Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-ComtéBilan économique 2015 - Bourgogne-Franche-Comté

Dans un contexte de ralentissement global de l'activité mondiale, l'économie française s'accélère en 2015 et crée de nouveau des emplois. Toutefois, cette croissance retrouvée s'avère encore insuffisante pour enrayer la hausse du chômage. La Bourgogne-Franche-Comté présente, quant à elle, un bilan mitigé. La situation sur le marché de l'emploi ne présente pas de signe d'amélioration. Le bâtiment peine à sortir de la crise. En revanche, l'année a été très bonne pour le tourisme.

Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté
Paru le :Paru le31/05/2016
Gilles Zemis, Insee
Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté- Mai 2016
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Frontaliers - La croissance de l’emploi frontalier continue de ralentir

Gilles Zemis, Insee

Avec une augmentation de 2,5 % en 2015, le nombre de frontaliers résidant en Bourgogne-Franche-Comté atteint 33 900 personnes en fin d’année. Le rythme de progression diminue une nouvelle fois et confirme l’inflexion constatée depuis 2012. Ce phénomène s’observe dans les principaux cantons suisses à l’exception de celui de Genève. Les cantons de Vaud et de Neuchâtel demeurent les destinations principales des frontaliers résidant en Bourgogne-Franche-Comté.

Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté

No 3

Paru le :31/05/2016

Fin 2015, 33 900 personnes résidant en Bourgogne-Franche-Comté exercent une activité en Suisse. Les 170 km de frontière entre la Suisse et le Doubs expliquent que 73 % d’entre eux résident dans ce département, notamment dans deux zones d’emploi : celle de Morteau et celle de Pontarlier. Par ailleurs, 17 % demeurent dans le département du Jura et 8 % dans le Territoire de Belfort (Figure 1). Le nombre de frontaliers dans la région a plus que doublé depuis juin 2002, date de la signature des Accords de Libre Circulation des Personnes (ALCP). En outre, depuis la suppression des zones frontalières pour les ressortissants de l’UE en juin 2007, les frontaliers peuvent exercer une activité sur l’ensemble du territoire suisse. Ainsi, le travail frontalier s’est diffusé dans le pays, notamment dans les cantons de Genève et de Berne.

Un rythme de croissance en inflexion depuis 2012

Fin 2015, la région compte 840 frontaliers supplémentaires par rapport à l’année précédente. Après une année 2011 particulièrement dynamique (+ 12,7 %, soit 3 000 frontaliers supplémentaires par rapport à 2010), le rythme de progression du nombre de travailleurs frontaliers s’est infléchi pour atteindre + 2,5 % en 2015 (Figure 2). Le ralentissement le plus net observé en 2015 concerne le Territoire de Belfort, où la croissance du nombre de navetteurs vers la Suisse a été divisée par trois en un an. Cette croissance se concentre essentiellement sur le premier trimestre 2015. Depuis, le nombre de frontaliers résidant dans ce département stagne (Figure 3).

Un ralentissement dans les principales destinations des frontaliers de la région

Les trois quarts des frontaliers de la région travaillent dans les cantons de Vaud et de Neuchâtel. Dans le canton de Vaud, le nombre de frontaliers continue de progresser en 2015 de 3,8 % mais à un rythme inférieur à celui observé entre fin 2013 et fin 2014 (4,8 %). Dans le canton de Neuchâtel, le ralentissement est davantage marqué (+ 1,2 % après une hausse de 4,1 % l’année précédente).

Fin 2015, 17 % des frontaliers de la région travaillent dans le canton du Jura. Leur nombre progresse toujours mais à un rythme moindre qu’un an auparavant.

Le canton de Berne regroupe 5 % des frontaliers de la région. Il est le seul canton à dénombrer moins de travailleurs frontaliers qu’à la fin 2014 soit une cinquantaine de moins.

À l’inverse, le canton de Genève est le seul canton suisse où le nombre de travailleurs frontaliers résidant en Bourgogne-Franche-Comté s’accélère d’année en année. Alors qu’en 2002, ce canton comptait une vingtaine de frontaliers régionaux, il en regroupe fin 2015 plus de 900. Ces derniers résident principalement dans le département du Jura (Figure 4).

Une croissance plus modérée que celle de l’ensemble des frontaliers travaillant en Suisse

Le nombre de frontaliers résidant dans les départements de Bourgogne-Franche-Comté progresse dorénavant deux fois moins rapidement que l’ensemble des frontaliers résidant dans l'ensemble des départements métropolitains (+ 5,1 %) (Figure 5). Les navettes vers les cantons de Vaud et du Jura illustrent ce phénomène. Ainsi en 2015, les navettes vers le canton de Vaud en provenance de la Haute-Savoie et de l’Ain augmentent respectivement de 8,1 % et de 9,2 %, soit des croissances plus fortes que celles du Doubs (+ 4,4 %) et du Jura (+ 2,9 %), à volumes pourtant très proches.

Le constat est identique dans le canton du Jura. Le nombre de frontaliers navettant vers ce canton en provenance du Haut-Rhin s'accroît de 6,6 % entre fin 2014 et fin 2015. Dans le même temps, le nombre de travailleurs frontaliers résidant dans le Doubs et le Territoire de Belfort et travaillant dans le canton du Jura n'augmente que de respectivement 2,5 % et 3,0 %. Cette croissance plus faible du nombre de frontaliers résidant en Bourgogne-Franche-Comté par rapport à celle des frontaliers résidant dans les régions voisines, tient au profil professionnel plus industriel de la main d'oeuvre frontalière résidant dans la région. Or, la croissance actuelle du nombre de frontaliers travaillant en Suisse est essentiellement portée par ceux travaillant dans le secteur tertiaire.

Figure 1Répartition des frontaliers résidant en Franche-Comté par cantons suisses de lieu de travail au 4e trimestre 2015

en nombre
Répartition des frontaliers résidant en Franche-Comté par cantons suisses de lieu de travail au 4e trimestre 2015 (en nombre) - Note de lecture du tableau : Les données de l'échantillon de la statistique de l'emploi (STATEM) servent à l'estimation du total des frontaliers au niveau national. Ce total est ensuite ventilé (par canton, branche, ...) au moyen des proportions calculées sur la base du système d'information central sur la migration (SYMIC).
Lieu de travail Lieu de résidence
Doubs Jura Territoire de Belfort Autres départements Bourgogne-Franche-Comté
Ensemble de la Suisse dont : 24 714 5 730 2 756 667 33 866
Vaud 8 117 4 926 ns 147 13 228
Neuchâtel 11 264 134 70 101 11 569
Jura 3 539 ns 2 176 167 5 892
Bern / Berne 1 314 ns 244 ns 1 611
Genève 180 584 ns 144 928
Autres cantons 301 56 207 74 638
  • Compte tenu de cette opération de pondération, les effectifs mentionnés sont significatifs à partir de 50. En dessous de ce seuil, ils sont indicatifs d’un lien de travail frontalier entre un département de résidence et un canton suisse de travail sans certitude sur le nombre réel de travailleurs frontaliers. La mention NS (non significatif) remplace les données correspondantes.
  • ns : non significatif, effectif inférieur à 50
  • Note de lecture du tableau : Les données de l'échantillon de la statistique de l'emploi (STATEM) servent à l'estimation du total des frontaliers au niveau national. Ce total est ensuite ventilé (par canton, branche, ...) au moyen des proportions calculées sur la base du système d'information central sur la migration (SYMIC).
  • Source : Office Fédéral de la Statistique (Statistique des frontaliers)

Figure 2Évolution du nombre de frontaliers comtois occupant un emploi en Suisse par départements de résidence

Évolution du nombre de frontaliers comtois occupant un emploi en Suisse par départements de résidence
4e trimestre 2015 (nombre) Évolution 2015/2014 (en %) Évolution 2014/2013 (en %)
Bourgogne-Franche-Comté dont : 33 866 + 2,5 + 4,8
Doubs 24 714 + 2,3 + 4,4
Jura 5 730 + 3,4 + 4,7
Territoire de Belfort 2 756 + 2,4 + 7,8
Autres départements 667 + 3,3 + 6,9
  • Source : Office Fédéral de la Statistique (Statistique des frontaliers)

Figure 3Évolution du nombre de frontaliers par principaux départements de résidence

indice base 100 au 4e trimestre 2002
Évolution du nombre de frontaliers par principaux départements de résidence (indice base 100 au 4e trimestre 2002)
Doubs Jura Territoire de Belfort Bourgogne-Franche-Comté
4T2002 100,0 100,0 100,0 100,0
1T2003 100,3 101,7 101,0 100,6
2T2003 101,7 103,7 100,5 101,9
3T2003 102,7 104,5 100,5 102,8
4T2003 102,5 105,1 97,2 102,5
1T2004 103,4 105,4 97,0 103,1
2T2004 107,1 109,8 100,4 107,0
3T2004 106,7 110,0 94,6 106,2
4T2004 108,3 111,3 94,7 107,6
1T2005 110,4 110,9 97,4 109,4
2T2005 112,5 112,6 96,0 111,1
3T2005 113,4 113,6 95,2 111,9
4T2005 117,5 117,4 98,0 115,8
1T2006 119,8 118,4 99,3 117,8
2T2006 125,3 122,6 103,3 123,0
3T2006 130,6 127,5 111,0 128,4
4T2006 136,4 132,1 114,8 134,0
1T2007 141,1 133,5 121,2 138,3
2T2007 146,8 138,8 127,7 144,1
3T2007 152,1 144,4 131,7 149,4
4T2007 156,9 150,6 136,6 154,7
1T2008 159,8 154,6 141,4 158,2
2T2008 161,2 159,8 148,9 161,1
3T2008 164,3 166,0 149,9 164,6
4T2008 162,1 169,2 150,4 163,6
1T2009 160,9 167,7 146,7 162,1
2T2009 160,6 166,7 144,6 161,7
3T2009 156,5 165,3 140,2 157,9
4T2009 156,7 166,5 137,2 158,0
1T2010 157,2 166,3 137,6 158,6
2T2010 161,2 169,5 142,7 162,7
3T2010 162,4 171,7 141,4 163,9
4T2010 164,3 173,9 140,9 165,7
1T2011 168,0 176,6 143,2 169,3
2T2011 175,8 181,3 153,0 177,0
3T2011 181,1 187,0 157,2 182,4
4T2011 184,6 192,9 160,9 186,4
1T2012 193,0 196,7 163,8 193,8
2T2012 199,1 202,6 167,5 199,8
3T2012 203,0 207,4 172,4 204,1
4T2012 203,6 209,7 173,1 205,2
1T2013 203,0 210,0 175,6 204,9
2T2013 208,2 215,0 179,6 210,1
3T2013 211,8 220,0 180,4 213,8
4T2013 213,8 223,1 184,0 216,3
1T2014 214,6 221,2 188,3 217,0
2T2014 217,8 224,1 192,5 220,4
3T2014 219,9 228,0 193,7 222,6
4T2014 223,3 233,5 198,3 226,7
1T2015 223,7 232,1 201,1 226,9
2T2015 225,4 234,5 202,1 228,8
3T2015 226,5 237,5 201,8 230,2
4T2015 228,6 241,4 203,1 232,4
  • Source : OFS (Statistique des frontaliers)

Figure 3Évolution du nombre de frontaliers par principaux départements de résidence

  • Source : OFS (Statistique des frontaliers)

Figure 4Évolution du nombre de frontaliers comtois occupant un emploi en Suisse par canton

Évolution du nombre de frontaliers comtois occupant un emploi en Suisse par canton
Canton de travail 4e trimestre 2015 (nombre) Évolution 2015/2014 (en %) Évolution 2014/2013 (en %)
Ensemble de la Suisse dont : 33 866 + 2,5 + 4,8
Vaud 13 228 + 3,8 + 4,8
Neuchâtel 11 569 + 1,2 + 4,1
Jura 5 892 + 2,7 + 5,1
Bern / Berne 1 611 – 3,1 + 5,8
Genève 928 + 10,0 + 8,2
Autres cantons 638 + 6,1 + 7,7
  • Source : Office Fédéral de la Statistique (Statistique des frontaliers)

Figure 5Nombre de frontaliers par cantons suisses de lieu de travail au 4e trimestre 2015

Nombre de frontaliers par cantons suisses de lieu de travail au 4e trimestre 2015
Résidant dans la région (nombre) Résidant en France (nombre) Part des frontaliers résidant dans la région(en %) Évolution des frontaliers résidant dans la région 4T15/4T14 (en %) Évolution des frontaliers résidant en France 4T15/4T14 (en %)
Ensemble de la Suisse dont : 33 866 165 969 20,4 + 2,5 + 5,1
Vaud 13 228 28 160 47,0 + 3,8 + 5,7
Neuchâtel 11 569 12 032 96,1 + 1,2 + 1,3
Jura 5 892 7 269 81,1 + 2,7 + 3,3
Bern / Berne 1 611 2 141 75,3 – 3,1 + 0,0
Genève 928 80 832 1,1 + 10,0 + 6,4
Autres cantons 638 35 535 1,8 + 6,1 + 3,6
  • Source : Office fédéral de la statistique (statistique suisse)

Avertissement

La statistique des frontaliers (STAF) est une statistique de synthèse dont les sources principales étaient jusqu’à présent la statistique de l’emploi (STATEM), le système d’information sur la migration (SYMIC) et les recensements des entreprises (RE).

La STAF a été introduite en complément de SYMIC qui recense le nombre des autorisations frontalières délivrées (en règle générale pour 5 ans, renouvelables) car les travailleurs frontaliers n’annoncent pas systématiquement une cessation d’activité aux autorités. Il en résulte un écart important (20,4 % à fin 2014) entre le nombre de travailleurs frontaliers effectivement actifs occupés (STAF) et SYMIC.

La STATEM subit une révision méthodologique importante en 2015 et les RE ont fait place à la nouvelle statistique structurelle des entreprises (STATENT). Une évaluation du processus d’estimation de la STAF était donc nécessaire. Ces travaux aboutissent à une modification importante dans la méthodologie de la STAF, avec le recours à un appariement des données Assurance vieillesse et survivants (AVS) et des données de SYMIC, la STATEM servant encore aux rétropolations des séries avant 2010.

Pour en savoir plus

Hmamda N., Quillery P., « La main-d'œuvre frontalière dans l’Arc jurassien », Observatoire Statistique Transfrontalier de l’Arc jurassien (OSTAJ), décembre 2014·

Hmamda N., Quillery P., « Une forte mobilité des actifs dans l’Arc jurassien », Observatoire Statistique Transfrontalier de l’Arc jurassien (OSTAJ), décembre 2014