Entreprises formelles à Mayotte Enquête sur les entreprises mahoraises

Chiffres détaillés
Paru le :Paru le15/12/2023
Frédéric Autran, Ludovic Besson (Insee)
- Décembre 2023
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Les unités légales mahoraises du secteur formel créent 830 millions d’euros de valeur ajoutée Élaboration des statistiques annuelles d’entreprises 2021

Frédéric Autran, Ludovic Besson (Insee)

En 2021, les unités légales mahoraises marchandes non agricoles et non financières du secteur formel créent 830 millions d’euros de valeur ajoutée, pour un chiffre d’affaires de 2,7 milliards d’euros. Leur investissement s’élève à 360 millions d’euros.

À Mayotte, les unités légales sont très majoritairement de petite taille : sept sur dix n’emploient aucun salarié. Toutefois, l’activité économique de la région est majoritairement portée par les structures de 10 à 249 salariés : elles regroupent 61 % des salariés, réalisent 58 % du chiffre d’affaires et génèrent 61 % de la valeur ajoutée. À eux seuls, les secteurs du commerce, de la construction, de l’industrie et des services aux entreprises créent les deux tiers de la valeur ajoutée du secteur formel. Le taux de marge s’élève à 42 % et varie selon les secteurs, tout comme la rentabilité économique.

En 2021, l’activité économique des secteurs marchands non agricoles et non financiers dépasse largement son niveau d’avant-crise sanitaire, grâce aux secteurs du commerce.

À Mayotte, le secteur informel rassemble un nombre d’unités économiques comparable à celui du secteur formel et génère un nombre significatif d’emplois, même si son poids économique est limité.

Insee Analyses Mayotte

No 36

Paru le :15/12/2023

Les unités légales mahoraises du secteur formel créent 830 millions d’euros de valeur ajoutée.

5 910 unités légales du secteur formel génèrent une valeur ajoutée de 830 millions d’euros

En 2021, 5 910  du secteur formel dans les activités économiques principalement marchandes non agricoles et non financières ont leur siège social à Mayotte. Elles créent une valeur ajoutée de 830 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 2,7 milliards d’euros.

Parmi ces unités légales, 96 % sont indépendantes, au sens où elles jouissent d’une autonomie de décision. Ces 5 660 unités légales ne génèrent cependant qu’à peine plus de la moitié de la valeur ajoutée totale dégagée par les unités légales mahoraises. Les autres unités légales, seulement au nombre de 250, génèrent à elles seules l’autre moitié de la valeur ajoutée. Ces 250 unités légales sont regroupées au sein d’«  au sens économique » selon la loi de modernisation de l’économie (LME) de 2008. Parmi elles, 130 font partie d’entreprises au sens économique ayant leurs sièges sociaux à Mayotte ; elles sont à l’origine de 21 % de la valeur ajoutée globale. Les 120 autres unités légales sont intégrées dans des entités économiques ayant leurs sièges sociaux ailleurs en France et créent 27 % de la valeur ajoutée totale. Au sein de ces 120 unités légales, environ 50 sont détenues par des structures localisées à La Réunion mais elles ne créent que 3 % de la valeur ajoutée totale.

Les unités légales de 10 à 249 salariés concentrent l’emploi et la création de richesse

Les unités légales mahoraises sont très majoritairement de petite taille : sept sur dix n’emploient aucun salarié. Les unités employeuses, au nombre de 2 000 environ, emploient au total 17 000 salariés. Environ 83 % d’entre elles emploient de 1 à 9 salariés, 17 % de 10 à 249 salariés, et 0,2 % 250 salariés ou plus.

Les unités légales de 10 à 249 salariés portent principalement l’activité économique du territoire. Elles emploient 61 % des salariés, réalisent 61 % du chiffre d’affaires, génèrent 58 % de la valeur ajoutée régionale et sont à l’origine de 80 % de l’investissement, qui s’élève à 360 millions d’euros (figure 1).

Figure 1Répartition des principaux agrégats des unités légales mahoraises par tranche d’effectifs salariés fin 2021

(en %)
Répartition des principaux agrégats des unités légales mahoraises par tranche d’effectifs salariés fin 2021 ((en %))
Principaux agrégats Sans salarié 1 à 9 salariés 10 à 249 salariés 250 salariés ou plus
Nombre d’unités légales 66,6 27,6 5,8 0,1
Investissement 8,1 11,5 79,8 0,6
Valeur ajoutée 5,7 25,2 60,8 8,2
Chiffre d'affaires 5,5 22,1 58,4 14,1
  • Champ : unités légales ayant leur siège social à Mayotte et relevant des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers.
  • Source : Insee, Esane Mayotte 2021.

Figure 1Répartition des principaux agrégats des unités légales mahoraises par tranche d’effectifs salariés fin 2021

  • Champ : unités légales ayant leur siège social à Mayotte et relevant des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers.
  • Source : Insee, Esane Mayotte 2021.

Commerce de détail, construction, industrie et services aux entreprises créent le plus de valeur ajoutée

Quatre secteurs génèrent une part importante de la création de la valeur ajoutée : le commerce de détail hors véhicules, la construction, l’industrie (énergie-environnement, agro-alimentaire et autres industries manufacturières) et les services aux entreprises (figure 2). Ces secteurs induisent 66 % de la valeur ajoutée créée par les secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers.

Figure 2Principales caractéristiques des unités légales mahoraises par secteur d’activité en 2021

Principales caractéristiques des unités légales mahoraises par secteur d’activité en 2021
Secteurs d’activité Unités légales Salariés au 31/12 Chiffre d'affaires Valeur ajoutée Excédent brut d'exploitation Investissement Répartition de la valeur ajoutée Part des unités légales employeuses
(en nombre) (en millions d’euros) (en %)
Total 5 912 16 975 2 663 830 350 360 100,0 33,4
dont : unités légales employeuses 1 975 16 975 2 524 785 315 331 94,6 100,0
micro-entrepreneurs* 1 759 56 19 9 6 0 1,1 2,5
Industrie 387 2 244 349 132 59 123 15,9 56,8
Construction 921 3 752 400 134 38 33 16,2 55,4
Commerce et réparation de véhicules 168 471 139 29 13 4 3,5 49,4
Commerce de gros hors véhicules 172 560 215 42 22 6 5,1 44,8
Commerce de détail hors véhicules 1 831 2 888 925 173 83 13 20,8 20,0
Transports et entreposage 508 1 419 217 84 42 35 10,1 50,8
Hébergement et restauration 407 972 70 28 11 16 3,4 50,6
Information et communication 109 135 14 6 1 5 0,7 39,4
Activités immobilières 77 178 39 26 16 102 3,1 16,9
Services aux entreprises 657 2 953 180 107 31 17 12,9 42,3
Services aux particuliers 675 1 402 114 69 34 7 8,3 38,8
  • * micro-entrepreneurs et bénéficiaires du régime fiscal de la micro-entreprise.
  • Champ : unités légales ayant leur siège social à Mayotte et relevant des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers.
  • Source : Insee, Esane Mayotte 2021.

La valeur ajoutée induite par les unités légales est répartie entre les ménages qui perçoivent des salaires, les administrations publiques qui perçoivent des cotisations sociales et des impôts (nets de subventions) et les unités légales elles-mêmes qui en conservent une partie pour financer leurs investissements et rémunérer le capital, notamment les dirigeants non salariés.

En 2021, la rémunération des salariés représente 50 % de la valeur ajoutée et les cotisations sociales 8 %. La part restant aux unités légales, l’excédent brut d’exploitation (EBE), s’élève à 42 %.

Ce partage de la valeur ajoutée diffère selon le secteur, car il reflète les différences de structure de production entre travail et capital. Par exemple, certains secteurs comme les activités immobilières utilisent, pour pouvoir produire, relativement plus de moyens matériels que de main-d’œuvre. En 2021, dans ce secteur, la part des salaires dans la valeur ajoutée est la plus faible (24 %). Inversement, le secteur de l’information-communication utilise moins de moyens matériels mais plus de main-d’œuvre ; la part des salaires qu’il verse culmine à 70 % de la valeur ajoutée.

Le taux de marge et la rentabilité économique, très variables selon le secteur d’activité

Le mesure la proportion de la au coût des facteurs (valeur ajoutée hors impôts nets de subventions) qui reste à l’entreprise après avoir payé les salaires et cotisations sociales.

À Mayotte, en 2021, le taux de marge pour l’ensemble des secteurs marchands non agricoles et non financiers, s’élève à 42 %. Il varie selon les secteurs de 24 % pour le secteur de l’information et communication à 67 % pour les activités immobilières, qui ont besoin d’engager des moyens plus importants dans leur cycle d’exploitation et d’investissement (figure 3).

Qu’il soit faible ou élevé, le taux de marge n’induit pas nécessairement une rentabilité économique du même niveau. Un taux de marge élevé peut se traduire par un faible lorsque l’activité nécessite un capital d’exploitation important pour produire. C’est le cas pour les activités immobilières : la rentabilité économique est la plus faible des secteurs (3 % contre 17 % pour l’ensemble des secteurs marchands), alors que son taux de marge est le plus élevé. C’est également vrai dans une moindre mesure dans l’industrie.

Au contraire, pour les activités demandant peu de moyens matériels mais à forte plus-value intellectuelle, un taux de marge élevé se traduit souvent par une rentabilité économique très forte, comme dans les services aux particuliers dominés par l’enseignement, santé humaine et action sociale.

C’est ensuite dans le secteur du commerce et réparation de véhicules que la rentabilité économique est la plus élevée (49 %), malgré un taux de marge à peine supérieur à celui de l’ensemble des unités légales (47 % pour 42 %).

Figure 3Taux de marge et taux de rentabilité économique des unités légales mahoraises par secteur d’activité en 2021

(en %)
Taux de marge et taux de rentabilité économique des unités légales mahoraises par secteur d’activité en 2021 ((en %))
Secteurs d’activité Taux de rentabilité économique Taux de marge
Activités immobilières 3,0 66,7
Commerce de gros hors véhicules 45,9 52,2
Commerce de détail hors véhicules 39,6 49,4
Transports et entreposage 13,9 48,8
Services aux particuliers 119,1 47,4
Commerce et réparation de véhicules 48,5 46,8
Industrie 11,6 45,3
Ensemble 17,1 41,9
Hébergement et restauration 17,2 34,8
Services aux entreprises 21,6 28,0
Construction 21,7 27,4
Information et communication 8,6 24,0
  • Champ : unités légales ayant leur siège social à Mayotte et relevant des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers.
  • Source : Insee, Esane Mayotte 2021.

Figure 3Taux de marge et taux de rentabilité économique des unités légales mahoraises par secteur d’activité en 2021

  • Champ : unités légales ayant leur siège social à Mayotte et relevant des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers.
  • Source : Insee, Esane Mayotte 2021.

Le commerce de détail porte la croissance de la valeur ajoutée mahoraise

En 2021, l’activité des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers dépasse largement les niveaux de 2019, avant la crise sanitaire de la Covid-19, tant en termes de chiffre d’affaires (+27 %) que de valeur ajoutée (+38 %) (figure 4). À Mayotte, contrairement au reste de la France, la valeur ajoutée augmente aussi bien en 2020 (+6 %) qu’en 2021(+30 %). Les unités légales pérennes, existantes en 2020 et 2021, sont le principal moteur de cette croissance en 2021 : elles y contribuent pour 94 %.

Le commerce de détail hors véhicules, secteur qui créent le plus de richesses, est celui dont la valeur ajoutée progressent le plus (+71 %) par rapport à 2019. A contrario, le secteur de l’information et communication dont le poids dans les secteurs marchands est le plus faible est le seul dont la valeur ajoutée diminue en deux ans (-4 %).

Le taux de marge des entreprises augmente fortement en 2021 (+8 points par rapport à 2019), après avoir augmenté en 2020 malgré la crise sanitaire. Il progresse dans la majorité des secteurs, notamment dans le commerce de détail hors véhicules où il atteint même presque le double de son niveau de 2019 (+23 points). Cependant, il diminue légèrement dans les secteurs de l’information-communication, des activités immobilières et des services aux particuliers (-2 points). Pour autant, la rentabilité économique est moins dynamique.

Figure 4Évolution de la valeur ajoutée des unités légales mahoraises par secteur d’activité entre 2019 et 2021

(en %)
Évolution de la valeur ajoutée des unités légales mahoraises par secteur d’activité entre 2019 et 2021 ((en %))
Secteurs d’activité Évolution entre 2019 et 2021
Commerce de détail hors véhicules 71
Industrie 57
Construction 40
Ensemble 38
Commerce et réparation de véhicules 36
Hébergement et restauration 28
Services aux entreprises 28
Services aux particuliers 27
Commerce de gros hors véhicules 17
Activités immobilières 14
Transports et entreposage 11
Information et communication -4
  • Champ : unités légales ayant leur siège social à Mayotte et relevant des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers.
  • Source : Insee, Esane Mayotte 2019 et 2021.

Figure 4Évolution de la valeur ajoutée des unités légales mahoraises par secteur d’activité entre 2019 et 2021

  • Champ : unités légales ayant leur siège social à Mayotte et relevant des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers.
  • Source : Insee, Esane Mayotte 2019 et 2021.

Encadré – De nombreuses unités économiques informelles pour peu de richesse créée

En 2021, 5 800 unités économiques marchandes hors secteurs agricoles et financiers sont informelles à Mayotte (figure 5). Elles sont aussi nombreuses que les unités légales marchandes du secteur formel non agricole et non financier. Localisées sur tout le territoire, 40 % d’entre elles sont néanmoins à Mamoudzou et Koungou. Elles sont majoritaires dans le commerce (essentiellement vente en magasin – douka -, mais aussi vente sur marché ou voie publique). Elles se retrouvent aussi dans les services avec les brochettis ou les taxis, dans l’industrie avec la fabrication de gâteaux ou de salouvas et dans tous les métiers du bâtiment.

Figure 5Composition de l'économie mahoraise selon le type d’unités économiques, formelles ou informelles, en 2021

Composition de l'économie mahoraise selon le type d’unités économiques, formelles ou informelles, en 2021 - Lecture : en 2021, à Mayotte, 5 760 unités économiques marchandes hors secteurs agricoles et financiers sont informelles (échelle de gauche). Elles dégagent un chiffres d’affaires de 162 millions d’euros (échelle de droite).
Agrégats Unités formelles Unités informelles
Nombre d’unités économiques 5 962 5 764
Chiffre d’affaires (en millions d’euros) 2 668 162
Valeur ajoutée (en millions d’euros) 836 54
  • Lecture : en 2021, à Mayotte, 5 760 unités économiques marchandes hors secteurs agricoles et financiers sont informelles (échelle de gauche). Elles dégagent un chiffres d’affaires de 162 millions d’euros (échelle de droite).
  • Champ : unités économiques mahoraises marchandes des secteurs non agricoles et non financiers.
  • Source : Insee, Esane Mayotte 2021 et Enquête statistique sur les entreprises mahoraises informelles 2022.

Figure 5Composition de l'économie mahoraise selon le type d’unités économiques, formelles ou informelles, en 2021

  • Lecture : en 2021, à Mayotte, 5 760 unités économiques marchandes hors secteurs agricoles et financiers sont informelles (échelle de gauche). Elles dégagent un chiffres d’affaires de 162 millions d’euros (échelle de droite).
  • Champ : unités économiques mahoraises marchandes des secteurs non agricoles et non financiers.
  • Source : Insee, Esane Mayotte 2021 et Enquête statistique sur les entreprises mahoraises informelles 2022.

Ces unités informelles, bien que nombreuses, ont un poids économique limité. Elles génèrent un chiffre d’affaires de 162 millions d’euros et une valeur ajoutée de 54 millions d’euros. Cette valeur ajoutée représente seulement 6 % de la valeur ajoutée totale créée par l’ensemble des unités économiques marchandes mahoraises formelles et informelles (hors agriculture et finance). La moitié de cette valeur ajoutée émane du commerce (figure 6).

Les unités économiques mahoraises du secteur informel emploient 8 220 personnes en 2021. Dans les trois quarts d’entre elles, seul le chef de l’unité y travaille. En moyenne, chaque unité emploie 1,4 personne. La majorité des emplois, hors chef d’unité, sont des aides familiaux, les autres sont souvent des associés (notamment dans le secteur de la construction). Les unités informelles sont nettement moins productives que les unités légales formelles. En moyenne, un emploi dans le secteur informel génère 6 500 euros de valeur ajoutée, contre 48 900 euros dans le secteur informel.

Figure 6Principales caractéristiques des unités économiques informelles selon le secteur d’activité en 2021

Principales caractéristiques des unités économiques informelles selon le secteur d’activité en 2021
Secteurs d’activité Unités Emplois Chiffre d’affaires Valeur ajoutée Investissement Répartition de la valeur ajoutée Part de la valeur ajoutée dans la valeur ajoutée totale (formelle et informelle)
(en nombre) (en millions d’euros) (en %)
Unités informelles 5 760 8 220 162,3 53,8 2,3 100 6
Industrie 870 1 260 9,9 4,5 0,7 8 3
Construction 790 1 750 14,2 12,6 0,1 23 9
Commerce 3 010 3 600 121,7 28,7 1,4 53 11
Services 1 090 1 610 16,5 8,0 0,1 15 2
  • Note : les emplois comprennent le chef d’unité.
  • Champ : unités économiques mahoraises marchandes informelles hors secteurs agricoles et financiers.
  • Source : Insee, Enquête statistique sur les entreprises mahoraises informelles 2022.

Pour comprendre

À Mayotte, comme ailleurs en France, l’Insee mesure l’activité des entreprises sur un champ spécifique. Ce champ, appelé champ Esane, est constitué des unités économiques des secteurs formel ou informel, dont le siège social est localisé à Mayotte, ayant des activités principalement marchandes, non agricoles et non financières.

Mais à Mayotte, la moitié des unités économiques du champ Esane relève du secteur informel (encadré 1). Ainsi, l’Insee a mis en place sur Mayotte deux dispositifs :

  • un dispositif annuel d’élaboration des statistiques annuelles d’entreprises (Esane) sur les unités légales du secteur formel qui fait l’objet de cette étude ;
  • une enquête ponctuelle (enquête statistique sur les entreprises mahoraises informelles) pour mesurer l’activité des unités économiques du secteur informel.

Le dispositif d’élaboration des statistiques annuelles d’entreprises (Esane) sur les unités légales du secteur formel à Mayotte (Esane Mayotte) a été rénové à partir du millésime 2019 pour une meilleure robustesse des résultats produits [Autran et Besson, 2022 ; pour en savoir plus (4)]. Ce dispositif est spécifique à Mayotte et distinct du dispositif Esane national. Cependant, sur le même principe, il combine des données administratives et des données obtenues auprès d’unités légales enquêtées. Il a aussi pour objectif de mesurer l’activité des unités légales du secteur formel ayant des activités principalement marchandes, non agricoles et non financières.

Les résultats de la publication, issus de ce dispositif, ne couvrent donc pas entièrement l’activité de toutes les unités économiques ayant une activité sur le territoire mahorais. En effet, ils ne comptabilisent pas l’activité :

  • des établissements marchands localisés à Mayotte mais faisant partie d’une entreprise dont le siège social est hors du département ;
  • de certaines grandes entreprises considérées comme non marchandes en raison des importantes subventions qu’elles reçoivent ;
  • des exploitations agricoles ;
  • des sociétés financières ;
  • des unités économiques du secteur informel.

Mesurer l’activité des unités économiques du secteur informel présente deux difficultés : les repérer et en mesurer le poids économique. D’une part, elles sont pour la plupart inconnues de l’administration, d’autre part elles peuvent difficilement remplir un questionnaire comptable classique. Elles ne tiennent en effet souvent pas de comptabilité, et ne maîtrisent pas les notions sous-jacentes.

L’Insee a donc mis au point un dispositif spécifique en deux étapes :

  • Dans un premier temps, des individus de 15 ans ou plus, potentiellement chefs d’une unité économique informelle, sont repérés à l’aide de questions filtres posées lors de l’enquête ménages VQS (Vie quotidienne et santé). Ces individus déclarent occuper un emploi à leur compte et/ou gagner de l’argent (le cas échéant, en plus de leur activité principale) en faisant un petit boulot, en aidant une personne, ou en vendant des produits quelconques, même de manière occasionnelle, pour leur propre compte.
  • Dans un deuxième temps, l’individu repéré est enquêté au titre de l’enquête statistique sur les entreprises mahoraises informelles. Cette enquête a permis d’identifier précisément les unités économiques marchandes non agricoles et financières su secteur informel et de construire leur comptabilité.

Définitions

L’unité légale correspond à la notion strictement juridique de l’entreprise (un numéro Siren).

Une unité légale ayant des activités principalement marchandes, non agricoles et non financières, dont le siège social est localisé à Mayotte appartient au secteur formel lorsque, en plus d’être immatriculée au répertoire des entreprises Sirene, elle présente au moins un « signe de vie » au cours des trois dernières années. Ces signes de vie sont :

  • une création ou une modification dans le répertoire Sirene,
  • une déclaration fiscale,
  • une déclaration annuelle de données sociales (DADS),
  • un bordereau récapitulatif de cotisation (BRC),
  • une réponse à l’enquête sur les entreprises mahoraises.

Par complémentarité, une unité économique qui n’a donné aucun signe de vie au cours des trois dernières années constitue le secteur informel. À Mayotte, ce secteur est décrit par l’Enquête statistique sur les entreprises mahoraises informelles qui interroge les unités économiques enregistrées au répertoire Sirene mais ne répondant pas entièrement à leurs obligations fiscales et sociales, ou inconnues de l’administration. Cette définition est une adaptation au système juridique français de la définition internationale établie au Bureau international du travail.

La notion d’entreprise au sens de la loi de modernisation de l’économie (LME) de 2008 permet de dépasser la notion strictement juridique de l’entreprise (un numéro Siren), l’unité légale, en prenant en compte notamment le développement croissant de l’organisation en groupes. L’entreprise est définie comme « la plus petite combinaison d’unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d’une certaine autonomie de décision, notamment pour l’affectation de ses ressources courantes ».

La valeur ajoutée est égale à la valeur de la production diminuée des consommations intermédiaires. La valeur ajoutée aux coûts des facteurs est égale à la valeur ajoutée de laquelle on déduit les impôts sur la production et à laquelle on ajoute les subventions d’exploitation.

L’excédent brut d’exploitation est égal à la valeur ajoutée aux coûts des facteurs de laquelle sont déduits les frais de personnel. Le taux de marge est la proportion de la valeur ajoutée au coût des facteurs qui reste à l’entreprise une fois ses frais de personnels réglés : excédent brut d’exploitation / valeur ajoutée au coût des facteurs.

Le taux de rentabilité économique rapporte l’excédent brut d’exploitation à la somme des immobilisations brutes corporelles et incorporelles et du besoin de fonds de roulement.

La somme au dénominateur est appelée « actif économique » ou « capital économique » : elle représente en effet les moyens engagés par l'entreprise dans les cycles d'exploitation et d'investissement, autrement dit ce dont l’entreprise a besoin pour tourner.

Les immobilisations corporelles sont les actifs physiques destinés à être utilisés durablement par l'entreprise comme moyens de production : terrains, constructions, installations techniques, matériel et outillage industriels, etc… Les immobilisations incorporelles sont les actifs immatériels non financiers détenus par l'entreprise : fonds commercial et autres immobilisations incorporelles (frais d'établissement, frais de développement, concessions, brevets, avances et acomptes sur immobilisations incorporelles). Le besoin en fond de roulement représente la partie des besoins d'exploitation non assurée par les ressources d'exploitation.

Pour en savoir plus

(1) Insee, « Entreprises formelles à Mayotte – Enquête sur les entreprises mahoraises », Chiffres détaillés, décembre 2023.

(2) Thibault P., « Produit intérieur brut en 2021 (résultats provisoires) – Rebond du produit intérieur brut en 2021 », Insee Flash Mayotte no 164, novembre 2023.

(3) Besson L., « Enquête sur les entreprises mahoraises – Les entreprises mahoraises formelles créent 610 millions d’euros de valeur ajoutée en 2019 », Insee Flash Mayotte no 148, décembre 2022.

(4) Autran F., Besson L., « Refonte du dispositif d’élaboration des statistiques structurelles d’entreprises à Mayotte », 14e Journées de méthodologie statistique de l’Insee, mars 2022.

(5) Daubrée S., « Enquête sur les entreprises mahoraises en 2015 – De nombreuses entreprises informelles pour peu de richesse créée », Insee Analyses Mayotte no 16, février 2018.

(6) Insee, « L’essentiel sur… les entreprises », Chiffres-clés, juin 2023.