Économie et Statistique n° 352-353 - 2002 Temps sociaux et temps professionnels au travers des enquêtes Emploi du temps

Economie et Statistique
Paru le :Paru le01/09/2002
Alain Chenu et Nicolas Herpin
Economie et Statistique- Septembre 2002
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Une pause dans la marche vers la civilisation des loisirs

Alain Chenu et Nicolas Herpin

L'avènement d'une « civilisation des loisirs » favorisée par la croissance économique, annoncée au début des années 1960 par le sociologue Joffre Dumazedier, est démentie par les faits, si l'on se réfère aux constats dressés à partir des enquêtes Emploi du temps de 1974, 1986 et 1998. La tendance séculaire à la baisse de la durée du travail s'est interrompue entre les deux dernières enquêtes. En contrepartie, la durée du temps de loisir marque le pas dans le cas des actifs occupés, et ne continue à augmenter que dans celui des inactifs. Les femmes étaient par le passé très défavorisées par rapport aux hommes pour ce qui est de la durée des loisirs. Ce handicap a été en partie rattrapé par l'atténuation des disparités des temps de travail professionnel et domestique avec les hommes. Le temps libre féminin progresse, mais au détriment du travail domestique, et non de l'activité professionnelle. Alors qu'en 1974, les milieux populaires bénéficiaient de moins de loisirs que les milieux favorisés, c'est aujourd'hui l'inverse, mais cette progression résulte pour l'essentiel de leur plus grande exposition au chômage, et de l'extension de celui-ci. Le diplôme est le déterminant de la durée du travail dont l'impact a le plus changé : ce sont maintenant les plus diplômés qui travaillent le plus, et qui consacrent le moins de temps aux loisirs. La différenciation des pratiques de loisirs selon le niveau scolaire conserve les mêmes caractéristiques principales en 1974 et en 1998 : les spectacles et sorties, la participation à la vie associative, la lecture, la pratique des jeux ou de la musique sont plutôt l'apanage des plus diplômés. Les téléspectateurs sont encore plus souvent que par le passé les titulaires du certificat d'études et les sans diplôme : l'avance en la matière de ces derniers, par rapport aux bacheliers et aux diplômés de l'enseignement supérieur, s'est accrue.

Economie et Statistique

No 352-353

Paru le :01/09/2002