L’année 2020 a été marquée par des vagues de sécheresse au printemps et à l’été qui ont conféré de la précocité au développement de la vigne, mais parfois causé de l’échaudage à la veille des vendanges (dessèchements et flétrissements des feuilles et des grappes). Le faible niveau de précipitations a permis de maintenir un bon état sanitaire dans le vignoble.

La date moyenne d’ouverture des vendanges en 2020 se situe au 21 août pour les pinots et au 24 août pour le Chardonnay, sachant que la moyenne décennale est le 9 septembre. Les vendanges se déroulent dans d’excellentes conditions, et la qualité est au rendez-vous.

Cette année est caractérisée par quelques parcelles touchées par des gelées mi-mai, et une forte hétérogénéité sur une même parcelle ou d’un département à l’autre, résultant d’une différence de pluviométrie, plus importante dans le Haut-Rhin. Néanmoins, le millésime 2020 est généreux avec une production de belle qualité et précoce. Cette qualité est due à un état sanitaire favorable.

En Alsace, les vendanges ont démarré dans un contexte très particulier, comme en Champagne d’ailleurs, en raison de la pandémie (manque de main-d’œuvre, craintes pour la commercialisation…) : le 24 août pour les Crémants, le 3 septembre pour les AOC Alsace et les grands crus et le 18 septembre pour les vendanges tardives et les grains nobles. Ceci place 2020 parmi les cinq années les plus précoces, avec des vendanges qui se sont déroulées dans de bonnes conditions et se sont terminées fin octobre.

La pandémie a fortement réduit les ventes de la filière Champagne. Par conséquent, l’interprofession a décidé au cours de l’été d’abaisser le rendement commercialisable (rendement classé hors mises en réserve) à 8 000 kg/ha contre 10 200 kg/ha l’année précédente. Les viticulteurs avaient d’ailleurs anticipé cette baisse de rendement dès la fin du printemps, avec des travaux de rognage pour limiter le potentiel de production.

La vendange classée s’élève à 1,8 million d’hectolitres (hL) en 2020, en retrait de 25 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les dépassements de plafond de classement sont un peu plus importants que la moyenne, ainsi la production agronomique totale recule de 20 % comparée à la moyenne avec 2,1 millions d’hL.

Le rendement en appellation du vignoble alsacien atteint 62 hectolitres par hectare (hL/ha) en 2020, soit 6 % de moins qu’en 2019 et 9 % de moins que la moyenne 2015-2019. La récolte agronomique totale (incluant les volumes en dépassement de plafond de classement) dépasse tout juste le million d’hectolitres, ce qui constitue un repli de 8,5 % par rapport à la moyenne.

Sur l’ensemble de l’année civile 2020, les expéditions de Champagne atteignent 244,1 millions de bouteilles, en recul de 18 % par rapport à 2019 et de 20 % par rapport à la moyenne quinquennale. Le chiffre d’affaires de la filière s’élève à 4,2 milliards d’euros en 2020, en baisse de 17 % en un an. La chute est plus marquée pour les coopératives (- 23 %) que pour les Maisons et les récoltants-manipulants (- 17 %).

Le marché français recule plus fortement que le segment export en 2020, avec 20 % de bouteilles vendues en moins (- 26 % par rapport à la moyenne 2015-2019). La fermeture des restaurants, des bars et la limitation des évènements festifs et culturels expliquent logiquement cette diminution des ventes.

Au Royaume-Uni, l’impact de la pandémie et la mise en œuvre du Brexit sont responsables du repli annuel de 22 % du volume et de la valeur des exportations. Néanmoins, aucun droit de douane n’est appliqué sur les vins de Champagne dans le cadre du nouvel accord entre l’île et l’Union européenne.

Aux États-Unis, deuxième client en volume mais premier client en valeur de la filière, le recul annuel est comparable au bilan britannique : - 19 % en quantité, - 25 % en valeur. Dans ce pays fortement touché par la pandémie, l’année 2020 est également marquée par la mise en place de taxes de rétorsion sur certains produits européens (dont les vins) en réponse aux taxes dans les secteurs de l’aéronautique et du numérique.

Dans l’Union européenne, les exportations sont en nette baisse, en volume comme en valeur, pour les principaux pays acheteurs de Champagne : les quantités achetées reculent en un an de 13 % en Allemagne, de 17 % en Italie, de 30 % en Espagne, de 2 % en Belgique. Certains pays européens moins touchés par la pandémie, ou ayant appliqué des mesures moins strictes de fermeture des lieux de convivialité, présentent des bilans positifs en 2020 : les ventes sont en hausse de 15 % aux Pays- Bas, de 2 % au Danemark et de 1 % en Suède.

Enfin, le bilan des exportations vers les pays tiers (hors États-Unis et Royaume-Uni) est également déficitaire en Asie (- 15 % en Chine, - 25 % au Japon), au Brésil et en Suisse (- 30 % et - 10 %). Seuls les pays moins affectés par le Covid-19 ou avec un confinement moins strict présentent une évolution positive des quantités achetées en 2020, comme l’Australie, la Norvège et la Russie (+ 11 %, + 18 % et + 10 %) ou la Corée du Sud (+ 1 %).

Les ventes de vins d’Alsace subissent de plein fouet la baisse de consommation liée à la crise sanitaire et à la fermeture du débouché de la restauration. Après l’embellie de 2019 où les ventes avaient progressé de façon notable, celles de 2020 sont en net retrait, autour de 836 000 hL, soit environ 10 % de moins que l’année dernière. Alors que le mois d’avril s’est traduit par un recul record de la commercialisation (- 47 %), une reprise post-confinement a eu lieu en juin avec une augmentation de 14 % par rapport à juin 2019. Le deuxième confinement en novembre a marqué un nouveau coup d’arrêt, avec des ventes en forte diminution, tout particulièrement pour les crémants (- 23 %).

En cumulé depuis le début de l'année, les volumes commercialisés baissent de 10 % (- 12 % pour les Crémants) comparés à 2019, et s’établissent à environ 111,5 millions de bouteilles en 2020.