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Insee Conjoncture Pays de la Loire · Juillet 2021 · n° 34
Insee Conjoncture Pays de la LoireBilan économique 2020 - Pays de la Loire Les Pays de la Loire résistent mieux face à la crise

En 2020, le produit intérieur brut français chute de 8,0 %, particulièrement impacté par la chute de la consommation privée. Dans les Pays de la Loire, l’activité se contracte moins qu’en France. La baisse de la consommation, approchée par le volume des transactions par carte bancaire, est moindre qu’au niveau national. L’emploi salarié recule moins dans la région (– 0,6 %) qu’en France (– 1,1 %). Il fléchit pour la première fois depuis 2009. Ainsi, la région perd 9 100 emplois salariés en un an. La crise sanitaire affecte les comportements de recherche active d’emploi et entraîne une baisse en « trompe-l’œil » du taux de chômage (au sens du BIT). Avec un taux de 6,7 %, les Pays de la Loire se situent au troisième rang des régions ayant le plus faible taux de chômage. Pour faire face à la crise, le recours au chômage partiel explose. En 2020, les créations d’entreprises sont plus dynamiques qu’au niveau national. Le nombre de bénéficiaires de minima sociaux augmente de 5 %. Les ventes de logements neufs diminuent de 20,7 %. Les mises en chantier de logements restent stables, en revanche la surface de locaux non résidentiels autorisée s’effondre. Dans les transports, la mobilité des voyageurs est plus touchée par la crise sanitaire que les trafics de marchandises. La crise désorganise les marchés agricoles, la filière viticole et les volailles festives sont mises à mal, faute de débouchés. La fréquentation hôtelière chute de 40 % dans la région.

Insee Conjoncture Pays de la Loire
No 34
Paru le :Paru le08/07/2021

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par l'Insee.
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Synthèse régionale - Contexte national Bilan économique 2020

Yohann Rivillon, Aliette Cheptitski (Insee)

Insee Conjoncture Pays de la Loire

No 34

Paru le :08/07/2021

Synthèse régionale - Les Pays de la Loire résistent mieux que la France face à la crise

En 2020, la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 et les mesures de restrictions qui lui sont associées provoquent une récession d’une ampleur historique dans la plupart des pays du monde. Le produit intérieur brut français chute de 8,0 % (après + 1,8 % en 2019 et + 1,8 % en 2018). La chute de la consommation privée pèse particulièrement sur la croissance. L’investissement et, dans une moindre mesure, les échanges extérieurs, contribuent également à la contraction du PIB.

Si l’économie ligérienne est impactée au même titre que la France, les atouts dont elle dispose lui permettent de faire face à la crise et de tirer son épingle du jeu. Ainsi, en 2020, l’emploi salarié résiste mieux dans les Pays de la Loire qu’en France. La région se place au 3ᵉ rang des régions françaises ayant le plus faible taux de chômage et les créations d’entreprises y sont plus dynamiques qu’au niveau national. L’activité économique diminue moins qu’en France, notamment en raison du fort poids de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire, secteurs moins impactés par la crise. La baisse de la consommation, approchée par le volume des transactions par carte bancaire, est moindre qu’en France.

Une perte d’activité record, mais moindre qu’au niveau national

Au cours de l’année 2020, l’activité économique est fortement affectée par les différentes mesures de restrictions sanitaires. Mesurée par le nombre d’heures de travail payées par les employeurs (donc hors chômage partiel), l’activité salariée chute dans les Pays de la Loire de manière inédite au 2e trimestre 2020 par rapport à la même période de l’année précédente (− 19,4 % contre − 22,0 % en France). La chute d’activité atteint − 31,3 % au mois d’avril 2020, en plein cœur du premier confinement (figure 1). L’activité rebondit dès le mois de juin. Au 3e trimestre, l’écart se réduit à − 3,3 % par rapport à son niveau d’avant crise. Au 4e trimestre, l’activité économique est à nouveau affectée par le deuxième confinement mais dans des proportions bien moindres qu’au printemps, l’écart se situant à − 4,7 % sur l’ensemble du trimestre avec un creux de − 7,1 % en novembre.

Sur l’ensemble de l’année 2020, l’activité salariée se contracte moins dans la région (− 7,6 %) qu’au niveau national (− 9,4 %). La Sarthe est le département le plus impacté (− 8,6 %), alors que le Maine-et Loire est le moins touché (− 6,9 %), les autres départements se situant dans la moyenne régionale.

Dans la région, l’industrie pèse de manière plus importante sur la perte d’activité (− 2,4 % contre − 1,6 % au niveau national), du fait du poids important de la fabrication de matériels de transport et de la fabrication de biens d’équipements. La région résiste davantage au choc de la crise grâce à son poids dans l’agriculture et dans l’industrie agroalimentaire, secteurs qui répondent à des besoins essentiels et soutiennent l’activité.

Début 2021, l’activité repart dans la région. En mars, avant le troisième confinement, elle se situe à – 1,4 % sous le niveau d’avant crise (contre − 5,2 % en France).

Figure 1Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Pays de la Loire

variation en %, contributions en points
Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Pays de la Loire (variation en %, contributions en points)
Industrie Construction Hébergement et restauration Autres services principalement marchands Services principalement non marchand Ensemble - Pays de la Loire
janv. 2020 0 0,2 0,2 1,4 0,1 1,9
févr. 2020 0 0,2 0,2 1,5 0 1,9
mars 2020 -3 -2,9 -1,4 -4,7 -0,7 -12,7
avril 2020 -7,9 -4,7 -3,3 -13,5 -2 -31,3
mai 2020 -5,5 -1,6 -2,9 -8,1 -1,2 -19,3
juin 2020 -2,7 -0,4 -1,3 -2,6 -0,4 -7,4
juil. 2020 -2,1 -0,2 -0,7 -1,5 -0,2 -4,7
août 2020 -1,3 0 -0,6 -0,7 -0,1 -2,7
sept. 2020 -1,7 -0,1 -0,5 -0,5 0,1 -2,6
oct. 2020 -1,7 -0,2 -0,5 -0,4 0 -2,8
nov. 2020 -1,4 -0,1 -2,2 -3,3 0 -7,1
déc. 2020 -1,3 -0,2 -2,2 -0,7 0,2 -4,1
  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Figure 1Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Pays de la Loire

  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Un recul des transactions par carte bancaire moins marqué qu’en France

Comme dans toutes les régions de France métropolitaine, les transactions par carte bancaire (hors achats en ligne) baissent fortement dans les Pays de la Loire en 2020, pénalisées par les confinements et fermetures administratives des commerces « non essentiels ». Sur l’ensemble de l’année 2020, les transactions résistent mieux dans la région (– 5 %) qu’au niveau national (− 7 %). Elles baissent moins fortement en Vendée, qui bénéficie particulièrement des mouvements de populations lors des périodes de confinement, et en Mayenne (− 3 %), que dans les autres départements (de − 5 % à − 6 %).

Lors du premier confinement, les transactions chutent lourdement : − 46 % en moyenne sur la période du 16 mars au 10 mai, dans la région, comme en France. Elles rebondissent mi-mai au moment du déconfinement, notamment en raison d’achats différés (figure 2). Hormis un très léger recul fin juin-début juillet lié au décalage de la date des soldes, les transactions restent supérieures à leur niveau de 2019 jusqu’au deuxième confinement de novembre. La chute est alors moins violente (− 23 %), en raison d’une liste plus étendue de commerces ouverts. Les transactions se redressent rapidement en décembre, du fait du fort rebond de la consommation en biens manufacturés.

Début 2021 les transactions repartent globalement à la hausse dans la région. Sur l’ensemble du 1er trimestre, avant le troisième confinement, elles sont supérieures de 1 % à leur niveau de 2019, alors qu’elles sont restées inférieures au niveau national (– 4,2 %).

Figure 2Évolution hebdomadaire des montants des transactions 2020 par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019

en %
Évolution hebdomadaire des montants des transactions 2020 par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019 (en %)
semaine Pays de la Loire France entière
2 3,7 3,3
3 4,4 4,1
4 6,7 6,9
5 3,6 4,5
6 3,0 2,8
7 5,8 2,3
8 3,8 4,0
9 -0,9 0,0
10 3,6 4,1
11 9,5 8,3
12 -38,4 -40,5
13 -56,4 -57,9
14 -53,6 -54,4
15 -46,0 -46,6
16 -49,9 -48,4
17 -42,4 -41,5
18 -46,2 -44,9
19 -35,1 -34,4
20 9,9 3,9
21 5,3 -1,2
22 8,8 2,9
23 7,1 2,5
24 10,6 4,3
25 9,9 7,2
26 -0,6 -4,2
27 -0,1 -1,5
28 7,7 6,0
29 10,6 8,7
30 13,5 12,1
31 7,2 5,8
32 14,4 15,5
33 8,9 12,4
34 10,5 11,0
35 7,8 4,9
36 6,9 6,0
37 6,2 5,4
38 4,8 4,6
39 3,7 0,8
40 2,9 0,9
41 5,3 2,4
42 9,2 7,3
43 6,0 2,2
44 2,7 -2,4
45 -33,2 -33,5
46 -29,5 -29,7
47 -27,0 -28,4
48 -27,0 -27,0
49 10,2 4,7
50 -0,6 -1,7
51 -4,7 -7,7
52 -0,3 -1,7
53 -1,4 -4,5
  • Note : transactions par carte bancaire CB en face-à-face qui n'incluent pas la vente à distance (internet).
  • Champ : France.
  • Sources : Cartes bancaires CB, calculs Insee.

Figure 2Évolution hebdomadaire des montants des transactions 2020 par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019

  • Note : transactions par carte bancaire CB en face-à-face qui n'incluent pas la vente à distance (internet). Les traits verticaux indiquent les dates de fermeture et réouverture des commerces « non essentiels » lors des deux confinements.
  • Champ : France.
  • Sources : Cartes bancaires CB, calculs Insee.

Une crise économique d’une ampleur considérable

En 2020, l’emploi salarié recule dans les Pays de la Loire (– 0,6 %), moins qu’au niveau national (– 1,1 %). Il fléchit pour la première fois depuis 2009 (après + 1,3 % en 2019 et + 1,0 % en 2018). Ainsi, la région perd 9 100 emplois salariés, contre 19 800 emplois créés en 2019. Dans les Pays de la Loire, 34 800 entreprises sont créées en 2020. Malgré la crise sanitaire, les créations d’entreprises poursuivent leur progression (+ 5,3 %), portées par l’essor des immatriculations sous le régime de micro-entrepreneur. En revanche, les créations d’entreprises classiques reculent et les créations de sociétés stagnent. Le solde commercial se détériore et s’établit à – 6,3 milliards d’euros. Les exportations se contractent fortement, notamment pour les secteurs de la construction aéronautique et spatiale et de la construction navale.

L’emploi industriel baisse après quatre années de hausse

En 2020, la crise sanitaire engendre un important ralentissement de l’activité dans l’industrie. Les chiffres d’affaires et les exportations sont en net recul. Hors intérim, l’emploi salarié industriel recule de 1,3 % après quatre années consécutives de hausse. En France, la baisse est plus marquée (− 1,8 %).

L’emploi diminue plus fortement dans la fabrication de biens d’équipements (– 2,5 %) et dans les autres branches industrielles (− 1,6 %). La situation est également défavorable dans la fabrication de matériels de transport où l’emploi et les exportations aéronautiques et navales sont en forte baisse. En revanche, l’emploi progresse légèrement dans l’industrie agroalimentaire.

L’emploi dans la construction poursuit sa progression en 2020 (+ 1,8 % après + 1,6 % en 2019). Dans le contexte de crise sanitaire, les ventes d’appartements sont en baisse de 20,7 %. Les mises en chantier restent stables mais les autorisations de permis de construire baissent.

Le tertiaire marchand en net recul, chute de l’intérim

En 2020, l’emploi dans le tertiaire marchand recule, marqué par une baisse de l’emploi intérimaire de 7,1 %. Ses effectifs diminuent de 1,9 % dans la région, et de 2,6 % en France. Hors intérim, l’emploi du tertiaire marchand résiste mieux (– 1,4 %) qu’au niveau national (− 2,4 %). L’hébergement-restauration (− 8,5 %) et les services aux ménages (− 6,9 %), fortement affectés par les mesures de restrictions sanitaires, sont les secteurs qui contribuent le plus à la baisse de l’emploi observée. A contrario, l’information-communication est le secteur le plus dynamique.L’emploi y connaît la plus forte hausse.

En 2020, l’activité des transports est lourdement impactée par la chute inédite des flux de personnes et de biens engendrée par la crise sanitaire. L’emploi y augmente cependant de 0,3 %, alors qu’il recule au niveau national. Les ventes de véhicules neufs chutent de 19,1 %. En revanche, la mutation du parc énergétique s’amplifie avec l’explosion des ventes de voitures hybrides et électriques. Le transport urbain est en forte baisse. Le transport aérien s’effondre : la fréquentation de l’aéroport de Nantes chute des deux tiers. Les flux du port de Nantes Saint-Nazaire reculent de 8,8 %, principalement impactés par la baisse de la demande en hydrocarbures.

Dans le commerce, l’emploi augmente sensiblement (+ 0,3 %), alors qu’il recule de 1,0 % au niveau national.

La fréquentation des hébergements touristiques chute lourdement. La baisse est moins brutale dans les campings que dans l’hôtellerie et la restauration du fait du moindre impact des deux confinements sur leur activité saisonnière.

La crise sanitaire désorganise les marchés agricoles

En 2020, les rendements de céréales sont décevants en raison de conditions climatiques défavorables depuis l’automne 2019. Les cours moyens des graines progressent, sous l’effet d’achats dynamiques de la Chine à partir de l’été. Les ventes de légumes sont facilitées par la préférence française. Pour le vignoble, les vendanges sont de bonne qualité mais le commerce viticole souffre faute de débouchés. La collecte de lait conventionnel baisse légèrement ; celle en lait biologique progresse encore nettement. Le marché des bovins se recentre sur l’origine française. À l’inverse, celui du porc est soutenu par les achats de la Chine mais les cours sont sous tension. Les volailles festives sont durement touchées alors que les filières poulet et dinde résistent mieux. Le cours des œufs finit l’année en forte baisse.

Forte hausse des encours de crédits en 2020

Avec une progression de 10,5 milliards d’euros entre fin 2019 et fin 2020, les encours de crédits distribués à la clientèle non financière des Pays de la Loire atteignent 125,3 milliards d’euros. La région se maintient ainsi au 8ᵉ rang des régions françaises. Les crédits immobiliers, principal segment en volume, augmentent de 6,8 % et confirment la forte dynamique de ce segment de marché, en raison notamment de l’attractivité de la région. Les crédits à l’équipement poursuivent leur progression. Les crédits de trésorerie bondissent de 47,4 %, en lien avec les prêts garantis par l’État.

Forte hausse de la demande d’emploi, explosion du chômage partiel

En 2020, la crise sanitaire affecte les comportements de recherche active d’emploi et entraîne une baisse en  « trompe-l’œil » du taux de chômage (au sens du BIT). Il s’établit ainsi à 6,7 %, plaçant les Pays de la Loire au 3ᵉ rang des régions françaises ayant le plus faible taux de chômage. En France, la baisse est identique, le taux national s’établissant à 8,0 % de la population active.

Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité (catégorie A) rebondit en 2020 (+ 8,2 %) après une baisse de 0,5 % en 2019. Avec les personnes exerçant une activité réduite (catégories B et C), la région compte 326 300 demandeurs d’emploi en 2020, soit une hausse de 4,7 %. Les demandeurs d’emploi de longue durée sont particulièrement affectés (+ 10,1 % en 2020). Ils représentent ainsi la moitié des demandeurs d’emploi A, B et C.

Pour faire face à la crise, le recours au chômage partiel explose en 2020 avec 115 millions d'heures consommées en 2020 (contre 0,5 million en 2019).

Contexte national - En 2020, la crise sanitaire a pesé lourdement sur l’activité économique mondiale

L’activité mondiale en 2020 a été avant tout déterminée par l’évolution de la pandémie de Covid-19 et par les mesures d’endiguement adoptées dans les différents pays. La Chine, où le confinement strict et la chute de l’activité ne se sont pas étendus au-delà du premier trimestre, a enregistré un PIB en croissance de 2,3 % en moyenne sur l’année. Les États-Unis – où l’épidémie s’est peu à peu intensifiée, entraînant la mise en place de restrictions locales – et le Japon – bien que relativement épargné – ont en revanche connu une chute du PIB de - 3,5 % et - 4,7 % respectivement. De même, et de façon plus marquée, le PIB a diminué de 6,7 % en moyenne dans la zone euro, laquelle a connu deux vagues épidémiques, au printemps et à l’automne, et instauré des restrictions nationales strictes. Dans la plupart des pays, la consommation des ménages a souffert des mesures limitant les déplacements et les opportunités de consommer ; la production des branches du commerce, des services de transport et de l’hébergement-restauration ont été particulièrement affectées.

En France, l’activité en 2020 a davantage chuté que dans la moyenne de la zone euro

Après une croissance de 1,8 % en 2019, l’activité économique française a chuté fortement à - 8,0 % (figure 3). L’effet de la crise sanitaire a donc été du même ordre de grandeur qu’en Italie (- 8,9 %), nettement plus prononcé qu’en Allemagne (- 5,1 %) et un peu moins qu’au Royaume-Uni et en Espagne (respectivement - 9,8 % et - 10,8 %).

Tous les principaux postes de la demande (hors stocks) participent à cette chute. La plus forte contribution est , de - 3,7 points : les mesures de restriction ont grandement limité les opportunités de consommer des ménages, avec – entre autres – la fermeture pendant plusieurs mois des magasins « non essentiels », des restaurants et cafés ou encore des activités culturelles et sportives. Bien que, de manière inhabituelle, la baisse de l’investissement n’ait guère été amplifiée par rapport à celle de l’activité, ce poste contribue à hauteur de - 2,1 points à la chute du PIB – l’investissement des entreprises contribuant plus que celui des ménages et que celui des administrations publiques. La contribution des échanges extérieurs suit, à - 1,1 point : les exportations ont en effet davantage diminué que les importations, bien que les deux aient pâti de la situation économique dégradée de la France et de ses principaux partenaires (notamment européens).

Figure 3Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande

Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande - Lecture : en 2020, le PIB a diminué de - 8,0 % ; la contribution de la consommation privée des ménages a été de – 3,7 points.
PIB (en %) Consommation des ménages (en points) Investissement des ménages (en points) Investissement des entreprises (en points) Investissement des administrations publiques (en points) Echanges extérieurs (en points) Stocks (en points)
2016 1,0 0,9 0,1 0,3 0,0 -0,4 -0,4
2017 2,5 0,9 0,3 0,7 0,0 0,0 0,2
2018 1,8 0,5 0,1 0,5 0,1 0,5 0,0
2019 1,8 1,0 0,2 0,4 0,3 -0,3 0,0
2020 -8,0 -3,7 -0,7 -1,1 -0,2 -1,1 -0,2
  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le PIB a diminué de - 8,0 % ; la contribution de la consommation privée des ménages a été de – 3,7 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Figure 3Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande

  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le PIB a diminué de - 8,0 % ; la contribution de la consommation privée des ménages a été de – 3,7 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Cette forte baisse du PIB en moyenne sur l’année recouvre cependant de grandes disparités mensuelles, au gré de l’évolution de la pandémie et des mesures de restrictions (figure 4). Le creux d’activité le plus marqué s’est situé au mois d’avril, à environ - 30 % (en écart au niveau d’avant crise, à savoir le quatrième trimestre 2019) : il reflète la sévérité du confinement mis en place entre le 17 mars et le 11 mai au moment de la première vague épidémique (fermeture d’une partie de l’économie et interdiction de sortir du domicile hors motifs autorisés) mais aussi sa soudaineté, obligeant de nombreuses entreprises à réduire ou cesser leur activité du fait de l’absence de protocoles sanitaires ou de la difficulté à instaurer massivement le télétravail. Le rebond a cependant été particulièrement vif en mai et juin, l’activité se stabilisant entre août et octobre à près de - 3 % par rapport à son niveau d’avant crise. La résurgence de l’épidémie et le confinement instauré en novembre ont ensuite conduit à une nouvelle baisse de l’activité, mais d’ampleur bien moindre, celle-ci se situant ce mois-ci à - 7 % en écart à l’avant crise : les mesures mises en place entre le 30 octobre et le 15 décembre ont en effet été moins strictes, et les ménages et les entreprises se sont davantage adaptées à la situation sanitaire (protocoles sanitaires, télétravail).

Figure 4Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019

en %
Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019 (en %) - Lecture : en novembre, l’activité économique a été en retrait d’environ – 7 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
Perte d'activité mensuelle
Janv. 2020 -0,4
Fév -0,6
Mars -16,5
Avr -30,0
Mai -17,3
Juin -7,6
Juil -4,6
Août -2,4
Sept -2,4
Oct -2,8
Nov -7,1
Déc -4,0
  • Lecture : en novembre, l’activité économique a été en retrait d’environ – 7 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
  • Source : calculs Insee à partir de sources diverses.

Figure 4Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019

  • Lecture : en novembre, l’activité économique a été en retrait d’environ – 7 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
  • Source : calculs Insee à partir de sources diverses.

L’impact de la pandémie a été contrasté suivant les différentes branches d’activité

En 2020, la valeur ajoutée totale a dans l’ensemble davantage baissé que la consommation privée, avec néanmoins des différences selon les branches (figure 5). La chute de la valeur ajoutée a été la plus forte dans l’hébergement-restauration (- 42 %) – en lien avec les fermetures réglementaires et l’arrêt d’une grande partie du tourisme –, dans les matériels de transport (- 28 %) et les services de transport (- 23 %) – qui ont souffert de la baisse des déplacements nationaux et internationaux –, dans la construction (- 16 %) – qui a surtout été affectée pendant le premier confinement –, et dans les autres services aux ménages (- 23 %) – qui regroupent les activités culturelles et sportives. Au total, les contributions les plus fortes à la baisse totale de la valeur ajoutée sont celles de l’hébergement-restauration, des services de transport et – en raison de leur poids dans la valeur ajoutée et dans le sillage de la situation économique globalement dégradée – des services aux entreprises ; chacune à hauteur d’environ - 1 point.

Figure 5Variation annuelle et contribution des branches en 2020Valeur ajoutée

Variation annuelle et contribution des branches en 2020 - Lecture : en 2020, la valeur ajoutée totale a baissé de - 8,2 % ; l’hébergement-restauration a contribué à cette baisse à hauteur de – 1 point.
Agriculture (en points) Autres branches industrielles (en points) Industrie agro-alimentaires (en points) Matériels de transport (en points) Construction (en points) Autres services marchands (en points) Commerce (en points) Transport (en points) Hébergement-restauration (en points) Services aux entreprises (en points) Services aux ménages (en points) Services non marchands (en points)
Agriculture 0,0
Industrie -0,8 -0,1 -0,4
Construction -0,9
Services marchands -0,4 -0,7 -1,1 -1,2 -0,9 -0,7
Services non marchands -1,0
  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO). La valeur ajoutée totale est calculée hors impôts et subventions sur produits (contrairement au PIB).
  • Lecture : en 2020, la valeur ajoutée totale a baissé de - 8,2 % ; l’hébergement-restauration a contribué à cette baisse à hauteur de – 1 point.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Figure 5Variation annuelle et contribution des branches en 2020Valeur ajoutée

  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO). La valeur ajoutée totale est calculée hors impôts et subventions sur produits (contrairement au PIB).
  • Lecture : en 2020, la valeur ajoutée totale a baissé de - 8,2 % ; l’hébergement-restauration a contribué à cette baisse à hauteur de – 1 point.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Avec l’utilisation massive de l’activité partielle, l’emploi a beaucoup moins baissé que l’activité économique

Après une accélération en 2019 (+ 266 100 emplois en fin d’année par rapport à la fin d’année 2018, après 171 500), l’emploi salarié privé a diminué en 2020 (- 332 300) : l’ampleur de la baisse a cependant été bien moindre (- 1,7 % par rapport à fin 2019) que pour l’activité économique. Le dispositif d’activité partielle, considérablement renforcé dès le début de la crise sanitaire, a été massivement utilisé par les entreprises afin de conserver une grande partie de leurs salariés empêchés de travailler : en avril 2020, .

Le taux de chômage a connu des mouvements contraires et atypiques en 2020 : le contexte des deux confinements a en effet rendu difficiles, voire impossibles, les démarches de recherche active d’emploi, affectant par conséquent la . Ces effets « en trompe-l’œil » expliquent la baisse du taux de chômage au deuxième trimestre et en partie la baisse survenue également au quatrième trimestre : le taux de chômage s’y est situé à 8 % de la population active, soit quasiment le même niveau qu’un an auparavant (après 8,1 % fin 2019).

En moyenne, le pouvoir d’achat des ménages et le taux de marge des entreprises ont été préservés, grâce aux mesures de soutien

Après une évolution particulièrement dynamique en 2019 (+ 3,4 %), le revenu disponible brut des ménages a progressé plus modérément en 2020 (+ 1,0 %). D’une part, la masse salariale a diminué (- 4,1 %, conséquence des destructions d’emploi et de la mise au chômage partiel de nombreux salariés). C’est aussi le cas des revenus de la propriété (- 12,6 %) – reflétant en particulier le recul des dividendes versés. Cependant, les dispositifs de soutien (activité partielle et fonds de solidarité), ainsi que les stabilisateurs automatiques (assurance chômage, RSA, impôts) ont permis au revenu des ménages de globalement résister. Les prestations sociales ont ainsi augmenté de 9,5 %, tandis que les impôts sur le revenu et le patrimoine ont diminué à - 3,6 %. Le fonds de solidarité a notamment limité la baisse de l’excédent brut d’exploitation des entrepreneurs individuels (- 0,6 %). Par ailleurs, le déflateur de la consommation des ménages a ralenti avec l’inflation en 2020, à + 0,6 % après + 0,8 %. Finalement, le pouvoir d’achat a fortement ralenti à 0,4 %, après 2,6 % (figure 6) ; tandis que le pouvoir d’achat par unité de consommation s’est maintenu (0,0 %).

Du côté des entreprises, la valeur ajoutée (CVS-CJO) des sociétés non financières a chuté de 8,5 %. Le taux de marge a certes baissé lui aussi, mais dans une moindre mesure, à 31,7 % (après 33,4 % en 2019), soutenu par les dispositifs de soutien mentionnés précédemment (fonds de solidarité notamment et chômage partiel). Il revient ainsi à un niveau proche de celui observé entre 2015 et 2018, après avoir temporairement augmenté en 2019 sous l’effet principalement de l’enregistrement du CICE.

Figure 6Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants

Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants - Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat des ménages a ralenti à 0,4 % ; les revenus d’activités ont contribué à hauteur de près de – 3 points.
Revenus d'activité (en points) Prestations (en points) EBE des ménages purs (en points) Revenus de la propriété (en points) Impôts et cotisations (en points) Prix à la consommation des ménages (en points) Pouvoir d'achat (en %)
2017 2,3 0,6 0,3 -0,1 -0,8 -0,8 1,8
2018 1,9 0,8 0,3 0,7 -0,6 -1,7 1,4
2019 2,2 1 0,4 -0,1 -0,1 -0,8 2,6
2020 -2,7 3,4 0,2 -0,7 0,8 -0,6 0,4
  • Note : les données sont corrigées des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat des ménages a ralenti à 0,4 % ; les revenus d’activités ont contribué à hauteur de près de – 3 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Figure 6Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants

  • Note : les données sont corrigées des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat des ménages a ralenti à 0,4 % ; les revenus d’activités ont contribué à hauteur de près de – 3 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.
Publication rédigée par :Yohann Rivillon, Aliette Cheptitski (Insee)

Définitions

Demande d'indemnisation pour activité partielle :

le dispositif de l’activité partielle (ou chômage partiel) permet aux établissements confrontés à des difficultés temporaires de diminuer ou suspendre leur activité tout en assurant aux salariés une indemnisation pour compenser leur perte de salaire. L’activité partielle fait l’objet de demandes d’autorisation préalables (DAP) déposées par les établissements souhaitant recourir à l’activité partielle en raison de la crise sanitaire, ainsi que les demandes d’indemnisation (DI). Lors de la phase d’indemnisation, il est possible que le nombre d’heures effectivement consommé soit inférieur à celui qui avait été demandé. En complément des données administratives (DAP et DI), les réponses des entreprises à l’enquête mensuelle Acemo-Covid-19 sont mobilisées. Elles permettent d’estimer le nombre de salariés qui ont été effectivement placés en activité partielle chaque mois, et d’anticiper ainsi les demandes d’indemnisations qui vont arriver, les entreprises disposant, pour un mois donné, d’un délai d’un an pour faire leur demande. L’ensemble des données présentées sur l’activité partielle sont susceptibles d’être révisées.

Heures rémunérées :

le volume d’heures rémunérées correspond à la durée pour laquelle le salarié est rémunéré sur une période. Cela inclut notamment les heures supplémentaires mais aussi les absences pour lesquelles le salarié perçoit une rémunération, comme les congés payés, les jours fériés ou les jours attribués au titre de la réduction du temps de travail. Ce volume d’heures rémunérées est une composante importante de l’activité économique, même s’il ne la mesure pas directement : d’une part, certaines absences sont considérées comme du travail rémunéré et d’autre part, la rémunération des salariés ne reflète pas toujours les fluctuations de leur productivité.

Transactions par cartes bancaires :

les montants des transactions par carte bancaire en face‑à‑face proviennent de Cartes Bancaires CB. Elles sont anonymisées et agrégées à l‘échelle départementale. Elles concernent tout détenteur de carte bancaire CB sur le territoire français, ce qui, outre les ménages, peut couvrir aussi des entreprises. Elles couvrent l’essentiel des transactions bancaires, avec et sans contact, à l’exception des transactions en vente à distance (internet). Elles permettent de suivre une partie de la consommation des ménages. Les transactions réalisées par d’autres moyens de paiement (espèces, chèque, ticket restaurant, etc.) ne sont pas suivies.

Estimation prenant en compte la correction des variations saisonnières et les effets des jours ouvrables.

Contrairement à la crise de 2008-2009, où la contribution négative de l’investissement dominait.

Situation sur le marché du travail au 26 avril 2020, Dares.

Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.

Estimation prenant en compte la correction des variations saisonnières et les effets des jours ouvrables.

Contrairement à la crise de 2008-2009, où la contribution négative de l’investissement dominait.

Situation sur le marché du travail au 26 avril 2020, Dares.

Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.