Malgré des carnets de commandes jugés très supérieurs à la normale, l’activité du secteur aéronautique en France (près de 7 % de la valeur ajoutée industrielle) demeure en retrait par rapport à son niveau d’avant-crise. En moyenne sur l’année en 2023, l’indice de production industrielle du secteur est ainsi inférieur d’environ 25 % à son niveau de l’année 2019. Les exportations en valeur mesurées par les douanes sont quant à elles inférieures de 13 % au niveau d’avant-crise et cet écart atteint 25 % sur le seul segment des avions assemblés. Les contraintes d’offre générées par la reprise économique en sortie de crise ont en effet significativement retardé le redressement du secteur.

Pour autant, l’emploi dans le secteur aéronautique fait mieux que résister. En 2023, son niveau est 7 % supérieur à celui de l’année 2019. Ce décalage entre l’emploi et la production traduit une baisse de la productivité apparente du travail. Cependant, les évolutions de l’emploi sont très hétérogènes selon la catégorie socio-professionnelle : l’emploi de cadres a été particulièrement dynamique quand le reste de l’emploi s’est replié depuis 2019, dans le sillage de l’activité industrielle.

En comparaison internationale, les performances de l’industrie aéronautique allemande apparaissent également dégradées : l’assemblage d’avions s’y porte toutefois mieux qu’en France, malgré la présence du même avionneur européen intégré, Airbus, dans les deux pays. C’est une conséquence de la spécialisation des chaînes d’assemblage d’Airbus, qui n’est pas actuellement favorable à la France : en effet, la baisse des livraisons d’Airbus par rapport à l’année 2019 a été plus marquée sur les types d’avions assemblés uniquement en France (la famille des A330 et A350, l’assemblage d’A380 ayant par ailleurs cessé), tandis que la reprise a été plus vigoureuse pour les avions monocouloirs assemblés majoritairement en Allemagne. Sur l’ensemble du secteur aéronautique en revanche, les exportations françaises sont moins dégradées qu’outre-Rhin en 2023, du fait de la bonne performance des motoristes français. À l’échelle mondiale, les difficultés rencontrées par les industries française et allemande font figure d’exception : les exportations aéronautiques ont en effet retrouvé des niveaux proches de 2019 dans la plupart des autres grands pays producteurs, notamment en Amérique du Nord.

Pour l’année 2024, les contraintes d’approvisionnement continueraient de s’alléger en France : production et exportations seraient ainsi très dynamiques permettant de regagner une grande partie du terrain perdu depuis 2019 en termes d’activité et sans doute de productivité...