Insee Conjoncture MartiniqueBilan économique 2018 - Martinique

En 2018, le taux de chômage reste stable malgré la progression de l’emploi salarié. La situation financière des ménages et des entreprises est satisfaisante ; l’encours sain de crédit augmente en raison des taux d’intérêt bas ; les créations d’entreprises sont également en hausse. Les secteurs portuaire et aérien continuent leur embellie, portée par le tourisme qui se maintient à un très haut niveau. Cependant, le niveau général des prix est à la hausse, poussé notamment par les tarifs de l’énergie et des services.

Insee Conjoncture Martinique
No 05
Paru le :Paru le06/06/2019
Jean-Pierre Devin, DAF Martinique
Insee Conjoncture Martinique No 05- Juin 2019

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2018 publiés par l'Insee.
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Agriculture - Une année morose Bilan économique 2018

Jean-Pierre Devin, DAF Martinique

En 2018, les mauvaises conditions climatiques ont affecté la production de la canne à sucre et de la banane en Martinique. Les autres livraisons de fruits et légumes accusent également un recul, dû en partie aux ouragans et en partie à une modification des circuits de commercialisation. La production animale locale diminue, le marché évoluant vers la saturation.

Insee Conjoncture Martinique

No 5

Paru le :06/06/2019

Avertissement

Au moment de mettre sous presse, les chiffres détaillés ne sont pas encore disponibles pour la production organisée de fruits et légumes en 2018.

La qualité de la canne à sucre en déclin

La récolte de la canne à sucre a subi les effets du carême pluvieux : la teneur en saccharose affiche en 2018 une valeur historiquement basse, en chute de 7 % par rapport à 2017, soit 9,93 g/100g. Pour autant, le tonnage de canne à sucre ne diminue que légèrement (– 0,9 % par rapport à 2017). Les livraisons à la sucrerie du Galion continuent de chuter (– 18,8 % en un an) pour atteindre, là encore, un niveau historiquement bas. Dans ce contexte plus que morose, les livraisons à destination des distilleries progressent toutefois de 3,3 % en 2018 (174 640 tonnes), retrouvant presque le niveau de 2016 (176 870 tonnes de cannes broyées livrées).

Reprise encore fragile de la culture de bananes

Après Matthew en 2016, c’est l’ouragan Maria qui affecte la production de bananes en fin d’année 2017. Les efforts de replantation du début d’année 2018 ont permis un accroissement de la production de 15 % par rapport à 2017. Néanmoins, avec 140 434 tonnes de bananes, on est encore loin de la production historique de 199 242 tonnes de 2015. L’année 2018 a débuté avec une forte demande, due notamment au déficit de l’offre de pommes et de poires, principaux concurrents de la banane dans le panier des ménages. Mais des pics tardifs de production en Amérique centrale et en Colombie ont tiré les prix de la banane vers le bas dès le mois de mai. Cet accroissement de l’offre a globalement terni les résultats.

Fruits et légumes : forte baisse des livraisons

L’évolution de la quantité commercialisée de fruits et légumes au premier semestre 2018 par rapport au premier semestre 2017 met en évidence une baisse moyenne des livraisons de 34 %, essentiellement imputable à la faible production de légumes en début d’année. Celle-ci peut s’expliquer en partie par l’ouragan Maria à l’automne 2017. S’y ajoute une tendance des producteurs à rechercher des circuits de commercialisation en dehors des organisations de producteurs permettant une rémunération plus rapide, même au détriment du prix payé, notamment pour les concombres. Les premiers chiffres relatifs à la livraison totale de fruits et légumes pour l’année 2018 semblent mettre en évidence un regain de la production au deuxième semestre, mais les livraisons totales accusent une diminution limitée (– 12 % par rapport à l’année précédente). Ces chiffres demeurent préoccupants au regard de l’absence d’accident climatique majeur en 2018, contrairement à 2016 et 2017.

Les productions animales locales en diminution

En 2018, la production animale locale dans son ensemble diminue de 6,4 % par rapport à 2017, tandis que les importations sont stables sur la période (0,3 %). La diminution de la production animale est surtout due à la filière volaille. Celle-ci chute en effet de 12,5 % par rapport à 2017, soit une baisse de 238 tonnes de volailles. Parallèlement, les importations augmentent de 217 tonnes. La saturation du marché en volume semble se confirmer du fait de la concurrence accrue entre la volaille fraîche produite localement et les importations à bas prix de produits congelés issus des marchés de dégagement européens.

La lente diminution de la production de viande bovine se poursuit en 2018 (– 3,6 % par rapport à 2017), passant ainsi sous le seuil des 900 tonnes commercialisées. Les importations de viandes bovines diminuent de 5,4 %, témoignant d’une baisse de la demande des consommateurs martiniquais. Seule la production de viande de porc présente une évolution positive (+ 2,1 %) malgré, là encore, une hausse des importations. La demande des consommateurs évolue vers la viande à bas prix (porc et volailles congelées).

Figure 1Chiffres clésÉvolution des principales productions agricoles entre 2017 et 2018

Chiffres clés
2018 2017 Variation 2018/2017 (en %)
Production commercialisée de bananes (en tonne) 140 434 122 304 14,8
Cannes broyées (en tonne) 206 396 208 249 -0,9
dont Sucreries 31 756 39 123 -18,8
Distilleries 174 640 169 126 3,3
Fruits, Légumes et Tubercules 6 535 7 008 -6,7
Production animale (en tonne) 3 870 4 135 -6,4
dont Volailles 1 662 1 900 -12,5
Porcins 1 240 1 214 2,1
Bovins 888 921 -3,6
  • Sources : DAAF - CTCS - Abattoir BôKaïl - SEMAM.

Figure 2Une richesse en saccharose historiquement basse Évolution des tonnages de cannes commercialisées et teneur en saccharose sur dix ans

Une richesse en saccharose historiquement basse
Cannes broyées (tonnes) Richesse en saccharose
Sucrerie Distilleries Total cannes
2008 75 128 204 12,53
2009 89 134 223 11,83
2010 70 132 202 11,73
2011 69 138 207 11,27
2012 47 128 175 12,92
2013 43 135 178 12,28
2014 40 127 167 12,26
2015 47 161 208 12,53
2016 49 177 226 10,61
2017 39 169 208 10,71
2018 32 175 206 9,93
  • Source : CTCS.

Figure 2Une richesse en saccharose historiquement basse Évolution des tonnages de cannes commercialisées et teneur en saccharose sur dix ans

  • Source : CTCS.

Figure 3Les exportations de bananes progressent par rapport à 2017Évolution de la production de bananes entre 2017 et 2018 (en tonnes) et du prix payé au producteur (en €/kg)

Les exportations de bananes progressent par rapport à 2017
2018 2017 Variation 2018/2017 (en %)
Exportations (tonnes) 137 057 119 045 15,1
Marché local (tonnes) 3 377 3 259 3,6
Production commercialisée (en tonnes) 140 434 122 304 14,8
Prix moyen payé au producteur (€/Kg) 0,59 0,58 1,7
Prix moyen local (€/Kg) 0,44 0,44 0,0
  • Source : Direction de l'alimentation, de l’Agriculeture et de la forêt (DAAF).

Figure 4Les prix de la banane reflètent le contexte international moroseÉvolution mensuelle du tonnage de bananes martiniquaises exporté en France Hexagonale et du prix moyen d'achat (en euro)

Les prix de la banane reflètent le contexte international morose
2017 2018
Tonnage commercialisé Prix moyen au kg Tonnage commercialisé Prix moyen au kg
Janvier 3 724 0,69 4 822 0,79
Février 4 739 0,70 4 960 0,85
Mars 7 480 0,71 6 885 0,79
Avril 8 916 0,72 9 348 0,69
Mai 15 147 0,73 18 531 0,63
Juin 20 319 0,72 17 624 0,73
Juillet 17 720 0,71 14 855 0,72
Août 16 111 0,70 12 850 0,70
Septembre 13 512 0,69 10 032 0,70
Octobre 6 496 0,69 11 504 0,69
Novembre 6 110 0,68 13 953 0,68
Décembre 3 404 0,68 10 302 0,67
  • Source : DAAF.

Figure 4Les prix de la banane reflètent le contexte international moroseÉvolution mensuelle du tonnage de bananes martiniquaises exporté en France Hexagonale et du prix moyen d'achat (en euro)

  • Source : DAAF.

Figure 5Les importations de viande en légère hausse en 2018Évolution des importations de viande (en tonne)

Les importations de viande en légère hausse en 2018
2018 2017 Évolution 2018/2017 (en %)
Bovins 4 162 4 399 -5,4
Porcins 3 611 3 529 2,3
Volailles 11 244 11 027 2,0
Total 19 017 18 955 0,3
  • Source : Douanes.

Figure 6La production de bovins et de volailles diminueÉvolution des productions animales entre 2017 et 2018 (en tonnage)

La production de bovins et de volailles diminue
2018* 2017 Évolution 2018/2017 (en %)
Volailles 1 662 1 900 -12,5
Porcins 1 240 1 214 2,1
Bovins 888 921 -3,6
Total 3 790 4 035 -6,1
  • * Données provisoires.
  • Sources : DAAF - abattoir BôKaïl - SEMAM.

Figure 6La production de bovins et de volailles diminueÉvolution des productions animales entre 2017 et 2018 (en tonnage)

  • * Données provisoires.
  • Sources : DAAF - abattoir BôKaïl - SEMAM.

Figure 7Les livraisons de fruits et légumes aux organisations de producteurs en chute libreÉvolution de la commercialisation de fruits, légumes et tubercules par les organisations de producteurs (en tonne et en %)

Les livraisons de fruits et légumes aux organisations de producteurs en chute libre
Tonnage 1er semestre 2018 Tonnage 1er semestre 2017 Évolution 1er semestre 2017/2018 (en %) Tonnage 2ème semestre 2018 Tonnage 2ème semestre 2017 Évolution 2ème semestre 2018/2017 (en %) Évolution annuelle 2018/2017 (en %)
Fruits 717,4 842,2 -14,8 1 188,0 1 071,0 10,9 -0,4
Légumes 1 945,2 3 254,0 -40,2 1 865,0 1 355,4 37,6 -17,3
Tubercules 103,8 120,5 -13,9 190,0 154,8 22,7 6,7
Total 2 766,4 4 216,7 -34,4 3 243,0 2 581,2 25,6 -11,6
  • Note : chiffres définitifs en 2017 et 2018.
  • Source : DAAF.

Comment sont recueillies les données relatives à la production agricole ?

Les données relatives à la canne et à la banane sont recueillies auprès du Service Agriculture et Forêt de la DAAF, qui instruit les demandes d’aides relatives à ces filières. Les chiffres concernant la canne sont en général connus dès le mois de juin de l’année N, la campagne « banane » se poursuivant jusqu’à la fin de l’année.

Pour les autres fruits et légumes, les données concernant le deuxième semestre sont fournies en général à la mi-février et peuvent faire l’objet d’ajustements ultérieurs.

Pour les productions animales, le Service d’Intertion Sociale et Professionnelle (SISEP) recueille les données des différents abattoirs mois par mois.

L’ensemble de ces données sert, par ailleurs, à l’établissement de la Statistique Agricole Annuelle qui comporte une première édition dite « provisoire » au printemps de l’année N+1 et une édition dite « définitive » à l’automne.