Économie et Statistique n° 433-434 - 2010

Les inégalités d'accès à l'enseignement supérieur - L'emploi et les salaires des enfants d'immigrés - Lieu de résidence et discrimination salariale - L'IPC, miroir de l'évolution du coût de la vie en France ?

Economie et Statistique
Paru le :Paru le06/01/2011
Thomas Couppié, Jean-François Giret et Stéphanie Moullet
Economie et Statistique- Janvier 2011
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Lieu de résidence et discrimination salariale : le cas des jeunes habitant dans une zone urbaine sensible

Thomas Couppié, Jean-François Giret et Stéphanie Moullet

Le but de cet article est l'étude des écarts de rémunération entre les jeunes habitant dans les zones urbaines sensibles (ZUS) à la fin de leurs études et ceux qui ne résident pas en ZUS mais qui vivent dans des unités urbaines comprenant des ZUS, en tenant compte de possibles barrières dans l'accès à certains emplois et notamment aux emplois de cadre. Dans la lignée de Brown, Moon et Zoloth (1980), nous proposons une décomposition des écarts de salaires intégrant la possibilité d'une différenciation d'accès aux emplois en fonction du type de quartier où résident les jeunes. Les données utilisées sont issues de la première vague de l'enquête du Céreq Génération 98, portant sur les sortants du système éducatif en 1998 et interrogés en 2001. Les jeunes qui résident en ZUS à la fin de leurs études ont des rémunérations de 13 % inférieures aux autres jeunes et accèdent à des emplois moins qualifiés. La décomposition montre que plus des deux tiers de la différence salariale s'explique par des différences dans l'accès aux emplois. De plus, l'ensemble des résultats obtenus souligne le poids des faibles dotations en capital humain et en capital social des jeunes issus de ZUS, dotations qui les cantonnent dans des emplois peu qualifiés et se trouvent à l'origine de leurs plus faibles rémunérations. En revanche, les écarts de salaire que l'on pourrait expliquer par de la discrimination sont plus faibles. Ces résultats sont néanmoins à relativiser. Nous nous focalisons sur les écarts de rémunération au premier emploi en fonction de la localisation des jeunes au moment où ils ont quitté le système éducatif. Or, ce lieu d'habitation est en partie endogène dans la mesure où il dépend des choix de résidence des parents qui peuvent être liés aux projets scolaires ou professionnels de leurs enfants. De plus, la décomposition ne permet pas de tenir compte d'un effet de sélection dans l'accès à l'emploi qui peut s'expliquer par des caractéristiques individuelles non observées.

Economie et Statistique

No 433-434

Paru le :06/01/2011