Notes et points de conjoncture de l'année 2020 Des analyses régulières pour éclairer les conséquences de la crise sanitaire

 

Note de conjoncture
Paru le :Paru le15/12/2020
Note de conjoncture- Décembre 2020
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Point de conjoncture du 2 décembre – Présentation Insee

Note de conjoncture

Paru le :15/12/2020

En novembre, le deuxième confinement aurait davantage affecté la consommation des ménages que la production

Les enquêtes de conjoncture collectées auprès des entreprises et des ménages, ainsi que les données à haute fréquence, fournissent un diagnostic convergent quant à l’activité économique du mois de novembre en France. Au niveau global, les pertes d’activité apparaissent plus réduites qu’au printemps, même si elles restent considérables : en novembre, l’activité au sens du PIB se serait située à 12 % sous son niveau d’avant-crise – une estimation légèrement adoucie par rapport au dernier Point de conjoncture, à la suite notamment de la révision à la hausse des comptes nationaux du troisième trimestre – contre environ 30 % en avril.

Le choc sur la consommation des ménages aurait été d’un ordre de grandeur relativement proche (– 14 % estimé en novembre, par rapport au niveau d’avant-crise), mais sans doute un peu plus rude que sur le PIB. En effet, même si l’on assiste au développement de la vente à distance et d’autres services de livraison à domicile, les restrictions sanitaires visent à atténuer les brassages de population et portent donc surtout sur certains pans de la demande émanant des ménages (fermeture des restaurants et des bars, de certaines activités de loisirs et des commerces « non essentiels », limitation des transports).

L’horizon s’éclaircit prudemment pour la fin de l’année : en décembre, la consommation des ménages rebondirait assez nettement

À court terme, la situation économique reste très évolutive et largement tributaire de la situation sanitaire. La deuxième vague épidémique amorce sa décrue, permettant de poser quelques jalons pour le mois de décembre : conditionnellement à la poursuite de cette décrue, les contraintes sanitaires seraient desserrées par paliers, avec la réouverture de tous les commerces dès la fin novembre, puis de certaines activités de loisirs mi-décembre, moment où un couvre-feu succéderait au confinement de la population. D’autres activités (en particulier l’accès aux salles des restaurants) ne rouvriraient que courant janvier.

Ces informations permettent d’affiner notre scénario pour la fin de l’année. Nous estimons que l’activité économique au sens du PIB pourrait se situer en décembre 8 % sous son niveau d’avant-crise. La consommation des ménages rebondirait de manière un peu plus marquée que le PIB, pour se situer 6 % sous son niveau d’avant-crise. Ces chiffrages gagneront bien sûr à être corroborés par les données à haute fréquence quand celles-ci seront disponibles pour début décembre.

Le PIB français se contracterait d’environ 9 % en 2020

Au total, en prenant en compte ces hypothèses pour la fin de l’année, le PIB du quatrième trimestre 2020 se contracterait de 4 ½ % en variation trimestrielle (après un rebond de + 18,7 % au troisième trimestre, en lien avec le premier déconfinement). Sur l’ensemble de l’année 2020, le PIB reculerait d’environ 9 % par rapport à 2019.

Cette prévision de contraction annuelle du PIB est semblable à celle que nous avions établie début juillet dernier. Entre-temps néanmoins, la chronique mensuelle a été plus heurtée que ce qui était escompté. D’un côté, le premier déconfinement a entraîné un rebond économique plus vigoureux qu’attendu. De l’autre et en sens inverse, la résurgence de l’épidémie grève l’activité économique au quatrième trimestre.

La crise sanitaire dessine un paysage conjoncturel contrasté à tous les niveaux : entre les secteurs d’activité, entre les pays, entre les continents

Au sein de chaque pays, les pertes d’activité économique sont loin d’être uniformes car elles dépendent étroitement du degré d’exposition de chaque secteur aux mesures d’endiguement sanitaire. L’impact global à court terme de la crise sanitaire dépend donc notamment de la structure sectorielle de chaque économie et du degré de sévérité des restrictions, lui-même lié à l’intensité de l’épidémie.

La France a abordé la deuxième vague épidémique avec un PIB du troisième trimestre en retrait de « seulement » 4 % sous son niveau d’avant-crise, à peu près comme l’Allemagne, mais après des pertes d’activité plus marquées au printemps. Les données à haute fréquence tout comme les enquêtes de conjoncture suggèrent des pertes également plus lourdes en France à l’occasion du deuxième confinement, sans préjuger néanmoins des rythmes respectifs des rebonds à venir dans les deux pays. L’Espagne et le Royaume-Uni ont quant à eux abordé la deuxième vague avec un écart deux fois plus important que la France et l’Allemagne par rapport au niveau d’avant-crise[1].

Enfin, même si l’épidémie reste mondiale, l’Asie apparaît à ce stade relativement épargnée par la vague automnale qui sévit en Europe et en Amérique du Nord. En particulier, l’économie chinoise poursuit son redressement, après un choc certes très rude mais circonscrit au premier trimestre. La Chine vient ainsi de devenir le premier partenaire commercial de l’Union européenne, devant les États-Unis.

 

1. Pour continuer à mesurer l’activité économique pendant la crise sanitaire, les comptables nationaux ont dû adapter leurs méthodes à la singularité de la situation, en particulier lors du premier confinement. Ces adaptations ont pu affecter temporairement la comparabilité des résultats entre les différents pays, concernant notamment les services non marchands produits par les administrations publiques. Un billet paru le 27 novembre sur le blog de l’Insee fait le point sur ce sujet : https://blog.insee.fr/sante-education-services-administratifs-la-difficile-mesure-des-activites-non-marchandes-en-temps-de-crise-sanitaire/. De fait, avant la crise sanitaire, les comptes trimestriels ne cherchaient pas à capter un éventuel profil infra-annuel de ces volumes d’activité puisque les activités non marchandes n’étaient pas affectées par les cycles conjoncturels. Pendant la crise, les comptables français ont donc eu exceptionnellement recours à l’enquête Emploi et à diverses sources de données pour rendre compte au mieux de la conjoncture dans ce secteur, mais tous les pays n’ont pu faire de même. La comparabilité des données a donc été altérée, même si les écarts restent a priori dans des proportions qui ne remettent pas en cause les ordres de grandeur au niveau de l’économie prise dans son ensemble et ne jouent qu’à court terme sans introduire de biais tendanciels.