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Insee Flash Bretagne · Avril 2023 · n° 95
Insee Flash BretagneAprès la crise sanitaire, le marché du travail finistérien rebondit grâce à l’industrie

Anne Mevel, Agnès Palaric (Insee)

Au premier semestre 2020, l’emploi s’est contracté dans le Finistère, avec une moindre ampleur qu’en Bretagne. L’importance du secteur tertiaire non marchand et des industries agroalimentaires explique en partie cette meilleure résistance. Après une forte reprise à l’été 2020, l’emploi retrouve son niveau d’avant-crise dès fin 2020. Il progresse fortement tout au long de l’année 2021. En 2022, les tensions sur le marché du travail s’apaisent, et le taux de chômage se stabilise à un niveau inférieur à celui d’avant-crise.

Insee Flash Bretagne
No 95
Paru le :Paru le13/04/2023

Cette publication fait partie d’une série sur le marché du travail depuis la crise sanitaire dans les quatre départements de la région Bretagne.

Au premier semestre 2020, la baisse de l’emploi est contenue

À la fin de l’année 2019, le Finistère compte plus de 324 000 . Il se distingue du reste de la Bretagne et de la France par l’importance du tertiaire non marchand, secteur qui comprend l’administration publique (y compris la Défense), l’enseignement, la santé et l’action sociale. Parmi les 17 plus gros établissements publics ou privés du département, sept sont en effet des hôpitaux. Ce secteur est bien plus présent dans le Finistère (37 % des emplois fin 2019) qu’en France (32 %) ou qu’ailleurs en Bretagne (33 %). Il a joué un rôle d’amortisseur sur le maintien de l’emploi lors de la crise sanitaire [Insee, 2021 ; pour en savoir plus (3)]. Le recours à l’, destiné aux employeurs du secteur privé, a été moins demandé au cours du 2e trimestre 2020 dans le Finistère que dans la région (57 % contre 61 % des emplois concernés).

Les industries agroalimentaires (IAA), très présentes dans l‘économie finistérienne, représentent 5,6 % des emplois salariés (2,3 % en France). Elles ont bien résisté à la crise sanitaire, en particulier pour l’emploi intérimaire (+11,0 % entre fin décembre 2019 et fin juin 2020). Comme les IAA concentrent un emploi intérimaire sur trois dans le département, l’intérim dans le Finistère a moins baissé qu’en Bretagne (-12,5 % contre -20,1 % au cours du premier semestre 2020).

Dans le secteur marchand, le sous-secteur de l’information-communication (avec Orange à Quimper et le Télégramme à Morlaix) et dans une moindre mesure celui des activités financières et d’assurance (ancrées avec le Crédit Mutuel Arkéa au Relecq-Kerhuon, à Quimper et Guipavas) résistent dans le département : le niveau d’emploi de ces deux sous-secteurs dépasse celui d’avant-crise fin juin 2020. L’hébergement-restauration suit la tendance régionale, avec une chute marquée de l’emploi au premier semestre (-12 %).

Ainsi, l’emploi baisse moins dans le Finistère entre décembre 2019 et juin 2020 : -1,2 % (-1,3 % en Bretagne et -1,9 % en France) (figure 1). Le nombre d’heures rémunérées suit cette tendance : -18 % en juin 2020 par rapport à décembre 2019 dans le Finistère, -19 % en Bretagne et -22 % en France.

Figure 1Variation de l’emploi salarié dans le Finistère

(en nombre)
Variation de l’emploi salarié dans le Finistère ((en nombre))
Trimestre Agriculture Construction Industrie Intérim Tertiaire marchand hors intérim Tertiaire non marchand
T1-2020 419 52 11 -2 935 -1 753 -442
T2-2020 24 172 -28 1 768 -714 -435
T3-2020 113 297 73 1 540 2 486 1 134
T4-2020 -454 232 146 70 -417 327
T1-2021 720 365 449 164 1 495 -558
T2-2021 -430 80 282 274 2 516 354
T3-2021 -267 158 535 186 1 184 -203
T4-2021 115 138 421 515 1 640 317
T1-2022 -687 188 -60 -376 1 056 555
T2-2022 667 -46 242 -381 982 713
T3-2022 -81 136 87 65 653 -488
T4-2022 130 62 145 117 320 317
  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS, en fin de trimestre (variation entre la fin du trimestre et la fin du trimestre précédent).
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

Figure 1Variation de l’emploi salarié dans le Finistère

  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS, en fin de trimestre (variation entre la fin du trimestre et la fin du trimestre précédent).
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

Le marché du travail finistérien semble moins affecté par les huit semaines de confinement que le reste de la région. D’une part, le nombre d’offres d’emplois y baisse moins qu’en Bretagne et en France (-51 % contre -55 % ailleurs) (figure 2). D’autre part, le nombre de sans activité (catégorie A) y augmente moins fortement (+29 % entre le 4e trimestre 2019 et le 2e trimestre 2020 dans le Finistère contre +32 % en Bretagne). Le Finistère est le département où le taux de chômage au sens du Bureau international du Travail (BIT) a le plus nettement reculé pendant cette période (-0,7 point) (figure 3). Cependant, cette baisse « en trompe-l’œil » traduit surtout l’effet du confinement sur la disponibilité des personnes sans emploi.

Figure 2Situation de l’intérim et des offres d’emplois par trimestre dans le Finistère et en Bretagne depuis fin 2019

Situation de l’intérim et des offres d’emplois par trimestre dans le Finistère et en Bretagne depuis fin 2019
Trimestre Évolution de l’emploi intérimaire (indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2019) Évolution des offres d’emplois (indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2019)
Finistère Bretagne Finistère Bretagne
T4-2019 100,0 100,0 100,0 100,0
T1-2020 68,5 66,3 81,8 81,4
T2-2020 87,5 79,9 48,5 44,8
T3-2020 104,0 95,1 87,9 77,2
T4-2020 104,7 94,2 87,9 82,1
T1-2021 106,5 97,6 90,9 88,3
T2-2021 109,4 99,2 112,1 107,6
T3-2021 111,4 100,2 130,3 119,3
T4-2021 117,0 105,5 136,4 126,2
T1-2022 112,9 104,0 151,5 138,6
T2-2022 108,8 102,6 136,4 134,5
T3-2022 109,5 104,7 121,2 127,6
T4-2022 110,8 106,4 124,2 126,2
  • Sources : [Emploi intérimaire] Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee ; [Offres d’emplois] Pôle emploi, séries trimestrielles sur les offres collectées et satisfaites.

Figure 3Taux de chômage au sens du Bureau international du Travail (BIT) depuis fin 2019

(en %)
Taux de chômage au sens du Bureau international du Travail (BIT) depuis fin 2019 ((en %))
Trimestre Finistère Bretagne France hors Mayotte
T4-2019 7,1 6,8 8,2
T1-2020 6,9 6,6 7,9
T2-2020 6,4 6,3 7,1
T3-2020 7,8 7,6 9,0
T4-2020 6,8 6,7 8,1
T1-2021 6,9 6,7 8,2
T2-2021 6,8 6,5 7,9
T3-2021 6,8 6,4 8,0
T4-2021 6,3 5,9 7,5
T1-2022 6,2 5,8 7,3
T2-2022 6,2 5,8 7,4
T3-2022 6,2 5,9 7,3
T4-2022 6,1 5,8 7,2
  • Note : données CVS en moyenne trimestrielle, en %.
  • Champ : personnes de 15 ans ou plus, vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquête Emploi.

Figure 3Taux de chômage au sens du Bureau international du Travail (BIT) depuis fin 2019

  • Note : données CVS en moyenne trimestrielle, en %.
  • Champ : personnes de 15 ans ou plus, vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquête Emploi.

Dès la fin de l’année 2020, l’intérim dépasse son niveau de fin 2019

À partir de mai 2020, le déconfinement progressif entraîne une reprise de l’activité. Le nombre d’heures rémunérées au 3e trimestre 2020 dépasse le niveau du 4e trimestre 2019 dans le Finistère, tandis qu’il reste inférieur en Bretagne. L’emploi finistérien bondit de 1,7 % pendant l’été (+5 500 emplois salariés). Le second confinement, du 30 octobre au 15 décembre 2020, provoque un ralentissement de l’emploi, qui continue néanmoins à augmenter malgré le décrochage dans l’hébergement-restauration. Ainsi, dans le Finistère, tout comme en Bretagne, l’emploi retrouve son niveau d’avant-crise dès la fin de l’année 2020.

Le secteur des activités immobilières est particulièrement dynamique. Dès le 2e trimestre 2020, l’emploi y a retrouvé le niveau de fin 2019 et progresse fortement depuis (+15,9 % d’emplois salariés entre le 4e trimestre 2019 et le 4e trimestre 2022). Cet essor se constate également dans la construction, qui a gagné 300 salariés (+1,6 %) et 400 intérimaires (+28,9 %) au cours du seul 3e trimestre 2020. Les intérimaires de ce secteur contribuent à hauteur d’un tiers au rebond de l’intérim du département. Avec 1 600 intérimaires supplémentaires au second semestre 2020, le Finistère est l’un des deux départements bretons où l’intérim dépasse son niveau d’avant-crise dès fin septembre 2020.

Après les à-coups de l’année 2020, le taux de chômage s’établit à 6,8 % au 4e trimestre, en dessous de son niveau d’avant-crise. Le nombre de demandeurs d’emplois sans activité chute de 17 % au cours du second semestre 2020, tandis que celui des inscrits ayant exercé une activité réduite augmente de près d’un quart.

En 2021, la hausse de l’emploi est tirée par l’industrie

Alors que les restrictions liées au contexte sanitaire se poursuivent et que les difficultés d’approvisionnement s’intensifient, l’emploi salarié progresse chaque trimestre (+3,2 % en 2021, contre +3,7 % en Bretagne).

Cependant, le nombre d’emplois dans le tertiaire non marchand stagne en 2021 dans le département, alors qu’il augmente de 0,7 % en Bretagne. En revanche, l’industrie reste très dynamique. La hausse de l’emploi s’élève à 3,7 % sur la période dans le Finistère (2,6 % en Bretagne). Elle est portée par la « fabrication d’autres produits industriels » qui a gagné plus de 850 emplois, dont près du quart proviennent de l’établissement Naval Group implanté à Brest.

Au cours de l’année 2021, des tensions sur l’offre apparaissent sur le marché du travail. Le nombre d’offres d’emploi dans le département augmente fortement (+55,2 %), un peu plus qu’en Bretagne (+53,8 %). Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A baisse dans le Finistère, bien que moins qu’en Bretagne (-13 % contre -16 %), et le taux de chômage diminue de 0,6 point en fin d’année, comme dans la région.

En 2022, le marché du travail finistérien se stabilise

En 2022, l’emploi salarié finistérien poursuit sa progression (+1,3 %), mais dans une proportion moindre qu’en Bretagne (+1,6 %). Cette hausse est freinée par la forte baisse de l’intérim : -5,3 % en douze mois, en particulier dans la fabrication d’autres produits industriels. Les pertes d’emplois intérimaires dans ce secteur représentent 57 % des 600 suppressions du département.

En 2022, dans le tertiaire marchand hors intérim, le sous-secteur « transports et entreposage » est le seul à ne pas avoir retrouvé son niveau d’avant-crise. La compagnie de transport de marchandises et de passagers Brittany Ferries, implantée à Roscoff, a perdu plusieurs centaines d’emplois, pénalisée par la chute de fréquentation due à la crise sanitaire et au Brexit.

Dans ces circonstances, le marché du travail finistérien semble avoir atteint un nouvel équilibre. Le nombre d’offres d’emplois déposées à Pôle emploi en 2022 décroît de 9 % après un point haut atteint fin 2021, alors qu’il est stable en Bretagne. Le nombre de demandeurs d’emplois de catégorie A, tout comme celui de catégories B et C, oscillent entre 33 000 et 34 000 emplois en 2022. Le taux de chômage, quasi stable au cours de l’année (autour de 6,2 %), reste supérieur de 0,4 point au taux régional.

Publication rédigée par :Anne Mevel, Agnès Palaric (Insee)

Définitions

L'emploi salarié mobilisé dans cette étude s’appuie sur les Estimations trimestrielles d’emploi, établies en coproduction avec l’Acoss (champ hors intérim) et la Dares (sur l’intérim). Les données sont issues de la Déclaration sociale nominative (DSN), qui a progressivement remplacé le bordereau récapitulatif de cotisations (BRC). Au troisième trimestre 2022, une bascule vers la source DSN a été opérée pour la fonction publique de l’État.

Le dispositif d’activité partielle permet aux établissements confrontés à des difficultés temporaires de diminuer ou suspendre leur activité en assurant aux salariés une indemnisation de leur perte de salaire partiellement prise en charge par l’État. Dans cette étude, la demande d’indemnisation trimestrielle est calculée à partir des moyennes trimestrielles du nombre mensuel de salariés placés en activité partielle au moins une heure dans le mois.

Les demandeurs d’emploi sont les personnes inscrites sur les listes de Pôle emploi. Cette étude porte sur les demandeurs d’emploi tenus de faire des recherches actives d’emploi, sans emploi au cours du mois (catégorie A) ou ayant exercé une activité réduite (catégories B et C).

Pour en savoir plus

(1) Lardoux J.-M., Palaric A. (Insee), « 3ᵉ trimestre 2022 : malgré la progression de l’emploi en Bretagne, le nombre de demandeurs d’emploi repart à la hausse », Insee Conjoncture Bretagne no 42, janvier 2023.

(2) Le Strat F., Mariette V., Palaric A. (Insee), Chirazi S., Moro S. (Dreets), « Les répercussions de la crise sur le marché du travail varient selon l’orientation économique des territoires », Insee Analyses Bretagne no 106, décembre 2021.

(3) Insee, « Le marché du travail à l’épreuve de la crise sanitaire en 2020 », in Emploi, chômage, revenus du travail, coll. « Insee Références », édition 2021.