Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes · Mai 2024 · n° 142

Hausse de l’emploi public pendant la crise sanitaire

Fin 2021, la fonction publique, hors militaires, compte 613 100 agents en Auvergne-Rhône-Alpes. Deux ans auparavant, fin 2019 et donc avant la crise sanitaire, l’effectif s’établissait à 604 400 personnes. Entre 2019 et 2021, le nombre d’agents a donc augmenté de près de 9 000. Les effectifs ont crû en 2020 (+1,1 %) avant de se consolider en 2021 (+0,3 %) (figure 1). Ces évolutions de l’emploi public diffèrent beaucoup de celles de l’emploi régional (privé et public), qui a d’abord été touché par la crise sanitaire en 2020 (‑0,6 %) puis a connu une hausse inédite en 2021 (+4,0 %). La croissance de l’emploi public fait suite à une période atone entre 2016 et 2019 (pour en savoir plus). En France de province, les effectifs progressent un peu différemment, de 0,6 % à la fois en 2020 et en 2021.

À partir de mars 2020, dans la région comme dans le reste du pays, la fonction publique hospitalière (FPH) s’est renforcée pour affronter la crise sanitaire. Auvergne-Rhône-Alpes a été l’une des régions les plus touchées, notamment lors de la seconde vague de septembre à décembre 2020. Entre 2019 et 2020, les effectifs régionaux ont ainsi augmenté de 2,1 % (+3 020 agents) et de 1,8 % en France de province. Deux vagues épidémiques marquent l’année 2021, l’une en début d’année, la seconde à l’été. Sur cette période, les effectifs de la FPH se sont stabilisés en Auvergne-Rhône-Alpes (+0,1 %), tandis qu’ils ont poursuivi leur croissance, quoique ralentie, en France de Province (+0,5 %).

En 2020, dans tous les départements de la région hormis le Cantal, les effectifs de la FPH progressent. Cette hausse est particulièrement forte en Haute-Loire (+4,0 %) et dans la Drôme (+3,2 %). Elle concerne aussi bien les hôpitaux que les établissements médico-sociaux et touche l’ensemble des catégories de personnel, notamment le personnel soignant, qui contribue à 90 % de cette croissance. Le nombre d’aides-soignants augmente ainsi de 2,1 %, soit +1 020, les infirmiers de +1,4 % (+460), les médecins de +3,0 % (+440) et les autres personnels médicaux de +6,2 % (+670). Face au besoin soudain et important en ressources humaines, la hausse des effectifs concerne surtout les contractuels, en particulier pour les postes d’aides-soignants et de personnel des services de soins (hors infirmiers et médecins). Au total, le nombre de contractuels progresse de 2 500 entre 2019 et 2020 (figure 2) ; ils représentent donc 85 % de la croissance totale des effectifs. L’année suivante, leur effectif recule (‑660), mais cette baisse est compensée par la hausse du nombre de fonctionnaires (+540) et de médecins. Cette bascule s’observe particulièrement chez les infirmiers et peut suggérer une pérennisation des postes. Concernant les aides-soignants, leur effectif se maintient (+280) porté par une hausse du nombre de fonctionnaires.

Au-delà de la crise sanitaire, la hausse des effectifs de la fonction publique en 2020 est liée à la forte augmentation du nombre d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) : +25 %, soit +2 800. Cette croissance bien plus importante qu’en France de province (+7 %) traduit, dans la région, un rattrapage du nombre de ces accompagnants spécifiques. En 2021, leur nombre continue de progresser, mais de façon nettement moins soutenue qu’en 2020 (+3 %, soit le même rythme qu’en France de province).

Hors AESH, les effectifs de la fonction publique de l’État (FPE) augmentent de 0,7 % (soit +1 600 agents) en 2020 et sont stables en 2021. In fine, les effectifs de la FPE (hors AESH) sont constants entre 2016 et 2021, alors qu’ils ont diminué dans toutes les autres régions de France de province (de ‑3,6 % en moyenne). À un niveau infrarégional, entre 2019 et 2021, les hausses sont les plus conséquentes dans le Puy-de-Dôme (+2,9 %), en Savoie (+2,2 %) et dans l’Ain (+1,5 %). A contrario, dans le Cantal, les effectifs de la FPE, hors AESH, reculent de 1,3 %.

La crise du COVID a néanmoins eu un effet au sein de la FPE. Les effectifs de Pôle emploi (devenu France Travail) se sont ajustés à la forte croissance du nombre de demandeurs d’emploi. Ces derniers, toutes catégories confondues, augmentent de 4,5 % en 2020 puis baissent de 4,4 % en 2021. Les effectifs des ministères des affaires sociales, de la santé et du travail connaissent de façon concomitante une croissance importante en 2020 : +7,2 % puis un repli en 2021 (‑7,0 %) pour retrouver le niveau d’avant-crise (figure 3).

Entre 2019 et 2021, les effectifs régionaux continuent de baisser dans les ministères chargés du logement, des transports et de la transition écologique (-8,0 %) et les ministères économiques et financiers (-3,4 %). En revanche, ils poursuivent leur hausse au sein des ministères de l’Intérieur (+3,6 %) et de la Justice (+3,3 %).

Le nombre d’agents territoriaux a peu évolué pendant cette période de crise sanitaire. Entre fin 2019 et fin 2021, il a augmenté de près de 700 agents avec une légère baisse en 2020 (‑0,3 %) compensée par une hausse en 2021 (+0,6 %). Sur ces deux années, l’emploi a progressé de 12,3 % dans les organismes intercommunaux (soit 4 430 agents figure 4) suite à des transferts de compétences, notamment autour de l’action sociale, en provenance d’organismes communaux dans lesquels les effectifs ont diminué de 2,3 % (soit 3 010 agents). Les organismes intercommunaux réunissent désormais 18,3 % des agents du versant contre 14,8 % en 2016. Par ailleurs, les effectifs reculent de 1,3 % dans les organismes départementaux et régionaux.

Entre 2019 et 2021, le nombre d’agents territoriaux augmente le plus dans l’Ain et en Haute-Savoie (respectivement +2,9 % et +2,7 %), départements qui connaissent également les plus fortes hausses démographiques de la région. En Isère, il diminue de 3,3 %, alors que la population y croît de 0,9 %.