Croissance solide Note de conjoncture - juin 2017

Vladimir Passeron - Dorian Roucher - Clément Rousset - Anne-Marie Stoliaroff-Pépin

Une analyse de la situation et des perspectives à court terme de l’économie française et de son environnement international, en deux dossiers, vingt-et-une fiches thématiques et des éclairages sur des questions d’actualité. Pour cette édition de juin 2017, l’horizon de prévision s’étend jusqu’au quatrième trimestre de l’année.

Charles-Julien Giraud et Benjamin Quévat
Note de conjoncture- Juin 2017
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Pourquoi la croissance de l’Italie a-t-elle décroché depuis 2000 comparée à la France ?

Charles-Julien Giraud et Benjamin Quévat

Jusqu’en 2000, les économies française et italienne progressaient à des rythmes très proches, dans les phases de croissance comme dans celles de crise. Depuis, l’écart entre l’activité des deux pays augmente chaque année en faveur de la France. Cet écart se creuse alors que la France et l’Italie restent deux pays très comparables : ils sont limitrophes, de taille et de population voisines. Ces économies utilisent la même monnaie, présentent une structure de l’offre comme de la demande très proches, sont intégrées dans un même marché commun et partagent le même modèle social.

L’écart de croissance annuelle moyenne depuis 2000 est de 1,0 point de PIB et ce décrochage est commun à quasiment toutes les branches d’activité. Une partie de cet écart provient du décalage conjoncturel lié à la crise des dettes souveraines, dont l’impact a été nettement plus puissant et durable en Italie. En dehors de cet effet, la différence de croissance potentielle entre la France et l’Italie reste de 0,8 point par an.

Plusieurs facteurs se conjuguent pour expliquer cet écart. La dynamique démographique italienne, caractérisée par un vieillissement plus rapide et une fécondité plus faible, y contribue pour 0,2 point en moyenne sur la période.

Une part de l’écart peut aussi résulter de différences de mesure. Les méthodes choisies par les comptables nationaux français et italiens divergent parfois. C’est notamment le cas du partage volume-prix de certains postes de la consommation ou de l’investissement, que ce soit pour des biens d’équipement ou pour des services (loyers, téléphonie, logiciels et bases de données). Au total, environ 0,2 point de PIB serait attribuable à ces différences de méthodes.

Corrigé de ces différences de mesure et de l’effet de la démographie, l’écart de croissance potentielle se réduirait à 0,4 point de PIB en moyenne par an, ce qui reste important. L’absence totale de gains de productivité en Italie est très surprenante. Dans certaines branches, comme les services aux entreprises, la productivité italienne est ainsi en fort et constant recul depuis 2000. Les arguments listés dans la littérature (taux de recherche-développement, qualification de la population active, organisation institutionnelle, structure de l’actionnariat, inégalités régionales) ne semblent pas en mesure d’expliquer l’ampleur du décrochage, à la fois dans le temps – depuis 2000 – et dans l’espace – par rapport à tous ses voisins européens et singulièrement la France.

Note de conjoncture

Paru le :20/06/2017