Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine · Juin 2023 · n° 135

Le Parc naturel régional Médoc bénéficie de l’attractivité de la métropole bordelaise et du littoral

En 2020, le Parc naturel régional Médoc compte 108 700 habitants, soit 7 % de la population de la Gironde. Sa commune la plus peuplée, Le Pian-Médoc, héberge 7 000 habitants.

Le Parc concentre peu de population au vu de sa taille (46 habitants par km²), ce qui en fait l’un des parcs naturels les moins densément peuplés de France. Néanmoins, deux fois plus de personnes y vivent qu’en 1962. La croissance démographique, bien qu’inégalement répartie au sein du Parc, y est nettement plus élevée qu’en région ou qu’en Gironde, département lui-même très dynamique.

Entre 2014 et 2020, l’augmentation de la population du Parc est l’une des plus fortes des parcs naturels régionaux du territoire national (après celles des Parcs des Landes de Gascogne et de la Guyane). Ainsi, le nombre d’habitants progresse de 1,4 % en moyenne chaque année (+1 400 habitants). Davantage d’arrivées de nouveaux habitants que de départs expliquent cette forte dynamique démographique. En effet, avec à peine plus de naissances que de décès, le solde naturel est tout juste positif.

La moitié des communes du Parc appartiennent à l’espace « métropolisé », c’est-à-dire qu’elles font partie des zones périurbaines de Bordeaux Métropole (Communauté de communes (CC) Médullienne, CC Médoc Estuaire et la moitié sud de la CC Médoc Atlantique). L’autre moitié est à dominante rurale, hors de l’aire d’attraction directe de la métropole bordelaise, notamment dans la CC Médoc Cœur de Presqu’île structurée autour de Lesparre-Médoc et de Pauillac et dans la partie nord de la CC Médoc Atlantique.

Dans les deux intercommunalités proches de Bordeaux Métropole (CC Médullienne et CC Médoc Estuaire), la population augmente encore davantage. Un solde migratoire très positif et doublé d’un net excédent naturel explique cette dynamique.

À l’inverse, dans les communes littorales de la CC Médoc Atlantique, la croissance démographique résulte exclusivement de l’excédent migratoire.

Dans la CC Médoc Cœur de Presqu’île, la population augmente moins. La plupart des communes limitrophes à l’estuaire de la Garonne perdent des habitants tandis que celles situées sur la façade ouest de l’intercommunalité en gagnent mais à un rythme moindre par rapport à la moyenne du Parc (figure 1).

En 2019, le Parc naturel régional Médoc accueillait 5 000 nouveaux habitants pour 3 850 départs. Parmi les arrivants, sept sur dix venaient de Nouvelle-Aquitaine (de Bordeaux, de Saint-Médard-en-Jalles, de Mérignac ou de Blanquefort) et un sur dix d’Île-de-France.

Plus de la moitié des nouveaux venus se sont installés dans une des deux intercommunalités limitrophes à la métropole bordelaise. Médoc Estuaire est alors la première intercommunalité d’accueil du Parc avec un tiers des nouveaux arrivants, notamment dans les communes du Pian-Médoc et de Ludon-Médoc. La densité de population y est quatre fois plus élevée que dans l’ensemble du Parc.

Les 26-35 ans représentent 23 % des arrivées et seulement 17 % des départs. Ils contribuent à un tiers de l’excédent migratoire total du Parc et s’installent majoritairement dans les communes à proximité de Bordeaux Métropole. Cette catégorie d’âge est surreprésentée par rapport à la population déjà installée dans le Parc.

Les seniors de 55 ans ou plus sont également nombreux à s’installer, en particulier dans la CC de Médoc Atlantique. Ils constituent un quart de l’excédent migratoire. Toutefois pour les plus de 75 ans, les départs du territoire sont plus nombreux que les arrivées.

C’est également le cas pour les plus jeunes (18-24 ans) dont les arrivées ne compensent pas les départs. Le Parc n’étant pas doté d’établissements d’enseignement supérieur, des étudiants migrent à l’extérieur pour poursuivre leur scolarité.

Par ailleurs, comparativement à la population déjà installée dans le parc, les nouveaux arrivants sont davantage en emploi. Cela explique que le taux d’emploi des 15-64 ans soit plus important dans le Parc naturel régional Médoc que dans la région (67,3 % contre 64,9 %).

Parmi les nouveaux arrivants, les actifs ont plus souvent un emploi hors du parc (figure 2). Par rapport aux actifs vivant déjà sur le territoire, ils sont davantage cadres ou exercent une profession intermédiaire. La part des cadres reste toutefois inférieure à celle de la région. Ces nouveaux habitants sont également plus souvent diplômés du supérieur.

En outre, les arrivées de retraités excèdent largement les départs. Cependant, parmi les nouveaux habitants, ils sont en proportion moins nombreux.

Entre 2009 et 2019, 70 % de la consommation d’espace dans le Parc naturel Médoc est dédiée à l’habitat, quel que soit le type de logement (principal ou secondaire). Cette part est similaire à celle des autres parcs naturels régionaux français. Elle est cependant légèrement inférieure à celle de la région (72 %). Elle est plus importante dans la CC Médoc Estuaire (86 %), densément peuplée.

La consommation d’espace liée à l’habitat dans le Parc augmente en dix ans au même rythme que dans la région ou en Gironde (+0,9 % en moyenne annuelle). L’étalement de l’habitat est plus conséquent dans la partie « métropolisée » du Parc, notamment dans la CC Médullienne. Toutefois, entre 2014 et 2019, la progression de la consommation dans l’ensemble du Parc ralentit (+0,7 %).

En 2019, le parc abrite 75 700 logements, dont 1 100 neufs. Leur nombre progresse plus vite qu’en région (+8,9 % entre 2013 et 2019, contre +6,5 %). Près d’un tiers sont des résidences secondaires, soit trois fois plus qu’au niveau régional. La plupart des résidences secondaires se concentrent dans la CC Médoc Atlantique.

Neuf logements sur dix sont des maisons contre sept sur dix en région. Avec un nombre de pièces supérieur à la moyenne régionale (4,4 contre 4,2), les situations de suroccupation sont moins fréquentes.

Trois quarts des résidences principales sont occupées par leurs propriétaires. Le parc locatif est par conséquent réduit : 24 % des résidences sont occupées par un locataire au sein du Parc, contre 36 % dans la région. Le logement locatif social est peu développé (4 % des résidences principales) et progresse moins vite que dans la région.

Le Parc naturel régional Médoc propose moins d’emplois qu’il n’y a d’actifs (29 800 emplois pour 44 000 actifs). Les emplois progressant moins vite que les actifs vivant dans le Parc, ce déficit se creuse.

La croissance de l’emploi, pourtant deux fois plus forte que dans la région (+4,6 % entre 2013 et 2019 contre +2,0 %), y reste bien moins élevée qu’en Gironde (+8,1 %).

L’emploi se concentre au sein des grands pôles urbains, comme la métropole de Bordeaux. Ainsi, le Parc n’échappe pas à l’intensification des déplacements domicile-travail. En 2019, 19 100 habitants en sortent pour aller travailler contre seulement 4 900 entrants travaillant dans le Parc mais n’y résidant pas. Ainsi, 44 % des résidents actifs en emploi quittent le territoire pour aller travailler. Cette part atteint 75 % pour la CC Médullienne et la CC Médoc Estuaire.

Les navetteurs sortants se dirigent principalement vers Bordeaux, Mérignac, Saint-Médard-en-Jalles ou Blanquefort, cette dernière étant par ailleurs commune-porte du Parc. Pour se rendre sur leur lieu de travail, 88 % d’entre eux privilégient la voiture en 2019. Déjà très élevée, la part de ce mode de déplacement augmente (+2,5 points depuis 2008).

Parmi les 29 800 emplois situés dans le Parc, un sur cinq est dans le secteur agricole. Le Château Mouton Rothschild y est un des employeurs majeurs.

Avec 5 100 emplois, la culture de la vigne concentre 84 % des emplois agricoles du Parc. Les activités en découlant génèrent en outre une part plus importante d’emplois que dans la région (activités de soutien aux cultures et le commerce de gros de boissons (figure 3).

De fait, l’industrie et le tertiaire pèsent moins que dans la région, le secteur de la construction étant comparable. Sur 20 ans, l’emploi agricole reste stable, tandis que le tertiaire est en augmentation. Celui-ci concentre ainsi en 2019 les trois quarts des emplois du Parc. Ainsi, l’AAPAM (aide à domicile) et la clinique mutualiste du Médoc figurent parmi les principaux employeurs du Parc.

La construction aéronautique et spatiale est également une activité spécifique dans le Parc. Si moins de grands établissements sont implantés que dans la région, Stelia Aerospace Composites et Epsilon Composite figurent parmi les principaux employeurs.

Avec 4 400 emplois en moyenne, les activités liées au tourisme sont également très présentes dans le Parc. En haute saison, l’emploi touristique double (8 900 emplois en juillet-août).

Le premier secteur touristique employeur est l’hébergement (26 % des emplois touristiques). Sur les 1 150 emplois dans l’hébergement, un tiers sont dans l’hôtellerie de plein air (campings).

Le secteur de la restauration-café regroupe 23 % des emplois touristiques, dont la moitié dans l’activité de la restauration traditionnelle.

Viennent ensuite, le commerce de détail non alimentaire et le secteur du sport et loisirs, principalement dans les activités des clubs de sport devant l’enseignement de disciplines sportives et d’activités de loisirs.

Du fait d’une saisonnalité de l’emploi au sein du Parc, la part des contrats à durée déterminée (CDD) est supérieure à celle de la région en 2019 (12,2 % des emplois contre 10,5 %). Par ailleurs, les salaires nets horaires sont en moyenne moins élevés (13,4 euros contre 14,4 euros en région).

Le niveau de vie des habitants du Parc est supérieur à celui de la population régionale (22 150 euros contre 21 550 euros par unité de consommation). Le taux de pauvreté y est également inférieur (11,2 % contre 13,4 % en région), même comparativement à la Gironde (12,6 %).

Cependant, les différences au sein du Parc selon la proximité avec la métropole bordelaise sont très marquées. Par exemple, le taux de pauvreté atteint 13,7 % dans la CC Médoc Atlantique et 14,8 % dans celle de Médoc Cœur de Presqu’île, avec plus de 20 % dans des communes telles que Lesparre-Médoc ou Pauillac. À l’inverse, dans les CC Médullienne et de Médoc Estuaire, la pauvreté est respectivement de 8,1 % et 6,6 %.

Par ailleurs, le taux de chômage déclaré (au sens du recensement) est légèrement moins élevé dans le Parc que dans la région (12,2 % contre 12,7 % en Nouvelle-Aquitaine). Néanmoins, des disparités importantes existent au sein du Parc . Ainsi, le chômage dépasse 15 % dans les CC Médoc Atlantique et CC Médoc Cœur de Presqu’île alors qu’il n’excède pas 10 % dans les deux autres CC plus proches de la métropole.