Insee Conjoncture MartiniqueBilan économique 2016 - Martinique

Les voyants de l'économie martiniquaise restent au vert en 2016. Le chômage baisse et l’emploi salarié progresse. La situation financière des ménages est satisfaisante ; l’encours sain de crédit augmente de 3,4 % en raison des taux d’intérêt en baisse. Les consommateurs ont par ailleurs profité d’une inflation quasi nulle (– 0,2 %) et d’une baisse du prix des carburants. Cependant, la baisse du prix du pétrole a entrainé une chute de 13 % des exportations martiniquaises.

Insee Conjoncture Martinique
No 3
Paru le :Paru le23/05/2017
Jean-Baptiste Berry, Clémentine Garandeau, Insee
Insee Conjoncture Martinique No 3- Mai 2017
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Commerce extérieur - Recul des échanges commerciaux en valeur Bilan économique 2016

Jean-Baptiste Berry, Clémentine Garandeau, Insee

Le commerce extérieur de la Martinique est en recul en 2016, après le léger retrait de 2015 : cette moindre activité relève d’une part, d’un retrait en valeur des importations de 3 % avec comme cause première la faiblesse des prix du pétrole, et d’autre part, d’un recul des importations à hauteur de 13 % pour la même raison. Ce recul s’effectue dans un contexte de contraction de l’activité économique dans la zone Amérique Latine et Caraïbe. La croissance des échanges mondiaux en 2016 est la plus faible depuis 2009, du fait de l’atonie des importations américaines et émergentes.

Insee Conjoncture Martinique

No 3

Paru le :23/05/2017

Les importations en 2016 : reflet des prix du pétrole en retrait et du déstockage

En 2016, la poursuite du recul des prix des produits pétroliers en moyenne annuelle a diminué mécaniquement la facture des importations comme des exportations de ces produits. En retrait de plus de 35 %, les importations de produits pétroliers brut s’élèvent à 185 millions d’euros, en provenance de Norvège notamment. Par ailleurs, les faibles prix des produits pétroliers ont également un effet sur les factures des importations et exportations des produits pétroliers raffinés : – 9 % pour l’importation de ces produits et presque 30 % de baisse pour leurs exportations. En outre, les déstockages de produits pétroliers pèseraient sur le dynamisme des échanges en 2016.

Avec une demande des ménages en progression modérée du fait notamment de la faiblesse du dynamisme démographique, les importations de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac sont en recul de 1 %. La demande intérieure des entreprises en biens d’investissement comme en matériel de transport progresserait en 2016 : les importations de biens d’équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique sont en légère hausse de 1 % à hauteur de 445 millions d’euros ; les importations adressées à l’industrie automobile sont en hausse de 4 % : 315 millions d’euro en 2015.

La métropole, avec 58 % du montant des importations, reste le principal partenaire de la Martinique en 2016. Derrière la métropole, les pays de l'Union européenne et les États-Unis restent en deuxième et troisième position, et représentent respectivement 20 % et 5 % des importations. Les échanges avec les pays de la zone Caraïbes restent relativement faibles en 2016 pour moins de 70 millions d’euros. Les importations de marchandises en provenance de la Chine progressent à près de 80 millions d’euros.

Les exportations en retrait de 13 %

En 2016, les exportations de marchandises sont en baisse de 13 % en valeur. La plus grande contribution à cette baisse vient des produits pétroliers raffinés et trouve sa principale explication dans le repli des prix du pétrole. Après une année 2015 dynamique, les ventes de produits de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche sont en recul de 13 % en 2016.

Les exportations vers la métropole, la Guadeloupe et la Guyane restent dominantes : elles représentent 90 % des exportations, essentiellement composées de pétrole raffiné.

Figure_1Chiffres clésÉvolution des importations et exportations de la Martinique de 2011 à 2016 (en millions d'euros)

Chiffres clés -
2011 2012 2013 2014 2015 2016
Importations 2792 2813 2 730 2 774 2 709 2 631
Exportations 329 424 402 581 504 441
Solde des échanges de biens -2463 -2389 -2 328 -2 193 -2 205 -2 190
  • Source : Douanes, calculs Insee.

Figure 2Ajustement des exportations de produits pétroliers vers la consommation interneMontants et évolutions des importations et des exportations par activité

En % et millions d'euros
Ajustement des exportations de produits pétroliers vers la consommation interne (En % et millions d'euros) -
Importations Exportations
Valeur Évolution en 2016 Valeur Évolution en 2016
AZ - Agriculture, sylviculture et pêche 51,8 0,2 83,4 -13,1
DE - Hydrocarbures naturels, autres produits des industries extractives, éléctricité, déchets 186,5 -37,5 7,4 -31,7
C1 - Denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac 408,3 -0,7 73,5 17,9
C2 - Produits pétroliers raffinés et coke 248,3 -9,1 196,6 -29,3
C3 - Équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique 445,8 0,7 11,3 -1,8
C4 - Matériels de transport 345,6 5,5 38,7 148,8
dont industrie automobile 315,5 3,9 6,9 -31,0
C5 - Autres produits industriels 922,9 4,5 28,8 0,9
dont pharmacie 156,0 9,3 1,6 -5,0
Autres 22,0 2,0 1,5 19,2
Total 2 631,2 -2,9 441,1 -12,5
  • Source : Douanes, calculs Insee.

Figure 3Repli des exportations régionales en faveur de l'hexagoneRépartition des exportations selon leur destination de 2010 à 2015

en millions d'euros
Repli des exportations régionales en faveur de l'hexagone (en millions d'euros) -
Guadeloupe France métropolitaine Guyane Etats-Unis Caraïbe hors ACP Caraïbe ACP Union européenne hors France
2011 66 155 73 9 1 3 16
2012 119 164 104 15 2 4 10
2013 73 157 114 23 4 6 7
2014 175 166 149 39 19 8 5
2015 140 172 134 14 9 10 4
2016 111 182 108 14 1 4 7
  • Source : Douanes, calculs Insee.

Figure 3Repli des exportations régionales en faveur de l'hexagoneRépartition des exportations selon leur destination de 2010 à 2015

  • Source : Douanes, calculs Insee.

Figure 4Le volume total des importations poursuit son reculRépartition des importations selon leur origine de 2011 à 2016

en millions d'euros
Le volume total des importations poursuit son recul (en millions d'euros) -
France métropolitaine Union européenne hors France États-Unis Chine Caraïbe ACP Caraïbe hors ACP Guadeloupe Guyane
2011 1 445 336 242 68 61 81 69 8
2012 1 396 337 323 63 50 59 38 9
2013 1 432 385 353 57 55 47 72 8
2014 1 482 518 225 56 55 51 47 8
2015 1 549 602 170 68 49 27 47 10
2016 1 535 512 137 78 43 25 40 9
  • Source : Douanes, calculs Insee.

Figure 4Le volume total des importations poursuit son recul

  • Source : Douanes, calculs Insee.

Les importations de biens de consommation et d’investissement

L’orientation choisie pour l’analyse du commerce extérieur est de considérer les importations comme composante de l’offre globale de l’économie de la collectivité territoriale, et leur accroissement comme ne réduisant pas mécaniquement l’activité économique. Ainsi la convention comptable qui consiste à considérer les importations comme contribution négative à la croissance n’est pas l’approche privilégiée : les importations n’ont un effet négatif que lorsqu’elles se substituent à la production domestique. L’accent est dont mis sur la composition en biens de consommation et d’investissement importés de la demande domestique.

Année médiocre pour le commerce mondial et activité économique régionale en contraction

En 2016, la poursuite de la baisse spectaculaire des importations dans plusieurs pays dits émergents et pays en développement qui connaissent des difficultés économiques pèse sur le commerce mondial. Ce dernier a néanmoins nettement accéléré au second semestre, éclaircissant une année médiocre. Sur l’ensemble de l’année, le volume du commerce mondial est moins dynamique qu’en 2015 : en moyenne annuelle, après avoir déjà fortement ralenti en 2015 (+ 2,4 %), la croissance des échanges mondiaux s’est établie à seulement + 1,5 % en 2016, soit la plus faible progression depuis 2009, du fait de l’atonie des importations américaines et émergentes. En 2016, avec une contraction de  1%, le rythme de l’activité économique dans la zone Amérique Latine et Caraïbe est le plus faible enregistré depuis les crises majeures des années 1983 et 2009.

Les échanges pétroliers

Les importations de pétrole brut et raffiné représentent plus de 15 % des importations de la Martinique. La Société Anonyme de Raffinerie des Antilles (SARA) importe du pétrole brut pour le raffiner et exporter une partie de sa production en Guadeloupe et en Guyane. En 2016 est observée une baisse en valeur des commandes de pétrole brut de Norvège, en tendance inverse à 2015. Les besoins en pétrole raffiné martiniquais ne sont pas couverts uniquement par les productions de la SARA : du pétrole raffiné est importé en Martinique en provenance d'autres pays (notamment États-Unis, Qatar et Arabie Saoudite). En 2016, la Martinique importe autant de pétrole brut que de pétrole déjà raffiné, tout comme en 2015 et 2014. La chute des prix du pétrole a considérablement réduit la valeur de ces importations : les volumes de production, d’importations et d’exportations de produits pétroliers en 2014, 2015 et 2016 sont ainsi comparables.

Espace Caraïbe

L’espace Caraïbe comprend toutes les îles de la Caraïbe, ainsi que les pays d’Amérique Centrale et du Sud qui possèdent une ouverture maritime sur la Caraïbe. Les échanges avec Porto-Rico sont confondus avec ceux des États-Unis faute de données les isolant. On y distingue un groupe de pays signataires de l’accord de libre échange de Cotonou (pays ACP de la Caraïbe) et ceux qui n’en font pas partie (« Pays non-ACP de la Caraïbe »), dans la mesure où ils ne bénéficient pas du même régime douanier dans leurs relations avec l’Union européenne et donc avec les départements français d’outre mer.