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Insee Conjoncture Ile-de-France · Juin 2023 · n° 44
Insee Conjoncture Ile-de-FranceBilan économique 2022 - Ile-de-France La reprise économique se poursuit en Île-de-France, dans un contexte inflationniste

En 2022, en Île-de-France comme au niveau national, l’économie poursuit sa reprise, de façon plus modérée toutefois qu’en 2021. Certains indicateurs évoluent plus fortement qu’au niveau national, et sont plus favorables qu’avant la crise sanitaire. C’est le cas de l’emploi, qui progresse de 1,9 % (+1,3 % en France hors Mayotte) pour atteindre 6,3 millions de salariés, un niveau supérieur de 4,1 % à celui de fin 2019. Le taux de chômage se stabilise à 6,9 %, proche du dernier point le plus bas, enregistré fin 2008. Avec le retour des clientèles internationales, la fréquentation hôtelière s’approche de son niveau d’avant-crise.

Malgré une certaine résilience de l’économie francilienne, le contexte international et ses répercussions notamment en termes d’inflation ont eu des effets induits sur une partie des secteurs d’activité dans la région. En particulier, la construction et la commercialisation de logements neufs, l’industrie automobile et les immatriculations de véhicules neufs ont subi les conséquences de l’accroissement des coûts et de la hausse des taux d’intérêt. En fin d’année, la création d’emplois ralentit fortement en Île-de-France comme au niveau national, et le contexte du début 2023 reste marqué par des niveaux de prix élevés.

Insee Conjoncture Ile-de-France
No 44
Paru le :Paru le01/06/2023

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2022 publiés par l'Insee.

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Synthèse régionale - Contexte national Bilan économique 2022

Marie-Christine Abboudi, Jules Baleyte, Jérémy Marquis (Insee)

Insee Conjoncture Ile-de-France

No 44

Paru le :01/06/2023

Synthèse régionale - En 2022, la reprise économique se poursuit en Île-de-France, dans un contexte inflationniste

L’activité économique francilienne dépasse le niveau d’avant-crise

L’Île-de-France était en 2020 la région métropolitaine dont l’activité économique avait le plus fortement chuté. Celle-ci avait rebondi en 2021, mais plus tardivement que les autres régions. C’est à partir de février 2022 que l’activité francilienne devient de nouveau supérieure à celle mesurée avant la crise sanitaire. En juin 2022, le volume d’heures rémunérées dépasse de 4,3 % celui de juin 2019 (figure 1). Le secteur de l’hébergement et restauration, particulièrement impacté par la crise, ne retrouve un niveau d’activité proche de 2019 qu’au printemps 2022, contrairement aux autres régions qui étaient revenues dès l’été 2021 au niveau d’avant-crise. Globalement, l’activité se montre résiliente.

Figure 1Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Île-de-France

(contribution en points de %)
Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Île-de-France ((contribution en points de %))
Industrie Construction Hébergement et restauration Autres services principalement marchands Services principalement non marchands
janv. 2021 -0,8 0,3 -3,5 -4,2 0,2
févr. 2021 -0,5 0,1 -4,1 -4,1 0,3
mars 2021 -0,6 0,3 -4,1 -4,2 0,4
avr. 2021 -0,7 0,0 -4,2 -5,4 0,1
mai 2021 -0,7 0,0 -3,5 -4,6 0,3
juin 2021 -0,3 0,3 -2,1 -1,5 0,5
juil. 2021 -0,4 0,0 -1,3 -1,4 0,4
août 2021 -0,4 0,0 -1,1 -0,9 0,4
sept. 2021 -0,3 0,1 -0,8 -0,3 0,5
oct. 2021 -0,4 0,0 -0,5 -0,3 0,4
nov. 2021 -0,1 0,2 -0,4 0,9 0,5
déc. 2021 0,0 0,2 -0,4 1,2 0,6
janv. 2022 -0,6 0,4 -0,8 0,3 0,5
févr. 2022 -0,2 0,5 -0,6 1,8 0,6
mars 2022 -0,2 0,5 -0,2 2,7 0,8
avr. 2022 -0,4 0,3 -0,1 1,5 0,6
mai 2022 -0,2 0,3 0,1 2,3 0,7
juin 2022 0,0 0,4 0,1 3,1 0,8
juil. 2022 -0,4 -0,1 0,0 1,3 0,6
août 2022 0,0 0,1 0,1 2,5 0,8
sept. 2022 -0,1 0,1 0,0 2,6 0,8
oct. 2022 -0,3 0,0 0,1 2,1 0,6
nov. 2022 0,0 0,2 0,1 3,1 0,8
déc. 2022 -0,2 0,1 0,2 2,9 0,8
  • Notes : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Une évolution peut être décomposée en la somme des contributions de ses différentes composantes, positives ou négatives. Ici, l’évolution des heures rémunérées par rapport à 2019 est décomposée selon ses contributions sectorielles. La somme de ces contributions (en points de pourcentage) correspond à l’évolution totale (en pourcent).
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Figure 1Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Île-de-France

  • Notes : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Une évolution peut être décomposée en la somme des contributions de ses différentes composantes, positives ou négatives. Ici, l’évolution des heures rémunérées par rapport à 2019 est décomposée selon ses contributions sectorielles. La somme de ces contributions (en points de pourcentage) correspond à l’évolution totale (en pourcent).
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Le nombre de salariés progresse en 2022, mais moins vivement qu’en 2021

Fin 2022, les établissements franciliens emploient près de 6,3 millions de salariés, un niveau nettement supérieur à celui d’avant-crise (+4,1 %) (figure 2). La création d’emplois en 2022 est moins forte que l’an passé (+1,9 % contre +3,2 %), mais elle est plus importante dans la région qu’au niveau national (+1,3 % en 2022 en France hors Mayotte). Au dernier trimestre 2022, toutefois, l’emploi marque le pas, en Île-de-France comme en France. L’apprentissage poursuit sa hausse (près de 200 000 nouveaux contrats en 2022), soutenu par le plan « 1 jeune, 1 solution » depuis l’été 2020.

La progression de l’emploi sur un an est portée par le tertiaire marchand hors intérim, et plus particulièrement par les secteurs particulièrement présents dans la région. Ainsi, les emplois dans l’information et communication progressent de 5,6 % (+5,3 % au niveau national), ceux des services aux entreprises hors intérim augmentent de 3,3 % (+2,8 % au niveau national). L’industrie crée de nouveau des emplois en Île-de-France malgré les difficultés dans l’automobile (+1,0 %). Le secteur de l’hébergement et restauration emploie 5,3 % de salariés supplémentaires par rapport à 2021, soutenu par le retour des touristes.

Figure 2Évolution régionale de l'emploi salarié total entre fin 2019 et fin 2022

(en %)
Évolution régionale de l'emploi salarié total entre fin 2019 et fin 2022 ((en %))
Évolution de l'emploi salarié total entre fin 2019 et fin 2022 (en %)
Auvergne-Rhône-Alpes 4,9
Bourgogne-Franche-Comté 1,6
Bretagne 5,8
Centre-Val de Loire 2,8
Corse 6,3
France hors Mayotte 4,5
Grand Est 2,7
Guadeloupe 7,0
Guyane 9,0
Hauts-de-France 3,6
Île-de-France 4,1
La Réunion 11,1
Martinique 6,9
Normandie 3,4
Nouvelle-Aquitaine 5,4
Occitanie 5,6
Pays de la Loire 5,5
Provence-Alpes-Côte d'Azur 5,5
  • Lecture : les bornes comprennent une limite correspondant à l'évolution au niveau national (+4,5 % entre fin décembre 2019 et fin décembre 2022), ce qui permet de visualiser si les régions ont évolué plus ou moins vite comparativement au niveau national.
  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS en fin de trimestre.
  • Champ : emploi salarié total ; France hors Mayotte.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

Figure 2Évolution régionale de l'emploi salarié total entre fin 2019 et fin 2022

  • Lecture : les bornes comprennent une limite correspondant à l'évolution au niveau national (+4,5 % entre fin décembre 2019 et fin décembre 2022), ce qui permet de visualiser si les régions ont évolué plus ou moins vite comparativement au niveau national.
  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS en fin de trimestre.
  • Champ : emploi salarié total ; France hors Mayotte.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

L’activité touristique progresse nettement, avec le retour des clientèles internationales

En 2022, certains pays asiatiques ont maintenu les restrictions sanitaires. Toutefois, le retour des autres clientèles internationales, parmi lesquelles une forte présence européenne, a participé au dynamisme de l’activité touristique en Île-de-France. Le secteur de l’hébergement et restauration ainsi que les sites touristiques ont bénéficié de cette embellie. En effet, les taux d’occupation des hôtels de la région ont progressé, jusqu’à dépasser ceux de 2019 en fin d’année. Les chiffres d’affaires de l’hôtellerie dépassent ceux de 2019 à partir du mois d’avril, jusqu’à plus de 30 % en fin d’année.

Avec 66,6 millions pour l’année 2022, le nombre de nuitées hôtelières en Île-de-France augmente très fortement par rapport à 2021 (+112 %). Il reste toutefois un peu en recul par rapport à 2019 (-5,9 %), davantage qu’en France métropolitaine (-3,4 %).

La demande d’emploi recule encore en 2022

En lien avec la progression globale de l’emploi observée durant l’année, le nombre de demandeurs d’emploi continue de refluer, mais un peu moins fortement qu’en 2021. Le nombre de personnes inscrites en catégories A, B et C recule de 4,2 % (-6,1 % en 2021), celui des demandeurs en catégorie A diminue quant à lui de 8,9 % (-12,5 % en 2021). Pour cette catégorie, la demande d’emploi est désormais inférieure de 8 % à celle de fin 2019 (-14,4 % au niveau national).

Le taux de chômage poursuit lui aussi sa baisse et s’établit à 6,9 % de la population active aux troisième et quatrième trimestres 2022. Il atteint un niveau proche de celui de fin 2008, dernier point le plus bas depuis la crise économique si l’on excepte la baisse en « trompe-l’œil » de 2020.

Les créations d’entreprises augmentent moins qu’en 2021

En 2022, les créations d’entreprises dans le secteur marchand non agricole ont continué d’augmenter en Île-de-France (+2,6 %), mais moins fortement qu’en 2021 (+10,4 %). Le ralentissement est encore plus net au niveau national (+1,1 % après +16,7 %). Ceci s’explique par la forte baisse des créations d’entreprises dans le secteur du commerce, transport, hébergement et restauration, en Île-de-France comme au niveau national (-20,7 % et -21,6 %). Ce secteur avait en effet été dopé par la crise sanitaire et les confinements, en particulier les activités de livraison à domicile et de vente à domicile.

En 2022, les défaillances d’entreprises augmentent pour la première fois (+34,7 %), avec la fin des dispositifs de soutien mis en place lors de la crise sanitaire. Cette hausse est toutefois moins forte qu’au niveau national (+49,5 %).

L’inflation touche plusieurs pans de l’économie francilienne

En 2022, les mesures de restrictions liées à la crise sanitaire ont été entièrement levées et leurs effets sur l’économie continuent globalement de s’effacer, à l’exception de difficultés persistantes concernant l’approvisionnement en composants électroniques. Toutefois, le contexte de tensions internationales a eu des effets considérables sur l’inflation tout au long de l’année. Les prix de l’énergie ont débuté leur hausse dès 2021, avec la forte demande induite par le redémarrage des économies asiatiques. Le conflit russo-ukrainien a accentué les pénuries d’énergie (produits pétroliers et gaz), et en a créé d’autres (sur les céréales en particulier) dès le début de l’année. En décembre 2022, les prix de l’énergie sont supérieurs de 15,1 % à ceux de décembre 2021, après une hausse continue pendant plusieurs mois. Cette inflation s’est progressivement transmise à d’autres postes de consommation, en particulier l’alimentation. Pour tenter de contenir les effets de l’inflation, la Banque centrale européenne a augmenté ses taux directeurs à plusieurs reprises à partir de l’été 2022, ce qui a eu des répercussions sur les taux d’intérêt proposés par les banques françaises.

L’agriculture francilienne est touchée par plusieurs de ces phénomènes. Si la récolte globale de céréales, oléagineux et protéagineux s’est maintenue en 2022, en dépit de la chaleur et de la sécheresse, les prix des produits agricoles sont restés élevés. Le contexte international de réduction brutale de l’offre avec le conflit russo-ukrainien en est le principal facteur, et s’accompagne d’une augmentation des coûts de production (énergie et engrais).

La construction et la vente de logements neufs sont également impactées. En effet, si les autorisations ont continué de progresser en Île-de-France (+8,3 %), soutenues par des dispositifs d’État, les mises en chantier ont diminué (-9,9 %), en raison notamment de l’augmentation des coûts (énergie, matériaux). Les ventes reculent, quant à elles, de plus de 15 %, notamment du fait de l’augmentation des taux d’intérêt.

La filière automobile n’est pas en reste. La pénurie de composants électroniques en provenance d’Asie pénalisait déjà la filière en 2021, du fait de restrictions sanitaires toujours à l’œuvre. Cette pénurie s’est aggravée avec le conflit russo-ukrainien, l’Ukraine étant le principal fournisseur européen pour certaines pièces. L’industrie automobile francilienne en subit les conséquences. En 2022, les immatriculations de véhicules neufs diminuent nettement (-7,7 %) dans ce contexte aggravé par la forte inflation (figure 3).

Figure 3Évolution du nombre d'immatriculations de véhicules particuliers neufs

(indice base 100 en 2016)
Évolution du nombre d'immatriculations de véhicules particuliers neufs ((indice base 100 en 2016))
Île-de-France France entière
2016 100,0 100,0
2017 100,1 104,7
2018 100,0 107,9
2019 103,2 109,6
2020 81,6 82,2
2021 82,7 82,9
2022 78,5 76,5
  • Note : données brutes.
  • Champ : les immatriculations de véhicules neufs sont issues du répertoire statistique des véhicules routiers (Rsvero) qui recense les véhicules routiers immatriculés sur le territoire français (départements d’outre-mer compris). Ces données ne comprennent pas les véhicules immatriculés en transit temporaire (TT), importés en transit (IT), de l’administration civile de l’État, militaires, ainsi que les immatriculations provisoires (plaques W ou WW).
  • Source : SDES, Rsvero.

Figure 3Évolution du nombre d'immatriculations de véhicules particuliers neufs

  • Note : données brutes.
  • Champ : les immatriculations de véhicules neufs sont issues du répertoire statistique des véhicules routiers (Rsvero) qui recense les véhicules routiers immatriculés sur le territoire français (départements d’outre-mer compris). Ces données ne comprennent pas les véhicules immatriculés en transit temporaire (TT), importés en transit (IT), de l’administration civile de l’État, militaires, ainsi que les immatriculations provisoires (plaques W ou WW).
  • Source : SDES, Rsvero.

Contexte national - Confrontée à la persistance des restrictions sanitaires en Chine et à la guerre en Ukraine, l’économie mondiale a nettement ralenti en 2022

Au cours de l’année 2022, l’économie mondiale a été confrontée à de multiples contraintes, expliquant de fait le fort ralentissement de l’activité au fil des trimestres dans les principales économies (figure 4). En premier lieu, la contrainte sanitaire a continué de peser sur l’activité mondiale : ce fut le cas en Europe au premier trimestre en raison de la vague épidémique liée au variant Omicron, mais aussi et principalement en Chine où, en conséquence de la stratégie « zéro-Covid », des confinements drastiques ont été imposés au cours de l’année, avant la levée complète des restrictions début décembre. De plus, le déclenchement de la guerre en Ukraine, fin février, a accentué le renchérissement des matières premières, notamment énergétiques, et fait craindre de nouvelles difficultés d’approvisionnement en Europe. La production manufacturière européenne a toutefois plutôt résisté au renchérissement des intrants énergétiques, avec un recul concentré sur les branches les plus énergo-intensives.

Les progressions du PIB enregistrées sur l’ensemble de l’année 2022 (de +1,9 % en Allemagne à +5,5 % en Espagne pour les principales économies européennes, +2,1 % aux États-Unis et +3,0 % en Chine) s’expliquent ainsi en grande partie par les élevés à la fin 2021, résultant du rattrapage post-covid au cours de l’année 2021.

Figure 4Variations trimestrielles du PIB dans les principales économies

(en %)
Variations trimestrielles du PIB dans les principales économies ((en %)) - Lecture : au quatrième trimestre 2022, le PIB des États-Unis a progressé de 0,6 %.
Trimestre Allemagne Espagne États-Unis France Italie Royaume-Uni
2021T1 -1,5 -0,2 1,5 0,0 0,5 -1,1
2021T2 1,9 1,4 1,7 1,0 2,5 6,5
2021T3 0,8 3,1 0,7 3,1 2,9 1,7
2021T4 0,0 2,3 1,7 0,5 0,9 1,5
2022T1 1,0 -0,4 -0,4 -0,1 0,1 0,5
2022T2 -0,1 2,5 -0,1 0,5 1,1 0,1
2022T3 0,5 0,4 0,8 0,2 0,4 -0,1
2022T4 -0,5 0,4 0,6 0,0 -0,1 0,1
  • Dernier point : quatrième trimestre 2022, données arrêtées au 30 mai 2023.
  • Lecture : au quatrième trimestre 2022, le PIB des États-Unis a progressé de 0,6 %.
  • Source : Insee, Destatis, Istat, INE, ONS, BEA, NBSC.

Figure 4Variations trimestrielles du PIB dans les principales économies

  • Dernier point : quatrième trimestre 2022, données arrêtées au 30 mai 2023.
  • Lecture : au quatrième trimestre 2022, le PIB des États-Unis a progressé de 0,6 %.
  • Source : Insee, Destatis, Istat, INE, ONS, BEA, NBSC.

En France, le PIB a augmenté de 2,5 %, après +6,4 % en 2021. Cette croissance ne dépasse l’acquis de croissance à fin 2021 que de 0,4 point : en trimestriel, le niveau du PIB au quatrième trimestre 2022 est à peine supérieur au niveau du quatrième trimestre 2021. Si la production manufacturière a résisté aux difficultés d’approvisionnement et au renchérissement des intrants, avec une activité en hausse de 1,0 % en moyenne sur l’année, celle de la construction, également soumise à de fortes difficultés de recrutement, a diminué de 0,2 %. En outre, la production d’électricité a été fortement pénalisée par de nombreuses maintenances de centrales nucléaires : l’activité de la branche « énergie, eau, déchets » a ainsi diminué de 10,3 % en 2022 par rapport à 2021, contribuant pour -0,3 point à l’évolution totale de l’activité. Les services marchands, qui étaient restés affectés en 2021 par des restrictions sanitaires, ont bénéficié d’un potentiel de rattrapage important et ont crû de 4,5 % sur l’année.

L’inflation, en forte augmentation, a rogné le pouvoir d’achat des ménages

Le contexte géopolitique a ainsi amplifié les tensions inflationnistes déjà présentes en 2021 à la suite de la reprise post-Covid. Les prix ont ainsi atteint en 2022 des niveaux très élevés dans les économies occidentales. L’inflation, en glissement annuel, s’est élevée jusqu’à 9,1 % aux États-Unis (en juin), 11,1 % au Royaume-Uni (en octobre) et 12,6 % en Italie (en novembre). En France, l’inflation se situait à 2,9 % sur un an en janvier 2022, tirée par les prix de l’énergie. Elle s’est progressivement hissée à environ 6 % sur un an en fin d’année, avec une diffusion à l’ensemble des produits de consommation, en particulier alimentaires (figure 5).

Figure 5Inflation en France et contributions par poste

(glissement annuel de l’indice des prix à la consommation, en %, et contribution par poste, en points)
Inflation en France et contributions par poste ((glissement annuel de l’indice des prix à la consommation, en %, et contribution par poste, en points)) - Lecture : en décembre 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 5,9 % par rapport à décembre 2021 ; l’alimentation a contribué à cette hausse à hauteur de 2,0 points.
Date Alimentation Énergie Produits manufacturés Services Tabac Ensemble Ensemble sous-jacent
janv. 2019 0,4 0,2 -0,1 0,5 0,3 1,2 0,6
févr. 2019 0,5 0,3 -0,1 0,4 0,3 1,3 0,7
mars 2019 0,4 0,4 -0,1 0,3 0,2 1,1 0,5
avr. 2019 0,4 0,4 -0,1 0,5 0,2 1,3 0,7
mai 2019 0,4 0,3 -0,2 0,3 0,2 0,9 0,5
juin 2019 0,4 0,2 -0,2 0,6 0,2 1,2 0,9
juil. 2019 0,5 0,1 -0,2 0,5 0,2 1,1 0,9
août 2019 0,5 0,1 -0,2 0,5 0,2 1,0 0,7
sept. 2019 0,3 0,0 -0,2 0,6 0,2 0,9 0,9
oct. 2019 0,3 -0,1 -0,1 0,6 0,2 0,8 1,0
nov. 2019 0,3 -0,1 -0,2 0,6 0,3 1,0 0,9
déc. 2019 0,3 0,2 -0,1 0,7 0,3 1,5 1,1
janv. 2020 0,3 0,4 -0,1 0,6 0,3 1,5 0,9
févr. 2020 0,3 0,1 0,1 0,7 0,3 1,4 1,3
mars 2020 0,3 -0,3 -0,1 0,5 0,3 0,7 0,7
avr. 2020 0,6 -0,7 -0,1 0,3 0,3 0,3 0,3
mai 2020 0,6 -0,9 -0,2 0,6 0,3 0,4 0,6
juin 2020 0,4 -0,7 -0,3 0,5 0,3 0,2 0,3
juil. 2020 0,2 -0,6 0,5 0,5 0,3 0,8 1,4
août 2020 0,1 -0,6 -0,1 0,4 0,3 0,2 0,5
sept. 2020 0,1 -0,6 0,0 0,3 0,3 0,0 0,5
oct. 2020 0,2 -0,6 0,0 0,2 0,3 0,1 0,3
nov. 2020 0,3 -0,6 -0,1 0,3 0,3 0,2 0,4
déc. 2020 0,2 -0,6 -0,2 0,4 0,3 0,0 0,2
janv. 2021 0,2 -0,5 0,2 0,4 0,3 0,5 0,9
févr. 2021 0,1 -0,1 -0,1 0,4 0,3 0,6 0,4
mars 2021 0,2 0,4 0,0 0,5 0,1 1,1 0,9
avr. 2021 0,0 0,6 -0,1 0,6 0,1 1,2 1,0
mai 2021 0,0 0,8 0,0 0,5 0,1 1,4 1,0
juin 2021 0,0 0,8 0,2 0,4 0,1 1,5 1,1
juil. 2021 0,2 0,9 -0,3 0,3 0,1 1,2 0,2
août 2021 0,2 0,9 0,3 0,3 0,1 1,9 1,3
sept. 2021 0,2 1,1 0,1 0,7 0,1 2,2 1,3
oct. 2021 0,1 1,5 0,1 0,8 0,1 2,6 1,4
nov. 2021 0,1 1,6 0,2 0,9 0,0 2,8 1,6
déc. 2021 0,2 1,4 0,3 0,8 0,0 2,8 1,9
janv. 2022 0,3 1,5 0,2 0,9 0,0 2,9 1,7
févr. 2022 0,4 1,7 0,6 1,1 0,0 3,6 2,5
mars 2022 0,5 2,3 0,5 1,1 0,0 4,5 2,6
avr. 2022 0,6 2,1 0,7 1,4 0,0 4,8 3,3
mai 2022 0,7 2,2 0,7 1,5 0,0 5,2 3,7
juin 2022 1,0 2,7 0,6 1,6 0,0 5,8 3,7
juil. 2022 1,1 2,4 0,7 1,9 0,0 6,1 4,3
août 2022 1,3 1,9 0,9 1,9 0,0 5,9 4,7
sept. 2022 1,6 1,5 0,9 1,5 0,0 5,6 4,5
oct. 2022 2,0 1,7 1,0 1,5 0,0 6,2 5,0
nov. 2022 2,0 1,6 1,1 1,4 0,0 6,2 5,3
déc. 2022 2,0 1,3 1,1 1,4 0,0 5,9 5,3
  • Lecture : en décembre 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 5,9 % par rapport à décembre 2021 ; l’alimentation a contribué à cette hausse à hauteur de 2,0 points.
  • Source : Insee.

Figure 5Inflation en France et contributions par poste

  • Lecture : en décembre 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 5,9 % par rapport à décembre 2021 ; l’alimentation a contribué à cette hausse à hauteur de 2,0 points.
  • Source : Insee.

Dans ce contexte de forte inflation, de nombreuses mesures ont été prises, pour en atténuer les effets sur les ménages, en tempérant les hausses de prix (bouclier tarifaire sur le prix du gaz et de l’électricité, remise à la pompe sur les carburants) mais aussi en soutenant leur revenu (revalorisations anticipées de nombreuses prestations, suppression de la redevance audiovisuelle, aide exceptionnelle de rentrée scolaire). Au total, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages a été quasi stable en moyenne 2022, soit +0,2 % (figure 6), après +2,6 % en 2021. Le pouvoir d’achat par unité de consommation, qui tient compte des effets démographiques, a quant à lui légèrement diminué en 2022 (-0,4 %).

Figure 6Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes

(variation annuelle du pouvoir d’achat, en %, et principales contributions, en points)
Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes ((variation annuelle du pouvoir d’achat, en %, et principales contributions, en points)) - Lecture : en 2022, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages a augmenté de 0,2 % ; les revenus d’activité ont contribué à cette croissance à hauteur de 5,5 points.
Année Revenus d'activité Prestations sociales Revenus de la propriété* Prélèvements obligatoires Prix de la consommation des ménages Pouvoir d'achat du revenu disponible brut des ménages Pouvoir d'achat par unité de consommation
2018 1,9 0,8 1,0 -0,6 -1,7 1,4 0,8
2019 2,2 1,0 0,3 -0,1 -0,8 2,6 2,0
2020 -2,6 3,4 -0,2 0,9 -0,9 0,3 -0,3
2021 4,9 -0,7 1,3 -1,2 -1,5 2,6 2,1
2022 5,5 0,2 1,4 -2,0 -4,9 0,2 -0,4
  • * dont excédent brut d’exploitation des ménages purs.
  • Lecture : en 2022, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages a augmenté de 0,2 % ; les revenus d’activité ont contribué à cette croissance à hauteur de 5,5 points.
  • Source : Insee.

Figure 6Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes

  • * dont excédent brut d’exploitation des ménages purs.
  • Lecture : en 2022, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages a augmenté de 0,2 % ; les revenus d’activité ont contribué à cette croissance à hauteur de 5,5 points.
  • Source : Insee.

Pourtant, l’emploi salarié est resté dynamique et a connu un ralentissement moins marqué que l’activité économique, avec +337 000 emplois en fin d’année 2022 par rapport à la fin d’année 2021 (soit une hausse de 1,3 % entre fin 2021 et fin 2022). L’emploi salarié dépassait ainsi fin décembre 2022 de 4,5 % son niveau d’avant la crise sanitaire, soit près de 1,2 million d’emplois supplémentaires dont un tiers en contrat d’alternance. Ces créations d’emplois sont surtout concentrées dans le tertiaire marchand (+820 000 emplois fin 2022 par rapport à fin 2019), la construction (+115 000) et le tertiaire non-marchand (+161 000). Ce dynamisme de l’emploi salarié a soutenu le pouvoir d’achat des ménages par le biais des revenus d’activité. Le a diminué de 0,3 point entre fin 2021 et fin 2022, après une baisse de 0,7 point l’année précédente. Il a ainsi atteint 7,1 %, son plus bas niveau depuis le premier trimestre 2008 (si on excepte le recul ponctuel en du deuxième trimestre 2020, pendant le premier confinement).

La demande intérieure a fortement ralenti, dans un contexte d’atonie du pouvoir d’achat et de resserrement des politiques monétaires

Dans un contexte de forte inflation et de quasi-stabilité du pouvoir d’achat, la consommation des ménages a fortement ralenti au cours de l’année 2022, jusqu’à se replier fortement au quatrième trimestre. Elle n’a ainsi augmenté que de 2,1 % en 2022, malgré des effets d’acquis importants fin 2021. Les baisses de consommation se sont concentrées dans les produits les plus soumis à l’inflation, c’est-à-dire l’alimentaire et l’énergie. Le taux d’épargne des ménages s’est établi à 17,5 % en moyenne annuelle 2022, soit 2,5 points au-dessus de son niveau moyen de 2019.

En réponse à la hausse de l’inflation, les principales banques centrales, dont la Banque centrale européenne à partir de l’été 2022, ont procédé à un resserrement rapide des politiques monétaires, entraînant une augmentation du coût du crédit pesant sur l’investissement des entreprises comme des ménages. Ce dernier a ainsi diminué de 1,3 % en 2022 par rapport à 2021. L’investissement des entreprises, quant à lui, a résisté, avec une croissance annuelle de 3,8 % : outre le dynamisme persistant de l’investissement en services informatiques, l’allègement des difficultés d’approvisionnement pour la fabrication de matériels de transport, en milieu d’année, a permis un rattrapage de l’investissement en produits manufacturés. De plus, le taux de marge des sociétés non financières s’est situé, en moyenne sur 2022, à 31,7 % de leur valeur ajoutée, soit un niveau proche de l’année 2018, préservant leur capacité à investir malgré les fortes tensions inflationnistes. Cela représente cependant une baisse du taux de marge de 2,2 points par rapport à 2021, avec la fin du recours massif à l’activité partielle et du versement du Fonds de solidarité.

La demande intérieure finale a ralenti en France mais aussi dans le reste de la zone euro, tandis que les confinements en Chine pénalisaient ses échanges commerciaux et flux touristiques. La demande mondiale adressée à la France a ainsi pesé sur les exportations françaises en volume, dont la croissance de 7,2 % en 2022 masque un ralentissement quasi-continu au fil des trimestres. Les importations, de leur côté, ont davantage augmenté que la demande intérieure (+8,7 % en 2022, après +9,2 % en 2021) : la baisse de production nationale d’électricité s’est traduite par des importations équivalentes. Le commerce extérieur a ainsi contribué négativement, à hauteur de -0,6 point à la croissance du PIB (figure 7). La consommation comme l’investissement des administrations publiques ont ralenti en 2022, l’année 2021 ayant été marquée par la reprise consécutive aux confinements de 2020 mais également par l’essor des dépenses de vaccination. La consommation des administrations publiques a ainsi augmenté de 2,9 % en 2022, et leur investissement de 1,5 %.

Figure 7Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande

(variations en %, contributions en points)
Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande ((variations en %, contributions en points)) - Lecture : en 2022 le PIB a augmenté de 2,5 % ; la consommation privée des ménages a contribué à cette croissance à hauteur de 1,0 point.
Année Consommation des ménages Consommation des administrations publiques Investissement des ménages Investissement des entreprises Investissement des administrations publiques Échanges extérieurs Variations de stocks PIB
2017 0,9 0,4 0,3 0,8 0,0 -0,1 0,2 2,5
2018 0,5 0,2 0,1 0,5 0,1 0,4 0,0 1,8
2019 0,9 0,3 0,1 0,5 0,3 -0,3 0,0 1,9
2020 -3,4 -1,1 -0,5 -1,0 -0,2 -1,3 -0,2 -7,7
2021 2,6 1,8 0,8 1,5 0,1 0,2 -0,6 6,4
2022 1,0 0,8 -0,1 0,6 0,1 -0,6 0,8 2,5
  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2022 le PIB a augmenté de 2,5 % ; la consommation privée des ménages a contribué à cette croissance à hauteur de 1,0 point.
  • Source : Insee.

Figure 7Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande

  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2022 le PIB a augmenté de 2,5 % ; la consommation privée des ménages a contribué à cette croissance à hauteur de 1,0 point.
  • Source : Insee.
Publication rédigée par :Marie-Christine Abboudi, Jules Baleyte, Jérémy Marquis (Insee)

Définitions

Heures rémunérées :

le volume d’heures rémunérées correspond à la durée pour laquelle le salarié est rémunéré sur une période. Cela inclut notamment les heures supplémentaires mais aussi les absences pour lesquelles le salarié perçoit une rémunération, comme les congés payés, les jours fériés ou les jours attribués au titre de la réduction du temps de travail. Ce volume d’heures rémunérées est une composante importante de l’activité économique, même s’il ne la mesure pas directement : d’une part, certaines absences sont considérées comme du travail rémunéré et d’autre part, la rémunération des salariés ne reflète pas toujours les fluctuations de leur productivité.

L'acquis de croissance du PIB pour 2022 fin 2021 correspond au taux de croissance du PIB entre 2021 et 2022 que l'on obtiendrait si le PIB demeurait jusqu'à la fin de l'année 2022 au niveau du dernier trimestre de 2021.

Les chiffres qui suivent sont issus de la publication du taux de chômage du premier trimestre 2023, en date du 17 mai 2023. Dans le chapitre sur le chômage et les politiques de l’emploi, les données utilisées sont celles de la publication du 14 février 2023.

Les confinements ont rendu difficiles les démarches de recherche active d’emploi, ce qui influe sur la mesure du taux de chômage : en effet, un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.

Pour en savoir plus

(1) Insee, Point de conjoncture du 5 mai 2023.

(2) Cupillard É., Ducatel V., Pouget J., Simon O., « La croissance résiste, l’inflation aussi », Insee, Note de conjoncture, mars 2023.

L'acquis de croissance du PIB pour 2022 fin 2021 correspond au taux de croissance du PIB entre 2021 et 2022 que l'on obtiendrait si le PIB demeurait jusqu'à la fin de l'année 2022 au niveau du dernier trimestre de 2021.

Les chiffres qui suivent sont issus de la publication du taux de chômage du premier trimestre 2023, en date du 17 mai 2023. Dans le chapitre sur le chômage et les politiques de l’emploi, les données utilisées sont celles de la publication du 14 février 2023.

Les confinements ont rendu difficiles les démarches de recherche active d’emploi, ce qui influe sur la mesure du taux de chômage : en effet, un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.