Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'AzurTrès hauts revenus : des ménages très présents dans les Alpes-Maritimes

Stéphanie Durieux, Carole Zampini (Insee)

Dans la région, 46 300 personnes disposent de très hauts revenus en 2017. Plus âgées que le reste de la population, elles vivent souvent en couple sans enfant. Par rapport à la moyenne des régions de province, ces ménages à très hauts revenus sont davantage présents en Provence-Alpes-Côte d’Azur, surtout dans les Alpes-Maritimes. Ils perçoivent des revenus plus élevés et plus souvent issus du patrimoine.

Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'Azur
No 63
Paru le :Paru le12/05/2020
Stéphanie Durieux, Carole Zampini (Insee)
Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'Azur No 63- Mai 2020

Les très hauts revenus plus fréquents en Provence-Alpes-Côte d’Azur qu’en province

En 2017, 46 300 habitants de Provence-Alpes-Côte d’Azur vivent dans un . Ils perçoivent plus de 9 000 euros de mensuel par unité de consommation. Entre régions françaises, la part des personnes à très hauts revenus dans l’ensemble de la population varie notablement. Proche de 1 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur, comme en Auvergne-Rhône-Alpes et en Corse, elle est inférieure à 0,8 % dans les autres régions de province. Cette proportion atteint 2,3 % en Île-de-France, qui concentre à elle seule près de la moitié des personnes à très hauts revenus de l’ensemble du pays.

Figure 1Les ménages à très hauts revenus résident dans les grands pôles d’emploi et sur le littoral azuréenPart des personnes à très hauts revenus dans la population (en %)

  • Note : la part des personnes à très hauts revenus est calculée au niveau communal et lissée. Les données ne permettent pas de distinguer les différents arrondissements de Marseille.
  • Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2017

Des couples âgés sans enfant

Par rapport au reste de la population, les ménages à très hauts revenus de la région sont plus âgés et se composent plus souvent de couples sans enfant (figure 2). Ils sont très majoritairement propriétaires de leur résidence principale. Ces caractéristiques sont proches de celles constatées au niveau national.

En revanche, les ménages à très hauts revenus de la région se distinguent par des revenus plus élevés que ceux des autres régions de province, à l’exception de la Corse. En moyenne, leur revenu initial mensuel par unité de consommation est supérieur de 450 euros. De ce fait, la part de l’ensemble des revenus régionaux captée par ces ménages s’élève à 6,3 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur, contre 4,7 % en moyenne de province.

Figure 2Les ménages à très hauts revenus : des propriétaires souvent sexagénairesÂge moyen du référent fiscal et part des ménages fiscaux selon le statut d’occupation et le type de ménage (en %)

Les ménages à très hauts revenus : des propriétaires souvent sexagénaires
Ensemble des ménages – Provence-Alpes-Côte d’Azur Ménages à très hauts revenus – Provence-Alpes-Côte d’Azur Ménages à très hauts revenus – France de province
Âge moyen du référent fiscal (en années) 56 61 59
  • Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2017

Figure 2Les ménages à très hauts revenus : des propriétaires souvent sexagénairesÂge moyen du référent fiscal et part des ménages fiscaux selon le statut d’occupation et le type de ménage (en %)

  • Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2017

Davantage de revenus du patrimoine

Les sources de revenu des ménages à très hauts revenus sont plus diversifiées (salaires, patrimoine, revenus d’activités non salariées) que celles de l’ensemble des ménages.

Seul un tiers des ménages à très hauts revenus tirent principalement leurs revenus de salaires et traitements, contre la moitié tous ménages confondus (figure 3). En revanche, pour 23 % des ménages à très hauts revenus, les revenus d’activités non salariées constituent la source première de revenu, contre seulement 4 % pour l’ensemble des ménages. Parmi les activités les plus rémunératrices figurent celles des médecins et dentistes ainsi que les activités juridiques et comptables. Pour 29 % des ménages à très hauts revenus, l’origine principale des contre 6 % pour l’ensemble des ménages. Dans la région, la part de ces ménages est plus importante qu’au niveau national (22 %).

Figure 3Pour les deux tiers des ménages à très hauts revenus, l’origine principale des ressources n’est pas le salairePart des ménages fiscaux selon l’origine principale des revenus initiaux (en %)

Pour les deux tiers des ménages à très hauts revenus, l’origine principale des ressources n’est pas le salaire
Ensemble des ménages – Provence-Alpes-Côte d’Azur Ménages à très hauts revenus – Provence-Alpes-Côte d’Azur Ménages à très hauts revenus – France de province
Salaires et traitements 51 37 41
Indemnités de chômage 4 0 0
Revenus des activités non salariées 4 23 25
Pensions, retraites et rentes 35 10 9
Revenus du patrimoine 6 29 24
Revenus exonérés perçus à l’étranger et autres revenus 0 1 1
  • Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2017

Figure 3Pour les deux tiers des ménages à très hauts revenus, l’origine principale des ressources n’est pas le salairePart des ménages fiscaux selon l’origine principale des revenus initiaux (en %)

  • Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2017

Un tiers des ménages à très hauts revenus habitent dans les Alpes-Maritimes

La plus grande part des ménages à très hauts revenus de la région vit dans les départements denses du littoral, Bouches-du-Rhône, Var et Alpes-Maritimes, en particulier dans leurs principaux pôles d’emploi. Ils sont notamment surreprésentés dans les Alpes-Maritimes : un tiers des ménages à très hauts revenus de la région y résident (contre un cinquième de l’ensemble des ménages).

À une échelle plus fine, la part de ménages à très hauts revenus est élevée sur l’ensemble du littoral azuréen, de Menton à Hyères, dans la couronne d’Aix-en-Provence, ainsi que dans quelques territoires moins denses tels que les Alpilles ou le Luberon (figure 1).

Au sein des grandes aires urbaines de Nice, Toulon et Avignon, les ménages à très hauts revenus sont surreprésentés hors de la ville-centre. Dans celle d'Aix-Marseille, ils se répartissent pour moitié à Marseille, avec une forte concentration dans certains arrondissements, et pour moitié dans le reste de l'aire.

Deux profils résidentiels de ménages à très hauts revenus

L’analyse de la source principale des ressources dessine deux profils de localisation des ménages à très hauts revenus.

Les ménages dont le salaire est la première source de revenu sont plus jeunes que l’ensemble des ménages à très hauts revenus (54 ans contre 61 ans pour le référent fiscal). Ils résident souvent dans les pôles d’emploi où la part des est élevée. C’est le cas à Nice, Aix-en-Provence, dans les 8e et 7e arrondissements de Marseille, autour de la technopole de Sophia Antipolis et à proximité de Monaco. Hors de la région, ce profil de salariés aux très hauts revenus est fréquent en Île-de-France et dans les départements limitrophes de la Suisse comme la Haute-Savoie et l’Ain.

Les ménages dont les revenus proviennent principalement du patrimoine sont plus âgés (69 ans en moyenne pour le référent fiscal). Leur revenu moyen est encore plus élevé que celui des autres ménages à très hauts revenus. Ce profil est plus fréquent en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Corse qu’ailleurs, ce qui explique en partie le niveau élevé du revenu moyen des ménages à très hauts revenus dans ces régions. Ils sont nombreux sur le littoral azuréen de Nice à Hyères. Le cadre de vie et l’héliotropisme peuvent expliquer l’implantation de ces ménages.

Sources

Les statistiques présentées sont tirées du fichier localisé social et fiscal (Filosofi) de 2017.

Le champ couvert est celui de l'ensemble des ménages fiscaux ordinaires dont le revenu déclaré est positif ou nul : il exclut les personnes sans domicile ou vivant en institution (prisons, foyers, maisons de retraite…).

Les ménages sont localisés au lieu de déclaration des revenus, sachant qu’une partie de ces ménages peuvent bénéficier d’une double résidence.

Définitions

Personne à très hauts revenus : une personne se situe parmi les 1 % les plus aisées de la population, c'est-à-dire les "très hauts revenus", si le revenu initial mensuel de son ménage par unité de consommation (UC) dépasse 9 060 euros. Ce seuil correspond à un revenu mensuel de 9 060 euros pour une personne seule et de 19 020 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.

Revenu initial : revenu perçu avant toute imposition directe (impôts sur le revenu, taxe d’habitation, CSG et CRDS) et perception des prestations sociales. Il s’agit de l’ensemble des revenus d’activité, de remplacement et du patrimoine (non soumis à déclaration fiscale), nets de cotisations sociales. En sont exclus les revenus exceptionnels (plus-values notamment).

Revenus du patrimoine : revenu des actifs mobiliers et immobiliers déclarés auxquels s’ajoutent les revenus financiers imputés à partir de l’enquête Patrimoine 2014-2015 afin d’intégrer les revenus des actifs financiers non soumis à déclaration fiscale (produits d’assurance-vie, livrets exonérés, plans d’épargne en actions, livrets d’épargne populaire, comptes épargne logement, plans d’épargne logement).

Cadres des fonctions métropolitaines : cadres ou chefs d'entreprises de dix salariés ou plus des fonctions conception-recherche, prestations intellectuelles, commerce inter-entreprises, gestion et culture-loisirs.

Pour en savoir plus

Robin M., Guevara S., « 43 % des personnes à très haut revenu habitent en Île-de-France », Insee Focus n° 192, mai 2020

Essaieh D., Pégaz-Blanc O., « Les ménages « modestes » plus présents hors des grandes aires urbaines » , Insee Analyses n° 82 , février 2020

Rouaud P., Winnicki P., « De plus en plus d’habitants des Alpes-Maritimes travaillent à Monaco », Insee Analyses n° 71, mai 2019

Caray J., « 490 000 emplois créés entre 1982 et 2014 dont 185 000 « hautement qualifiés »», Insee Analyses n° 54, novembre 2017

Salembier L., « Le revenu d’activité des non-salariés en 2017 », Insee Première n° 1781, novembre 2019