Insee Analyses Ile-de-France · Décembre 2024 · n° 194

Les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 : une éclaircie dans une saison touristique particulièrement terne

En plein cœur de l’été 2024, l’Île-de-France a accueilli les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP). Cet événement d’envergure mondiale a été un succès en termes sportifs et organisationnels. Du point de vue touristique, le bilan réalisé fin 2024 est plus nuancé. En effet, au cours de la saison estivale d’avril à septembre 2024, l’Île-de-France enregistre au total 43,7 millions de nuitées dans ses hébergements collectifs de tourisme (figure 1). La fréquentation baisse ainsi d’environ 3 millions de nuitées par rapport à la saison estivale de 2023 (-6,2 %). C’est près de la moitié de la diminution enregistrée en France métropolitaine (-6,5 millions de nuitées). Bien qu’étant le principal territoire d’accueil des Jeux, l’Île-de-France est la région de France métropolitaine où la fréquentation touristique diminue le plus. En nombre de nuitées, la région recule ainsi à l’été 2024 de la deuxième à la troisième place des régions métropolitaines, derrière la Nouvelle-Aquitaine, région estivale la plus touristique depuis trois ans, mais aussi l’Occitanie.

La baisse de fréquentation durant la saison estivale 2024 touche tous les départements de l’Île-de-France. En Seine-et-Marne, deuxième département touristique francilien, le recul est limité (-2,5 %). A contrario, en Seine-Saint-Denis, principale terre d’accueil des Jeux, la diminution est forte, atteignant -10,0 % sur l’ensemble de la période. Dans les Yvelines, la fréquentation touristique fléchit sensiblement (-7,4 %), sans doute en raison de la moindre présence des touristes culturels, certains sites, tels que le parc du château de Versailles, ayant été fermés une partie de l’été. À Paris, la fréquentation touristique s’inscrit dans la tendance régionale (-6,7 %).

Les évolutions sont contrastées selon le type d’hébergement. Les hôtels 4 ou 5 étoiles tirent leur épingle du jeu, avec une baisse limitée (-1,7 %). En revanche, des reculs importants de fréquentation s’observent pour les hôtels classés 1 ou 2 étoiles et ceux classés 3 étoiles (respectivement -11,5 % et -9,5 %). Les campings, peu nombreux dans la région, enregistrent une baisse de fréquentation de 8,8 % sur la période. En revanche, dans les autres hébergements collectifs touristiques (AHCT), qui incluent les résidences hôtelières, les nuitées augmentent (+5,0 %), bénéficiant d’un fort dynamisme de fréquentation de la part de la clientèle résidente (+12,4 %).

Alors que la clientèle résidente recule modérément (-2,3 %), c’est surtout la clientèle non résidente qui a fait défaut dans les hébergements touristiques (-9,2 %). Le déclin est particulièrement fort et avoisine -20 % dans les départements de petite couronne.

Au cours de la saison estivale 2024, les États-Unis et le Royaume-Uni restent de loin les deux pays qui concourent le plus à la fréquentation des hôtels de la région Île-de-France (respectivement 4,1 et 2,8 millions de nuitées entre avril et septembre 2024). Les touristes venant du Japon et surtout de la Chine reviennent en force sur le territoire francilien (+6,3 % et +27,7 % comparé à la saison d’été 2023), mais sans pour autant retrouver les niveaux d’avant la pandémie de Covid-19. En revanche, les ressortissants d’Allemagne, d’Italie et d’Espagne voient leur fréquentation baisser dans les hôtels franciliens (respectivement -20,0 %, -15,2 % et -11,2 %). C’est aussi le cas pour ceux d’Australie et des pays du Proche et Moyen-Orient, dont les nuitées chutent à l’été 2024 de près de 28 %. Pour les clientèles en provenance de Belgique, des Pays-Bas et de Suisse, la fréquentation est proche de celle de 2023.

La diminution observée durant la saison estivale succède à une relative stabilité durant le premier trimestre 2024. En effet, entre janvier et mars 2024, les niveaux mensuels de nuitées sont proches de ceux du premier trimestre de l’année précédente (figure 2). En 2023, la fréquentation touristique en Île-de-France avait retrouvé son niveau très haut de 2019. Avec 80,4 millions de nuitées enregistrées en 2023, elle avait progressé de 5,8 % par rapport à 2022, soit 2,5 fois plus vite qu’en France entière.

Avec 7 millions de nuitées, la fréquentation touristique du mois d’avril 2024 a été nettement en dessous de celle d’avril 2023, notamment en raison du week-end de Pâques à cheval en 2024 sur le mois de mars. En mai, les ponts autour des jours fériés ont ensuite permis de retrouver des niveaux de fréquentation proches de ceux de mai 2023 (7,7 millions de nuitées).

Les mois de juin et de juillet sont traditionnellement, en Île-de-France, les mois où la fréquentation touristique est la plus élevée. En 2024, le nombre de nuitées est inférieur à celui observé en 2023 (-11,5 % en juin, -13,0 % en juillet), particulièrement pour la clientèle non résidente (respectivement -13,4 % et -18,7 %). Différents facteurs ont pu se conjuguer : une météo peu favorable début juin, des mouvements sociaux dans les transports, les élections européennes puis législatives consécutives à la dissolution de l’Assemblée nationale, le report de festivals et la délocalisation de manifestations sportives en province. Le taux moyen d’occupation des établissements hôteliers décroche (75,5 % en juin 2024 contre 86,5 % en juin 2023). La délocalisation exceptionnelle de l’arrivée du Tour de France à Nice, l’absence de pont pour le 14 juillet, les limitations de déplacements liées à la mise en place des périmètres de sécurité ont pu également concourir au faible taux d’occupation moyen en juillet (68,4 % contre 75,7 % en juillet 2023).

Malgré un retour à la normale de l’activité des salons professionnels, le nombre de nuitées de la clientèle d’affaires dans les hôtels est en net repli entre avril et juin 2024 par rapport à la même période en 2023, à l’image du trimestre précédent. Cependant, la période juillet-août-septembre a été meilleure qu’habituellement pour cette clientèle. Les délégations de sportifs, journalistes et médias venues spécialement pour les Jeux Olympiques et Paralympiques ont pu profiter de l’offre diversifiée d’hôtels dans la région.

Pendant la saison d’été 2024, les nuitées diminuent en Île-de-France de 6,2 % par rapport à 2023, mais le nombre d’ arrivées de personnes dans les hébergements collectifs touristiques recule encore davantage (-8,8 %). De fait, la durée moyenne de séjour augmente globalement en région francilienne. Les touristes ont ainsi choisi de rester plus longtemps au même endroit, probablement pour profiter pleinement des évènements sportifs et festifs liés aux JOP. Cette préférence est particulièrement forte pour la clientèle résidente : -9,1 % d’arrivées sur la période estivale mais -2,3 % pour les nuitées. En revanche, ce phénomène ne s’observe pas en province où le nombre d’arrivées recule dans les mêmes proportions que les nuitées (-1,5 % pour les arrivées et -1,3 % pour les nuitées).

La durée de séjour augmente particulièrement au plus fort de l’événement olympique (figure 3). En Île-de-France, elle atteint 2,6 jours en août 2024 contre 2,3 le même mois en 2023. En province, la durée moyenne de séjour recule de 0,1 jour, mais reste plus élevée qu’en Île-de-France (3,6 jours en août 2024). La durée de séjour pour la clientèle résidente augmente pour atteindre 2,5 jours (+0,5 jour), alors que la clientèle non résidente n’est pas restée beaucoup plus longtemps que d’ordinaire à la même période (2,7 jours, soit +0,1 jour).

Selon les données d’occupation journalières dans les hôtels de la région francilienne (figure 4), le dimanche soir est, en période régulière, le jour de la semaine où les hôtels franciliens sont les moins occupés, les mercredi et jeudi sont quant à elles les deux journées les plus prisées. Le regain d’activité observé la nuit du samedi s’explique par les séjours d’un week-end.

Sur la première partie de la saison, le pont du 8 mai et de l’Ascension en 2024 n’a pas occasionné de fort pic de fréquentation en Île-de-France, contrairement à ce qui a pu être observé en province. En juillet 2024, le taux d’occupation reste très bas jusqu’à la semaine qui marque l’ouverture des Jeux fin juillet (où le taux avoisine 80 %).

S’ensuit une période de deux semaines, au cœur de la période des jeux olympiques, avec des taux d’occupation nettement supérieurs à ceux de 2023 (+10 points en moyenne).

En revanche, dès la cérémonie de clôture des Jeux le 11 août, le taux d’occupation chute à 67 %, puis reste pendant deux semaines à des niveaux plus faibles qu’en 2023 (moins de 60 % contre plus de 65 %). Il faut attendre la dernière semaine du mois d’août avec le début des Jeux Paralympiques pour que la région retrouve des niveaux de fréquentation proches de ceux de l’année précédente (environ 70 %).

Pendant les périodes des JOP, entre le 26 juillet et le 11 août 2024, puis entre le 28 août et le 8 septembre, le taux d’occupation a augmenté significativement dans les territoires au nord et à l’ouest de Paris par rapport aux mêmes périodes en 2023, et ce, plus particulièrement près des sites des épreuves (figure 5). À l’opposé, au sud et à l’est de Paris, les territoires n’ont pas pu profiter de l’événement pour attirer davantage de touristes qu’en 2023.

Plus particulièrement, dans l’établissement public territorial (EPT) de Plaine Commune en Seine-Saint-Denis, où sont situés le Stade de France, le Centre Aquatique Olympique et le Village des Athlètes, le taux moyen d’occupation hôtelier pendant les quatre semaines des Jeux est en hausse de 25,4 points. Les hôtels situés dans les communautés d’agglomération (CA) de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui accueillait les épreuves de cyclisme sur piste, golf et VTT, et de Versailles Grand Parc, où se déroulaient les épreuves d’équitation, ont également connu une forte activité pendant les Jeux : leur taux d’occupation s’est accru respectivement de 18,6 points et de 15,3 points. Les épreuves d’aviron et de canoë, dans la CA de Paris - Vallée de la Marne, ont favorisé un accroissement de 10,2 points du taux d’occupation par rapport à la même période de 2023. De même, la concentration des épreuves de natation sur un site près de La Défense s’est traduite par une hausse de 14,4 points du taux dans la communauté d’agglomération environnante.

En dehors de cette période, le taux d’occupation dans les hôtels a reculé sur l’ensemble du territoire francilien et de façon assez uniforme.

Le bilan touristique des Jeux Olympiques et Paralympiques est finalement positif pour la région uniquement durant les périodes des épreuves. Des effets bénéfiques sur le tourisme pourraient se faire sentir à moyen terme. En effet, les Jeux de Paris 2024, avec ses épreuves en extérieur, ont été une « vitrine » pour la région capitale, avec la diffusion à des milliards de téléspectateurs d’images de sites emblématiques. Ils pourraient ainsi avoir un impact positif de moyen terme sur l’attractivité touristique de la région.