Insee
Insee Première · Février 2023 · n° 1939
Insee PremièreCombien les femmes immigrées ont-elles d’enfants ?

Didier Reynaud (Insee)

La descendance finale des femmes immigrées, résidant en France métropolitaine en 2019-2020, a diminué au fil des générations. Celles nées entre 1960 et 1974 ont eu en moyenne 2,35 enfants au cours de leur vie, en tenant compte des naissances à l’étranger avant la migration et des naissances en France après leur arrivée. À la génération suivante, la descendance finale des descendantes d’immigrés est de 1,90 enfant, très proche de celle des femmes sans ascendance migratoire directe (1,86).

Le diplôme est déterminant. L’écart de fécondité entre les femmes immigrées et celles sans ascendance migratoire directe est élevé pour les femmes peu diplômées, mais faible pour les diplômées de l’enseignement supérieur. Ces écarts varient fortement selon le pays de naissance.

L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) éclaire quant à lui les comportements récents. Il nécessite un ajustement quand il est calculé pour des femmes nées à l’étranger, qui ont une fécondité élevée à leur arrivée en France et plus faible avant. L’ICF des femmes nées à l’étranger est relativement stable depuis 2014, alors qu’il baisse pour celles nées en France.

Les femmes immigrées ont en moyenne 0,49 enfant de plus que les femmes sans ascendance migratoire directe

La des femmes nées entre 1960 et 1974 résidant en France métropolitaine en 2019-2020 est en moyenne de 2,35 enfants (figure 1), en tenant compte des naissances dans leur pays d’origine avant la migration et de celles survenues en France après leur arrivée. Par comparaison, les femmes nées en France (ni immigrées ni ) des mêmes générations ont donné naissance à 1,86 enfant au cours de leur vie. Les femmes immigrées ont ainsi 0,49 enfant de plus en moyenne. Les femmes immigrées arrivées en France avant l’âge de 15 ans ont une descendance finale inférieure à celle de l’ensemble des immigrées, à 2,17 enfants.

Figure 1 – Descendance finale des femmes selon le lien à la migration

Figure 1 – Descendance finale des femmes selon le lien à la migration - Lecture : les femmes immigrées nées entre 1960 et 1974 ont eu en moyenne 2,35 enfants durant leur vie féconde.
Lien à la migration Nombre d’enfants
Immigrées 2,35
Arrivées avant 15 ans 2,17
Arrivées à 15 ans ou plus 2,39
Descendantes d’immigrés 1,90
Avec deux parents immigrés 1,95
Avec un seul parent immigré 1,83
Ni immigrées ni descendantes d’immigrés  1,86
Ensemble des femmes 1,93
  • Lecture : les femmes immigrées nées entre 1960 et 1974 ont eu en moyenne 2,35 enfants durant leur vie féconde.
  • Champ : femmes nées entre 1960 et 1974, vivant en logement ordinaire et résidant en France métropolitaine en 2019-2020.
  • Sources : Ined-Insee, enquête Trajectoire et Origines 2 (2019-2020).

Figure 1 – Descendance finale des femmes selon le lien à la migration

  • Lecture : les femmes immigrées nées entre 1960 et 1974 ont eu en moyenne 2,35 enfants durant leur vie féconde.
  • Champ : femmes nées entre 1960 et 1974, vivant en logement ordinaire et résidant en France métropolitaine en 2019-2020.
  • Sources : Ined-Insee, enquête Trajectoire et Origines 2 (2019-2020).

Les descendantes d’immigrés, qui n’ont pas elles-mêmes connu la migration, ont eu au cours de leur vie un nombre d’enfants proche de celui des femmes sans ascendance migratoire directe : 1,90 enfant en moyenne, contre 1,86. Parmi elles, les femmes ayant deux parents immigrés ont eu un peu plus d’enfants que celles ayant un seul parent immigré (1,95 enfant contre 1,83). La fécondité plus élevée des femmes immigrées (la première génération d’immigration) s’estompe donc en grande partie dès la génération suivante lorsque les femmes ont leurs deux parents immigrés, et en totalité si elles ont un parent immigré et un parent non immigré.

Une descendance finale en nette baisse au fil des générations

La fécondité diminue entre les immigrées des générations 1950 à 1954, qui ont eu en moyenne 2,94 enfants, et celles des générations 1970 à 1974, qui en ont eu 2,27 (figure 2). La proportion de femmes avec cinq enfants ou plus a notamment été divisée par 3, passant de 20 % pour les immigrées nées entre 1950 et 1954 à 6 % pour celles nées entre 1970 et 1974. De même, l’âge moyen à l’accouchement tous rangs de naissance confondus a nettement augmenté sur la période, passant de 28,2 ans pour les femmes immigrées des générations les plus anciennes (1950 à 1954), à 30,9 ans pour celles nées entre 1970 et 1974. La diminution de la descendance finale au fil des générations, de même que l’augmentation de l’âge moyen à l’accouchement, vont de pair avec les caractéristiques sociodémographiques des immigrées qui ont profondément changé au fil des générations [Reynaud, 2023], notamment l’accroissement du niveau de diplôme, évolution partagée avec les femmes non immigrées.

Figure 2a – Descendance finale des femmes selon la génération

nombre d’enfants par femmes
Figure 2a – Descendance finale des femmes selon la génération (nombre d’enfants par femmes) - Lecture : les femmes immigrées nées entre 1970 et 1974 ont eu en moyenne 2,27 enfants durant leur vie féconde.
Générations Immigrées Non-immigrées
1950-1954 2,94 2,03
1955-1959 2,63 1,97
1960-1964 2,52 1,96
1965-1969 2,25 1,94
1970-1974 2,27 1,69
  • Note : pour les femmes nées à partir de 1970, la descendance finale n’est pas tout à fait complète puisqu’elles ont, en 2019-2020, entre 45-46 ans (pour la génération 1974) et 49-50 ans (pour la génération 1970). En 2020, les naissances au-delà de 45 ans représentent seulement 0,4 % de l’ensemble des naissances des femmes nées à l’étranger.
  • Lecture : les femmes immigrées nées entre 1970 et 1974 ont eu en moyenne 2,27 enfants durant leur vie féconde.
  • Champ : femmes nées entre 1950 et 1974, vivant en logement ordinaire et résidant en France métropolitaine.
  • Sources : Ined-Insee, enquêtes Trajectoires et Origines 1 (2008-2009, pour les générations 1950 à 1959) et 2 (2019-2020).

Figure 2a – Descendance finale des femmes selon la génération

  • Note : pour les femmes nées à partir de 1970, la descendance finale n’est pas tout à fait complète puisqu’elles ont, en 2019-2020, entre 45-46 ans (pour la génération 1974) et 49-50 ans (pour la génération 1970). En 2020, les naissances au-delà de 45 ans représentent seulement 0,4 % de l’ensemble des naissances des femmes nées à l’étranger.
  • Lecture : les femmes immigrées nées entre 1970 et 1974 ont eu en moyenne 2,27 enfants durant leur vie féconde.
  • Champ : femmes nées entre 1950 et 1974, vivant en logement ordinaire et résidant en France métropolitaine.
  • Sources : Ined-Insee, enquêtes Trajectoires et Origines 1 (2008-2009, pour les générations 1950 à 1959) et 2 (2019-2020).

Les femmes nées en Afrique, Turquie et Moyen-Orient ont le plus d’enfants

Parmi les femmes immigrées nées entre 1960 et 1974, la descendance finale de celles originaires d’Afrique, de Turquie et du Moyen-Orient est la plus élevée, avec en moyenne 2,8 enfants ou un peu plus (figure 3). Plus précisément, la descendance est la plus nombreuse pour les femmes nées en Afrique hors Maghreb (2,93 enfants). Parmi celles-ci, près de 20 % ont eu au moins cinq enfants, contre 1 % pour les femmes sans ascendance migratoire directe, et 6 % n’ont pas eu d’enfant contre 15 % pour les femmes ni immigrées ni descendantes d’immigrés. À l’opposé, les femmes immigrées nées en Europe hors pays du Sud et en Asie hors Turquie et Moyen-Orient ont eu en moyenne 1,76 enfant, soit moins que les femmes nées en France (1,86). La proportion de femmes sans enfant est la plus élevée pour les femmes nées en Asie hors Turquie et Moyen-Orient (21 %). L’âge moyen à l’accouchement au premier enfant est le plus faible, inférieur à 26 ans, pour les femmes nées en Turquie et au Moyen-Orient, en Afrique hors Maghreb et en Europe du sud.

Figure 3 – Descendance finale des femmes immigrées selon leur pays de naissance

nombre d’enfants par femme
Figure 3 – Descendance finale des femmes immigrées selon leur pays de naissance (nombre d’enfants par femme) - Lecture : les femmes immigrées nées en Italie, Espagne ou Portugal entre 1960 et 1974 ont eu en moyenne 1,91 enfant durant leur vie féconde.
Pays de naissance Nombre d’enfants
Italie, Espagne, Portugal 1,91
Autres pays d’Europe 1,76
Algérie, Maroc, Tunisie 2,82
Autres pays d’Afrique 2,93
Turquie, Moyen-Orient 2,80
Autres pays d’Asie 1,76
Amérique, Océanie 2,02
Ensemble 2,35
  • Lecture : les femmes immigrées nées en Italie, Espagne ou Portugal entre 1960 et 1974 ont eu en moyenne 1,91 enfant durant leur vie féconde.
  • Champ : femmes immigrées nées entre 1960 et 1974, vivant en logement ordinaire et résidant en France métropolitaine en 2019-2020.
  • Sources : Ined-Insee, enquête Trajectoires et Origines 2 (2019-2020).

Figure 3 – Descendance finale des femmes immigrées selon leur pays de naissance

  • Lecture : les femmes immigrées nées en Italie, Espagne ou Portugal entre 1960 et 1974 ont eu en moyenne 1,91 enfant durant leur vie féconde.
  • Champ : femmes immigrées nées entre 1960 et 1974, vivant en logement ordinaire et résidant en France métropolitaine en 2019-2020.
  • Sources : Ined-Insee, enquête Trajectoires et Origines 2 (2019-2020).

L’influence déterminante du niveau d’éducation

Pour les femmes immigrées nées entre 1960 et 1974, la descendance finale de celles sans diplôme ou avec un diplôme inférieur au baccalauréat s’élève en moyenne à 2,71 enfants, tandis que celle des diplômées de l’enseignement supérieur tombe à 1,75 enfant (figure 4).

Figure 4 – Descendance finale des femmes selon le niveau de diplôme et le lien à la migration

nombre d’enfants par femme
Figure 4 – Descendance finale des femmes selon le niveau de diplôme et le lien à la migration (nombre d’enfants par femme) - Lecture : les femmes immigrées ayant le baccalauréat ou un diplôme équivalent et nées entre 1960 et 1974 ont eu en moyenne 2,19 enfants durant leur vie féconde.
Sans diplôme ou inférieur au baccalauréat Baccalauréat ou équivalent Supérieur au baccalauréat
Immigrées 2,71 2,19 1,75
Descendantes d’immigrés 1,99 1,92 1,74
Ni immigrées ni descendantes d’immigrés  2,05 1,87 1,62
  • Erratum : le 22 février 2023, la descendance finale des immigrées sans diplôme ou avec un diplôme inférieur au baccalauréat a été corrigée à la suite d'une révision de la nomenclature de diplômes de l'enquête TeO2.
  • Lecture : les femmes immigrées ayant le baccalauréat ou un diplôme équivalent et nées entre 1960 et 1974 ont eu en moyenne 2,19 enfants durant leur vie féconde.
  • Champ : femmes nées entre 1960 et 1974, vivant en logement ordinaire et résidant en France métropolitaine en 2019-2020.
  • Sources : Ined-Insee, enquête Trajectoires et Origines 2 (2019-2020).

Figure 4 – Descendance finale des femmes selon le niveau de diplôme et le lien à la migration

  • Erratum : le 22 février 2023, la descendance finale des immigrées sans diplôme ou avec un diplôme inférieur au baccalauréat a été corrigée à la suite d'une révision de la nomenclature de diplômes de l'enquête TeO2.
  • Lecture : les femmes immigrées ayant le baccalauréat ou un diplôme équivalent et nées entre 1960 et 1974 ont eu en moyenne 2,19 enfants durant leur vie féconde.
  • Champ : femmes nées entre 1960 et 1974, vivant en logement ordinaire et résidant en France métropolitaine en 2019-2020.
  • Sources : Ined-Insee, enquête Trajectoires et Origines 2 (2019-2020).

L’écart de fécondité entre les femmes immigrées et celles sans ascendance migratoire directe se réduit fortement dès lors que le niveau de diplôme augmente : 0,66 enfant de plus pour celles n’ayant pas le baccalauréat, 0,32 pour celles ayant le baccalauréat ou un diplôme équivalent, et seulement 0,13 pour celles d’un niveau supérieur au baccalauréat.

L’âge moyen à l’accouchement varie également fortement selon le diplôme. Les femmes immigrées sans diplôme ou avec un diplôme inférieur au baccalauréat ont en moyenne leurs enfants (tous rangs de naissance confondus) à 28,8 ans, contre 32,4 pour celles avec un diplôme du supérieur, soit 3,6 ans de plus. Comparativement, l’âge moyen à l’accouchement des femmes ni immigrées ni descendantes d’immigrés varie de 27,0 ans pour celles n’ayant pas le baccalauréat, à 31,3 ans pour celles avec un diplôme supérieur au baccalauréat.

La descendance finale des immigrées arrivées avant l’âge de 5 ans est proche de celle des femmes sans ascendance migratoire directe

Plus les femmes ont migré jeunes durant leur enfance, moins elles ont une descendance nombreuse. En particulier, celles arrivées en France avant l’âge de 5 ans ont une descendance finale assez proche de celle des femmes sans ascendance migratoire directe. Parmi les femmes immigrées nées entre 1960 et 1974, la descendance est la plus élevée pour celles arrivées entre 15 et 22 ans (2,8 enfants ou plus) : leur migration est souvent associée à une mise en couple [Ouvrir dans un nouvel ongletToulemon, 2004]. Elles ont d’ailleurs eu leurs enfants jeunes : 24,7 ans en moyenne à la naissance de leur premier enfant, soit 3,0 ans de moins que l’âge moyen au premier enfant de celles arrivées en France avant 15 ans ou après 22 ans (27,7 ans). Enfin, la fécondité des femmes arrivées plus tardivement s’érode avec l’âge d’arrivée.

Les femmes arrivées en France à 24 ans ou plus sont nettement plus âgées lors de la naissance de leur premier enfant que les femmes sans ascendance migratoire directe. Il en est de même pour l’âge moyen à l’accouchement tous rangs de naissance confondus. Ces femmes peuvent ainsi avoir tendance à repousser leurs maternités du fait de la migration (figure 5).

Figure 5 – Femmes immigrées : répartition des naissances selon le lieu, France ou étranger, et la durée écoulée depuis la première entrée des mères en France

en %
Figure 5 – Femmes immigrées : répartition des naissances selon le lieu, France ou étranger, et la durée écoulée depuis la première entrée des mères en France (en %) - Lecture : 5,1 % des naissances des femmes immigrées nées entre 1960 et 1974 et résidant en France métropolitaine en 2019-2020 ont eu lieu en France 1 an après leur première entrée en France.
Durée écoulée depuis la première entrée
des mères en France
(en années)
En France À l’étranger
-35 0,0 0,0
-34 0,0 0,0
-33 0,0 0,1
-32 0,0 0,1
-31 0,0 0,0
-30 0,0 0,1
-29 0,0 0,2
-28 0,0 0,2
-27 0,0 0,1
-26 0,0 0,4
-25 0,0 0,2
-24 0,0 0,2
-23 0,0 0,4
-22 0,0 0,5
-21 0,0 0,5
-20 0,0 0,5
-19 0,0 1,0
-18 0,0 0,6
-17 0,0 0,9
-16 0,0 0,4
-15 0,0 1,5
-14 0,0 0,7
-13 0,0 1,1
-12 0,0 0,8
-11 0,0 1,3
-10 0,0 1,0
-9 0,0 1,0
-8 0,0 1,5
-7 0,0 1,1
-6 0,1 1,3
-5 0,0 1,2
-4 0,2 1,1
-3 0,1 1,3
-2 0,1 1,1
-1 0,1 1,3
0 1,8 0,8
1 5,1 0,3
2 4,6 0,2
3 4,3 0,2
4 3,8 0,1
5 4,0 0,1
6 4,5 0,1
7 3,0 0,1
8 2,7 0,2
9 2,7 0,2
10 2,7 0,1
11 2,8 0,1
12 2,2 0,1
13 1,8 0,2
14 2,3 0,2
15 2,0 0,2
16 1,5 0,1
17 1,6 0,1
18 1,6 0,1
19 1,5 0,1
20 1,6 0,0
21 1,4 0,1
22 1,4 0,1
23 1,3 0,0
24 1,2 0,0
25 1,2 0,0
26 1,1 0,0
27 0,9 0,0
28 0,8 0,0
29 0,6 0,1
30 0,9 0,0
31 0,5 0,0
32 0,5 0,0
33 0,4 0,0
34 0,4 0,0
35 0,4 0,0
36 0,2 0,0
37 0,1 0,0
38 0,1 0,0
39 0,0 0,0
40 0,1 0,0
  • Lecture : 5,1 % des naissances des femmes immigrées nées entre 1960 et 1974 et résidant en France métropolitaine en 2019-2020 ont eu lieu en France 1 an après leur première entrée en France.
  • Champ : femmes immigrées nées entre 1960 et 1974, vivant en logement ordinaire et résidant en France métropolitaine en 2019-2020.
  • Sources : Ined-Insee, enquête Trajectoires et Origines 2 (2019-2020).

Figure 5 – Femmes immigrées : répartition des naissances selon le lieu, France ou étranger, et la durée écoulée depuis la première entrée des mères en France

  • Note : l’abscisse représente le nombre d’années écoulées depuis l’année de première entrée en France quand elle est positive (abscisse = 0 l’année de première arrivée en France), et le nombre d’années avant l’année de première entrée en France quand elle est négative.
  • Lecture : 5,1 % des naissances des femmes immigrées nées entre 1960 et 1974 et résidant en France métropolitaine en 2019-2020 ont eu lieu en France 1 an après leur première entrée en France.
  • Champ : femmes immigrées nées entre 1960 et 1974, vivant en logement ordinaire et résidant en France métropolitaine en 2019-2020.
  • Sources : Ined-Insee, enquête Trajectoires et Origines 2 (2019-2020).

ICF sur les années récentes : baisse pour les femmes nées en France, stabilité pour celles nées à l’étranger

L’ nécessite un ajustement dès lors qu’il est calculé pour des femmes nées à l’étranger et qui arrivent en France en cours de vie féconde (encadré). Cet ajustement vise à prendre en compte les périodes de fécondité à l’étranger avant la migration [Reynaud, 2023]. Ces périodes sont moins fécondes, les femmes ayant tendance à repousser leurs maternités après la migration.

En 2021, l’ICF ajusté des femmes nées à l’étranger s’établit en moyenne à 2,33 enfants par femme (figure 6). Il est le plus élevé pour les femmes nées en Afrique hors Maghreb, à 3,32, alors qu’il est de 2,51 pour celles nées au Maghreb. À l’inverse, l’ICF des femmes nées en Europe du sud est le plus faible, à 1,63.

Figure 6 – Évolution de l’ICF des femmes après ajustement, selon le pays de naissance

nombre d’enfants par femme
Figure 6 – Évolution de l’ICF des femmes après ajustement, selon le pays de naissance (nombre d’enfants par femme) - Lecture : l’ICF des femmes nées en Algérie, Maroc ou Tunisie est de 2,51 en 2021.
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Ensemble des femmes 2,00 1,98 2,01 2,00 2,03 2,01 2,01 1,99 2,00 1,96 1,92 1,89 1,87 1,86 1,82 1,84
Femmes nées en France 1,88 1,86 1,89 1,88 1,91 1,89 1,88 1,85 1,84 1,79 1,75 1,71 1,68 1,66 1,63 1,67
Femmes nées à l’étranger, dont : 2,25 2,22 2,23 2,24 2,23 2,26 2,28 2,31 2,38 2,38 2,39 2,38 2,38 2,43 2,36 2,33
Italie, Espagne, Portugal 1,55 1,55 1,60 1,60 1,58 1,56 1,54 1,58 1,64 1,66 1,68 1,64 1,66 1,64 1,61 1,63
Autres pays d’Europe 1,74 1,73 1,74 1,78 1,79 1,78 1,80 1,82 1,86 1,85 1,87 1,88 1,87 1,86 1,83 1,85
Algérie, Maroc, Tunisie 2,82 2,82 2,85 2,88 2,89 2,82 2,81 2,87 2,91 2,87 2,84 2,80 2,76 2,77 2,64 2,51
Autres pays d’Afrique 2,85 2,78 2,76 2,76 2,70 2,77 2,78 2,86 2,98 3,05 3,06 3,09 3,17 3,34 3,29 3,32
Turquie, Moyen-Orient 2,41 2,40 2,42 2,38 2,38 2,28 2,30 2,35 2,41 2,37 2,34 2,34 2,24 2,20 2,08 1,99
Autres pays d’Asie 1,85 1,83 1,84 1,79 1,78 1,83 1,90 1,88 1,95 1,90 1,95 1,90 1,89 1,90 1,84 1,79
Amérique, Océanie 2,10 1,97 1,93 1,94 1,90 1,85 1,83 1,84 1,84 1,86 1,89 1,92 1,91 2,01 2,02 2,02
  • Note : l’estimation de l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) des femmes nées à l’étranger a été ici corrigée afin de tenir compte de leur fécondité plus faible avant leur arrivée en France et limiter la surestimation de leur fécondité inhérente à cet indicateur lorsque seules les périodes de fécondité en France sont prises en compte [Reynaud, 2023].
  • Lecture : l’ICF des femmes nées en Algérie, Maroc ou Tunisie est de 2,51 en 2021.
  • Champ : France hors Mayotte jusqu’à 2013, France y compris Mayotte à partir de 2014.
  • Sources : Insee, estimations de population, recensement de la population, statistiques de l’état civil, enquête annuelle de recensement de 2020 ; Ined-Insee, enquête Trajectoires et Origines 2 (2019-2020).

Figure 6 – Évolution de l’ICF des femmes après ajustement, selon le pays de naissance

  • Note : l’estimation de l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) des femmes nées à l’étranger a été ici corrigée afin de tenir compte de leur fécondité plus faible avant leur arrivée en France et limiter la surestimation de leur fécondité inhérente à cet indicateur lorsque seules les périodes de fécondité en France sont prises en compte [Reynaud, 2023].
  • Lecture : l’ICF des femmes nées en Algérie, Maroc ou Tunisie est de 2,51 en 2021.
  • Champ : France hors Mayotte jusqu’à 2013, France y compris Mayotte à partir de 2014.
  • Sources : Insee, estimations de population, recensement de la population, statistiques de l’état civil, enquête annuelle de recensement de 2020 ; Ined-Insee, enquête Trajectoires et Origines 2 (2019-2020).

Pour l’ensemble des femmes, qu’elles soient nées en France ou à l'étranger, l’ICF s’établit à 1,84 enfant par femme en 2021. Il est de 1,67 pour les femmes nées en France.

L’ICF des femmes nées en France est resté à un niveau élevé des années 2006 à 2012, autour de 1,9 enfant par femme, avant de diminuer. L’ICF des femmes nées à l’étranger est, quant à lui, relativement stable sur l’ensemble de la période : autour de 2,3 enfants par femme entre 2006 et 2013, puis de 2,4 de 2014 à 2020. Toutefois, les évolutions diffèrent selon les pays d’origine. Ainsi, l’ICF des femmes nées en Afrique hors Maghreb a sensiblement augmenté depuis 2010, tandis que l’ICF des femmes nées au Maghreb, en Turquie et au Moyen-Orient a fortement diminué depuis 2014. Les femmes nées à l’étranger étant moins nombreuses que celles nées en France, la fécondité en France baisse, l’ICF diminuant chaque année entre 2014 et 2020.

Au cours de l’année 2021, marquée par les conséquences de la crise sanitaire [Papon, 2023], la fécondité des femmes nées en France semble par ailleurs avoir mieux résisté que celle des femmes nées à l’étranger.

Encadré – Une nouvelle approche pour mesurer l’indicateur conjoncturel de fécondité des femmes nées à l’étranger

Le calcul classique surestime la fécondité des femmes nées à l’étranger

Le calcul classique de l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) des femmes somme les par âge d’une année donnée, taux qui rapporte des effectifs de naissances en France à la population résidant en France. Cet indicateur donne le nombre moyen d’enfants par femme pour une génération de femmes qui auraient pendant toute leur vie féconde les taux par âge observés cette année-là en France. Appliqué aux femmes nées à l’étranger et résidant en France, ce calcul conduit à surestimer leur fécondité, car la fécondité de ces femmes est plus élevée à partir de leur arrivée en France, par rapport à la période qui précède la migration. Elles ont en effet tendance à repousser leurs maternités après la migration. Un ajustement est donc nécessaire pour limiter la surestimation induite sur l’ICF, qui ne tient pas compte des périodes de moindre fécondité avant la migration. Cet ajustement mobilise des sources de données supplémentaires incluant le nombre d’enfants nés à l’étranger, avant l’arrivée en France.

Intégrer dans le calcul la fécondité plus basse des femmes nées à l’étranger avant leur arrivée en France

Tout en continuant de mobiliser les sources de données habituelles, soit l’état civil pour les naissances et les estimations de population de l’Insee pour les effectifs de femmes à chaque âge, l’ajustement consiste à intégrer dans le calcul des taux de fécondité des femmes nées à l’étranger leur fécondité plus basse avant l’arrivée en France [Reynaud, 2023]. On estime alors des flux d’arrivées de femmes en France pour les années à venir, à l’aide d’une projection, fonction de différentes hypothèses. Un scénario central, retenu ici (figure 6), fait l’hypothèse d’une stabilité à partir de 2019 du nombre de femmes arrivant en France dans les années à venir et de leurs caractéristiques telles que le pays de naissance ou le niveau de diplôme. Les naissances à l’étranger de ces femmes non encore arrivées en France sont déterminées à l’aide des taux de fécondité reconstitués à partir de l’enquête Trajectoires et Origines (TeO2, Ined-Insee) décrivant notamment les trajectoires migratoires, et donc l’ensemble des enfants que les femmes nées à l’étranger ont eus, y compris ceux nés avant leur arrivée en France. Cette publication est la toute première utilisant cet indicateur ajusté.

L’ICF est calculé sur le champ des femmes nées à l’étranger et non sur celui des immigrées contrairement à la descendance finale, car il n’est pas possible dans les données de l’état civil d’établir si une personne est immigrée ou non (on ne connaît pas sa nationalité à la naissance). Par rapport à la descendance finale, l’ICF offre un éclairage sur la fécondité pour les années récentes.

En moyenne entre 2017 et 2021, l’ICF des femmes nées à l’étranger après ajustement s’établit à 2,37 enfants par femme, contre 2,98 sans ajustement. Avec l’ajustement, l’ICF global serait de 1,81 pour l’ensemble des femmes, soit très proche de l’ICF global sans ajustement (1,84), les naissances de mères nées à l’étranger étant largement minoritaires (23 % du total en 2021). L’ajustement, qui est fortement recommandé sur le champ des femmes nées à l’étranger, n’est donc pas préconisé sur le champ global, compte tenu de la faiblesse de l’écart, et pour des raisons de comparabilité temporelle et entre pays.

Publication rédigée par :Didier Reynaud (Insee)

Sources

Coproduite par l’Ined et l’Insee, l’enquête Trajectoires et Origines 2 (TeO2), collectée en 2019-2020, est une réédition de l’enquête TeO1 (2008-2009) [Thao Khamsing et al., 2022].

Elle porte sur les personnes âgées de 18 à 59 ans vivant en logement ordinaire en France métropolitaine. L’enquête a été effectuée auprès d’environ 27 000 personnes, pour réaliser des analyses sur les principaux groupes de population qui ont une expérience directe ou indirecte de la migration vers la France métropolitaine. L’échantillon comprend des individus représentatifs des personnes sans lien direct avec la migration.

L’enquête renseigne sur l’histoire migratoire des répondants et intègre notamment la totalité de leurs enfants, qu’ils soient nés en France ou à l’étranger.

Le recensement de la population sert de base aux estimations annuelles de population. Il en fixe les niveaux de référence pour les années où il est disponible. Le dernier millésime disponible est 2020. Pour les années 2021 et suivantes, les estimations de population sont provisoires [Papon, 2023].

Les statistiques d’état civil sur les naissances sont issues d’une exploitation des informations transmises par les mairies à l’Insee.

Définitions

La descendance finale est le nombre moyen d’enfants des femmes appartenant à une même génération lorsqu’elles parviennent en fin de vie féconde (de 15 à 50 ans), en ne tenant pas compte de leur mortalité. C’est la somme des taux de fécondité par âge d’une génération.

Un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Les personnes nées Françaises à l’étranger et vivant en France ne sont donc pas comptabilisées. Certains immigrés ont pu devenir Français, les autres restant étrangers. Un individu continue à être immigré même s’il acquiert la nationalité française.

Les personnes sans ascendance migratoire directe sont les personnes qui ne sont ni immigrées ni descendantes d’immigrés.

Un descendant d’immigrés (de 2e génération) est une personne née en France ayant au moins un parent immigré. Cette définition ne comprend pas les personnes elles-mêmes immigrées, notamment celles qui ont migré enfant avec leurs parents.

L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF), ou somme des naissances réduites, mesure le nombre d'enfants qu'aurait une femme tout au long de sa vie, si les taux de fécondité observés l'année considérée à chaque âge demeuraient inchangés.

Le taux de fécondité à un âge donné est le nombre d’enfants nés vivants des femmes de cet âge au cours de l’année, rapporté à la population moyenne de l’année des femmes de même âge.

Pour en savoir plus

Retrouver plus de données en téléchargement.

Reynaud D., « Fécondité et migration, comment mesurer la fécondité des immigrées ? », Documents de travail n° 2023-05, Insee, février 2023.

Papon S., « Bilan démographique 2022 », Insee Première n° 1935, janvier 2023.

« L'essentiel sur... les immigrés et les étrangers », Chiffres-clés, Insee, août 2022.

Lê J., Simon P., Coulmont B., « La diversité des origines et la mixité des unions progressent au fil des générations », Insee Première n° 1910, juillet 2022.

Thao Khamsing W., Guin O., Merly-Alpa T., Paliod N., « Enquête Trajectoires et Origines 2 - De la conception à la réalisation », Documents de travail n° 2022/02, Insee, juillet 2022.

Papon S., « La descendance finale reste légèrement supérieure à 2 enfants par femme pour les femmes nées dans les années 1970 », Insee Focus n° 239, juin 2021.

Lê J., « En 2017, 44 % de la hausse de la population provient des immigrés », Insee Première n° 1849, avril 2021.

Toulemon L., « Ouvrir dans un nouvel ongletLa fécondité des immigrées : nouvelles données, nouvelle approche », Population et Sociétés n° 400, Ined, 2004.