Insee
Insee Flash Occitanie · Mai 2022 · n° 119
Insee Flash OccitanieLes femmes peu nombreuses aux postes à responsabilités

Pierre-Julien Andrieux, Magali Flachère (Insee)

En 2019 en Occitanie, la parité n’est pas atteinte dans les fonctions à responsabilités, dans le privé comme dans le public. L’accès des femmes à ces fonctions progresse néanmoins avec la législation et l’arrivée des jeunes générations. De plus, les rémunérations des femmes exerçant un poste à responsabilités restent en deçà de celles des hommes.

Insee Flash Occitanie
No 119
Paru le :Paru le06/05/2022

Cette publication fait partie d'un ensemble de travaux sur le développement durable publiés par l'Insee Occitanie.

Les femmes sont peu présentes aux fonctions de pouvoir. En Occitanie, dans le secteur privé, elles représentent 39 % des chefs d’entreprises (dirigeants salariés et non-salariés) en 2019. Aux niveaux hiérarchiques juste inférieurs, aux postes de directeurs et cadres des grandes entreprises, la place des femmes est encore moindre (23 %). Dans le secteur public, où elles sont pourtant majoritaires, la parité n’est pas non plus atteinte dans le haut de la hiérarchie : 41 % des emplois de direction sont occupés par une femme. Ces résultats sont similaires à ceux de la France de province.

À la tête des sociétés, seulement un dirigeant sur quatre est une femme

Fin 2019 en Occitanie, 346 810 personnes sont à la tête d’une entreprise, dont 39 % de femmes. Les situations sont hétérogènes, du micro-entrepreneur qui exerce une activité de complément, au dirigeant salarié qui gère une grande entreprise. Au sein des entreprises individuelles, dont font partie les micro-entreprises, la parité est quasiment atteinte (44 %) (figure 1). À la tête des sociétés (à responsabilité limitée, anonymes et par actions simplifiée - SARL, SA et SAS), les femmes ne représentent par contre qu’un dirigeant sur quatre. À mesure que l’entreprise se complexifie (en taille, en statut juridique), leur présence s’amenuise. Elle est particulièrement faible à la tête des SA et SAS (structures adaptées à des grandes entreprises), où seule une société sur cinq est dirigée par une femme.

Figure 1Part des femmes et écarts de revenu des non-salariés et dirigeants salariés en 2019 en Occitanie

Part des femmes et écarts de revenu des non-salariés et dirigeants salariés en 2019 en Occitanie - Lecture : les femmes dirigeant une SA (société anonyme) ou une SAS (société par actions simplifiée) gagnent en moyenne 75 % du revenu de leurs homologues masculins et représentent 22 % de l’ensemble des dirigeants de SA ou de SAS.
Statut du dirigeant Part des femmes (en %) Part du revenu des femmes dans celui des hommes (en %) Effectifs
Non-salariés Gérants majoritaires de société 27 76 83 383
Entrepreneurs individuels 48 80 101 924
Micro-entrepreneurs 42 82 136 755
Dirigeants salariés Dirigeants de SA ou de SAS 22 75 19 136
Gérants minoritaires de SARL 23 84 5 051
Autres 24 82 554
  • Note : pour un non-salarié, le revenu ou bénéfice issu de l’activité est net de cotisations sociales et charges professionnelles associées ; les contributions sociales (CSG et CRDS) ne sont pas déduites. Pour un dirigeant salarié, le revenu correspond au salaire net de toutes cotisations et contributions sociales. Dans les deux cas, les revenus sont annualisés.
  • Lecture : les femmes dirigeant une SA (société anonyme) ou une SAS (société par actions simplifiée) gagnent en moyenne 75 % du revenu de leurs homologues masculins et représentent 22 % de l’ensemble des dirigeants de SA ou de SAS.
  • Champ : ensemble des dirigeants salariés et non salariés au 31 décembre 2019 dans le secteur privé, hors agriculture.
  • Source : Insee, base Non-salariés 2019, base Tous salariés 2019

Figure 1Part des femmes et écarts de revenu des non-salariés et dirigeants salariés en 2019 en Occitanie

  • Note : pour un non-salarié, le revenu ou bénéfice issu de l’activité est net de cotisations sociales et charges professionnelles associées ; les contributions sociales (CSG et CRDS) ne sont pas déduites. Pour un dirigeant salarié, le revenu correspond au salaire net de toutes cotisations et contributions sociales. Dans les deux cas, les revenus sont annualisés.
  • Lecture : les femmes dirigeant une SA (société anonyme) ou une SAS (société par actions simplifiée) gagnent en moyenne 75 % du revenu de leurs homologues masculins et représentent 22 % de l’ensemble des dirigeants de SA ou de SAS.
  • Champ : ensemble des dirigeants salariés et non salariés au 31 décembre 2019 dans le secteur privé, hors agriculture.
  • Source : Insee, base Non-salariés 2019, base Tous salariés 2019

Les cheffes d’entreprise de la région sont aussi moins bien rémunérées. Les disparités sont les plus faibles chez les gérants minoritaires de SARL. Les femmes y perçoivent 84 % du revenu de leurs homologues masculins. Les écarts sont les plus forts du côté des SA et SAS, avec des dirigeantes rémunérées à hauteur de 75 % du revenu des hommes.

Pour les femmes comme pour les hommes, la rémunération dépend de différents paramètres. À caractéristiques équivalentes, le premier facteur de disparité est la forme juridique choisie pour l’entreprise, qui conditionne fortement le devenir de celle-ci. Le secteur d’activité joue également un rôle important. Par exemple, les professions juridiques sont globalement plus rémunératrices que celles des services aux particuliers. Le fait d’être une femme reste discriminant mais n’arrive qu’ensuite (Pour en savoir plus).

Dans les grandes entreprises, la loi favorise l’accès des femmes aux postes à responsabilités

La législation se dote depuis plusieurs années de mesures favorisant l’accès des femmes aux postes à responsabilités, notamment au sein des entreprises d’au moins 250 . Grâce à ces dispositifs de plus en plus élargis, la féminisation des hautes fonctions d’encadrement s’accroît avec la taille de l’entreprise. En Occitanie, les femmes représentent 17 % des directeurs et cadres des entreprises de 250 à 499 salariés, et 25 % de celles comptant plus de 1 000 salariés (figure 2). Cette féminisation ne s’accompagne pas d’une réduction des inégalités salariales. Les écarts de rémunération restent très importants dans les grandes entreprises notamment. Dans une entreprise de 1 000 salariés ou plus, une directrice ou une cadre touche en moyenne 66 % du salaire de son égal masculin. Dans les entreprises de taille plus modeste, c’est environ 80 %.

Figure 2Part des femmes et écarts de salaire chez les directeurs et cadres du secteur privé en 2019 en Occitanie

Part des femmes et écarts de salaire chez les directeurs et cadres du secteur privé en 2019 en Occitanie - (¹) Lecture : les femmes directrices ou cadres de 30 à 49 ans gagnent en moyenne 74 % du revenu de leurs homologues masculins. (²) en comptant les dirigeants salariés
Répartition Effectif Part des femmes (en %) Salaire net annualisé moyen des femmes (en euros) Part du revenu des femmes dans celui des hommes (en %) (¹)
Répartition selon le nombre de salariés dans l’entreprise (²)
De 250 à 499 salariés 531 17 67 640 81
De 500 à 999 salariés 569 20 72 080 83
1 000 salariés ou plus 2 621 25 67 080 66
Répartition selon l’âge du directeur ou cadre
Moins de 30 ans 66 44 30 860 103
30 à 49 ans 1 634 28 55 720 74
50 ans ou plus 2 021 18 85 970 76
Ensemble 3 721 23 67 800 71
  • (¹) Lecture : les femmes directrices ou cadres de 30 à 49 ans gagnent en moyenne 74 % du revenu de leurs homologues masculins.
    (²) en comptant les dirigeants salariés
  • Champ : ensemble des directeurs et cadres des domaines financiers, commerciaux et technique, y compris dirigeants salariés, en activité au 31 décembre 2019, hors agriculture, dans les entreprises de 250 salariés ou plus du secteur privé
  • Source : Insee, base Tous salariés 2019

Dans le secteur public, les femmes mieux représentées aux postes de direction

Aux postes de direction, dans la fonction publique, les emplois sont divers : des directeurs et sous-directeurs d’administration, des secrétaires généraux, des préfets dans la fonction publique d’État,des directeurs d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux dans l’hospitalière. À un haut niveau, le secteur public est un peu plus féminisé que le privé : les femmes occupent 41 % des 696 emplois de direction (figure 3). Entre versants cependant, les écarts sont grands. Les femmes représentent seulement 30 % des emplois de direction des fonctions publiques d’État et territoriale. À l’inverse, elles sont majoritaires dans la fonction publique hospitalière (54 %). La parité n’est donc pas acquise dans le secteur public, alors même qu’il est très féminisé (60 % de femmes dans la fonction publique territoriale, 63 % dans la fonction publique d’État et 77 % dans l’hospitalière).

Figure 3Part des femmes et écarts de salaire chez les dirigeants de la fonction publique en 2019 en Occitanie

Part des femmes et écarts de salaire chez les dirigeants de la fonction publique en 2019 en Occitanie - (¹) Lecture : les femmes de 50 ans ou plus occupant un emploi de direction dans la fonction publique gagnent en moyenne 90 % du revenu de leurs homologues masculins.
Répartition Effectif Part des femmes (en %) Salaire net moyen annualisé des femmes (en euros) Part du revenu des femmes dans celui des hommes (en %) (¹)
Répartition par âge
Moins de 30 ans 10 50 nd nd
De 30 à 49 ans 247 56 68 400 92
50 ans ou plus 439 33 82 000 90
Répartition par versant
Emplois de direction de la Fonction publique de l’État 237 30 83 570 86
Emplois de direction de la Fonction publique territoriale 135 31 76 260 93
Emplois de direction de la Fonction publique hospitalière 324 54 71 100 91
dont directeurs d’hôpitaux 207 49 75 270 90
dont directeurs d’établissement sanitaire, social et médico-social 117 62 65 550 101
Emplois de direction de la fonction publique (Ensemble) 696 41 74 870 87
  • (¹) Lecture : les femmes de 50 ans ou plus occupant un emploi de direction dans la fonction publique gagnent en moyenne 90 % du revenu de leurs homologues masculins.
  • Champ : emplois de direction de la fonction publique au 31 décembre 2019
  • Source : Insee, Siasp 2019 ; traitements SDessi-DGAFP

Les inégalités de rémunération existent aussi dans la fonction publique. À un poste de direction, une femme gagne 86 % du salaire d’un homme dans la fonction publique d’État, 93 % dans la territoriale et 91 % dans l’hospitalière. C’est dans ce dernier versant que les salaires sont les plus faibles, pour les hommes comme pour les femmes.

Plus de parité chez les jeunes générations

Globalement moins présents aux postes à responsabilités, des plus jeunes prennent toutefois fréquemment la tête d’une SA, d’une SAS ou d’une entreprise individuelle (données complémentaires). La féminisation des postes à responsabilités est plus forte pour les jeunes générations que pour les plus âgées. Dans les SA ou SAS, les femmes représentent 24 % des dirigeants de moins de 30 ans, contre 20 % des 50 ans ou plus. Chez les entrepreneurs individuels, 62 % des moins de 30 ans sont des entrepreneures, contre 40 % des 50 ans ou plus.

Pour autant, cette meilleure représentation des femmes peut s’altérer dans le temps, comme le montre une étude du Céreq réalisée en janvier 2020. Alors même que la part des femmes devenues cadres au cours de leurs premières années de vie active s’avère équivalente à celle des hommes, « elles continuent d'accuser un retard sensible dès qu'il s’agit d'accéder à un poste à responsabilités. La prépondérance des hommes sur ces postes et le présupposé d'un rapport au travail plus discontinu chez les femmes, du fait de leur implication dans la sphère domestique et familiale (ces dernières assumant encore plus des deux tiers des tâches domestiques et parentales), peuvent susciter des comportements discriminatoires à leur égard ».

Publication rédigée par :Pierre-Julien Andrieux, Magali Flachère (Insee)

À titre d’exemple, à compter de 2022, les entreprises de plus de 1 000 salariés doivent publier les écarts de représentation femmes-hommes parmi les cadres dirigeants.