Insee Flash OccitanieTaux de chômage en Occitanie : de fortes disparités entre zones d’emploi à la veille de la crise

Séverine Bertrand (Insee)

En Occitanie, 9,5 % des personnes actives sont dépourvues d’emploi au quatrième trimestre 2019, avant la crise provoquée par l’épidémie de Covid-19. Cependant, l’analyse infrarégionale du marché du travail révèle de fortes disparités à l’échelle des zones d’emploi. La zone de Toulouse conjugue un taux de chômage proche de la moyenne nationale avec un fort dynamisme de l’emploi. Le littoral méditerranéen, qui bénéficie lui aussi d’un dynamisme soutenu de l’emploi, est marqué par un chômage élevé. À l’inverse, le chômage est peu présent dans les zones rurales du nord et de l’ouest de la région, bien que l’emploi y soit peu dynamique. Fin 2019, le taux de chômage régional reste supérieur à son niveau à la veille de la crise de 2008, malgré une baisse de 2,4 points depuis 2015 grâce à une nette accélération des créations d’emploi.

Insee Flash Occitanie
No 106
Paru le :Paru le26/02/2021
Séverine Bertrand (Insee)
Insee Flash Occitanie No 106- Février 2021

Au quatrième trimestre 2019, 9,5 % de la population active est au chômage en Occitanie. C’est le deuxième plus fort taux de chômage des régions métropolitaines derrière celui des Hauts-de-France (10,0 %). Au niveau national, 8,1 % des personnes actives sont dépourvues d’emploi.

Parmi les trente  de France métropolitaine qui enregistrent les plus forts taux de chômage fin 2019, onze sont situées en Occitanie. Néanmoins, au sein de la région les disparités territoriales apparaissent très marquées.

Figure 1Dynamisme de l’emploi et chômage élevé sur le littoralTaux de chômage 2019 et évolution de l’emploi total entre 2007 et 2017 par zone d’emploi d’Occitanie (en %)

Dynamisme de l’emploi et chômage élevé sur le littoral
Zone d’emploi 2020 Taux de chômage T4 2019 Taux de variation de l’emploi 2011-2017 Emploi 2017
Agde - Pézenas 15,2 3,0 24 087
Albi 8,4 5,3 86 290
Alès - Le Vigan 13,1 0,0 55 051
Auch 6,3 0,5 59 485
Bagnols-sur-Cèze 10,4 -3,3 24 851
Béziers 11,8 4,5 73 943
Cahors 9,0 -2,7 32 329
Carcassonne - Limoux 9,6 0,6 72 351
Castelsarrasin - Moissac 10,7 5,6 23 678
Castres - Mazamet 8,0 1,1 56 502
Figeac - Villefranche 6,9 3,6 35 008
Foix - Pamiers 9,1 2,0 47 122
Mende 4,9 0,2 30 155
Millau 7,8 0,0 23 846
Montauban 8,7 8,7 69 952
Montpellier 10,9 12,9 315 117
Narbonne 12,6 7,0 52 739
Nîmes 10,9 4,9 144 748
Nord-du-Lot 7,3 -3,8 19 107
Perpignan 13,1 4,6 162 313
Rodez 4,9 2,7 65 334
Saint-Gaudens 7,0 1,7 40 655
Sète 12,0 4,7 31 913
Tarbes - Lourdes 8,8 -4,3 91 650
Toulouse 7,9 15,8 635 450
Arles - partie Occitanie 14,2 3,3 7 120
Avignon - partie Occitanie 7,5 3,3 14 463
  • Sources : Insee, Estimations d’emploi localisées (Estel), taux de chômage localisés

Figure 1Dynamisme de l’emploi et chômage élevé sur le littoralTaux de chômage 2019 et évolution de l’emploi total entre 2007 et 2017 par zone d’emploi d’Occitanie (en %)

  • Note : les axes sont positionnés selon l’évolution 2007-2017 de l’emploi total et le taux de chômage au quatrième trimestre 2019 en France métropolitaine.
  • Sources : Insee, Estimations d’emploi localisées (Estel), taux de chômage localisés

À l’aube de la crise sanitaire, un chômage proche de la moyenne nationale dans la zone d’emploi de Toulouse

Dans la zone d’emploi de Toulouse, le taux de chômage s’élève à 7,9 % de la population active fin 2019. Il est proche du taux France métropolitaine (figure 1) malgré le dynamisme économique de la zone et les nombreuses créations d’emploi qui en résultent. L’attractivité résidentielle pèse en effet sur le chômage frictionnel, une partie des nouveaux habitants passant par une période de recherche d’emploi lors de leur installation.

Le dynamisme de la métropole toulousaine se diffuse aux zones d’emploi avoisinantes de Montauban et d’Albi, qui enregistrent des taux de chômage inférieurs à la moyenne régionale et où l’emploi progresse à un rythme soutenu à la veille de la crise sanitaire. C’est aussi le cas, dans une moindre mesure, de la zone de Figeac-Villefranche, proche de Toulouse par son industrie centrée sur l’aéronautique. Depuis 2007, la hausse de l’emploi dans cette zone s’accompagne d’un faible niveau de chômage qui atteint 6,9 % fin 2019.

D’autres zones d’emploi de la région présentent également des taux de chômage modérés fin 2019, en dessous de la moyenne des zones d’emploi françaises. Plus rurales, elles se situent dans le nord (Millau, Nord-du-Lot, Mende, Rodez) et l’ouest de la région (Auch, Saint-Gaudens). Ainsi, avant la crise de 2020, les taux de chômage des zones d’emploi de Mende et Rodez figurent parmi les plus bas de France, en dessous de 5 %. Mais ces faibles taux s’accompagnent d’une évolution de l’emploi peu dynamique, voire négative.

La zone de Castres-Mazamet présente un profil similaire, même si le chômage y est plus élevé. Dans cette zone, 8 % des actifs sont au chômage fin 2019, et l’emploi est peu soutenu.

Des taux de chômage élevés sur le littoral malgré un emploi dynamique

Dans la région, le chômage est davantage présent dans les zones d’emploi qui bordent le littoral méditerranéen (figure 2). C’est le cas des zones de Montpellier et de Nîmes, où 10,9 % de la population active est au chômage au quatrième trimestre 2019. Dans ces territoires, la croissance de l’emploi est pourtant dynamique, mais elle s’avère insuffisante pour absorber le surplus de population active lié à la forte attractivité résidentielle. En conséquence, le chômage y demeure élevé.

C’est aussi le cas dans les zones de Béziers, Sète, Narbonne et Perpignan où le taux de chômage avoisine ou dépasse les 12 % fin 2019. Les zones d’emploi d’Agde-Pézenas (15,2 %) et d’Arles dans sa partie occitane (14,2 %), affichent les taux les plus élevés de la région et de France métropolitaine.

L’emploi est pourtant dynamique dans ces zones touristiques. Mais la saisonnalité du marché de l’emploi offre peu de débouchés en basse saison, ce qui contribue à maintenir le chômage à un niveau élevé.

La zone d’emploi de Castelsarrasin-Moissac est la seule zone d’emploi de la région éloignée du littoral à présenter un profil similaire avec une forte saisonnalité de l’emploi, liée, dans cette zone, aux activités agricoles. Malgré une croissance de l’emploi plus rapide qu’en moyenne nationale, la part des chômeurs demeure importante (10,7 %).

Enfin, d’autres territoires se trouvent dans une situation moins favorable vis-à-vis du marché du travail. Fin 2019, les zones d’emploi d’Alès-Le Vigan et de Bagnols-sur-Cèze cumulent des taux de chômage élevés (respectivement 13,1 % et 10,4 %) et une baisse des emplois. Cette situation caractérise également les zones d’emploi de Carcassonne-Limoux, Foix-Pamiers, Cahors et Tarbes-Lourdes, mais dans une moindre mesure puisque le taux de chômage, avant la crise de 2020, y est contenu autour des 9 %.

Figure 2Fin 2019, le chômage en Occitanie reste supérieur à son niveau de 2007Taux de chômage 2007 dans les zones d’emploi d’Occitanie (en %)

Fin 2019, le chômage en Occitanie reste supérieur à son niveau de 2007
Code Zone d’emploi 2020 Taux de chômage T4 2007
0052 Arles 9,9
0053 Avignon 8,7
0055 Bollène-Pierrelatte 9,8
0064 Valréas 8,8
7501 Agen 6,8
7504 Bergerac 7,7
7505 Bordeaux 7,3
7507 Brive-la-Gaillarde 5,9
7514 Langon 6,0
7516 Libourne 7,0
7518 Marmande 6,8
7519 Mont-de-Marsan 5,4
7521 Oloron-Sainte-Marie 5,1
7522 Pau 6,4
7523 Périgueux 6,6
7529 Sarlat-La-Canéda 7,3
7531 Tulle 3,7
7532 Villeneuve-sur-Lot 7,6
7601 Agde - Pézenas 13,1
7602 Albi 7,6
7603 Alès - Le Vigan 11,9
7604 Auch 5,4
7605 Bagnols-sur-Cèze 8,7
7606 Béziers 10,2
7607 Cahors 7,3
7608 Carcassonne - Limoux 8,8
7609 Castelsarrasin - Moissac 8,5
7610 Castres - Mazamet 8,3
7611 Figeac - Villefranche 5,9
7612 Foix - Pamiers 7,8
7613 Mende 3,8
7614 Millau 6,4
7615 Montauban 7,6
7616 Montpellier 10,1
7617 Narbonne 10,9
7618 Nîmes 10,3
7619 Nord-du-Lot 5,3
7620 Perpignan 9,9
7621 Rodez 3,6
7622 Saint-Gaudens 6,5
7623 Sète 12,1
7624 Tarbes - Lourdes 7,7
7625 Toulouse 7,5
8402 Aubenas 9,6
8403 Aurillac 5,1
8419 Le Puy en Velay 5,9
8420 Les Sources de la Loire 5,4
8422 Montélimar 8,8
8429 Saint Flour 5,1
8431 Valence 7,1
8433 Vienne-Annonay 6,7
9313 Martigues-Salon 8,9
9316 Orange 8,4
  • Source : Insee, taux de chômage localisés

Figure 2Fin 2019, le chômage en Occitanie reste supérieur à son niveau de 2007Taux de chômage 2007 dans les zones d’emploi d’Occitanie (en %)

  • Source : Insee, taux de chômage localisés

Entre 2015 et 2019, le chômage diminue dans toutes les zones d’emploi d’Occitanie

Sur longue période, entre 2007 et 2019, la part des chômeurs dans la population active d’Occitanie progresse de 1,0 point. Entre ces deux dates, deux périodes sont à distinguer.

Entre 2007 et 2015, à la suite de la crise financière, le taux de chômage progresse de 3,4 points en Occitanie, soit l’une des plus fortes hausses des régions métropolitaines. Dès 2015, la nette accélération des créations d’emploi permet d’enregistrer une diminution du taux de chômage, de 2,4 points dans la région à la fin 2019.

Sur cette dernière période, le chômage diminue dans la totalité des zones d’emploi de la région. Mais fin 2019, il est encore supérieur à son niveau de 2007 dans la plupart des zones. Seules trois zones d’emploi de la région retrouvent leur niveau de chômage de 2007 : Castres-Mazamet, Sète et Avignon (partie Occitanie).

Pour comprendre

La méthode d’estimation des taux de chômage localisés repose sur l’estimation, d’une part, du chômage au sens du Bureau International du Travail et d’autre part, de l’emploi par zone d’emploi et par département. Le numérateur est obtenu chaque trimestre à partir du nombre de chômeurs au niveau national issu de l’enquête Emploi, ventilé aux différents niveaux géographiques à partir de la structure des demandeurs d’emploi en fin de mois inscrits à Pôle emploi (DEFM). Le dénominateur s’appuie principalement sur les estimations d’emploi localisées, issues des déclarations sociales des entreprises. Le taux de chômage localisé est obtenu en rapportant le nombre de chômeurs à la population active (somme du nombre de chômeurs et de l'emploi) ainsi estimés.

Définitions

Une zone d’emploi est un espace géographique à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent. Le découpage en zones d’emploi constitue une partition du territoire adaptée aux études locales sur le marché du travail. Il sert de référence pour la diffusion des taux de chômage localisés et des estimations d’emploi. Il a été redéfini en septembre 2020.

Pour en savoir plus

 « Chômage et demande d’emploi : les territoires occitans inégaux face au choc lié à la crise sanitaire », Insee Analyses Occitanie n° 105, février 2021

 « En Occitanie, 27 nouvelles zones d’emploi très diversifiées », Insee Analyses Occitanie n° 96, septembre 2020

 « Dans les territoires, des fragilités face au chômage malgré un emploi souvent dynamique », Insee Analyses Occitanie n° 85, novembre 2019

 « Un marché du travail dynamique et attractif, mais un chômage qui reste élevé », Insee Analyses Occitanie n° 68, février 2019