Insee Analyses Grand Est · Décembre 2022 · n° 151

Dans le Grand Est, 87 000 emplois liés à la présence de touristes en 2019

En 2019, dans le Grand Est, l’accueil de touristes génère 87 000 emplois en moyenne sur l’année. Les emplois touristiques, liés à la présence de touristes, représentent 5,3 % des emplois marchands de la région : 74 000 sont des emplois salariés, soit 85 %, et 13 000 des emplois non salariés.

La région se place en 5^e position des régions de France de province en nombre d’emplois touristiques, et en 9^e position pour la part de l’emploi touristique dans l’emploi marchand. Celle-ci est en moyenne de 6,2 % en France de province, allant de 17,0 % en Corse à 4,3 % dans les Hauts-de-France (figure 1).

Le Bas-Rhin, la Moselle et le Haut-Rhin accueillent le plus grand nombre de touristes (encadré) et concentrent 59,3 % de l’emploi touristique, avec 51 500 emplois. Les zones d’emploi de Strasbourg, Metz, Colmar et Mulhouse regroupent à elles seules 42,0 % des emplois touristiques, dont 19 % qui sont situés à Strabourg. En ajoutant les zones de Nancy et de Reims, 55,2 % des emplois touristiques sont localisés dans les six zones d’emploi correspondant aux grandes agglomérations de la région. Toutefois, dans les zones de Remiremont et de Colmar, le poids des emplois touristiques dans l’emploi marchand est le plus élevé (respectivement 13,7 % et 10,0 %, figure 2). Un tiers des 3 550 emplois de la zone de Remiremont sont des emplois dans le secteur de l’hébergement, et trois sur dix dans celle de Colmar.

L’hébergement, une activité totalement dédiée au tourisme, génère 16 750 emplois dans le Grand Est, soit 19,3 % des emplois touristiques (figure 3). Cette proportion est un peu plus faible qu’en France de province (21,0 %). Dans le secteur de la restauration, 12 000 emplois sont liés à la présence de touristes, et 30 000 dans les commerces de détail et les grandes surfaces. Dans l’artisanat, 6 200 emplois sont liés au tourisme, il s’agit des métiers de bouche et de fabrication d’objets en verre, en bois, en céramique… Dans le secteur des soins, comprenant les activités de thalasso et de thermalisme, 4 300 emplois sont générés par le tourisme et représentent 4,9 % des emplois touristiques, un poids plus élevé qu’en France de province. À l’inverse, avec 6,1 % d’emplois touristiques, le secteur des sports et loisirs (clubs de sport, parc de loisirs…) a un poids plus faible qu’au niveau national hors Île-de-France (8,4 %). Les visites de musées, de sites naturels, de monuments, et le spectacle vivant créent 4 300 emplois touristiques.

Dans le Grand Est, la spécificité des différents secteurs de l’emploi touristique varie selon les territoires (figure 4). Dans les départements alsaciens, l’hébergement et la restauration sont surreprésentés : leur part dans l’emploi touristique est respectivement 1,17 et 1,29 fois plus forte que dans l’ensemble de la région. Dans les zones d’emploi de Strasbourg et de Colmar, 21,5 % des emplois touristiques se trouvent dans le secteur de la restauration-cafés, contre 13,8 % au niveau régional.

En Lorraine, le secteur des soins a un poids dans l’emploi touristique 1,35 fois plus élevé que la moyenne du Grand Est, grâce notamment aux stations thermales de Vittel, Contrexéville et Plombières-les-Bains situées dans les Vosges. De même, en Moselle, un emploi touristique sur dix est lié aux soins, en raison de la présence de la station thermale d’Amnéville-les-Thermes.

Les activités du sport et des loisirs occupent également une plus grande place dans le tourisme des Vosges et de la Meurthe-et-Moselle. Quant aux emplois liés au patrimoine et à la culture, ils ont un poids relativement plus important dans l’emploi touristique lorrain que dans la région. Dans la zone d’emploi de Nancy notamment, ils représentent 11 % des emplois touristiques, contre 5 % en moyenne dans le Grand Est.

Dans le département de l’Aube, 31 % des emplois touristiques appartiennent au secteur du commerce de détail non alimentaire, soit 1,8 fois plus que dans la région. En effet, l’Aube bénéficie de la fréquentation des magasins d’usines de la zone d’emploi de Troyes

Dans le Grand Est, en 2019, le mois de janvier est le plus creux de l’année, avec 66 700 emplois touristiques. En juillet, 103 000 emplois sont liés à la présence de touristes, soit 54 % de plus. Cette saisonnalité est toutefois plus faible qu’en moyenne en France de province, où l’emploi touristique augmente de 80 % entre janvier et août (figure 5). Elle est également moins marquée dans les trois départements qui accueillent le plus de touristes (Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle). Dans les départements alsaciens, à partir du mois de septembre, l’emploi touristique est globalement stable jusqu’à la fin de l’année. Strasbourg et Colmar accueillent des touristes toute l’année et connaissent une forte affluence en décembre au moment des marchés et fêtes de Noël.

Au cours de l’année, l’emploi lié à la présence de touristes varie le plus fortement dans le secteur du patrimoine et de la culture : dans la région, il est multiplié par 5,2 entre janvier et juillet. Les festivals, les spectacles de plein air, les besoins pour l’accueil de visiteurs des musées et monuments se concentrent en été. Le sport et loisirs est le second secteur en termes de saisonnalité (rapport de 2,7 entre janvier et juillet).

Les emplois touristiques non salariés sont davantage occupés par des hommes (58 %). À l’opposé, 60 % des emplois touristiques salariés sont occupés par des femmes (figure 6). Cette part est néanmoins variable selon les secteurs : les femmes sont plus nombreuses dans le secteur des soins (86 %), dans les offices de tourisme (80 %) et les grandes surfaces (69 %). En revanche, les secteurs des sports et loisirs, de la restauration-cafés, du patrimoine et de la culture sont plus proches de la parité (respectivement 50 %, 49 % et 44 % de femmes).

Près de 62 % des emplois touristiques salariés sont occupés par des employés, allant de 86 % dans le secteur des soins, à 24 % dans celui du patrimoine et de la culture. Dans ce dernier secteur, les cadres sont proportionnellement plus présents (37 %). Cette répartition des catégories socioprofessionnelles explique les écarts de rémunérations. Le salaire net horaire moyen est de 11,4 €, et il s’échelonne de 15,7 € dans le secteur du patrimoine et de la culture à 9,7 € dans celui des soins.

L’âge moyen des salariés du tourisme est de 38 ans, soit 8 ans de moins que l’âge moyen des non-salariés. Il est le plus faible dans les métiers du sport et des loisirs, 34 ans, et le plus élevé dans les offices de tourisme, 41 ans.

Parmi les salariés, 18 % ont moins de 25 ans. Cette proportion varie selon la saison : ils sont 15 % en janvier et 23 % en juillet. Les jeunes représentent une part importante des salariés de la restauration et du sport et loisirs (respectivement 27 % et 29 %), avec de fortes différences selon la période de l’année. Dans le sport et les loisirs, la part des moins de 25 ans est de 16 % en janvier et de 39 % en juillet. L’embauche de jeunes salariés permet de répondre à l’augmentation du nombre de touristes lors de la période estivale. Au cours des mois d’été, les emplois à durée déterminée sont plus nombreux (16 % en août contre 7 % en janvier, pour une moyenne annuelle de 13 %).