Croissance solide Note de conjoncture - juin 2017
Une analyse de la situation et des perspectives à court terme de l’économie française et de son environnement international, en deux dossiers, vingt-et-une fiches thématiques et des éclairages sur des questions d’actualité. Pour cette édition de juin 2017, l’horizon de prévision s’étend jusqu’au quatrième trimestre de l’année.
En 2017, le taux d’ouverture de l’économie mondiale se redresserait enfin
David Berthier, Brieuc Monfort et Anne-Marie Stoliaroff-Pépin
En 2016, le commerce mondial a de nouveau décéléré (+1,5 % en volume après +2,5 %), atteignant sa croissance la plus faible depuis la crise de 2008-2009. Depuis 2012, le commerce mondial a progressé en moyenne de 2,7 % par an, contre +5,9 % par an entre 1986 et 2011. Il a donc augmenté légèrement moins vite que l’activité mondiale au cours des cinq dernières années (+3,0 % en moyenne), alors qu’il progressait près de deux fois plus vite avant crise. Ainsi, le taux d’ouverture mondial, qui rapporte les importations à l’activité, a légèrement baissé depuis 2011, alors qu’il progressait tendanciellement tout au long des deux décennies qui ont précédé la grande crise.
Plusieurs pistes peuvent être avancées pour expliquer cette inflexion. Il pourrait s’agir d’abord d’un effet de composition de la demande finale : le ralentissement des postes ayant un fort contenu en importations, notamment l’investissement des entreprises, aurait plus pesé sur les échanges. Il pourrait aussi y avoir un effet de composition géographique de la croissance mondiale, les zones les plus ouvertes ayant le plus fortement ralenti. Enfin, la tendance à l’ouverture des économies a pu s’infléchir car les économies ne participeraient plus autant qu’avant au processus de fragmentation internationale des chaînes de valeurs. Ces explications ne s’excluent pas mutuellement et dépassent une simple opposition entre facteurs conjoncturels et structurels.
Une modélisation à partir d’un panel de données macroéconomiques internationales sur 19 pays permet de quantifier les effets de ces différents facteurs. Pour l’ensemble de ces pays, l’inflexion du taux d’ouverture depuis 2011 proviendrait ainsi avant tout d’un arrêt dans le processus d’intégration des chaînes de valeur mondiales, qui l’expliquerait pour près de moitié. Deuxième facteur notable, le changement de la composition géographique des échanges expliquerait un peu plus d’un tiers de l’inflexion du taux d’ouverture. L’effet de la composition de la demande serait en revanche plus faible sur le ralentissement du taux d’ouverture.
Cette modélisation conduit à anticiper un redressement du taux d’ouverture mondial en 2017. En effet, la contribution du processus d’internationalisation des chaînes de valeur s’annonce plus favorable au taux d’ouverture, comme le suggère notamment la reprise récente du commerce extérieur lié à l’assemblage dans les données douanières chinoises. De plus, l’activité mondiale accélérerait en 2017, tout particulièrement l’investissement des entreprises, entraînant un fort rebond des échanges mondiaux.
Note de conjoncture
Paru le :20/06/2017