Fécondité et migration Comment mesurer la fécondité des immigrées ?

Didier Reynaud (Insee)

Documents de travail
No 2023-05
Paru le :Paru le21/02/2023
Didier Reynaud (Insee)
Documents de travail No 2023-05- Février 2023

Erratum : le 22 février 2023, la descendance finale des immigrées sans diplôme ou avec un diplôme inférieur au baccalauréat a été corrigée à la suite d'une révision de la nomenclature de diplômes de l'enquête TeO2. Seules les figures 23 et 24 sont concernées, ainsi que le texte de la figure 24.

Les indicateurs habituels mesurant la fécondité à partir de l’état civil et des estimations de population tendent à surestimer la fécondité des femmes nées à l’étranger. En effet, la migration rend difficile l’observation statistique de l’ensemble de leur vie féconde. La nouvelle édition de l’enquête Trajectoires et Origines (TeO2), plus de 10 ans après la première, est l’occasion d’analyser et d’illustrer les particularités des femmes immigrées en matière de fécondité. Afin de tenir compte de ces spécificités, une nouvelle approche est proposée afin de mesurer de manière conjoncturelle la fécondité des femmes nées à l’étranger.

La première partie de ce document de travail présente la méthodologie associée aux indicateurs habituellement utilisés pour mesurer la fécondité. Ceux-ci reposent sur les taux de fécondité par âge, qui rapportent le nombre de naissances en France de mères d’un âge donné à la population de femmes de cet âge résidant en France. Mais pour les femmes nées à l’étranger, calculer ainsi ces indicateurs, sans tenir compte des périodes de moindre fécondité avant la migration, conduit à surestimer leur fécondité.

La deuxième partie mobilise les données de la deuxième édition de l’enquête Trajectoires et Origines, d’une part pour illustrer les constats de la première partie et d’autre part, pour analyser la fécondité des immigrées. L’enquête s’intéresse à l’ensemble de leurs enfants, et pas seulement ceux nés en France, ou résidant avec l’enquêté. Elle permet ainsi de déterminer la descendance finale complète des femmes immigrées. Cependant une enquête ponctuelle n’est pas adaptée à la mesure conjoncturelle de la fécondité.

La troisième partie propose ainsi une nouvelle méthode de calcul de l’Indicateur Conjoncturel de Fécondité (ICF) pour les femmes nées à l’étranger. Cet ajustement, qui s’appuie sur une modélisation et un certain nombre d’hypothèses, permet d’intégrer dans le calcul de l’ICF, les périodes de plus faible fécondité, antérieures à la migration. Cet indicateur ajusté, plus représentatif, rend ainsi possible la comparaison de la fécondité des femmes nées à l’étranger avec celle des femmes nées en France.