La filière aéronautique regroupe 761 entreprises en Auvergne-Rhône-Alpes, sur les 4 480 que compte la France. Elles emploient 47 500 personnes dans la région, dont 15 900 dédiées à l’aéronautique ou au spatial. Parmi ces 761 entreprises, 605 sont des entreprises mono ou quasi-mono régionales : elles concentrent au moins 80 % de leur effectif en Auvergne-Rhône-Alpes. Elles rassemblent 56 % des effectifs dédiés régionaux et sont particulièrement représentatives pour étudier les effets de la crise sur la filière aéronautique et spatiale régionale. Les résultats présentés dans cette étude portent donc sur cet ensemble. Pour la plupart d’entre elles, les débouchés aéronautiques et spatiaux constituent une part minoritaire de leur activité.

En 2020, le chiffre d’affaires des entreprises régionales de la filière a chuté de 13 % par rapport à l’année précédente. Dans le détail, le recul est de 30 % sur le marché aéronautique, de 7 % sur le marché spatial, et de 5 % sur leurs autres marchés. Cette baisse est plutôt homogène pour toutes les tailles d’entreprises (figure 1).

Parmi les principaux secteurs d’activité des entreprises de la filière (au moins 300 emplois dédiés), tous affichent une baisse plus marquée dans l’aéronautique que dans leurs autres activités. La métallurgie, premier secteur avec 3 500 emplois dédiés, est le plus affecté par la crise : – 20 % de chiffre d’affaires en un an, dont – 37 % pour l’aéronautique, – 1 8 % pour le spatial et – 12 % pour les autres marchés. Le second secteur, la fabrication de pièces électriques, électroniques, optiques ou machines, a vu son chiffre d’affaires dans la filière réduit de 14 %, alors que son activité globale est restée stable (+ 1 %).

La crise s’est ressentie sur le fonctionnement des chaînes de production : alors que 36 % tournaient à plein régime en 2019, elles n’étaient plus que 14 % en 2020. L’écart est tout aussi conséquent pour celles tournant au moins aux trois quarts de leur capacité : elles étaient 75 % en 2019, et seulement 40 % en 2020.

Neuf entreprises régionales sur dix estiment que la diminution des commandes a eu un impact majeur sur leur activité aéronautique et spatiale en 2020 (figure 2). Cette difficulté à remplir leur carnet de commandes a surtout concerné la demande intérieure, puisque l’essentiel des clients et donneurs d’ordre des entreprises régionales se situe en France. Toutefois, la demande extérieure en berne également contribué au ralentissement de l'activité.

Autre obstacle, l’application des normes sanitaires a été davantage perçue comme une contrainte forte par les PME et microentreprises, que par les entreprises de plus grande taille. Les petites entreprises industrielles ont également davantage subi l’immobilisation des matières premières ou celle des transporteurs, particulièrement gênante pour l’industrie de transformation dont les principales matières premières viennent de l’étranger.

Au-delà de la réduction de la production, la trésorerie des entreprises a aussi été mise à mal par l’amortissement et l’endettement : 37 % de la filière régionale considère que ces facteurs ont eu un impact négatif majeur sur leur situation financière.

En 2020, 84 % des salariés dédiés à l’activité aéronautique ou spatiale travaillaient dans une entreprise qui a eu recours à l’activité partielle. La filière bénéficie en outre d’une activité partielle de longue durée spécifique, prolongée en 2021 et 2022.

En 2021, une entreprise sur cinq y a eu recours ou l’envisage, pour un total de 2 100 emplois. En 2020, d’autres dispositifs ont été utilisés : 55 % des entreprises ont profité d’un prêt garanti, 52 % de délais de paiement des échéances sociales ou fiscales. 3 entreprises sur 10 ont bénéficié de différentes aides locales.

Dans la région, les activités aéronautiques peinent à redémarrer : en début d’année 2021, les chefs d’entreprise de la filière envisageaient, pour le premier semestre 2021, une amélioration de la situation pour leurs autres marchés par rapport à fin 2020 (solde d’opinions de + 13 points), alors qu'ils estimaient que l'aéronautique resterait dans le creux de la vague avec un solde d'opinions négatif de – 11 points.

À la même date, ils ne prévoyaient toujours pas de rebond pour le second semestre 2021. Toutefois, les têtes de filière (Airbus, Dassault...), dont la visibilité est plus longue et qui sous-traitent dans la région, étaient plus optimistes, laissant espérer une sortie de crise plus précoce qu’attendue il y a un an. De plus, 38 % des chefs d’entreprise de la filière régionale redoutaient une baisse de leurs effectifs dédiés, et autant projetaient une diminution du recours au travail intérimaire pour l’année 2021. Seulement 23 % projetaient alors une hausse des effectifs salariés.

En dépit de cette conjoncture difficile, certains projets préexistants ou nouveaux ont été menés en 2020 pour améliorer les processus de production, ou la production même. Ces efforts ont surtout été menés par les établissements de taille intermédiaire et les grandes entreprises. Au total, plus de la moitié de la filière cherche à améliorer les performances environnementales des sites de production. En revanche, les projets visant à améliorer la performance environnementale des produits est moins fréquente (15 % de la filière).

La transformation numérique en concerne un peu moins de la moitié (45 %), de même que la diversification des activités (42 %). La préoccupation environnementale semble moins prioritaire dans les PME, dont les projets portent davantage sur la transformation numérique et la diversification.