Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-AlpesBilan économique 2018 - Auvergne-Rhône-Alpes

En 2018, l’économie poursuit sa dynamique en Auvergne-Rhône-Alpes, sur la lancée de l’année précédente. L’emploi salarié continue de croître et le chômage poursuit son recul. Les créations d'entreprises atteignent un nouveau record et concernent tous les secteurs. Celui de la construction est cependant marqué par un repli du secteur résidentiel. Le transport est dynamique avec un trafic routier et aérien à nouveau en hausse. La fréquentation touristique de la région reste très élevée, avec toutefois une augmentation plus modérée qu’en 2017. Le bilan est plus contrasté pour l’agriculture, en lien avec des conditions climatiques difficiles.

Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes
No 18
Paru le :Paru le06/06/2019
David Drosne, Draaf Auvergne-Rhône-Alpes
Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes No 18- Juin 2019

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2018 publiés par l'Insee.
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Conjoncture agricole - De nombreuses productions marquées par une météo atypique Bilan économique 2018

David Drosne, Draaf Auvergne-Rhône-Alpes

En 2018, l’hiver et le printemps sont humides tandis que l'été et l'automne sont très secs et chauds. Les cours des céréales remontent enfin. Les prairies ne poussent plus à partir de juillet. La vendange est belle mais les fruits et légumes pâtissent d’un printemps pluvieux. Les coûts de production sont en hausse et le porc et les bovins de boucherie peinent à être valorisés à des cours rémunérateurs.

Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes

No 18

Paru le :06/06/2019

Après un hiver et un printemps arrosés, la pluviométrie devient déficitaire à partir du mois de juin. À l'exception de février, les températures sont supérieures aux normales et l’été caniculaire amplifie le déficit hydrique pour les cultures. Les pluies ne font leur retour qu'en novembre. La région subit neuf mois chauds consécutifs, séquence inédite depuis plus d’un siècle (figure 1).

Figure 1Une année chaude et sèche au second semestreÉcart de la pulviométrie et des températures 2018 par rapport aux normes saisonnières

Une année chaude et sèche au second semestre
Écart pluviométrie (mm) Écart température (°C)
Janv 73 4,1
Févr -15 -2,3
Mars 59 -0,1
Avr -28 3,3
Mai 13 1,2
Juin -12 1,5
Juil -7 2,0
Août -16 2,0
Sept -74 2,5
Oct -11 0,9
Nov 10 1,6
Déc 0 2,0
  • Source : Météo France

Figure 1Une année chaude et sèche au second semestreÉcart de la pulviométrie et des températures 2018 par rapport aux normes saisonnières

  • Source : Météo France

Grandes cultures et fourrage : des prix en hausse mais une production en baisse

La production régionale de céréales est 11 % inférieure à la moyenne quinquennale, du fait de rendements assez moyens et d'une surface en baisse de 3 % sur un an. Si la pluie de printemps est favorable à la croissance des céréales à paille, elle provoque aussi des maladies. Le colza souffre des fortes gelées de fin février. La sécheresse affecte le maïs non irrigué et la betterave. Confrontée par ailleurs au prix bas du sucre et à des problèmes sanitaires, cette dernière pourrait voir ses surfaces diminuer de plus de 13 % en 2019.

Figure 2Prix du blé et du maïs en augmentationCotation du blé tendre et du maïs grain

en euro/tonne
Prix du blé et du maïs en augmentation (en euro/tonne)
campagnes Blé Maïs
2012/2013 245,66 229,25
2013/2014 192,40 168,18
2014/2015 173,63 145,02
2015/2016 155,32 152,84
2016/2017 162,05 158,61
2017/2018 157,35 149,21
2018-2019 (8 mois) 198,35 169,63
  • Note de lecture : les campagnes portent sur les périodes du 1er juillet au 30 juin de l’année suivante.
  • * Pour la campagne 2018/2019, les données ne sont disponibles que sur 8 mois (jusqu’au mois de février 2019)
  • Source : FranceAgriMer, La Dépêche

Figure 2Prix du blé et du maïs en augmentationCotation du blé tendre et du maïs grain

  • Note de lecture : les campagnes portent sur les périodes du 1er juillet au 30 juin de l’année suivante.
  • * Pour la campagne 2018/2019, les données ne sont disponibles que sur 8 mois (jusqu’au mois de février 2019)
  • Source : FranceAgriMer, La Dépêche

Les coupes printanières de fourrage sont satisfaisantes mais les prairies cessent de pousser à partir de fin juin du fait de la chaleur et la sécheresse. Les réserves hivernales doivent être entamées dès l'été pour nourrir les animaux.

Vendange abondante et de belle qualité

Hormis des attaques de mildiou au printemps, la vigne présente un bel état sanitaire. Les vendanges se déroulent dans des conditions climatiques optimales. La récolte est 38 % supérieure à 2017 et 11 % supérieure à la moyenne quinquennale.

Les ventes sont dynamiques au 1er semestre mais plus attentistes en fin d’année, les acheteurs ayant conscience de l'abondance des volumes disponibles. L’année 2018 s’achève sur des prix en légère baisse (figure 3).

Figure 3Une campagne vinicole 2018/2019 plus difficilePrix des millésimes de l'année précédente relevés en février - transactions en vrac

€/hl
Une campagne vinicole 2018/2019 plus difficile (€/hl)
Côtes du Rhône régional rouge Beaujolais crus Beaujolais génériques rouges
2011 110,3 247,6 162,5
2012 110,0 245,2 162,8
2013 115,4 311,5 228,2
2014 137,9 309,7 213,9
2015 138,8 286,6 213,5
2016 142,9 296,8 195,1
2017 140,2 298,8 195,0
2018 165,4 301,3 193,3
2019 159,7 286,4 179,5
  • source : UIVB - Inter-Rhône

Figure 3Une campagne vinicole 2018/2019 plus difficilePrix des millésimes de l'année précédente relevés en février - transactions en vrac

  • source : UIVB - Inter-Rhône

Des conditions climatiques peu favorables aux fruits et légumes, des prix en hausse

Le gel important de fin février brûle de nombreux bourgeons et affecte la production d'abricots et de pêches nectarines dont les rendements baissent respectivement de 38 % et 15 % par rapport à la moyenne quinquennale. La production de cerises souffre d’un excès d’eau en mai et d’attaques par la drosophile. Elles sont de piètre qualité gustative et ne se conservent pas.

Face à ces récoltes médiocres, les cours des fruits et légumes sont élevés (+ 14 % en poireau, + 16 % en laitue, + 18 % en pêche au stade expédition par rapport aux prix moyens quinquennaux).

Une année correcte pour les éleveurs laitiers

Les prix du lait se maintiennent à une moyenne de 0,35 €/l, en légère hausse sur un an, hors lait des départements savoyards (figure 4). Celui-ci, destiné principalement aux fromages AOP, connaît une évolution similaire. La collecte de lait bio augmente de 68 % en un an, suite à la fin de la période de conversion d'un grand nombre d’éleveurs, dans un contexte de prix toujours rémunérateurs.

Figure 4Une bonne valorisation du laitLivraison et prix moyen du lait de vache payé au producteur (hors Savoie et Haute-Savoie)

Une bonne valorisation du lait
Livraisons (Millions de L) Prix (€/L)
2016 195 0,32146
186 0,31542
197 0,32182
197 0,30138
200 0,29535
176 0,29283
168 0,29661
161 0,30621
153 0,31392
162 0,3285
158 0,32706
175 0,3343
2017 182 0,35008
171 0,34363
193 0,34097
193 0,32609
194 0,32528
171 0,32664
165 0,3473
161 0,35996
158 0,37782
171 0,37679
168 0,37562
183 0,3734
2018 194 0,35999
177 0,35604
197 0,35288
194 0,33028
196 0,32717
173 0,33272
167 0,34902
160 0,36231
153 0,37661
161 0,38061
158 0,37292
174 0,36952
  • Source Enquête mensuelle SSP- FranceAgriMer - extraction du 07-03-2019

Figure 4Une bonne valorisation du laitLivraison et prix moyen du lait de vache payé au producteur (hors Savoie et Haute-Savoie)

  • Source Enquête mensuelle SSP- FranceAgriMer - extraction du 07-03-2019

Le prix du beurre n’a pas atteint les valeurs extrêmes de 2017 où le marché avait connu un déséquilibre allant jusqu'à un début de pénurie. La poudre maigre de lait (co-produit de la fabrication du beurre) finit l'année à un cours permettant un bon écoulement du produit et un rééquilibrage des marchés.

Prix bas et marché compliqué pour le porc, stabilité en bovins maigres

Le marché du porc est compliqué, écartelé entre la peste porcine, le conflit commercial entre la Chine et les États-Unis, la production européenne et une consommation française morose. La hausse saisonnière de prix en été n’a pas eu lieu et la filière s’inquiète. Avec une hausse des exportations vers la Chine début 2019 et une offre européenne qui se réduit, les perspectives s’améliorent.

Les bovins maigres, principalement destinés à l'export, sont recherchés et les prix progressent. Inversement, les bovins de boucherie affluent sur le marché et les prix demeurent bas toute l’année (figure 5).

Figure 5Tendances opposées entre bovins maigres et bovins de boucherieÉvolution des cotations annuelles des bovins maigres et des bovins de boucherie (zone Centre-Est)

Tendances opposées entre bovins maigres et bovins de boucherie
2016 2017 2018
Bovins viande (€/kg vif) Mâle croisé U 400 kgs 2,48 2,59 2,66
Bovins viande (€/kg vif) Mâle Salers R 400 kgs 2,15 2,21 2,23
Bovins viande (€/kg vif) Mâle charolais U 400 kgs 2,46 2,63 2,69
Bovins maigres (€/kg de carcasse) Vache R 3,68 3,74 3,65
Bovins maigres (€/kg de carcasse) Vache mixte O 3,14 3,24 3,23
Bovins maigres (€/kg de carcasse) Jeune bovin viande R 3,65 3,81 3,73
  • Sources : Commissions de cotation des bovins maigres de Clermont-Ferrand et de Dijon - FranceAgriMer

Figure 5Tendances opposées entre bovins maigres et bovins de boucherieÉvolution des cotations annuelles des bovins maigres et des bovins de boucherie (zone Centre-Est)

  • Sources : Commissions de cotation des bovins maigres de Clermont-Ferrand et de Dijon - FranceAgriMer

La consommation d’œufs augmente de 0,6 % et s’oriente vers davantage de qualité. Elle est ainsi en baisse de 5 % pour les œufs provenant de poules en cage au bénéfice de ceux issus de poules au sol (+ 10 %) ou de plein air (+ 8 %). Les prix retrouvent les niveaux d’avant le scandale du fipronil en 2017.