Notes et points de conjoncture de l'année 2020 Des analyses régulières pour éclairer les conséquences de la crise sanitaire

 

Note de conjoncture
Paru le :Paru le15/12/2020
Note de conjoncture- Décembre 2020
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Point de conjoncture du 17 novembre – Présentation Insee

Note de conjoncture

Paru le :15/12/2020

L’arrivée d’une deuxième vague épidémique a changé la temporalité de la crise

La plupart des chiffres macroéconomiques du troisième trimestre 2020 sont maintenant disponibles. Ils retracent, avec ceux du deuxième trimestre, une séquence inédite où une large partie de l’économie s’est mise à l’arrêt avant de repartir. Ce rebond a été vif : le PIB français a augmenté de + 18,2 % au troisième trimestre par rapport au deuxième, ramenant le glissement annuel à – 4,3 % (contre – 18,9 % au trimestre précédent).

Ce battement de grande ampleur s’est effectué sur un laps de temps finalement assez court : les données mensuelles disponibles suggèrent que l’essentiel du rebond a eu lieu en mai et juin, avant même le début du troisième trimestre. Il a été favorisé par une politique économique visant, via l’augmentation de la dette publique, à préserver autant que faire se peut le tissu productif et les revenus des ménages. Un éclairage de ce Point de conjoncture montre ainsi dans quelle mesure le dispositif d’activité partielle a permis à l’emploi de beaucoup moins baisser que le volume de travail rémunéré depuis mars dernier.

La deuxième vague épidémique et le reconfinement de la population viennent néanmoins contrarier ce rebond et changer la temporalité de la crise. Au-delà de la contraction du PIB désormais attendue au quatrième trimestre, il est maintenant assez probable que les situations sanitaire et économique continueront à avoir partie liée, pendant au moins la première moitié de l’année 2021.

Les anticipations des acteurs économiques s’adaptent donc en conséquence. La perspective d’un vaccin, si elle se concrétise, suggère toutefois que l’horizon de fin de crise sanitaire pourrait se rapprocher.

La sidération a laissé la place, tant bien que mal, à l’adaptation

Comme au moment du premier confinement en mars, ce Point de conjoncture est centré sur l’évaluation de la situation économique actuelle (en particulier le niveau du PIB et celui de la consommation des ménages), en mobilisant différents types de données, notamment des données « à haute fréquence » portant sur le début du mois de novembre. Les mouvements observés sont à nouveau soudains et de grande ampleur, même si la contraction apparaît moins marquée qu’en mars.

La sidération a en effet laissé la place à l’adaptation et à l’apprentissage. Du côté de la production, le télétravail, ou, quand il n’est pas possible, la mise en place de protocoles sanitaires désormais relativement bien rodés, ainsi que l’ouverture des écoles, permettent une moindre contraction de l’activité économique. Au mois de novembre, celle-ci se situerait à environ 13 % sous son niveau d’avant-crise (contre environ 30 % en avril), une estimation proche de celle calculée dernièrement par la Banque de France. En particulier, la construction et l’industrie connaîtraient des pertes beaucoup plus limitées qu’en avril. Si les mesures de protection sanitaires permettent d’assurer une certaine continuité de la production, elles ne sont pas neutres pour autant : près de la moitié des entreprises interrogées dans nos enquêtes de conjoncture considèrent que ces mesures réduisent leur productivité.

Du côté de la consommation des ménages, le recul serait un peu plus prononcé que celui du PIB, de l’ordre de – 15 % par rapport au niveau d’avant-crise, soit la moitié de la chute enregistrée au moment du premier confinement. L’éventail des commerces ouverts est un peu plus large qu’au printemps ; la vente à distance et les services de livraison à domicile se sont beaucoup développés, mais ils sont néanmoins loin de compenser les pertes de consommation liées à la fermeture des activités et des commerces « non essentiels ».

L’étude des montants agrégés de transactions par carte bancaire CB, disponibles au jour le jour, montre plusieurs différences avec le premier confinement, confirmant l’adaptation des comportements de consommation. Les ventes en ligne se sont en effet envolées dès le début du reconfinement, alors qu’elles étaient en berne fin mars. Les achats de précaution (alimentation, carburant) n’ont quant à eux pas été aussi massifs que pendant les jours qui ont précédé le premier confinement.

Si le rebond économique associé au déconfinement a été particulièrement vif en France, les données à haute fréquence suggèrent à ce stade pour novembre des pertes plus importantes que dans les principaux pays voisins

Selon les données de la comptabilité nationale du troisième trimestre 2020, le glissement annuel du PIB en France (– 4,3 %) est comparable à celui de l’Allemagne (– 4,2 %) et légèrement plus favorable que celui de l’Italie (– 4,7 %). Les pertes d’activité par rapport au troisième trimestre 2019 sont à peu près deux fois plus importantes en Espagne (– 8,7 %), pénalisée notamment par le poids du tourisme dans son économie, et au Royaume-Uni (– 9,6 %), affecté de surcroît par la résurgence des incertitudes autour du Brexit.

Les données à haute fréquence disponibles pour les différents pays (essentiellement les requêtes sur les moteurs de recherche et les statistiques sur les déplacements) reflètent le durcissement des mesures sanitaires face à la deuxième vague épidémique dans l’ensemble de l’Europe. À ce stade, les effets de ces mesures intervenues début novembre apparaissent de manière plus nette en France que dans la plupart des pays voisins, qu’il s’agisse par exemple de l’utilisation des transports publics ou de la fréquentation des commerces de détail hors alimentaire, des lieux récréatifs ou des restaurants.

Quels scénarios pour le mois de décembre ?

L’incertitude reste particulièrement importante pour la fin de l’année, tributaire de l’évolution de l’épidémie. C’est pourquoi trois scénarios sont évalués dans ce Point de conjoncture. Dans le cas le plus favorable, l’activité reviendrait en décembre à son niveau d’octobre, soit 4 % sous son niveau d’avant-crise. Dans le scénario le plus défavorable, l’activité resterait en décembre à son niveau estimé pour novembre, soit 13 % sous son niveau d’avant-crise. Enfin, dans un scénario intermédiaire (15 jours de confinement semblable à novembre puis 15 jours d’allègement de certaines restrictions), l’activité serait en décembre environ 8 % sous son niveau d’avant-crise.

L’évolution trimestrielle du PIB se situerait donc au quatrième trimestre entre – 2 ½ et – 6 %, selon les scénarios (avec – 4 ½ % pour le scénario médian). L’évolution annuelle du PIB en 2020 serait quant à elle de l’ordre de – 9 à – 10 %.