Les emplois se concentrent très progressivement sur le territoire, les déplacements domicile-travail augmentent

Entre 2006 et 2016, l’emploi augmente en moyenne de 0,5 % par an dans les métropoles (sources), alors qu’il stagne dans les autres types d’établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) : communautés urbaines, communautés d’agglomération et communautés de communes (encadré, figure 1).

Au-delà de ces évolutions moyennes, au sein de chaque catégorie d’EPCI, les résultats sont contrastés. Dans deux métropoles, celles de Metz et Saint-Étienne, le nombre d’emplois diminue de plus de 0,2 % par an. En revanche, les métropoles de Montpellier, Toulouse, Nantes et Bordeaux sont les plus dynamiques avec une croissance de l’emploi qui atteint ou dépasse 1,0 % par an.

L’emploi augmente de plus de 0,2 % par an dans un tiers des communautés d’agglomération et des communautés de communes (figure 2). Cette part est plus faible pour les intercommunalités les plus rurales et les moins peuplées.

À l’échelle des EPCI, le phénomène de concentration des emplois se poursuit très progressivement depuis 2006 (figure 3). Il s’observe principalement par une forte augmentation du nombre d’emplois dans neuf grandes métropoles (Paris, Toulouse, Lyon, Nantes, Bordeaux, Montpellier, Marseille, Rennes, Lille). Dans ces métropoles, l’emploi augmente en moyenne de plus de 0,4 % par an, soit plus rapidement qu’au niveau national. En 2016, ces neuf métropoles hébergent 29 % des emplois, contre 27 % en 2006.

Cette concentration de l’emploi dans les grandes métropoles résulte uniquement d’une concentration des emplois de la sphère productive. Cette sphère change de nature, car elle regroupe de moins en moins d’emplois agricoles ou de fabrication industrielle et davantage de fonctions de production immatérielle (recherche, gestion, prestations intellectuelles) et de services aux entreprises. Or ces activités ont tendance à se regrouper dans quelques très grandes agglomérations. Les neuf métropoles regroupent 30 % des emplois de la sphère productive en 2016, contre 27 % en 2006. De son côté, la concentration globale des emplois de la sphère présentielle, celle qui vise la satisfaction des besoins des personnes présentes sur le territoire, évolue très peu. Elle suit les évolutions démographiques. Sur la même période, la concentration de la population est plus faible et reste stable.

Pour les neuf métropoles ayant connu la plus forte croissance d’emploi entre 2006 et 2016, cette croissance s’explique conjointement par une augmentation du nombre d’emplois dans la sphère productive et dans la sphère présentielle, sauf pour Lille où la sphère productive est en repli (figure 4). Le nombre d’actifs occupés augmente également dans ces neuf métropoles, mais en général moins vite que le nombre d’emplois. Par conséquent, le rapport entre le nombre d’emplois localisés dans la métropole et le nombre d’actifs occupés qui y résident, ou taux de couverture de l’emploi, progresse. Bien entendu, ce taux dépend de la nature de l’EPCI (pôle d’activités, espace résidentiel ou isolé), mais également de son étendue géographique. Le taux de couverture de l’emploi est en général élevé pour ces métropoles (proche ou supérieur à 120 %), sauf pour celle de Marseille (105 %). Le cas particulier de la métropole d’Aix-Marseille-Provence tient à son périmètre très étendu qui englobe la totalité de son espace péri-urbain.

Pour six des neuf métropoles précitées, la croissance de l’emploi se diffuse sur les EPCI alentour. Les intercommunalités localisées à moins de 80 kilomètres de ces métropoles enregistrent en moyenne une croissance d’emploi supérieure à la moyenne nationale, même si elle est le plus souvent inférieure à celle de la métropole elle-même. Cette croissance en périphérie s’explique principalement par l’augmentation du nombre d’emplois dans la sphère présentielle. En effet, dans ces EPCI, notamment les plus proches, la population s’accroît sous l’effet de la péri-urbanisation. La croissance démographique s’accompagne d’une augmentation des emplois de services à la population. En revanche, les emplois de la sphère productive augmentent de façon plus modérée, ils diminuent dans les EPCI situés autour de certaines métropoles (Lille, Paris et Lyon).

Dans le reste du territoire national, qui comprend près de 1 000 EPCI éloignés des grandes métropoles dynamiques, l’emploi reste stable entre 2006 et 2016. Cependant, la croissance de l’emploi est supérieure à 0,2 % dans environ un tiers de ces EPCI. En premier lieu, plusieurs intercommunalités des DOM sont dans cette situation, notamment à La Réunion (croissance annuelle de l’emploi de 1,5 % sur la période) et en Guyane (+ 1,8 %). Il en est de même pour tous les EPCI de Corse. En France continentale, l’emploi progresse dans certains territoires, comme dans les EPCI des zones frontalières (notamment à proximité de la Suisse). En effet, les emplois de la sphère présentielle s’y développent, en lien avec la croissance démographique. Il en est de même pour certains EPCI du littoral atlantique ou méditerranéen, qui, outre leur dynamisme démographique, bénéficient également du tourisme.

La localisation des emplois et des actifs diffère. Les lieux de résidence restent liés à une pluralité de facteurs : capacité financière des ménages, recherche d’une meilleure qualité de vie, prix de l’immobilier, offre parfois insuffisante de logements, etc. En 2016, environ 9 millions d’actifs travaillent hors de leur EPCI de résidence, soit un tiers des actifs ayant un emploi. Parmi eux, 412 500 franchissent quotidiennement la frontière nationale pour aller travailler, soit 1,5 % des résidents ayant un emploi.

Les déplacements se font essentiellement entre EPCI voisins. En France continentale, 25 % des navettes domicile-travail lient des EPCI situés à moins de 20 kilomètres et 45 % entre 20 et moins de 40 kilomètres. Seul un trajet sur dix est réalisé entre deux EPCI séparés de 80 kilomètres ou plus. Localement, les contours des EPCI, surtout lorsqu’ils séparent des zones d’activités et des zones résidentielles, sont aussi un élément déterminant l’ampleur des navettes.

En 2016, le taux de sortie atteint ou dépasse 50 % dans près de la moitié des EPCI (figure 5). Tous ces EPCI sont proches d’un EPCI offrant un nombre d’emplois supérieur au nombre d’actifs occupés résidents. Les taux de sortie restent plus faibles dans les EPCI éloignés des principaux pôles d’emplois, dans le Sud de la France et les anciennes régions Champagne-Ardenne et Bourgogne.