Notes et points de conjoncture de l'année 2020 Des analyses régulières pour éclairer les conséquences de la crise sanitaire

 

Note de conjoncture
Paru le :Paru le15/12/2020
Note de conjoncture- Décembre 2020
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Point de conjoncture du 27 mai – Présentation Insee

Note de conjoncture

Paru le :15/12/2020

Ce Point de conjoncture est le premier à paraître depuis le début du processus de déconfinement en France. Comme dans les précédentes éditions, nous tentons ici de mesurer l’évolution, en temps quasi réel, de l’activité économique (PIB) et de la consommation des ménages, en mobilisant tout à la fois [1] des données « haute fréquence » disponibles quotidiennement, des remontées directes d’entreprises et de fédérations professionnelles et les résultats des enquêtes de conjoncture du mois de mai.

Dans le contexte du déconfinement, cet exercice est au moins aussi difficile que les précédents : il s’agit de mesurer des phénomènes non seulement démesurés mais aussi mouvants, un peu comme un photographe qui s’efforcerait de saisir un sujet atypique et en plein mouvement. Le risque est d’obtenir une photographie un peu plus floue qu’à l’accoutumée. Il nous semble néanmoins qu’en dépit des incertitudes inhérentes à l’exercice, des tendances assez claires se dégagent, avec notamment une reprise assez nette bien qu’encore partielle de l’activité économique française, et un rebond ponctuellement bien plus vif de la consommation des ménages.

En effet, l’activité économique repart, prudemment mais nettement, dans la plupart des grands secteurs : industrie, construction, services. La perte d’activité liée à la crise sanitaire ne serait désormais « plus » que de l’ordre de – 21 % (contre – 33 % estimé début mai). Autrement dit, l’économie française fonctionnerait à environ quatre cinquièmes de son niveau d’avant crise (contre seulement deux tiers pendant le confinement).

Parallèlement, pendant la première semaine de déconfinement, le rebond attendu de la consommation des ménages s’est concrétisé, peut-être d’ailleurs plus vivement en France qu’en Italie ou en Espagne. Nous estimons que cette semaine-là, la consommation n’aurait été « que » de 6 % inférieure à son niveau d’avant-crise (contre – 32 % estimé début mai). Ce vif rebond s’explique logiquement par la réouverture le 11 mai d’une grande part des commerces et activités fermés pendant le confinement. Une partie de ce rebond est ponctuelle, correspondant à des achats qui avaient dû être reportés. C’est pourquoi son ampleur ne permet pas à ce stade de déduire ce que sera le « régime permanent » de la consommation pendant les prochaines semaines.

À cet égard, l’enquête de conjoncture auprès des ménages réalisée en mai est riche d’enseignements sur leur manière d’appréhender la situation économique : en particulier, le solde d’opinion sur le niveau de vie futur en France est au plus bas, tandis que celui sur la capacité d’épargne actuelle est au plus haut. Et les ménages sont un peu moins pessimistes sur leur situation financière personnelle que sur la situation générale en France. Cela reflète, pour une partie d’entre eux, la constitution pendant le confinement d’une épargne forcée qui pourrait maintenant venir alimenter la consommation.

Après près de deux mois au ralenti, comme en apnée, l’économie française s’efforce ainsi de reprendre son souffle. Mais elle refait surface dans un monde qui n’est plus exactement le même qu’avant la crise sanitaire. Le virus a changé la donne, au niveau géopolitique comme au niveau économique. Malgré les soutiens monétaires et budgétaires massifs, les raisons sont nombreuses pour que l’économie ne revienne pas à la normale avant de longs mois : du côté de l’offre, certaines activités demeurent fermées à ce stade, les chaînes de valeur internationales sont profondément perturbées, les protocoles de sécurité sanitaire peuvent peser sur la productivité, et les destructions d’emploi d’ores et déjà enregistrées dès le premier trimestre viendront diminuer l’activité potentielle. Du côté de la demande, tous les postes peuvent être affectés, qu’il s’agisse du commerce extérieur, de l’investissement des entreprises ou bien de la consommation des ménages, lesquels peuvent être gagnés par l’attentisme dans cette situation inédite.

En faisant l’hypothèse qu’au mois de juin, l’économie française comble le tiers de l’écart qui la sépare encore de son niveau d’avant crise, le PIB trimestriel pourrait diminuer d’environ 20 % au deuxième trimestre 2020 (après – 5,8 % au premier trimestre) : un chiffre vertigineux, mais à la hauteur, si l’on peut dire, de ce qui s’est passé ces derniers mois dans le monde. Même si l’activité économique revenait intégralement à son niveau d’avant crise dès le mois de juillet, le PIB français diminuerait de 8 % sur l’année 2020, or un retour aussi rapide à la normale semble peu réaliste. L’impact global de la crise sanitaire en 2020 sera donc certainement supérieur à ce chiffre, car la reprise économique, en France et dans le monde, restera au mieux progressive au second semestre.

 

1. Nous remercions l’ensemble des partenaires qui continuent de nous apporter leur concours pour réaliser cet exercice, en particulier Cartes bancaires CB, la Direction générale des entreprises, SNCF Réseau, RTE, Enedis, France Industrie, la Fédération des industries ménaniques, Rexecode, les services du Medef, ainsi que les enseignes de la grande distribution qui coopèrent avec l’Insee. Les estimations figurant dans ce document n’engagent bien sûr que l’Insee.