Désordre mondial, croissance en berne Note de conjoncture - mars 2025

 

Note de conjoncture
Paru le :Paru le18/03/2025
Note de conjoncture- Mars 2025
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Éclairage – Depuis la mi-2024, la transmission des baisses des taux directeurs aux taux des prêts aux entreprises françaises est freinée par la réduction du bilan de la BCE, l’incertitude politique et les mouvements de taux obligataires aux États-Unis

Depuis juin 2024, la BCE a initié une baisse de ses taux directeurs, qui encadrent les coûts de refinancement interbancaire à court terme. Selon la modélisation proposée dans le présent éclairage, les banques transmettent rapidement les fluctuations de politique monétaire aux agents privés, et une baisse des taux directeurs de 100 points de base se traduit par une baisse de l’ordre de 50 points de base des taux de crédit aux entreprises françaises à un horizon de deux ans, dont 40 points de base dès la première année. Toutefois, les taux sur les nouveaux crédits contractés par les entreprises baissent moins fortement que ce que permettrait l’assouplissement monétaire en cours. Plusieurs facteurs expliquent cette moindre transmission, dont certains sont communs à tous les pays de la zone euro. D’abord, l’effet de la baisse des taux directeurs est en partie contrebalancé par la réduction du bilan détenu par la BCE, qui est composé de titres de plus long terme : ainsi, si les taux de court terme réagissent fortement à l’assouplissement monétaire, les taux de moyen et long termes sont plus inertes. De plus, les fluctuations du marché obligataire américain se transmettent en partie aux taux des agents européens, indépendamment de la politique monétaire menée par la BCE ; ce facteur a plutôt joué à la baisse depuis un an mais s’inverse depuis la fin 2024 du fait de l’incertitude sur l’orientation de la politique budgétaire outre-Atlantique. Enfin, plus spécifiquement à la France, la prime de risque du taux souverain français, définie comme l’écart entre ce dernier et le taux souverain allemand, a augmenté depuis l’été 2024 dans un contexte d’incertitude politique, freinant aussi la transmission de la politique monétaire aux taux des prêts aux entreprises françaises.

À l’horizon de la mi-année 2025, les facteurs limitant la transmission de la baisse des taux directeurs ne se lèveraient que partiellement. Le spread franco-allemand semble se stabiliser et les taux directeurs de la BCE continueraient de diminuer, ce qui contribuerait à la baisse des taux privés français, mais la contraction du bilan de la BCE jouerait en sens inverse sur les taux de long et moyen termes. Enfin, les taux américains pourraient continuer de freiner la baisse des taux souverains et privés en Europe si les craintes suscitées par la mise en œuvre des politiques budgétaires et commerciales de la nouvelle administration venaient à se concrétiser. De même, la hausse du taux souverain allemand après l’annonce d’une hausse des dépenses de défense début mars s’est transmise à l’ensemble du marché obligataire européen et pourrait aussi freiner la baisse des taux aux agents privés. Au final, ces facteurs atténuent la diffusion du soutien monétaire à l’investissement via le canal du crédit...

Note de conjoncture

Paru le :18/03/2025