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Insee Flash Ile-de-France · Décembre 2022 · n° 74
Insee Flash Ile-de-FranceEn Île-de-France, plus de femmes cadres dirigeantes du privé qu’en province

Jean-Philippe Martin, Flora Richel (Insee)

En 2019, les Franciliennes occupent moins souvent un poste de direction que les Franciliens. En particulier, parmi les cadres dirigeants des entreprises privées de plus de 250 salariés, le taux de féminisation s’élève à 30 %. La part de femmes accédant à de tels postes est plus élevée qu’en province (23 %) alors que c’est l’inverse chez les cadres dirigeants de la fonction publique.

Les rémunérations des femmes aux postes de direction sont en moyenne inférieures à celles de leurs homologues masculins. Ces écarts sont moins marqués qu’en province, sauf chez les chefs d’entreprise.

Insee Flash Ile-de-France
No 74
Paru le :Paru le08/12/2022

En Île-de-France, 37 % des dirigeants d’entreprises sont des femmes

Fin 2019, dans l’ensemble des secteurs d’activité (hors agriculture), plus de 660 000 personnes dirigent une entreprise en Île-de-France, à titre principal ou en complément d’une autre activité. Les femmes sont minoritaires parmi ces ou . Ainsi, en Île-de-France, 37 % des dirigeants d’entreprise (y compris indépendants) sont des femmes, une proportion similaire à celle observée dans le reste de la France. Il existe cependant de fortes disparités selon la forme juridique de l’entreprise : alors que 43 % des entreprises individuelles ont à leur tête une femme, seule une société sur cinq est dirigée par une femme, qu’il s’agisse d’une société à responsabilité limitée (SARL) ou d’une société anonyme (SA).

Les femmes qui dirigent une entreprise perçoivent une rémunération nettement plus faible que leurs homologues masculins, en moyenne 33 % de moins (figure 1). L’écart est plus faible pour les micro-entrepreneurs (- 7,4 %) et pour les gérants minoritaires de SARL (- 12 %).

Figure 1Écarts de revenus d’activité entre les femmes et les hommes parmi les dirigeants d’entreprise salariés ou non salariés en 2019

en %
Écarts de revenus d’activité entre les femmes et les hommes parmi les dirigeants d’entreprise salariés ou non salariés en 2019 (en %) - Lecture : en Île-de-France, les femmes dirigeantes de micro-entreprises ont perçu en 2019 un revenu d’activité annualisé 7,4 % moins élevé que celui perçu par leurs homologues masculins.
Statut du dirigeant (effectifs franciliens) Île-de-France Province
Dirigeants non salariés
Micro-entrepreneurs (274 660) -7,4 -19,1
Entrepreneurs individuels (167 350) -22,6 -21,8
Gérants majoritaires de société (145 510) -28,4 -27,0
Dirigeants salariés
Dirigeants de SA ou de SAS (58 380) -28,0 -28,8
Gérants minoritaires de SARL (19 280) -12,4 -20,1
Autres (2 610) -43,7 -33,1
Ensemble -33,4 -27,4
  • Notes : le statut du travailleur (salarié ou non salarié) correspond à celui de l’emploi principal en tant que dirigeant. Les revenus sont ceux de 2019, revenus d’activité pour les non-salariés et salaires nets pour les salariés.
  • Lecture : en Île-de-France, les femmes dirigeantes de micro-entreprises ont perçu en 2019 un revenu d’activité annualisé 7,4 % moins élevé que celui perçu par leurs homologues masculins.
  • Champ : France métropolitaine, ensemble des dirigeants salariés et non salariés au 31 décembre 2019 dans le secteur privé, hors agriculture.
  • Source : Insee, base Non-salariés 2019, base Tous salariés 2019.

Figure 1Écarts de revenus d’activité entre les femmes et les hommes parmi les dirigeants d’entreprise salariés ou non salariés en 2019

  • Notes : le statut du travailleur (salarié ou non salarié) correspond à celui de l’emploi principal en tant que dirigeant. Les revenus sont ceux de 2019, revenus d’activité pour les non-salariés et salaires nets pour les salariés.
  • Lecture : en Île-de-France, les femmes dirigeantes de micro-entreprises ont perçu en 2019 un revenu d’activité annualisé 7,4 % moins élevé que celui perçu par leurs homologues masculins.
  • Champ : France métropolitaine, ensemble des dirigeants salariés et non salariés au 31 décembre 2019 dans le secteur privé, hors agriculture.
  • Source : Insee, base Non-salariés 2019, base Tous salariés 2019.

L’Île-de-France, région la plus féminisée de France métropolitaine chez les cadres dirigeants des entreprises privées

Au-delà des postes de dirigeant d’entreprise, les fonctions de direction concernent également les . Ces derniers occupent au sein des entreprises privées d’au moins 250 salariés des emplois à haut niveau de responsabilité, impliquant l’habilitation à prendre des décisions structurantes pour l’entreprise et une autonomie dans l'organisation de leur emploi du temps professionnel. L’Île-de-France est la région où la proportion de femmes accédant à de tels postes est la plus élevée : en 2019, 30 % des cadres dirigeants des entreprises privées implantées en Île-de-France sont des femmes, soit 7 points de plus qu’en province (figure 2). Avec un tiers de femmes parmi les cadres dirigeants, Paris est le département francilien où la proportion de femmes cadres dirigeantes la plus importante. À l’opposé, les départements de grande couronne enregistrent un taux de féminisation plus faible (21 %), proche de celui observé en province.

Selon les âges et les générations, le taux de féminisation des postes de cadre dirigeant varie : faible parmi les personnes âgées de 50 ans ou plus (25 %) et forte parmi les jeunes de moins de 30 ans (49 %), à un age où de tels postes sont encore rarement occupés Ces écarts peuvent s’expliquer de deux manières. D’une part, parmi les jeunes générations, les femmes ne sont pas moins diplômées que les hommes, notamment pour les diplômes les plus élevés. D’autre part, certaines femmes de 50 ans ou plus ont pu devoir interrompre leur carrière, voire renoncer temporairement à certains postes à responsabilités ou ne pas être choisies pour les exercer, compte tenu d’éléments de nature personnelle (maternité, inégale répartition des tâches domestiques).

Tous âges confondus, les femmes sont plus présentes parmi les cadres dirigeants au sein d’entreprises de plus de 500 salariés (30 % contre 27 % pour les entreprises de 250 à 499 salariés). Ce constat peut être relié aux dispositifs légaux qui luttent contre les entraves à l’accès des femmes aux postes à responsabilités, ainsi qu’à des dispositifs spécifiques instaurés par certaines entreprises (encadré).

En Île-de-France, les femmes occupant des emplois de cadre dirigeant perçoivent une rémunération inférieure de 25 % à celle de leurs homologues masculins. Cet écart est moins prononcé qu’en province (29 %). Il est plus important quand l’entreprise est de grande taille : l’écart de salaire est de 23 % en moyenne pour les entreprises de 250 à 499 salariés alors qu’il est de 26 % dans les entreprises de 1 000 salariés ou plus. Ce dernier constat peut sans doute s’expliquer en partie par le fait qu’au sein des entreprises les plus grandes, les postes de cadre dirigeant occupés par des hommes sont plus souvent positionnés plus favorablement que ceux occupés par des femmes. À titre d’illustration, seules deux femmes sont actuellement directrices générales d’entreprises cotées au CAC 40, une seule en est présidente.

L’écart de salaire entre les femmes et les hommes augmente avec l’âge du dirigeant, passant ainsi de 12 % pour les moins de 30 ans à plus de 25 % pour les 50 ans ou plus en Île-de-France. Ce résultat n’est pas spécifique aux cadres dirigeants et se retrouve sur l’ensemble des salariés du secteur privé. Les facteurs à l’œuvre sont d’ordres très divers – temps partiel contraint, stéréotypes de genre, structure sectorielle des emplois, notamment – et leur poids n’est pas forcément le même selon le niveau de poste occupé.

En début de carrière, les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes sont un peu plus forts en île-de-France qu’en province (- 6,9 % chez les moins de 30 ans). C’est l’inverse pour les écarts de salaire entre personnes âgées de 50 ans ou plus (- 27 %).

Figure 2Part des femmes parmi les cadres dirigeants du secteur privé et écarts de salaire entre les femmes et les hommes en 2019

Part des femmes parmi les cadres dirigeants du secteur privé et écarts de salaire entre les femmes et les hommes en 2019 - Lecture : 29,5 % des 38 216 emplois salariés de cadres dirigeants sont occupés par des femmes au 31 décembre 2019 en Île-de-France. Leur salaire net annualisé moyen est de 103 200 euros, soit 25,2 % de moins que celui des hommes cadres dirigeants.
Taille de l’entreprise Effectifs des cadres dirigeants Part des femmes (en %) Salaire net annualisé moyen des femmes (en euros) Écart de salaire femmes/hommes (en %)
Île-de-France Province Île-de-France Province Île-de-France Province Île-de-France Province
De 250 à 499 salariés 5 162 6 179 27,0 20,7 112 810 70 260 -22,7 -25,5
De 500 à 999 salariés 6 492 5 401 29,9 21,7 104 710 70 260 -24,7 -26,1
1 000 salariés ou plus 26 562 20 605 29,9 23,2 101 150 65 640 -25,7 -30,4
Ensemble 38 216 32 185 29,5 22,5 103 200 67 230 -25,2 -28,8
  • Lecture : 29,5 % des 38 216 emplois salariés de cadres dirigeants sont occupés par des femmes au 31 décembre 2019 en Île-de-France. Leur salaire net annualisé moyen est de 103 200 euros, soit 25,2 % de moins que celui des hommes cadres dirigeants.
  • Champ : France métropolitaine, ensemble des cadres dirigeants en activité au 31 décembre 2019 dans les entreprises de plus de 250 salariés du secteur privé, hors agriculture.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2019.

Moins d’inégalités salariales dans la fonction publique pour les postes de direction

Les inégalités d’accès aux postes de direction et de rémunération dans les entreprises privées se retrouvent également dans la fonction publique. En Île-de-France, en 2019, dans la fonction publique, 39 % des femmes occupent un , soit 4 points de moins qu’en province. Les situations sont toutefois très différentes selon l’âge ou selon le versant de la fonction publique : territoriale, hospitalière ou d’État. La féminisation des postes de pouvoir est nettement plus importante dans la fonction publique hospitalière (56 %) que dans celles des collectivités territoriales (39 %) et de l’État (33 %). En Île-de-France, la fonction publique d’État est majoritaire (69 % des effectifs) et la fonction publique hospitalière ne regroupe que 23 % des effectifs totaux. En province, la fonction publique hospitalière prédomine (54 % des effectifs totaux) et celle de l’État est légèrement moindre (31 %) (figure 3). Ces différences de répartition entre les trois versants de la fonction publique expliquent la féminisation plus faible des postes de direction dans la région capitale.

En Île-de-France, les femmes de la fonction publique occupant un poste de direction sont rémunérées en moyenne sur un an 10 % de moins que leurs homologues masculins. Cet écart est toutefois nettement plus faible que dans le privé (- 25 %). C’est dans la fonction publique hospitalière que l’inégalité salariale est la plus élevée. En revanche, dans la fonction publique territoriale, les rémunérations des femmes cadres dirigeantes sont proches de celles des hommes (écart de - 1,3 %). En province, la situation est tout autre : les écarts de salaire sont globalement plus importants (- 13 %). Ils sont plus élevés dans les collectivités territoriales (- 15 %) que dans la fonction publique d’État ou hospitalière (près de - 9 %).

Dans la fonction publique, la différence de salaire s’explique pour partie par la structure d’âge : plus jeunes que leurs homologues masculins, les femmes qui occupent des postes de direction ont une ancienneté plus faible et par conséquent une rémunération moins élevée. D’autre part, elles sont surreprésentées dans le versant hospitalier, où les rémunérations moyennes sont plus faibles. Elles sont au contraire peu nombreuses dans les emplois de direction de l’État, les mieux rémunérés.

Figure 3Part des femmes dans les postes de direction des trois versants de la fonction publique et écarts de salaire entre les femmes et les hommes en 2019

Part des femmes dans les postes de direction des trois versants de la fonction publique et écarts de salaire entre les femmes et les hommes en 2019 - Lecture : 33,0 % des 1 691 emplois de direction de la fonction publique d’État sont occupés par des femmes au 31 décembre 2019 en Île-de-France. Leur salaire net moyen annualisé est inférieur de 5,1 % à celui des hommes sur ces mêmes postes.
Effectifs des emplois de direction Part des femmes (en %) Écart de salaire femmes/hommes (en %)
Île-de-France
Fonction publique d’État 1 691 33,0 -5,1
Fonction publique territoriale 173 39,3 -1,3
Fonction publique hospitalière 571 56,2 -10,3
Province
Fonction publique d’État 1 982 31,2 -8,7
Fonction publique territoriale 951 30,5 -14,5
Fonction publique hospitalière 3 476 53,5 -8,8
  • Lecture : 33,0 % des 1 691 emplois de direction de la fonction publique d’État sont occupés par des femmes au 31 décembre 2019 en Île-de-France. Leur salaire net moyen annualisé est inférieur de 5,1 % à celui des hommes sur ces mêmes postes.
  • Champ : France métropolitaine, emplois de direction de la fonction publique au 31 décembre 2019.
  • Source : Insee, Siasp 2019 ; traitements SDessi-DGAFP.

Figure 3Part des femmes dans les postes de direction des trois versants de la fonction publique et écarts de salaire entre les femmes et les hommes en 2019

  • Lecture : 33,0 % des 1 691 emplois de direction de la fonction publique d’État sont occupés par des femmes au 31 décembre 2019 en Île-de-France. Leur salaire net moyen annualisé est inférieur de 5,1 % à celui des hommes sur ces mêmes postes.
  • Champ : France métropolitaine, emplois de direction de la fonction publique au 31 décembre 2019.
  • Source : Insee, Siasp 2019 ; traitements SDessi-DGAFP.

Encadré - Une législation qui fait progresser la parité

Depuis quelques années, plusieurs lois ont été votées afin de favoriser la parité dans les entreprises et au sein des instances dirigeantes :

  • Loi du 27 janvier 2011, dite « Loi Copé-Zimmermann » : quota de 40 % de femmes dans les conseils d’administration et conseils de surveillance des sociétés de plus de 500 salariés. Cette loi est étendue aux entreprises de plus de 250 salariés depuis 2020.
  • Loi du 5 septembre 2018 : obligation pour les entreprises de 50 salariés ou plus de publier l’index de l’égalité femmes/hommes. La loi prévoit une sanction à partir de mars 2022 en cas d’index inférieur à 75 sur 100.
  • Loi n° 2021-1774 du 24 décembre 2021 : obligation pour les entreprises de plus de 1 000 salariés de publier chaque année à partir de 2023, sur leur site internet, les écarts de représentation parmi leurs cadres dirigeants.
Publication rédigée par :Jean-Philippe Martin, Flora Richel (Insee)

Sources

Les données sur les dirigeants et cadres dirigeants salariés du privé sont issues de la base Tous salariés 2019. Pour les dirigeants non salariés, c’est la base Non-salariés 2019 qui est mobilisée. Les emplois de direction dans la fonction publique sont extraits de la base Siasp 2019.

Définitions

Les dirigeants salariés sont les personnes ayant reçu mandat des propriétaires pour assurer la direction de la société en leur nom, tout en ayant un statut assimilé à celui de salarié. Ils sont identifiés par la nature de leur contrat (modalité des déclarations sociales correspondant aux mandataires sociaux) ou leur libellé d’emploi. Il s’agit de dirigeants de sociétés anonymes (SA) ou de sociétés par actions simplifiées (SAS), de gérants minoritaires de sociétés à responsabilité limitée (SARL) et de gérants non associés d’autres types de sociétés.

Non-salariés : personnes affiliées à un régime de protection sociale des travailleurs non salariés (auto-entrepreneurs, entrepreneurs individuels « classiques » et gérants majoritaires de SARL ou de sociétés d’exercice libéral à responsabilités limitées - SELARL).

Les cadres dirigeants sont les cadres participant à la direction des entreprises, identifiés ici pour les seules entreprises de 250 salariés ou plus du secteur privé Ils regroupent les cadres d’état-major administratifs, financiers, commerciaux et directeurs techniques des entreprises de 500 salariés ou plus, les dirigeants salariés ainsi que, parmi les cadres administratifs et commerciaux et les ingénieurs et cadres techniques, ceux dont le libellé d’emploi déclaré dans les sources sociales les qualifie comme tels (« directeur exécutif », « directeur financier », par exemple).

Les emplois de direction dans la fonction publique sont les emplois de direction de service ou d’établissement assortis de responsabilité de gestion des unités sous leur responsabilité.

Pour en savoir plus

Brasseur M.-F., Dubujet F., « Chefs d’entreprise en Île-de-France : une population peu féminisée, plutôt âgée et diplômée », Insee Analyses Île-de-France no 161, novembre 2022.

Bendekkiche H., Mainaud T., « Encadrer : une tâche peu féminisée qui n’est pas réservée aux cadres », Insee Première no 1920, septembre 2022.

Andrieux P.-J., Flachère M., « Les femmes peu nombreuses aux postes à responsabilités », Insee Flash Occitanie no 119, mai 2022.

« Femmes et hommes, l’égalité en question », coll. « Insee Références », édition 2022.

Fiche « Dirigeants d’entreprise », in Emploi et revenus des indépendants, coll. « Insee Références », édition 2020.

« Ouvrir dans un nouvel ongletMixité au sommet : les entreprises au défi d'évoluer », Heidrick & Struggles, janvier 2020.