont également orientés à la hausse. Pour les pommes de terre, cela s’explique par la baisse de la récolte en France comme dans les autres pays de l’Union européenne. Pour le lin, la demande bien présente face à une offre encore limitée explique cette tendance.

Figure 2Évolution des prix agricoles à la production et des prix d'achat des moyens de production

(indice base 100 en 2015)
Évolution des prix agricoles à la production et des prix d'achat des moyens de production ((indice base 100 en 2015))
Période de récolte Date Céréales Oléagineux Engrais et amendements Énergie et lubrifiants
Récolte 2020 janv.-21 129,3 122,1 89,5 105,4
févr.-21 131,0 128,3 94,2 111,4
mars-21 128,8 140,0 97,6 114,1
avr.-21 127,1 131,9 99,2 111,6
mai-21 132,2 141,3 100,0 114,4
juin-21 125,6 137,7 102,9 116,8
Récolte 2021 juil.-21 123,6 140,5 108,9 118,9
août-21 139,2 147,4 112,5 118,1
sept.-21 146,0 157,1 121,2 121,5
oct.-21 159,1 174,2 146,9 132,7
nov.-21 169,2 180,0 155,5 134,7
déc.-21 164,5 179,3 164,2 132,0
janv.-22 162,0 187,1 169,2 141,6
févr.-22 158,7 187,7 172,2 150,7
mars-22 217,2 239,1 198,6 191,7
avr.-22 223,1 259,1 208,7 167,2
mai-22 230,6 221,8 208,4 168,0
juin-22 216,7 197,3 204,1 190,6
Récolte 2022 juil.-22 197,4 174,7 204,0 176,0
août-22 195,0 169,1 208,5 168,2
sept.-22 200,4 160,0 217,9 159,1
oct.-22 200,7 169,1 220,4 181,6
nov.-22 190,2 165,4 214,5 172,1
déc.-22 179,1 152,6 207,5 160,8
janv.-23 171,3 148,3 196,8 169,7
févr.-23 169,5 146,6 185,0 163,9
  • Source : Insee - Ippap - Ipampa

Figure 2Évolution des prix agricoles à la production et des prix d'achat des moyens de production

  • Source : Insee - Ippap - Ipampa

Hausse généralisée des prix des productions animales

En 2022, la collecte laitière normande est stable (3,83 milliards de litres ; figure 3) comme au niveau européen (Union européenne à 27) alors qu’elle se replie légèrement (-0,8 %) au niveau national. La poursuite de la décapitalisation du troupeau laitier et le déficit de production fourragère lié à la sécheresse tendent à limiter l’offre. Parallèlement, la demande mondiale en produits laitiers reste forte, le recul de la demande chinoise est compensé par celle d’autres pays (Indonésie, Philippines). Le prix moyen payé aux producteurs normands atteint 460 €/1000 L, en hausse de 20 % par rapport à 2021.

Figure 3Livraisons de lait de vache à l'industrie

(en millions de litres)
Livraisons de lait de vache à l'industrie ((en millions de litres))
Département 2021 2022 Évolution 2022/2021 (en %)
Calvados 620,9 611,2 -1,6
Eure 213,2 212,9 -0,1
Manche 1 723,8 1 720,7 -0,2
Orne 708,1 713,1 0,7
Seine-Maritime 564,1 567,4 0,6
Normandie 3 830,0 3 825,2 -0,1
  • Source : Agreste - FranceAgriMer - EMLestim 2021 – 2022 – extraction 07/04/2023

En 2022, la consommation de viande bovine augmente (+1 %), après une année de transition en 2021 et un repli en 2020 dû à la Covid-19. Les disponibilités en animaux finis se réduisent, avec la baisse structurelle du troupeau bovin (-1,0 % ; figure 4). Les cours des bovins viande, déjà en hausse à partir du second semestre 2021, progressent sur l’année 2022 (+25,4 % entre janvier et décembre 2022 ; figure 5). Les cours du porc s’apprécient fortement, surtout au second semestre, en raison du redressement de la consommation de viande porcine après un niveau bas en 2020 et la diminution de la production porcine française (-2,3 % en poids).

Figure 4Cheptel bovin (en têtes) en Normandie

Cheptel bovin (en têtes) en Normandie
Cheptel bovin 2021 2022 Évolution 2022/2021 (en %)
Vaches laitières 542 258 533 721 -1,6
Vaches nourrices 241 832 242 410 0,2
Total vaches 784 090 776 131 -1,0
Bovins de plus de 2 ans 285 845 277 736 -2,8
Bovins de 1 à 2 ans 418 749 418 563 0,0
Bovins de moins de 1 an 517 709 513 282 -0,9
Ensemble espèce bovine 2 006 393 1 985 712 -1,0
  • Source : Agreste - SAA - SAA provisoire 2022

Figure 5Évolution du prix de la viande bovine

(indice base 100 en 2015)
Évolution du prix de la viande bovine ((indice base 100 en 2015))
Date Bovins de boucherie Aliments pour gros bovins
janv.-21 96,6 104,6
févr.-21 97,6 107,3
mars-21 100,0 108,9
avr.-21 100,6 110,0
mai-21 101,4 110,9
juin-21 102,8 111,3
juil.-21 103,8 112,1
août-21 105,7 112,3
sept.-21 107,0 112,8
oct.-21 108,1 113,2
nov.-21 110,4 115,0
déc.-21 111,7 116,2
janv.-22 113,8 118,2
févr.-22 120,9 120,4
mars-22 129,8 126,8
avr.-22 135,1 135,0
mai-22 140,5 140,1
juin-22 142,4 141,5
juil.-22 142,9 142,4
août-22 143,2 142,0
sept.-22 143,8 142,6
oct.-22 144,9 144,0
nov.-22 144,0 146,0
déc.-22 142,7 146,0
janv.-23 142,7 146,2
févr.-23 142,8 146,6
  • Source :Insee - Ippap - Ipampa

Figure 5Évolution du prix de la viande bovine

  • Source : Insee - Ippap - Ipampa

En 2022, la production de la filière bio est en difficulté, après des années de croissance. Les ménages se détournent en effet de certains produits (lait, viande porcine) en raison de la hausse des prix à la consommation.

Le résultat résiste à la flambée des prix des consommations intermédiaires

En 2022, les prix des engrais azotés et des aliments pour animaux ont fortement augmenté en raison de l’envolée des prix de l’énergie et des céréales provoquée par le conflit russo-ukrainien. Cette hausse des prix a entraîné des changements de pratiques ou des renoncements aux achats, et in fine une baisse en volume des consommations intermédiaires estimée à 4,8 %. Celle-ci ne suffit toutefois pas à compenser les hausses de prix et la valeur des consommations intermédiaires augmente nettement (+12,4 % après +3,3 % en 2021).

Selon les estimations de la Commission des comptes de l’agriculture et de la Nation, réunie en décembre 2022, la valeur ajoutée brute de la branche agricole s’accroîtrait malgré tout pour la deuxième année consécutive : +23,5 % par rapport à 2021 après +13,9 % entre 2020 et 2021. La hausse globale des prix des produits agricoles fait plus que compenser le retrait de certains volumes de production et les hausses de prix des consommations intermédiaires. Il devrait en être de même en Normandie.

Publication rédigée par :Elisabeth Borgne (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt)