Insee Conjoncture GuyaneBilan économique 2019 - Guyane

Une année en demie teinte

Après le rebond de 2018, la Guyane retrouve en 2019 une dynamique conforme à sa trajectoire de longue période dont les moteurs principaux sont la consommation des ménages, les dépenses publiques et l’investissement des entreprises. Ces trois composantes restent bien soutenues, notamment par le plan d’urgence pour la Guyane, une intense programmation européenne et une démographie dynamique.

Insee Conjoncture Guyane
No 09
Paru le :Paru le18/06/2020
Alexis Léonard, David Fardel (Institut d'Émission des Départements d’Outre-Mer)
Insee Conjoncture Guyane No 09- Juin 2020

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2019 publiés par l'Insee.
Retrouvez les bilans des autres régions ici.

Cette année, la situation exceptionnelle de la pandémie dans les premiers mois de 2020 introduit une rupture avec la dynamique de 2019 et remet en question les éventuelles prévisions réalisées précédemment. Ainsi, ces bilans rendent également compte de la crise, uniquement sur la période de confinement.

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Épargne-crédit - L’activité bancaire continue sa progression Bilan économique 2019

Alexis Léonard, David Fardel (Institut d'Émission des Départements d’Outre-Mer)

Dans un contexte économique et financier marqué par des taux d’intérêt toujours bas, par le ralentissement de l’activité en fin d’année (malgré une consommation des ménages vigoureuse), le financement de l’économie en Guyane s’inscrit en demi-teinte : bonne tenue des crédits aux ménages, tassement des crédits aux entreprises, associé à un recul de leurs dépôts. La croissance de l’encours sain de crédits décélère (+4,9 %) par rapport à l’année 2018 (+6,5 %) pour s’établir à 3 616 M€ fin décembre 2019. 

Insee Conjoncture Guyane

No 09

Paru le :18/06/2020

L’indicateur du climat des affaires reflète une certaine déception des chefs d’entreprises quant à la poursuite attendue de la mise en œuvre du Plan d’Urgence en 2019. Cet essoufflement de leur confiance en l’avenir se traduit par une contraction de l’indicateur sur un an (-1,8 point).

Les dépôts des entreprises marquent le pas

En 2019, la progression des actifs financiers détenus par les établissements de crédit diminue de moitié (+ 2,7 %, soit + 55,6 M€) portant l’encours total à 2 113 M€. Les actifs financiers totaux des entreprises se sont dépréciés de 1,7 % (- 10,8 M€) portant leur valeur totale à 639,1 M€ fin 2019. Cette situation s’explique à la fois par le fort recul de leurs placements liquides ou à court terme (- 57,8 %, soit - 41,4 M€) et par le ralentissement de leurs dépôts à vue (+ 4,5 % contre + 12,6 % en 2018). La croissance de l’épargne des ménages s’est accentuée et progresse de 4,8 % (soit + 59,9 M€) après +3 % (soit + 35,5 M€) il y a un an. L’encours s’établit à 1 296,7 M€, soit 61,4 % de l’ensemble des actifs (+ 1,4 point sur un an).

Le financement des ménages compense en partie le ralentissement des crédits aux entreprises

Au 31 décembre 2019, la hausse de l’encours sain total des crédits bancaires s’atténue (+ 4,9 %, soit + 170,4 M€) par rapport à fin 2018 atteignant désormais 3 616 M€. Les entreprises demeurent les premiers clients bancaires avec 51 % de l’encours sain. Les ménages constituent le deuxième segment de clientèle avec 34 % de l’encours, les collectivités locales représentent 9 %, et les autres agents 5 %.

En 2019, le financement des entreprises ralentit à 3,5 % contre + 5,9 % il y a un an portant ainsi l’encours à 1 855 M€. Constituant près de 40 % de l’encours, les crédits d’investissement croissent de 8,3 % (soit + 56,7 M€) essentiellement portés par la hausse des crédits à l’équipement (+ 10,3 %, soit + 59,9 M€). Les crédits immobiliers progressent (+ 0,9 %, soit + 8,9 M€), mais à un rythme plus faible que l’année dernière. Dans une moindre mesure, les crédits d’exploitation diminuent de nouveau (-3,1 % contre - 12,3 % l’an dernier).

À l’inverse, la croissance de l’encours sain de crédits aux ménages s’accélère (+ 8,2 % contre + 6,2 % en 2018) pour atteindre 1 224 M€ fin décembre. La progression significative de l’encours des crédits à l’habitat (+ 7,2 %, soit + 64,8 M€) et des crédits à la consommation (+ 12,3 %, soit +28,5 M€) portent cette tendance. Ces derniers concentrent respectivement 79 % et 21 % de l’encours sain total des ménages. Enfin, l’encours sain de crédit aux collectivités locales repart à la hausse après plusieurs années de baisses consécutives (+ 10,0 % après - 3,7 % en 2018) s’établissant à 339 M€.

En 2019, les créances douteuses brutes s’élèvent à 149,8 M€, dont 54 M€ sont provisionnés. Après une hausse de 20,3 % en fin 2018, les créances douteuses nettes des entreprises reculent de 11,4 % à 26,3 M€. De même, celles des collectivités locales sont également en retrait à 42,2 M€ (-1,3 %).

Forte hausse des dépôts de dossiers de surendettement sur l’année

En 2019, 305 dossiers ont été déposés au secrétariat de la commission de surendettement assuré par l’IEDOM Guyane, contre 215 l’année précédente. En 2018, cette progression s’était accentuée à partir du mois de novembre avec l’ouverture d’un bureau d’accueil et d’information (BAI) à Saint-Laurent-du-Maroni. Sur les 230 décisions d’orientation prises en 2019 par la Commission, 49 % des dossiers ont été placés en procédure de rétablissement personnel (avec ou sans liquidation judiciaire) et 51 % ont suivi une procédure de réaménagement des dettes. Le montant total agrégé des dettes atteint 8,7 M€, avec un endettement médian de 14 963 €. Les dettes de charges courantes concernent 90,8 % des dossiers, les crédits à la consommation 52,4 % des dossiers, et les dettes immobilières 9,6 %.

Figure 1Chiffres clésEncours sain des crédits (en millions d'euros et en %)

Chiffres clés
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Variation 2018 / 2017 (en %) Variation 2019 / 2018 (en %)
Entreprises 1 212,6 1 277,8 1 353,8 1 443,9 1 461,8 1 556,9 1 693,1 1 792,5 1 855,3 6 % 3,5
Crédits d'investissement 411,8 388,6 409,3 446,0 487,3 530,9 601,2 680,6 737,4 13 % 8,3
dont Crédits à l'équipement 317,1 294,0 314,5 348,8 375,7 416,2 472,8 554,5 611,7 17 % 10,3
Crédits à l'habitat 714,8 782,1 841,0 911,7 887,0 935,0 987,7 1 020,3 1 029,2 3 % 0,9
Crédits d'exploitation 80,1 101,0 94,1 77,3 81,6 89,9 103,0 90,3 87,5 -12 % -3,1
Ménages 733,7 795,7 857,9 882,3 971,2 1 002,7 1 064,8 1 131,1 1 224,1 6 % 8,2
Crédits à la consommation 168,1 164,7 170,7 171,8 180,5 182,3 202,0 231,1 259,6 14 % 12,3
Crédits à l'habitat 565,4 630,9 687,0 709,8 790,6 820,2 860,4 897,9 962,7 4 % 7,2
Collectivités locales 388,5 380,7 356,2 358,7 346,5 329,7 320,3 308,4 339,4 -4 % 10,0
Crédits d'exploitation 1,3 0,6 0,7 4,9 3,2 3,2 7,8 10,5 13,7 35 % 30,5
Crédits d'investissement 386,7 379,8 355,5 353,8 343,3 326,5 312,5 297,9 325,7 -5 % 9,3
dont Crédits à l'équipement 386,6 379,8 355,5 353,7 342,8 326,1 312,2 297,6 325,5 -5 % 9,4
Autres agents et CCB non ventilés encours sain 29,7 40,3 65,9 97,8 118,7 158,5 155,7 213,6 197,1 37 % -7,7
  • Note : encours au 31 décembre de l'année, en millions d’euros
  • Source : Iedom, Système unifié de reporting financier (SURFI).

Figure 2Hausse de l'épargne en GuyaneActifs par agent, établissement de crédits installés localement (en millions d'euros)

Hausse de l'épargne en Guyane
Livrets ordinaires Livrets A et bleus Plans d'épargne logement Contrats d'assurance-vie LDD
déc-11 89,948 140,239 86,426 197,175 16,423
mars-12 94,104 143,909 86,873 202,430 17,072
juin-12 95,628 146,227 86,442 201,947 17,504
sept-12 98,433 146,244 87,142 203,621 17,305
déc-12 91,848 155,275 88,838 206,685 21,081
mars-13 95,992 161,389 91,371 212,670 22,684
juin-13 96,974 165,755 92,526 214,687 23,951
sept-13 92,277 162,870 93,283 216,993 24,054
déc-13 90,288 166,647 95,456 219,797 24,735
mars-14 90,281 169,082 96,226 223,713 25,678
juin-14 91,336 171,424 98,158 226,129 26,323
sept-14 93,894 168,102 98,705 227,981 26,125
déc-14 94,531 170,412 102,816 231,125 26,702
mars-15 110,840 195,886 106,786 238,948 27,422
juin-15 116,601 184,391 107,215 239,464 27,792
sept-15 114,635 186,899 107,123 223,465 27,161
déc-15 113,864 183,768 110,237 254,750 27,922
mars-16 111,989 177,928 111,083 246,755 28,566
juin-16 114,858 180,599 111,398 249,418 29,589
sept-16 112,334 177,575 110,922 251,486 29,195
déc-16 113,313 198,345 113,715 255,131 30,033
mars-17 113,791 219,090 113,439 262,625 30,847
juin-17 115,935 237,379 112,471 264,782 32,145
sept-17 114,188 233,776 111,174 264,080 31,400
déc-17 115,830 238,646 111,308 265,177 32,546
mars-18 119,901 244,534 110,335 269,879 33,425
juin-18 127,363 244,619 108,685 277,316 34,193
sept-18 128,093 231,411 107,307 281,556 33,847
déc-18 128,960 231,885 106,794 282,325 35,281
mars-19 132,524 252,511 105,573 291,141 36,573
juin-19 134,345 236,125 102,878 299,621 37,481
sept-19 135,534 203,286 102,122 301,518 37,358
déc-19 134,415 207,178 102,843 305,150 38,268
  • Source : Iedom, Système unifié de reporting financier (SURFI).

Figure 2Hausse de l'épargne en GuyaneActifs par agent, établissement de crédits installés localement (en millions d'euros)

  • Source : Iedom, Système unifié de reporting financier (SURFI).

Figure 360 % des crédits accordés aux entreprises concernent l'immobilierRépartition des crédits aux entreprises (en %)

60 % des crédits accordés aux entreprises concernent l'immobilier
Répartition
Crédits d'exploitation 4,7
Crédits d'investissement 39,7
Crédits immobiliers 55,6
  • Source : Iedom, Système unifié de reporting financier (SURFI).

Figure 360 % des crédits accordés aux entreprises concernent l'immobilierRépartition des crédits aux entreprises (en %)

  • Source : Iedom, Système unifié de reporting financier (SURFI).

Figure 4Remontée de l'encours des crédits aux entreprisesEncours des crédits aux entreprises (en millions d'euros et en %)

Remontée de l'encours des crédits aux entreprises
En montant (en millions d’euros) En glissement annuel (en%)
juin-12 1212,057 6,5
sept-12 1238,880 8,6
déc-12 1277,849 5,4
mars-13 1297,274 7,5
juin-13 1313,120 8,3
sept-13 1323,115 6,8
déc-13 1353,795 5,9
mars-14 1380,981 6,5
juin-14 1415,494 7,8
sept-14 1403,644 6,1
déc-14 1443,890 6,7
mars-15 1474,111 6,7
juin-15 1473,357 4,1
sept-15 1459,908 4,0
déc-15 1461,797 1,2
mars-16 1457,668 -1,1
juin-16 1516,368 2,9
sept-16 1519,718 4,1
déc-16 1556,929 6,5
mars-17 1645,798 12,9
juin-17 1637,635 8,0
sept-17 1639,749 7,9
déc-17 1693,064 8,7
mars-18 1790,968 8,8
juin-18 1796,094 9,7
sept-18 1785,800 8,9
déc-18 1792,462 5,9
mars-19 1824,953 1,9
juin-19 1833,631 2,1
sept-19 1861,718 4,3
déc-19 1852,409 3,3
  • Source : Iedom, Système unifié de reporting financier (SURFI).

Figure 4Remontée de l'encours des crédits aux entreprisesEncours des crédits aux entreprises (en millions d'euros et en %)

  • Source : Iedom, Système unifié de reporting financier (SURFI).

Figure 5Tassement de l’Indicateur du Climat des AffairesIndicateur du Climat des Affaires (base 100)

Tassement de l’Indicateur du Climat des Affaires
Année – Trimestre Valeur de l’ICA
2010 T2 95,69
2010 T3 107,06
2010 T4 106,13
2011 T1 113,33
2011 T2 112,48
2011 T3 111,72
2011 T4 111,82
2012 T1 106,81
2012 T2 99,38
2012 T3 101,81
2012 T4 97,79
2013 T1 93,62
2013 T2 94,15
2013 T3 90,58
2013 T4 95,04
2014 T1 94,79
2014 T2 92,09
2014 T3 85,13
2014 T4 78,76
2015 T1 84,23
2015 T2 86,00
2015 T3 83,59
2015 T4 86,08
2016 T1 83,36
2016 T2 89,58
2016 T3 92,61
2016 T4 96,64
2017 T1 71,58
2017 T2 86,67
2017 T3 94,05
2017 T4 98,49
2018 T1 103,30
2018 T2 97,39
2018 T3 104,94
2018 T4 98,07
2019 T1 105,59
2019 T2 102,14
2019 T3 95,18
2019 T4 93,38
  • Note : la valeur de base de l’ICA est de 100. Au-dessus, les chefs d’entreprises sont optimistes, au-dessous, ils sont pessimistes.
  • Source : Iedom, Système unifié de reporting financier (SURFI).

Figure 5Tassement de l’Indicateur du Climat des AffairesIndicateur du Climat des Affaires (base 100)

  • Note : la valeur de base de l’ICA est de 100. Au-dessus, les chefs d’entreprises sont optimistes, au-dessous, ils sont pessimistes.
  • Source : Iedom, Système unifié de reporting financier (SURFI).

Définitions

Dépôts à vue : dépôts assortis d’une échéance de 24 heures. Cette catégorie d’instruments comprend principalement les dépôts qui sont entièrement mobilisables par chèque ou par instrument similaire, mais aussi les dépôts non mobilisables et convertibles en numéraire sur demande ou à la clôture du jour suivant.

Créances douteuses : Créances de toute nature (crédits, prêts en blanc, pensions...), y compris celles assorties de garanties, présentant un risque probable ou certain de non-recouvrement total ou partiel, ou un caractère contentieux (faillite personnelle, liquidation judiciaire...), ou donnant lieu à un recouvrement litigieux.

Pour en savoir plus

Rapport Annuel Guyane 2019 — Édition 2020 de l’Ouvrir dans un nouvel ongletIEDOM et les notes Infos financières.