Insee Conjoncture Occitanie ·
Juin 2022 · n° 32Bilan économique 2021 - Occitanie L’économie régionale redresse sa trajectoire
Après la chute d’activité historique du printemps 2020, l’impact économique de la pandémie de Covid-19 s’atténue progressivement. En 2021, le PIB progresse de 6,8 % en France par rapport à 2020. L’activité économique se redresse de façon plus marquée en Occitanie. Cela se traduit par une nette reprise de l’emploi salarié qui augmente de 3,4 % sur un an. Ce rebond permet aux secteurs des services et de la construction de dépasser nettement leur niveau d’emploi de fin 2019. En revanche, l’emploi industriel reste en retrait par rapport à l’avant-crise, en particulier dans la filière aéronautique. Malgré la reprise, l’économie régionale reste ainsi marquée fin 2021 par les conséquences de la crise. En particulier, le département de la Haute-Garonne, très dynamique avant-crise, retrouve juste son niveau d’activité de 2019. À l’inverse, l’Hérault et les Pyrénées-Orientales le dépassent nettement.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2021 publiés par
l'Insee.
Retrouvez les bilans des autres régions ici.
Agriculture - Des prix en augmentation et une production contrastée selon les secteurs Bilan économique 2021
Camille Dross et Samia Breiller-Tardy (Unité information économique - SRISET - direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt Occitanie)
L’année 2021 est marquée par plusieurs épisodes climatiques importants, en particulier l’épisode de gel qui frappe durement toute la région Occitanie au cours de la deuxième semaine d’avril, provoquant d’importants dégâts dans les vignes et les vergers. Les productions de la région sont donc très contrastées, entre des baisses historiques pour les cultures touchées par le gel et un net rebond pour les cultures de plein champ semées au printemps.
- Grandes cultures : un bilan positif pour les cultures de printemps
- Viticulture : une récolte historiquement basse
- Prairies : une production fourragère supérieure à la normale au nord de la région mais déficitaire au sud
- Légumes : une demande et une offre globalement en berne pour les légumes d’été
- Fruits : une production touchée par le gel
- L’Influenza aviaire secoue de nouveau la filière du canard
- Prix des intrants et prix à la production en forte hausse
Grandes cultures : un bilan positif pour les cultures de printemps
La sole 2020/2021 des grandes cultures varie fortement par rapport à la campagne précédente qui avait été marquée par de lourdes intempéries au moment des semis des céréales d’hiver. Les superficies retrouvent des niveaux proches de la normale. Cependant, cette campagne est à nouveau perturbée par des épisodes climatiques inhabituels. Les rendements des cultures d’hiver sont au-dessous de la moyenne des années 2016 à 2020 (jusqu’à - 10 % pour le blé tendre), les semis d’automne ayant à nouveau été perturbés par de mauvaises conditions climatiques. Les semis de printemps, au contraire, bénéficient de la pluviométrie de juillet et obtiennent de bons, voire très bons rendements (+ 11 % par rapport à la moyenne quinquennale).
Les prix à la production des céréales, déjà très élevés par rapport à la moyenne quinquennale, explosent à partir d’août (+ 38 % entre décembre 2020 et décembre 2021 - figure 1a). Pour les oléagineux, les prix à la production progressent encore plus fortement (+ 56 % entre décembre 2020 et décembre 2021 - figure 1b).
tableauFigure 1a – Évolution des prix à la production des céréales
Date | 2021 | 2020 | Moyenne 2016-2020 |
---|---|---|---|
Janv. | 129,32 | 106,53 | 99,916 |
Fev. | 131,04 | 105,3 | 97,838 |
Mars | 128,78 | 103,04 | 96,022 |
Avr. | 127,09 | 106,26 | 96,476 |
Mai | 132,19 | 105,16 | 96,628 |
Juin | 125,62 | 102,34 | 98,388 |
Juil. | 123,63 | 105,5 | 101,166 |
Août | 139,25 | 104,3 | 101,942 |
Sept. | 146,03 | 107,65 | 100,522 |
Oct. | 159,08 | 114,84 | 103,188 |
Nov. | 169,17 | 120,26 | 104,89 |
Déc | 164,5 | 119,26 | 104,854 |
- Source : Insee ; Agreste
graphiqueFigure 1a – Évolution des prix à la production des céréales
Viticulture : une récolte historiquement basse
La production viticole 2021 de la région baisse de 23 % par rapport à 2020. Toute l’Occitanie est impactée par le fort gel d’avril (figure 2). Les situations sont néanmoins différentes selon les bassins.
tableauFigure 2 – Évolution de la production viticole en Occitanie
Production de vin | |
---|---|
2016-2020 | 14,65 |
2020 | 15,22 |
2021 | 11,70 |
- Source : Agreste ; Douanes
graphiqueFigure 2 – Évolution de la production viticole en Occitanie
Le bassin Languedoc-Roussillon cumule des périodes de sécheresse en juin puis en août et des pluies parfois diluviennes en septembre. Ces pluies favorisent le grossissement des baies mais aussi une dégradation partielle de l’état sanitaire du vignoble (pourritures).
Le bassin Midi-Pyrénées connaît quant à lui une alternance de chaleur et d’humidité (pluies et grêle) favorisant l’apparition de maladies (mildiou, oïdium et black-rot).
Tenant compte de la baisse de production, les opérateurs du marché des vins en vrac adoptent une position de prudence. Au 1er janvier 2022, le marché des vins d’Occitanie vendus en vrac est nettement moins dynamique que début 2021, avec des volumes échangés plus faibles et des prix plus élevés.
Prairies : une production fourragère supérieure à la normale au nord de la région mais déficitaire au sud
Au printemps, la croissance de l’herbe est ralentie par les épisodes de gel, par le manque d’eau et par la fraîcheur persistante. Ce ralentissement est particulièrement marqué dans l’ouest de la région.
À l’été et à l’automne, la production d’herbe fourragère profite de conditions climatiques plutôt favorables au nord de l’Occitanie. A contrario , la production reste déficitaire dans les zones du sud de la Garonne, de la chaîne pyrénéenne et du golfe du Lion.
Légumes : une demande et une offre globalement en berne pour les légumes d’été
La campagne des légumes d’été (tomate, melon, courgette, concombre) est marquée par plusieurs difficultés qui pèsent fortement sur la demande : contraintes sanitaires, conditions météorologiques, diminution du nombre de vacanciers étrangers et concurrence européenne. La production est en baisse pour la tomate et la courgette, ainsi que pour le melon dans le bassin Sud-Ouest. Le concombre, au contraire, connaît plusieurs épisodes de surproduction.
Pour la tomate, le gel d’avril semble avoir un impact sur le nombre de bouquets. De plus, la fraîcheur et l’humidité de l’été limitent les rendements. Néanmoins, les volumes restent suffisants pour satisfaire une demande qui est restée modérée.
Pour le melon, la production varie entre les deux bassins occitans. Sur le bassin Midi-Pyrénées, les conditions humides et fraîches durant la majorité de la période estivale ne sont pas propices à la production, et des maladies non maîtrisées (mildiou, botrytis, sclérotinia, pourritures) entraînent des pertes importantes. Sur le bassin Languedoc-Roussillon, les rendements n’ont pas été affectés par les conditions climatiques.
Fruits : une production touchée par le gel
Le gel d’avril touche de plein fouet la plupart des fruits, en particulier les variétés les plus précoces. Cependant, le bassin Languedoc-Roussillon semble avoir été relativement épargné par rapport au reste de la région et du pays, et même par rapport à d’autres pays producteurs européens.
Abricot
La campagne 2021 est marquée par une transition entre un hiver doux et les gels de printemps. Ces conditions climatiques entraînent une perte de récolte historique sur les principaux bassins de production. Le gel a pour conséquence de petits calibres et la qualité n’est pas toujours optimale. Pour autant, les cours sont élevés, se situant très largement au-dessus de la moyenne quinquennale. Vers la fin de saison, la météo devient défavorable à la consommation au niveau national entraînant une baisse des cours.
Pêche
Plus encore qu’en 2020, la campagne 2021 est marquée par un déficit de production dans les quatre grands pays producteurs européens : Espagne, Italie, Grèce et France.
Le Languedoc-Roussillon semble moins touché que les autres bassins de production. Bien que le produit soit très apprécié des consommateurs, les ventes sont freinées en raison de conditions météorologiques défavorables, surtout durant le mois de juillet. Mais la baisse des volumes est compensée par des prix de 25 à 30 % supérieurs à la moyenne quinquennale.
La fin de campagne est marquée par une pénurie de pêches, permettant une négociation des prix à la hausse. Globalement et malgré une faible récolte, les arboriculteurs qui n’ont pas été touchés par le gel réalisent une bonne campagne.
Prune
Les pruniers sont affectés par le gel au stade de petits fruits pour les variétés les plus avancées, et au stade de fin de floraison pour les variétés les plus tardives. À ces stades, la sensibilité au gel est très forte. La production des pruniers s’en trouve donc fortement réduite en 2021 sur toute la région, avec une très grande hétérogénéité en fonction de la situation géographique des parcelles.
Les cours sont mécaniquement élevés, supérieurs d’environ 30 % à la moyenne des cinq dernières années. La commercialisation démarre lentement à cause de la météo maussade qui perdure une grande partie du mois de juillet. De plus, la faible consommation pèse sur les ventes jusqu’à la fin du mois d’août.
L’Influenza aviaire secoue de nouveau la filière du canard
Au début de l’année 2021, la filière avicole est à nouveau touchée par un épisode de circulation du virus de l’Influenza aviaire qui sévit en France. La propagation de cette maladie nécessite la mise en place de mesures de biosécurité qui réduisent la capacité de production de canards dans le Sud-Ouest. Au final, dans la région, le nombre de canards gras abattus chute de 24 % par rapport à 2020.
Les évolutions dans les autres filières sont moins marquées. Le nombre de bovins abattus baisse très légèrement (- 1 %). Les cours sont favorables. L’offre en bovins finis est limitée suite à une nouvelle diminution du cheptel. La demande en vache de réforme est forte, tirée par les besoins des industriels et par la reprise de la restauration hors domicile. Les exportations de jeunes bovins progressent légèrement (+ 3 %), sous l’effet des demandes italiennes et espagnoles.
Les abattages d’ovins, et en particulier d’agneaux, sont en légère hausse. En effet, les prix de l’agneau sont bien au-dessus de la moyenne 2018-2020, car l’équilibre offre/demande au niveau national reste fragile en 2021.
Les abattages de porcins baissent de 3 %.
Les volumes de lait de vache livrés à l’industrie en Occitanie continuent de baisser (- 4 %). Les livraisons de lait de brebis, quant à elles, se maintiennent.
Prix des intrants et prix à la production en forte hausse
Sous l’effet de la reprise de la demande et du recul de certaines productions, les prix à la production augmentent très fortement au niveau national. En décembre 2021, la hausse des prix à la production des produits agricoles atteint 18 % sur un an. Sur la même période, les prix d’achat des moyens de production agricole augmentent de 20 %, tirés par les prix des engrais (+ 90 %) et de l’énergie (+ 31 %).
Pour en savoir plus
« Ouvrir dans un nouvel ongletBilan conjoncturel 2021 », Agreste conjoncture n° 3, Draaf Occitanie, février 2022