Insee Analyses BretagneEntre 2006 et 2016 en Bretagne, un dynamisme de l’emploi dans les EPCI urbains et périurbains

Hervé Bovi, Alain Maillochon (Insee)

L’emploi breton est en hausse entre 2006 et 2016. À l’échelle des EPCI, cette évolution apparaît toutefois très contrastée. La croissance de l’emploi est marquée dans les territoires urbains, où il progresse plus vite que la population active résidente. C'est l'inverse dans les territoires périurbains. Le nombre de navetteurs est ainsi en hausse entre ces territoires, mais également ailleurs en Bretagne.

Hervé Bovi, Alain Maillochon (Insee)
Insee Analyses Bretagne No 85- Septembre 2019

En 2016, la Bretagne compte 3,32 millions d’habitants. Parmi ceux-ci, 1,32 million sont des actifs ayant un emploi. Parallèlement, la Bretagne recense 1,31 million d’emplois sur son territoire. Ainsi, le s’élève à 98,7 % dans la région, équivalent au niveau France (98,5 %).

En 10 ans, entre 2006 et 2016, la région a gagné 41 000 emplois. Cela correspond à une hausse de 3,3 %, plus forte qu’au niveau national (+ 2,1 %).

Entre 2006 et 2016, seule la , qui englobe l'ensemble des activités mises en oeuvre localement visant à satisfaire les besoins des personnes résidentes et des touristes, gagne des emplois, aussi bien dans la région (+ 6,2 %) qu’au niveau national (+ 4,2 %). Le nombre d’emplois dans la sphère productive est ainsi en baisse, de 1,9 % en Bretagne et de 1,7 % en France.

En écho à ces évolutions de l’emploi, des modifications de modes de vie s’opèrent également. En particulier, le nombre de est en augmentation. La part des personnes résidant dans un , selon son contour au 1er janvier 2019, différent de celui de leur lieu de travail est ainsi passée de 29,3 % en 2006 à 33,7 % en 2016.

Mais ces changements ne sont pas uniformes sur l’ensemble de la région. De fortes différences existent parmi les 59 intercommunalités bretonnes, en termes d’évolution de l’emploi (figure 1), de navettes domicile-travail ou de taux de couverture de l’emploi. Quatre profils de territoires peuvent être observés (figure 2 et figure 3).

Figure 1Des évolutions de l’emploi très contrastées entre EPCIÉvolution annuelle de l’emploi par EPCI entre 2006 et 2016

Des évolutions de l’emploi très contrastées entre EPCI
Les EPCI Bretons Taux d’évolution annuel (en %)
CC du Pays de Landivisiau -1,5
CC Douarnenez Communauté -1,2
CC du Pays Bigouden Sud -1,1
CC du Kreiz-Breizh (CCKB) -1,0
CC Roi Morvan Communauté -0,9
CC de l'Oust à Brocéliande -0,8
CC Monts d'Arrée Communauté -0,8
CA Concarneau Cornouaille Agglomération -0,8
CC de Haute Cornouaille -0,7
CA Morlaix Communauté -0,7
CA Fougères Agglomération -0,6
CC Presqu'île de Crozon-Aulne maritime -0,5
CA Lannion-Trégor Communauté -0,4
CA Guingamp-Paimpol Agglomération de l'Armor à l'Argoat -0,4
CC Haut-Léon Communauté -0,2
CC Questembert Communauté -0,2
CC Couesnon Marches de Bretagne -0,1
CA Redon Agglomération -0,1
CA Lorient Agglomération 0,0
CC Loudéac Communauté - Bretagne Centre 0,0
CA Saint-Brieuc Armor Agglomération 0,0
CC Centre Morbihan Communauté 0,1
CC Cap Sizun - Pointe du Raz 0,1
CA Quimperlé Communauté 0,1
CC Poher Communauté 0,1
CC Communauté Lesneven Côte des Légendes 0,1
CC Pleyben-Châteaulin-Porzay 0,2
CC du Pays de Dol et de la Baie du Mont Saint-Michel 0,2
Brest Métropole 0,2
CC Auray Quiberon Terre Atlantique 0,3
CC Ploërmel Communauté 0,3
CA Quimper Bretagne Occidentale 0,3
CC Pontivy Communauté 0,3
CC Côte d'Emeraude 0,4
CA du Pays de Saint Malo Agglomération 0,4
CC Vallons de Haute-Bretagne Communauté 0,6
CC du Pays des Abers 0,6
CC du Haut Pays Bigouden 0,6
CA Vitré Communauté 0,7
CA Golfe du Morbihan - Vannes Agglomération 0,7
CA Dinan Agglomération 0,7
CC Leff Armor Communauté 0,7
CC du Pays d'Iroise 0,7
CC du Pays Fouesnantais 0,7
CC du Pays de Landerneau-Daoulas 0,7
CA Lamballe Terre et Mer 0,8
CC Bretagne Porte de Loire Communauté 0,8
Rennes Métropole 0,8
CC de Belle Ile en Mer 0,9
CC Bretagne Romantique 1,0
CC Liffré-Cormier Communauté 1,1
CC Arc Sud Bretagne 1,2
CC de La Roche aux Fées 1,2
CC Montfort Communauté 1,7
CC de Saint-Méen Montauban 2,0
CC de Blavet Bellevue Océan 2,0
CC Pays de Châteaugiron Communauté 2,1
CC de Brocéliande 3,1
CC Val d'Ille-Aubigné 3,1
  • EPCI au 01/01/2019.
  • Source : Insee, recensements de la population 2006 et 2016, exploitations complémentaires.

Figure 1Des évolutions de l’emploi très contrastées entre EPCIÉvolution annuelle de l’emploi par EPCI entre 2006 et 2016

  • EPCI au 01/01/2019.
  • Source : Insee, recensements de la population 2006 et 2016, exploitations complémentaires.

Figure 2Quatre familles de territoires aux caractéristiques d’emploi distinctesTypologie des EPCI bretons

Quatre familles de territoires aux caractéristiques d’emploi distinctes
Les EPCI bretons Typo 2016
Métropole Rennes Métropole A
Brest Métropole A
CA Lorient Agglomération B
CA Golfe du Morbihan - Vannes Agglomération A
CA Saint-Brieuc Armor Agglomération A
CA Quimper Bretagne Occidentale A
CA Vitré Communauté B
CA du Pays de Saint Malo Agglomération A
CA Dinan Agglomération D
CA Lannion-Trégor Communauté B
CC Auray Quiberon Terre Atlantique D
CA Guingamp-Paimpol Agglomération de l'Armor à l'Argoat B
CA Morlaix Communauté B
CC Loudéac Communauté - Bretagne Centre A
CA de Lamballe Terre et Mer D
CA Fougères Agglomération B
CA Redon Agglomération D
CC Pontivy Communauté B
CA Quimperlé Communauté D
CC du Pays de Landerneau-Daoulas E
CC Ploërmel Communauté B
CC de l'Oust à Brocéliande B
CC Centre Morbihan Communauté D
CA Concarneau Cornouaille Agglomération D
CC Haut-Léon Communauté B
CC du Pays de Landivisiau D
CC du Pays Bigouden Sud D
CC Pays de Châteaugiron Communauté E
CC du Pays des Abers E
CC du Pays d'Iroise E
CC Côte d'Émeraude B
CC Bretagne Romantique E
CC Presqu'île de Crozon-Aulne maritime A
CC Vallons de Haute-Bretagne Communauté E
CC du Val d'Ille-Aubigné E
CC Pleyben-Châteaulin-Porzay B
CC Bretagne porte de Loire Communauté E
CC du Pays Fouesnantais E
CC de Saint-Méen Montauban E
CC Liffré-Cormier Communauté E
CC Communauté Lesneven Côte des Légendes E
CC Arc Sud Bretagne E
CC de la Roche aux Fées E
CC Leff Armor Communauté E
CC Roi Morvan Communauté D
CC Poher communauté A
CC Montfort Communauté E
CC Douarnenez Communauté A
CC Couesnon Marches de Bretagne E
CC Questembert Communauté E
CC du Pays de Dol et de la Baie du Mont-Saint-Michel E
CC du Kreiz-Breizh (CCKB) B
CC de Haute-Cornouaille D
CC de Brocéliande E
CC de Blavet Bellevue Océan E
CC du Haut Pays Bigouden E
CC Cap Sizun - Pointe du Raz D
CC de Belle-Île-en-Mer B
CC Monts d'Arrée Communauté E
  • EPCI au 01/01/2019.
  • Source : Insee, Recensements de la Population 2006 et 2016 – exploitations complémentaires.

Figure 2Quatre familles de territoires aux caractéristiques d’emploi distinctesTypologie des EPCI bretons

  • EPCI au 01/01/2019.
  • Source : Insee, Recensements de la Population 2006 et 2016 – exploitations complémentaires.

Figure 3Caractérisation de l’emploi dans les 59 EPCI bretons

Caractérisation de l’emploi dans les 59 EPCI bretons
Les EPCI bretons Typo 2016 Les emplois Les actifs Les navetteurs Taux de couverture de l’emploi en 2016
Nombre en 2016 Evolution 2006-2016 (en %) Nombre en 2016 Evolution 2006-2016 (en %) Taux d’entrées 2016 (en %) Tauxde sorties 2016 (en %)
Métropole Rennes Métropole A 244 500 8,4 186 630 6,0 34,9 14,8 131,0
Brest Métropole A 105 830 1,9 81 770 -2,0 34,7 15,5 129,4
CA Lorient Agglomération B 79 630 0,4 75 030 -1,6 22,0 17,2 106,1
CA Golfe du Morbihan - Vannes Agglomération A 70 800 7,7 64 350 3,8 27,4 20,2 110,0
CA Saint-Brieuc Armor Agglomération A 65 980 -0,4 58 740 -1,6 27,3 18,4 112,3
CA Quimper Bretagne Occidentale A 54 340 2,9 41 880 -1,6 41,6 24,2 129,8
CA Vitré Communauté B 35 330 6,9 36 940 10,0 28,3 31,4 95,6
CA du Pays de Saint Malo Agglomération A 35 150 4,2 31 120 -2,2 30,6 21,6 112,9
CA Dinan Agglomération D 32 480 7,1 37 820 9,6 24,1 34,8 85,9
CA Lannion-Trégor Communauté B 32 120 -3,9 34 780 -3,5 12,5 19,2 92,3
CC Auray Quiberon Terre Atlantique D 27 000 3,5 32 430 7,4 26,1 38,4 83,3
CA Guingamp-Paimpol Agglomération de l'Armor à l'Argoat B 26 120 -4,4 25 980 -2,6 30,3 29,9 100,5
CA Morlaix Communauté B 23 970 -6,3 23 700 -6,6 25,7 24,8 101,1
CC Loudéac Communauté - Bretagne Centre A 23 430 0,1 20 270 -1,8 35,6 25,6 115,6
CA de Lamballe Terre et Mer D 22 410 8,8 27 640 10,4 29,9 43,2 81,0
CA Fougères Agglomération B 21 310 -5,9 22 210 -1,8 30,1 32,9 96,0
CA Redon Agglomération D 21 110 -1,4 25 410 1,8 25,3 38,0 83,1
CC Pontivy Communauté B 19 920 3,3 18 470 -0,4 34,3 29,1 107,8
CA Quimperlé Communauté D 17 340 1,0 21 720 10,1 26,6 41,4 79,8
CC du Pays de Landerneau-Daoulas E 16 510 7,3 20 280 5,6 48,1 57,7 81,4
CC Ploërmel Communauté B 16 470 3,3 16 520 2,9 32,7 32,9 99,7
CC de l'Oust à Brocéliande B 16 130 -7,9 15 830 -2,4 42,6 41,5 101,9
CC Centre Morbihan Communauté D 15 180 1,2 17 980 9,4 35,3 45,4 84,4
CA Concarneau Cornouaille Agglomération D 14 790 -7,3 18 460 -0,3 30,9 44,7 80,1
CC Haut-Léon Communauté B 12 250 -1,7 12 150 -2,4 33,5 33,0 100,8
CC du Pays de Landivisiau D 12 160 -13,6 13 780 2,0 42,1 48,9 88,2
CC du Pays Bigouden Sud D 10 310 -10,2 12 900 -2,9 25,1 40,2 79,9
CC Pays de Châteaugiron Communauté E 9 900 22,5 12 370 20,0 68,0 74,4 80,0
CC du Pays des Abers E 9 850 6,4 17 280 10,2 37,9 64,6 57,0
CC du Pays d'Iroise E 9 830 7,3 19 460 8,9 30,7 65,0 50,5
CC Côte d'Émeraude B 9 770 4,2 10 670 2,6 40,0 45,1 91,6
CC Bretagne Romantique E 9 710 10,4 14 920 17,1 40,8 61,5 65,1
CC Presqu'île de Crozon-Aulne maritime A 9 690 -4,6 8 610 -1,3 40,8 33,4 112,4
CC Vallons de Haute-Bretagne Communauté E 9 310 5,9 19 410 19,8 35,4 69,0 47,9
CC du Val d'Ille-Aubigné E 9 180 35,6 16 790 20,1 52,9 74,2 54,7
CC Pleyben-Châteaulin-Porzay B 9 140 1,9 9 750 5,6 38,9 42,7 93,7
CC Bretagne porte de Loire Communauté E 8 850 8,8 14 230 11,9 38,1 61,5 62,2
CC du Pays Fouesnantais E 8 520 6,8 10 520 -1,1 47,9 57,8 81,0
CC de Saint-Méen Montauban E 8 480 22,0 11 600 18,9 40,7 56,6 73,1
CC Liffré-Cormier Communauté E 8 170 11,8 12 000 15,2 49,9 65,9 68,1
CC Communauté Lesneven Côte des Légendes E 8 090 1,2 10 800 3,6 42,4 56,8 74,9
CC Arc Sud Bretagne E 7 970 12,9 10 550 14,1 33,9 50,1 75,5
CC de la Roche aux Fées E 7 960 12,8 11 480 17,0 36,3 55,8 69,3
CC Leff Armor Communauté E 7 920 7,7 12 790 10,3 37,1 61,0 61,9
CC Roi Morvan Communauté D 7 750 -8,7 8 620 -6,1 28,9 36,0 89,9
CC Poher communauté A 7 220 1,3 5 720 -6,3 44,1 29,4 126,3
CC Montfort Communauté E 7 170 18,9 11 790 13,1 47,1 67,8 60,8
CC Douarnenez Communauté A 7 090 -11,6 6 330 -15,1 44,6 38,0 112,1
CC Couesnon Marches de Bretagne E 6 930 -1,1 9 130 4,6 36,6 51,9 76,0
CC Questembert Communauté E 6 660 -2,1 9 480 12,0 36,6 55,4 70,3
CC du Pays de Dol et de la Baie du Mont-Saint-Michel E 6 570 2,2 9 350 13,5 32,8 52,8 70,3
CC du Kreiz-Breizh (CCKB) B 6 160 -9,9 6 190 -12,7 30,2 30,6 99,5
CC de Haute-Cornouaille D 4 670 -6,4 5 670 -1,6 39,0 49,7 82,4
CC de Brocéliande E 4 470 36,0 8 220 22,4 46,6 71,0 54,3
CC de Blavet Bellevue Océan E 4 370 22,2 7 300 12,3 60,4 76,3 59,8
CC du Haut Pays Bigouden E 3 870 5,7 7 300 9,6 35,1 65,6 52,9
CC Cap Sizun - Pointe du Raz D 3 770 1,0 4 950 -3,8 22,3 40,9 76,1
CC de Belle-Île-en-Mer B 2 140 9,0 2 120 8,1 5,8 4,9 101,0
CC Monts d'Arrée Communauté E 1 890 -7,8 2 600 -8,0 32,5 51,0 72,5
Typo classe A 624 000 4,6 505 420 1,4 33,9 18,4 123,5
Typo classe B 310 440 -1,0 310 340 -0,7 27,3 27,3 100,0
Typo classe D 188 950 -0,2 227 400 5,1 28,6 40,7 83,1
Typo classe E 182 180 10,5 279 640 12,2 42,6 62,6 65,1
Bretagne 1 305 570 3,3 1 322 800 3,6 32,8 33,7 98,7
  • EPCI au 01/01/2019 classés suivant le nombre décroissant d’emplois.
  • Source : Insee, Recensements de la Population 2006 et 2016 – exploitations complémentaires.

Une concentration de l’emploi dans les grandes agglomérations

La première famille de territoires (type A) (méthodologie) est composée de 10 EPCI plutôt urbains. Elle concentre près de la moitié des emplois bretons (47,8 % en 2016) et se distingue par un taux de couverture de l’emploi dans chaque EPCI supérieur à 110 %. Cela signifie que chacun de ces EPCI compte davantage d’emplois que d’habitants ayant un emploi, que ces derniers travaillent au sein même de cet EPCI ou dans un autre (actifs occupés résidents). Les deux métropoles bretonnes, Rennes et Brest, représentent à elles seules 56,1 % des emplois de cette première famille.

Entre 2006 et 2016, le nombre d’emplois dans ce groupe augmente de 4,6 %. Ces territoires, dynamiques en termes d’emploi, ont ainsi plutôt bien résisté aux difficultés économiques sur la période. Les emplois dans la , qui représentent 70 % du total des emplois, progressent de 5,8 % en 10 ans. Dans le même temps, les autres emplois, ceux de la sphère productive, augmentent de 2,0 %.

Dans cette première famille, la progression de l’emploi entre 2006 et 2016 est plus forte que celle de la population active occupée résidente (+ 1,4 %). Le taux de couverture de l’emploi augmente ainsi, passant de 119,7 % en 2006 à 123,5 % en 2016. En particulier, avec une hausse de l’emploi de 8,4 % sur la période, Rennes métropole se situe au 6e rang des métropoles françaises et détient le taux de couverture de l’emploi le plus élevé de la région (131,0 %).

Cependant, tous les territoires de cette famille n’enregistrent pas les mêmes évolutions de l’emploi. Par exemple, pour Douarnenez Communauté, il baisse fortement en 10 ans (– 11,6 %). Toutefois, le taux de couverture y est de 112,1 % en 2016 (contre 107,6 % en 2006) en raison d’une baisse plus prononcée de la population active occupée (– 15,1 %).

Ces territoires hébergent un volume important d’emplois et attirent, en moyenne, davantage de navetteurs (33,9 % en 2016) que de . Ces derniers ne représentent que 18,4 % des actifs occupés résidents. Le nombre de navetteurs augmente entre 2006 et 2016, plus fortement pour les entrants (+ 3,9 points) que pour les sortants (+ 2,2 points), accentuant le phénomène : le dynamisme de l’emploi dans ces EPCI attire de plus en plus de travailleurs ne résidant pas sur le territoire.

Une forte progression des emplois dans les territoires périurbains

La deuxième famille de territoires (type E) regroupe les EPCI principalement localisés autour des grandes agglomérations, notamment les métropoles de Rennes et Brest. Ces territoires, pour l’essentiel périurbains et résidentiels, comptent moins d’emplois que d’actifs occupés résidents et concentrent seulement 14 % des emplois bretons en 2016. Ils se distinguent ainsi par un taux de navetteurs élevé. Plus de la moitié des actifs occupés travaillent en dehors de l’EPCI de leur lieu de résidence.

Les intercommunalités de cette famille sont les plus dynamiques en termes d’emploi entre 2006 et 2016, leur nombre d’emplois augmentant en moyenne de 10,5 %. La hausse est particulièrement forte dans la sphère présentielle (+ 16,4 %).

Les communautés de communes de Brocéliande et du Val d’Ille-Aubigné se distinguent en enregistrant les plus fortes progressions du nombre d’emplois en Bretagne en 10 ans (respectivement + 36,0 % et + 35,6 %).

Cependant, les volumes d’emploi restent faibles, et la population active résidente y progresse encore plus vite (+ 12,2 %). Par conséquent, le taux de couverture de l’emploi y est de 65,1 % en 2016 contre 66,2 % en 2006.

Ces effets conjugués se traduisent par une hausse du nombre de navetteurs. En dix ans, la part des navetteurs entrants progresse en moyenne de 4,6 points pour atteindre 42,6 % en 2016, en lien avec la hausse importante de l’emploi. Dans le même temps, celle des sortants croît de 3,7 points, atteignant 62,6 %. Elle dépasse même 70 % dans les communautés de communes de Blavet Bellevue Océan, du Pays de Châteaugiron, du Val d’Ille-Aubigné et de Brocéliande.

Une quasi stabilité de l’emploi dans les territoires plus éloignés des grandes villes

La troisième famille d’intercommunalités (type D) est composée principalement de territoires impactés par l’étalement urbain. À l’instar des EPCI du groupe périurbain, ceux de cette famille regroupent moins d’emplois que d’actifs occupés résidents et concentrent 14,5 % des emplois régionaux en 2016. Ces territoires plutôt résidentiels présentent toutefois un taux de couverture de 83,1 %, bien supérieur à celui des territoires périurbains.

Le nombre d’emplois y est relativement stable entre 2006 et 2016. La hausse de 6,7 % du nombre d’emplois de la sphère présentielle ne compense pas intégralement la diminution de 9,8 % dans la sphère productive.

Les évolutions du nombre d’emplois diffèrent largement selon les EPCI. Ainsi, des hausses importantes sont observées dans les communautés d’agglomération de Lamballe Terre et Mer (+ 8,8 %) et de Dinan Agglomération (+ 7,1 %) alors que des baisses significatives sont constatées dans les communautés de communes du Pays Bigouden Sud (– 10,2 %) et du Pays de Landivisiau (– 13,6 %).

La croissance démographique de la plupart de ces territoires y engendre une nette baisse du taux de couverture de l’emploi (de 87,5 % en 2006 à 83,1 % en 2016).

Par conséquent, la part des navetteurs sortants progresse fortement, de 34,4 % en 2006 à 40,7 % en 2016. L’augmentation est plus limitée pour les navetteurs entrants (+ 3,5 points). En 2016, ces derniers occupent 28,6 % des emplois.

Un emploi par actif dans les territoires les plus éloignés des villes

La dernière famille d’intercommunalités observable dans la région (type B) regroupe près d’un quart des emplois régionaux (23,8 % en 2016). Hormis Lorient Agglomération qui concentre à lui seul 25,6 % des emplois des EPCI de cette famille, ces territoires sont souvent éloignés des principales agglomérations, avec un nombre d’emplois proche du nombre d’actifs occupés résidents. Ces emplois sont avant tout destinés aux populations résidentes.

Le nombre d’emplois y diminue de 1 % entre 2006 et 2016, soit une perte de plus de 3 000 emplois. Alors que l’emploi progresse dans la sphère présentielle (+ 1,6 %), il se contracte de 5,1 % dans la sphère productive.

Dans cette dernière famille d’intercommunalités, le taux de couverture de l’emploi est relativement stable (100,4 % en 2006 et 100,0 % en 2016). Au sein de chaque EPCI, les évolutions démographiques et de l’emploi sont assez proches. Des différences notables d’évolution existent néanmoins entre les EPCI. Si l’emploi progresse dans les communautés de communes de Vitré (+ 6,9 %) et de la Côte d’Émeraude (+ 4,2 %), il est en forte baisse dans celles du Kreiz-Breizh (– 9,9 %) et de l’Oust à Brocéliande ( – 7,9 %).

Le nombre de navetteurs est en hausse, à la fois en entrée et en sortie, mais leur part reste relativement faible. Ainsi, en 2016, 73 % des emplois sont occupés par des actifs qui résident dans le même EPCI que celui de leur lieu de travail.

Pour comprendre

Dans cette étude, l’emploi est mesuré à partir des déclarations des personnes au recensement de la population. Les résultats peuvent différer de ceux fournis par les sources administratives issues des déclarations sociales des employeurs : cela s’explique en général par les différences de méthode, de champ et de concepts.

Par exemple, les emplois occupés en France par des actifs résidant à l’étranger ne sont pas comptabilisés dans le recensement. Par ailleurs, le recensement étant construit à partir de cinq enquêtes successives, les évolutions de l’emploi sont lissées sur cinq ans, ce qui n’est pas le cas des estimations issues de sources administratives.

Toutefois, sur la période 2004-2014, l’écart entre les enquêtes annuelles de recensement (EAR) et les estimations d’emploi était assez stable. Depuis l’EAR de 2015, prise en compte pour l’établissement des résultats du recensement des années 2013 et postérieures, cet écart augmente. Cet accroissement coïncide avec l’introduction de la possibilité de répondre au recensement par internet.

Les évolutions du nombre d’emplois mesurées à partir du recensement de la population sur des périodes allant au-delà de l’année 2012 sont ainsi plus faibles que celles issues des sources administratives, peut-être en raison d’un effet de mode de collecte. Il faut donc être prudent dans l’interprétation de ces évolutions.

Sources

Recensements de la population 2006 et 2016 – exploitations complémentaires.

Le recensement de la population permet de connaître la population à une échelle locale. Il fournit également la commune de résidence, la commune du lieu de travail ainsi que des statistiques sur l’emploi, les secteurs d’activité et les professions exercées.

Les limites territoriales des communes et des EPCI sont celles en vigueur au 1er janvier 2019, aussi bien pour les données 2006 que pour les données 2016.

Définitions

Taux de couverture de l’emploi : rapport entre le nombre d’emplois (au lieu de travail) et le nombre d’actifs occupés (au lieu de résidence).

La sphère présentielle représente les activités mises en œuvre localement visant à satisfaire les besoins des personnes résidentes et des touristes.

Dans cette publication :

  • Les actifs sont les personnes ayant déclaré avoir un emploi (en France ou à l’étranger), comptabilisées au lieu de résidence.
  • Les emplois correspondent aux personnes ayant déclaré avoir un emploi dans le formulaire de recensement (et donc résidant en France), comptabilisées au lieu de travail. Il s’agit d’un emploi déclaratif et non de l’emploi au sens du Bureau International du Travail (BIT) mesuré grâce à l’enquête emploi.
  • Les navetteurs sont les personnes dont l’EPCI de résidence est différent de l’EPCI de travail.

EPCI : Les Établissements Publics de Coopération Intercommunale à fiscalité propre, au nombre de 59 pour la Bretagne, se répartissent en trois catégories : métropoles, communautés d’agglomération et communautés de communes.

Taux d’entrée : rapport entre le nombre de navetteurs entrants et le nombre d’emplois (au lieu de travail).

Taux de sortie : rapport entre le nombre de navetteurs sortants et le nombre d’actifs occupés (au lieu de résidence).

La sphère productive concerne les activités visant la production de biens majoritairement consommés hors de la zone et les activités de services tournées principalement vers les entreprises de cette sphère.

Champ

Typologie des EPCI

En croisant le taux de couverture et le taux de sortie, cinq types d’EPCI peuvent être identifiés :

Plus d’emplois que d’actifs

Type A : Ils ont un taux de couverture de l’emploi supérieur à 110 % et l’intensité des sorties est inférieure à 50 %.

Nombre d’emplois proche de celui des actifs

Type B : Ils ont un taux de couverture de l’emploi compris entre 90 % et 110 % et un taux de sortie inférieur à 50 %.

Type C : Ils ont un taux de couverture de l’emploi supérieur à 90 % et un taux de sortie supérieur à 50 %.

Nombre d’emplois inférieur à celui des actifs

Type D : Ils ont un taux de couverture de l’emploi inférieur à 90 % et un taux de sortie inférieur à 50 %.

Type E : Ils ont un taux de couverture de l’emploi inférieur à 90 % et un taux de sortie supérieur à 50 %.

À noter qu’aucun EPCI de type C n’est présent en Bretagne.

Pour en savoir plus

Les emplois se concentrent très progressivement sur le territoire, les déplacements domicile-travail augmentent / Robert Reynard, Vincent Vallès (Insee). Dans : Insee Première n° 1 771 (2019, septembre).

Les façades atlantique et méditerranéenne conjuguent dynamisme de la population et de l’emploi / David Desrivierre (Insee). Dans : Insee Première n° 1 752 (2019, avril).

Démographie des EPCI : la croissance se concentre dans et au plus près des métropoles / Vincent Vallès (Insee). Dans : Insee Première n° 1 729 (2019, janvier).

Plus d’habitants en 2016 qu’en 2011 dans les trois quarts des EPCI bretons / Muriel Cazenave (Insee). Dans : Insee Flash Bretagne n° 49 (2019, janvier).