Insee Conjoncture CorseBilan économique 2019 - Corse

L’activité économique reste bien orientée en 2019

Après le dynamisme constaté en 2018, année marquée notamment par une saison touristique exceptionnelle, l’activité reste bien orientée en 2019 même si le bilan est plus nuancé. La croissance annuelle de l’emploi salarié se poursuit et les déclarations d'embauches augmentent. Le taux de chômage recule pour s'établir à 8,2 % de la population active. Le nombre de demandeurs d’emploi diminue pour la deuxième année consécutive. Les entreprises enquêtées par la Banque de France témoignent d’une hausse de leur chiffre d'affaires (CA) plus modérée qu’en 2018. Il en est de même concernant la croissance des CA et des investissements des entreprises soumises à TVA. Les créations d’entreprises s’accélèrent. Parallèlement, les défaillances d'entreprises se réorientent à la hausse après deux années de repli. Le tertiaire marchand et l’industrie restent dynamiques. À l’inverse, le transport et la fréquentation touristique connaissent un retournement de tendance défavorable. Le bilan est contrasté dans la construction : les autorisations de mises en chantier diminuent tandis que le nombre de logements commencés repart à la hausse. Enfin, l’agriculture pâtit d’un climat difficile et affiche des résultats contrastés.

Insee Conjoncture Corse
No 29
Paru le :Paru le18/06/2020
Cécile Delsol (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de Corse - Service Régional de l'Information Statistique et Economique)
Insee Conjoncture Corse No 29- Juin 2020

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2019 publiés par l'Insee.
Retrouvez les bilans des autres régions ici.

Cette année, la situation exceptionnelle de la pandémie dans les premiers mois de 2020 introduit une rupture avec la dynamique de 2019 et remet en question les éventuelles prévisions réalisées précédemment. Ainsi, ces bilans rendent également compte de la crise, uniquement sur la période de confinement.

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Agriculture - L’agriculture à l’épreuve du changement climatique Bilan économique 2019

Cécile Delsol (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de Corse - Service Régional de l'Information Statistique et Economique)

Températures élevées, pluviométries irrégulières, sécheresse des sols, tempêtes à répétition, l’année 2019, émaillée de records, a mis à rude épreuve l’agriculture corse et fortement impacté les productions, parmi lesquelles le vin et la clémentine.

Fait notable, 2019 laisse entrevoir les frémissements d’une reprise de la production castanéicole après plusieurs années de lutte contre le Cynips.

Insee Conjoncture Corse

No 29

Paru le :18/06/2020

Une année chaude marquée par des épisodes méditerranéens violents

Après un hiver ensoleillé et sec, le printemps a été marqué par un déficit pluviométrique important. Exception faite du mois de mai (frais et venteux), les températures ont été en moyenne supérieures aux normales mensuelles (figure 1).

Figure 1Températures moyennes 2018-2019

Degrés
Températures moyennes 2018-2019 (Degrés)
2018 2019 Températures normales saisonnières
Janvier 12,7 9,4 9,9
Février 8,5 11,2 9,8
Mars 11,6 12,7 11,4
Avril 16,0 14,0 13,5
Mai 17,9 15,7 17,3
Juin 21,9 23,1 20,9
Juillet 25,2 25,7 23,8
Août 26,3 25,7 24,2
Septembre 23,2 23,1 21,3
Octobre 19,3 20,0 18,1
Novembre 15,1 14,5 13,9
Décembre 12,6 13,4 11,0
  • Source : Météo France

Figure 1Températures moyennes 2018-2019

  • Source : Météo France

L’excédent de précipitations du mois de mai (+ 40 %) a permis de retrouver un indice d’humidité des sols positif avant un mois de juin caniculaire (figure 2).

Figure 2Précipitations moyennes 2018-2019

Millimètres
Précipitations moyennes 2018-2019 (Millimètres)
2018 2019 Précipitations normales saisonnières
Janvier 26 52,6 47
Février 124 40,8 38
Mars 106 5,7 45
Avril 33 55,4 52
Mai 92 51,4 37
Juin 51 0,9 25
Juillet 6 56,5 7
Août 9 1,4 15
Septembre 13 22,5 54
Octobre 110 57,3 77
Novembre 118 202,4 90
Décembre 40 68,9 65
Cumul 728 615,8 552
  • Source : Météo France

Figure 2Précipitations moyennes 2018-2019

  • Source : Météo France

L’été a été chaud avec des températures pouvant aller jusqu’à + 4° C au-dessus des moyennes saisonnières dans certains secteurs. Le mois de juillet 2019 se classe au 1er rang des mois de juillet les plus arrosés sur la période 1959-2019.

À l’automne, les températures sont restées supérieures aux normales de saison et les précipitations déficitaires.

De novembre à décembre, la Corse a été frappée par de violentes tempêtes (Amélie, Fabien…) accompagnées de pluies intenses qui ont généré des crues et des inondations localement dévastatrices.

Un bilan mitigé pour les prairies et les pâturages

Le déficit de précipitations a freiné la pousse d’herbe en sortie d’hiver. Les pluies tardives de mai ont permis une pousse de l’herbe, mais malgré les précipitations de juillet, les sols sont restés secs. Après un mois d’août et un début d’automne déficitaires en précipitations, le retour des pluies a été tardif et inégal suivant les secteurs. Les températures douces et supérieures à la normale en fin d’automne ont permis une pousse d’herbe tardive.

Au final, en déficit de - 6,4 % en Corse-du-Sud et de - 0,6 % en Haute-Corse, les rendements sur l’année, toutes prairies confondues, sont proches des normales de référence se démarquant de l’ensemble national en déficit de - 22,6 %. La qualité des fourrages, disparate selon les micro-régions, a été globalement médiocre et a nécessité des apports complémentaires.

Viticulture, une petite récolte, mais de qualité

La production viticole 2019 est en repli et s’établit à 313 629 hectolitres. C’est la plus petite récolte de ces cinq dernières années (- 14 % par rapport à la moyenne quinquennale) (figure 3).

Figure 3Évolution de la production de vin

Hectolitres
Évolution de la production de vin (Hectolitres)
Vins AOP Vins IGP Vins sans IG Total vins
2015 114 714 243 242 30 313 388 269
2016 113 738 239 206 35 795 388 739
2017 101 985 192 337 20 659 314 981
2018 107 764 236 456 30 430 374 650
2019 114 478 191 387 7 764 313 629
  • Note : données 2019 provisoires.
  • Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)

Figure 3Évolution de la production de vin

  • Note : données 2019 provisoires.
  • Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)

La campagne est globalement marquée par de mauvaises conditions météorologiques au printemps suivies d’une sécheresse estivale, qui ont engendré des quantités de raisin et un rendement en jus plus faibles que prévu (pouvant aller jusqu’à - 25 % dans certaines zones).

Les bonnes conditions climatiques pendant la maturation ont néanmoins permis d’obtenir des degrés très corrects, y compris pour les rouges récoltés tard dans la saison.

Globalement, les conditions sanitaires ont été favorables. Seule la Pyrale des agrumes a occasionné des dégâts localement importants principalement sur des cépages tardifs comme la Syrah ou le Niellucciu.

Au final, en dépit d’une faible production, le millésime 2019 s’avère de bonne facture.

Clémentine : une campagne perturbée

La production de clémentines est en repli en 2019. Estimée à 25 255 tonnes, elle est inférieure à la moyenne des cinq dernières années (figure 4). En cause, une mise en repos végétatif naturelle des vergers après une forte période productive en 2018 et des conditions climatiques printanières qui ont affecté la floraison et la nouaison. De surcroît, les tempêtes hivernales de fin d’année ont perturbé la récolte et provoqué la chute d’une partie des fruits.

La châtaigneraie reverdit

Après plusieurs années de lutte contre le Cynips, la châtaigneraie reprend de la vigueur avec des disparités selon les secteurs. Malgré des pertes liées aux fortes pluies, la production castanéicole est de qualité et atteint son plus haut niveau historique depuis 2014 (figure 4). Des résultats encourageants qui font espérer un renouveau pour la filière dans les années à venir.

L’olivier ne produit naturellement qu’une année sur deux. Les 744 tonnes d’olives récoltées se situent au-dessus de la moyenne quinquennale des années à faible production. La qualité est bien au rendez-vous, mais les oléiculteurs restent préoccupés par les risques sanitaires, notamment la pression exercée par la mouche méditerranéenne.

Figure 4Rendement et production des vergers purs et associés

Rendement et production des vergers purs et associés
Produit Rendement (100 kg/ha) Production récoltée (100 kg)
2015 2016 2017 2018 2019 2015 2016 2017 2018 2019
Clémentines 188 269 237 283 181 236 730 328 620 311 340 376 900 252 555
Pamplemousses 306 330 346 272 348 52 610 55 160 64 660 49 445 68 494
Actinidia (Kiwi) 117 113 94 91 99 37 500 36 360 30 220 29 541 32 021
Pêches, nectarines et brugnons 181 181 193 191 196 42 120 33 810 40 770 40 926 42 294
Olives 4 7 4 9 3 7 940 14 410 8 810 19 825 7 437
Amandes 6 8 7 5 8 2 024 3 045 2 745 1 775 2 425
Châtaignes 1 2 1 1 2 1 720 2 090 1 430 1 035 2 420
Noisettes 5 8 8 10 7 800 1 200 1 200 1 600 1 020
  • Note : données 2019 provisoires.
  • Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)

Les productions animales se maintiennent

La tendance à la baisse du cheptel bovin observée ces dernières années se confirme (- 3,4 % en un an, - 11 % en 5 ans). Les cheptels ovins, caprins et porcins restent stables. La collecte de lait de chèvre et de brebis se stabilise (figure 5).

La production d’animaux de boucherie (3 185 tonnes équivalent carcasse (tec), source DIFFAGA) est également stable.

Sur le plan sanitaire, les menaces liées à l’introduction et la circulation d’agents pathogènes (tuberculose bovine, fièvre catarrhale ovine, peste porcine africaine…) restent un sujet de préoccupation majeure.

Figure 5Évolution de la production de lait

Hectolitres
Évolution de la production de lait (Hectolitres)
Lait de chèvre Lait de brebis
2015 50 125 87 935
2016 57 150 99 410
2017 59 540 99 520
2018 59 950 97 180
2019 60 190 98 800
  • Note : données 2019 provisoires.
  • Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)

Figure 5Évolution de la production de lait

  • Note : données 2019 provisoires.
  • Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)

Une nouvelle année morose pour l’apiculture

En raison de mauvaises conditions climatiques, les rendements des ruches sont en baisse, dans la continuité des années précédentes. Les menaces qui pèsent sur l’abeille corse Apis mellifera mellifera corsica dans un milieu en pleine évolution restent un sujet de préoccupation pour les apiculteurs insulaires.