Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes ·
Septembre 2021 · n° 130
Une concentration géographique de l’emploi renforcée pour les multinationales étrangères
La concentration géographique des emplois, assez forte sur le territoire régional, est encore plus marquée pour les multinationales étrangères. En particulier, les zones d’emploi de Lyon et de Grenoble regroupent un emploi sous contrôle étranger sur deux dans la région. Celle de Lyon constitue le lieu privilégié de l’implantation régionale. D’autres zones d’emploi sont caractérisées par une présence importante des firmes étrangères, souvent avec une forte part d’activités industrielles. La nationalité de ces multinationales ou le niveau de concentration de leurs emplois influent également sur le profil des zones d’emploi régionales. Depuis 2015, les nouveaux investissements des multinationales étrangères tendent à renforcer encore cette concentration des emplois.
- Des multinationales étrangères très concentrées géographiquement
- Les IDE renforcent la présence des multinationales étrangères
- Emploi étranger en Auvergne-Rhône-Alpes : une typologie des zones d’emploi en sept classes
- La zone d’emploi de Lyon, poids lourd de l’implantation régionale
- Trois zones d’emploi avec une très forte présence des multinationales étrangères
- Une faible concentration de l’emploi sous contrôle étranger dans quatre zones d’emploi de grandes villes
- Dans neuf zones d’emploi, des multinationales étrangères essentiellement européennes
- Trois zones d’emploi aux multinationales étrangères largement tournées vers les activités productives
- Six zones d’emploi comptent peu de multinationales européennes
- Une présence faible d’entreprises étrangères pour sept zones d’emploi
- Encadré 1 - Auvergne-Rhône-Alpes, 1ère région de province pour le nombre d’IDE
- Encadré 2 - Le mot des partenaires
En 2017, les multinationales étrangères emploient 226 100 salariés en Auvergne-Rhône-Alpes, soit 13,6 % des emplois salariés régionaux, répartis dans plus de 7 300 établissements. Ces groupes de sociétés exercent leur activité dans plusieurs pays et leur centre de décision est situé à l’étranger. La concentration des emplois est souvent liée à la présence historique de grands établissements (pour en savoir plus). La part des multinationales étrangères dans l’emploi régional est stable depuis le début des années 2010.
Des multinationales étrangères très concentrées géographiquement
L’emploi est concentré en Auvergne-Rhône-Alpes. En effet, parmi les 39 zones d’emploi de la région, celles de Lyon et de Grenoble concentrent 39 % des salariés (pour 31 % de la population). Cette part atteint 56 % en ajoutant les zones d’emploi de Clermont-Ferrand, Saint-Étienne et Annecy (figure 1). Cet effet de concentration est renforcé pour les multinationales étrangères, avec la moitié des salariés sous contrôle étranger dans les deux seules zones d’emploi de Lyon (87 000 salariés) et de Grenoble (26 100), et 65 % pour l’ensemble des cinq zones. Sept des neuf plus gros établissements régionaux sous contrôle étranger sont implantés dans les zones d’emploi de Lyon, Grenoble et Annecy. Aussi, la part des multinationales étrangères dans l’emploi salarié y est plus forte qu’en moyenne régionale, avec des parts respectives de 17,0 %, 18,7 % et 16,5 %. Dans les zones d’emploi de Saint-Étienne et de Clermont-Ferrand, l’emploi sous contrôle étranger pèse moins qu’au niveau régional (respectivement 12,6 % et 8,6 %). Sur ces deux territoires, les multinationales françaises sont davantage présentes, notamment avec l’implantation de Michelin pour la seconde zone d’emploi.
À l’inverse, les dix zones d’emplois avec le moins de salariés en multinationales étrangères (moins de 1 000 chacune) ne totalisent que 2 % de l’emploi régional sous contrôle étranger.
tableauFigure 1 – Concentration de l’emploi total, de l’emploi sous contrôle étranger et des investissements directs étrangers (IDE) par zone d’emploi en 2017
Zone d’emploi | Nombre de zones d'emploi en Auvergne-Rhône-Alpes | Part régionale d’emplois sous contrôle étranger | Part régionale du nombre d’IDE | Part régionale d’emplois totaux |
---|---|---|---|---|
8421 Lyon | 1 | 38,47 | 46,6 | 30,7 |
8409 Grenoble | 2 | 50,03 | 54,6 | 39,1 |
8428 Saint Etienne | 3 | 55,53 | 60,7 | 45,0 |
8401 Annecy | 4 | 60,68 | 63,7 | 49,3 |
8408 Clermont-Ferrand | 5 | 64,61 | 66,4 | 55,5 |
8406 Bourgoin-Jallieu | 6 | 68,42 | 70,8 | 58,2 |
8433 Vienne-Annonay | 7 | 71,88 | 73,2 | 60,9 |
8431 Valence | 8 | 75,31 | 76,2 | 64,5 |
8405 Bourg en Bresse | 9 | 77,75 | 78,6 | 67,4 |
8407 Chambéry | 10 | 80,18 | 80,8 | 70,6 |
8416 Le Genevois Français | 11 | 82,32 | 82,2 | 73,2 |
8434 Villefranche-sur-Saône | 12 | 84,25 | 84,5 | 75,1 |
8413 La Tarentaise | 13 | 85,75 | 85,7 | 77,1 |
8426 Roanne | 14 | 86,99 | 86,8 | 78,6 |
8423 Montluçon | 15 | 88,12 | 87,2 | 79,7 |
8435 Voiron | 16 | 89,16 | 88,1 | 81,5 |
8422 Montélimar | 17 | 90,16 | 89,1 | 82,6 |
8414 La Vallée de l’Arve | 18 | 91,14 | 89,7 | 84,0 |
8432 Vichy | 19 | 92,12 | 90,3 | 85,3 |
8425 Oyonnax | 20 | 92,97 | 90,9 | 86,2 |
8412 La Plaine du Forez | 21 | 93,77 | 91,3 | 87,0 |
0059 Mâcon | 22 | 94,36 | 92,1 | 87,6 |
8404 Belley | 23 | 94,95 | 92,3 | 88,0 |
8424 Moulins | 24 | 95,53 | 93,5 | 88,9 |
8411 La Maurienne | 25 | 96,06 | 94,4 | 89,4 |
8415 Le Chablais | 26 | 96,59 | 94,5 | 90,6 |
8427 Romans sur Isère | 27 | 97,09 | 95,1 | 91,6 |
8419 Le Puy en Velay | 28 | 97,53 | 95,9 | 92,6 |
8418 Le Mont Blanc | 29 | 97,98 | 96,4 | 93,6 |
8417 Le Livradois | 30 | 98,36 | 96,7 | 94,4 |
8402 Aubenas | 31 | 98,73 | 97,3 | 95,4 |
8420 Les Sources de la Loire | 32 | 99,09 | 97,7 | 96,2 |
8403 Aurillac | 33 | 99,42 | 98,7 | 97,0 |
0055 Bollène-Pierrelatte | 34 | 99,66 | 98,9 | 97,9 |
8410 Issoire | 35 | 99,83 | 99,2 | 98,7 |
0063 Ussel | 36 | 99,90 | 99,2 | 99,0 |
8430 Tarare | 37 | 99,96 | 99,2 | 99,5 |
8429 Saint Flour | 38 | 99,99 | 99,2 | 99,8 |
0064 Valréas | 39 | 100,00 | 99,2 | 100,0 |
- Lecture : la zone d’emploi comptant le plus grand nombre d’emploi concentre à elle seule 31 % de l’emploi total de la région, 38 % de l’emploi sous contrôle étranger et 47 % du nombre d’IDE.
- Sources : Insee, Flores Lifi 2017 ; Recensement des projets d’IDE, Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises (correspondant régional de Business France)
graphiqueFigure 1 – Concentration de l’emploi total, de l’emploi sous contrôle étranger et des investissements directs étrangers (IDE) par zone d’emploi en 2017

- Lecture : la zone d’emploi comptant le plus grand nombre d’emploi concentre à elle seule 31 % de l’emploi total de la région, 38 % de l’emploi sous contrôle étranger et 47 % du nombre d’IDE.
- Sources : Insee, Flores Lifi 2017 ; Recensement des projets d’IDE, Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises (correspondant régional de Business France)
Les IDE renforcent la présence des multinationales étrangères
La concentration territoriale des multinationales étrangères est elle-même renforcée par la répartition géographique des projets d’investissements directs étrangers (IDE) réalisés dans la région (encadré 1). En effet, entre 2015 et 2019, près de la moitié d’entre eux l’ont été dans la zone d’emploi de Lyon (47 %), deux tiers dans les cinq zones d’emploi les plus employeuses de salariés sous contrôle étranger et seulement 3 % dans les dix zones d’emploi où les IDE sont le moins présents. La corrélation entre les parts régionales d’emplois sous contrôle étranger et celles du nombre d’IDE est très élevée, y compris en croisant avec le secteur d’activité. Dans la région, les multinationales étrangères s’implantent donc préférentiellement dans des territoires déjà bien pourvus en firmes étrangères et dans des secteurs où ces dernières ont déjà largement investi. Ainsi, pour huit des douze zones d’emploi les plus dotées en salariés sous contrôle étranger et en IDE, le même secteur d’activité arrive en tête sur ces deux critères. Pour cinq d’entre elles, il s’agit de l’industrie manufacturière, ce qui atteste de l’attractivité industrielle de la région.
Emploi étranger en Auvergne-Rhône-Alpes : une typologie des zones d’emploi en sept classes
Afin de mieux décrire l’implantation territoriale des multinationales étrangères en 2017, une typologie régionale des zones d’emploi a été réalisée (méthode). Sa construction ne prend pas en compte six zones d’emploi trop peu concernées par l’emploi sous contrôle étranger (part inférieure à 5 % de l’emploi total pour chacune) et ne représentant au niveau régional que 3 % de l’emploi total et 4 % de la population. Les 33 autres zones d’emploi ont été réparties en sept classes aux caractéristiques différentes (figure 2).
tableauFigure 2 – Typologie des zones d’emploi selon les caractéristiques de l’emploi des multinationales étrangères
Code | Libellé | Type |
---|---|---|
0055 | Bollène-Pierrelatte | Très faible présence des multinationales étrangères |
0059 | Mâcon | Des multinationales étrangères largement tournées vers les activités productives |
0063 | Ussel | Très faible présence des multinationales étrangères |
0064 | Valréas | Très faible présence des multinationales étrangères |
8401 | Annecy | Une très forte présence des multinationales étrangères |
8402 | Aubenas | Une présence faible d'entreprises étrangères |
8403 | Aurillac | Une présence faible d'entreprises étrangères |
8404 | Belley | Une présence faible et concentréed'établissements sous contrôle étranger |
8405 | Bourg-en-Bresse | Des multinationales étrangères essentiellement européennes |
8406 | Bourgoin-Jallieu | Une très forte présence des multinationales étrangères |
8407 | Chambéry | Faible concentration des emplois sous contrôle étranger |
8408 | Clermont-Ferrand | Faible concentration des emplois sous contrôle étranger |
8409 | Grenoble | Une très forte présence des multinationales étrangères |
8410 | Issoire | Très faible présence des multinationales étrangères |
8411 | La Maurienne | Des multinationales étrangères essentiellement européennes |
8412 | La Plaine du Forez | Une présence faible et concentréed'établissements sous contrôle étranger |
8413 | La Tarentaise | Une présence faible d'entreprises étrangères |
8414 | La Vallée de l'Arve | Des multinationales étrangères largement tournées vers les activités productives |
8415 | Le Chablais | Une présence faible d'entreprises étrangères |
8416 | Le Genevois Français | Des multinationales étrangères essentiellement européennes |
8417 | Le Livradois | Une présence faible d'entreprises étrangères |
8418 | Le Mont Blanc | Des multinationales étrangères essentiellement européennes |
8419 | Le Puy-en-Velay | Une présence faible d'entreprises étrangères |
8420 | Les Sources de la Loire | Une présence faible d'entreprises étrangères |
8421 | Lyon | Zone d'emploi de Lyon : poids lourd de l’implantation régionale |
8422 | Montélimar | Une présence faible et concentréed'établissements sous contrôle étranger |
8423 | Montluçon | Une présence faible et concentréed'établissements sous contrôle étranger |
8424 | Moulins | Une présence faible et concentréed'établissements sous contrôle étranger |
8425 | Oyonnax | Des multinationales étrangères largement tournées vers les activités productives |
8426 | Roanne | Des multinationales étrangères essentiellement européennes |
8427 | Romans-sur-Isère | Des multinationales étrangères essentiellement européennes |
8428 | Saint-Étienne | Faible concentration des emplois sous contrôle étranger |
8429 | Saint-Flour | Très faible présence des multinationales étrangères |
8430 | Tarare | Très faible présence des multinationales étrangères |
8431 | Valence | Faible concentration des emplois sous contrôle étranger |
8432 | Vichy | Des multinationales étrangères essentiellement européennes |
8433 | Vienne-Annonay | Une présence faible et concentréed'établissements sous contrôle étranger |
8434 | Villefranche-sur-Saône | Des multinationales étrangères essentiellement européennes |
8435 | Voiron | Des multinationales étrangères essentiellement européennes |
- Note : les zones d’emploi transrégionales ont été découpées par région. Ainsi chaque zone d’emploi transrégionale se retrouve affectée à deux classes différentes, une par région.
- Source : Insee, Flores Lifi 2017
graphiqueFigure 2 – Typologie des zones d’emploi selon les caractéristiques de l’emploi des multinationales étrangères

- Note : les zones d’emploi transrégionales ont été découpées par région. Ainsi chaque zone d’emploi transrégionale se retrouve affectée à deux classes différentes, une par région.
- Source : Insee, Flores Lifi 2017
La zone d’emploi de Lyon, poids lourd de l’implantation régionale
La zone d’emploi de Lyon, atypique par sa taille et ses spécificités, constitue à elle seule une classe à part entière. Elle est marquée par le plus important volume régional de salariés dans des multinationales étrangères et une présence forte de ces dernières au sein de la zone, avec plus d’un salarié sur six et un établissement employeur sur 20 (poids le plus élevé des zones d’emploi régionales). Les fonctions d’emploi métropolitaines sont très élevées au sein des firmes étrangères de cette zone (53 % des emplois) (figure 3) et particulièrement les cadres de cette fonction (30 % contre 22 % en moyenne régionale). Les activités productives sont bien représentées, en lien principalement avec la présence de multinationales étrangères dans les secteurs du commerce de gros. La proportion de salariés des firmes européennes est assez élevée (67 % de ceux des multinationales étrangères), majoritairement allemandes (comme Bayer), suédoises (comme Renault Trucks, avec deux des trois plus gros établissements régionaux) et suisses. Par ailleurs, l’implantation des multinationales étrangères dans cette zone d’emploi est très nettement renforcée par les IDE. Depuis 2012 au moins, c’est la zone d’emploi régionale majoritairement privilégiée par ces firmes pour les créations d’établissements, dont une bonne part de primo-implantations nationales ou européennes. Cependant cette zone d’emploi ne constitue pas un lieu d’implantation préalable incontournable pour une implantation ailleurs dans la région. Entre 2012 et 2019, il est en effet rare qu’une multinationale étrangère créant un établissement dans la zone d’emploi de Lyon en crée un autre ailleurs dans la région dans les années qui suivent.
tableauFigure 3 – Répartition de l’emploi des multinationales par fonction, selon leur nationalité et le type de zone d’emploi
Métropolitaine | Présentielle | Production concrète | Transversale | |
---|---|---|---|---|
Zone d'emploi de Lyon : poids lourd de l'implantation régionale | ||||
Françaises | 45,1 | 13,8 | 17,6 | 23,4 |
Étrangères | 52,9 | 12 | 17,7 | 17,4 |
Une très forte présence des multinationales étrangères | ||||
Françaises | 38,8 | 16,5 | 21,3 | 23,4 |
Étrangères | 45,1 | 8,5 | 28,6 | 17,7 |
Faible concentration des emplois sous contrôle étranger | ||||
Françaises | 31,8 | 15,9 | 23,9 | 28,2 |
Étrangères | 32,4 | 14,3 | 32,1 | 21,1 |
Des multinationales étrangères essentiellement européennes | ||||
Françaises | 24,2 | 19,2 | 30 | 26,5 |
Étrangères | 29,8 | 17,3 | 33,3 | 19,6 |
Des multinationales étrangères largement tournées vers les activités productives | ||||
Françaises | 28,8 | 10 | 40,9 | 20,3 |
Étrangères | 25,9 | 5,5 | 46,4 | 22,2 |
Peu de multinationales européennes | ||||
Françaises | 19,6 | 17,4 | 35,4 | 27,6 |
Étrangères | 22,8 | 7,6 | 46,6 | 22,9 |
Une présence faible d'entreprises étrangères | ||||
Françaises | 18,2 | 22,3 | 34,1 | 25,4 |
Étrangères | 20,6 | 22,3 | 38,3 | 18,8 |
- Lecture : dans les zones d'emploi ayant une très forte présence des multinationales étrangères, 45 % des emplois des multinationales étrangères concernent des fonctions métropolitaines contre 39 % au sein des multinationales françaises.
- Source : Insee, Flores Lifi 2017
graphiqueFigure 3 – Répartition de l’emploi des multinationales par fonction, selon leur nationalité et le type de zone d’emploi

- Lecture : dans les zones d'emploi ayant une très forte présence des multinationales étrangères, 45 % des emplois des multinationales étrangères concernent des fonctions métropolitaines contre 39 % au sein des multinationales françaises.
- Source : Insee, Flores Lifi 2017
Trois zones d’emploi avec une très forte présence des multinationales étrangères
Trois zones d’emploi de la partie est de la région (Annecy, Bourgoin-Jallieu et Grenoble) se caractérisent par un fort poids des multinationales étrangères (jusqu’à 19,0 % des salariés pour la zone d’emploi de Bourgoin-Jallieu). Comme pour la zone d’emploi de Lyon, les fonctions métropolitaines sont prépondérantes. La part des cadres de ces fonctions y est élevée (29 %), notamment dans la zone d’emploi de Grenoble (première de la région, avec 36 %). Les activités productives sont très présentes, en particulier dans le secteur « autres industries manufacturières ; réparation et installation de machines et d’équipements » (Becton-Dickinson dans la zone d’emploi de Grenoble), mais surtout dans ceux de la fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques (ST dans la zone d’emploi de Grenoble), et de la fabrication de machines (NTN-SNR Roulements et Stäubli dans la zone d’emploi d’Annecy). Dans ces deux dernières zones d’emploi, les multinationales suisses sont surreprésentées (entre 3 et 5 % de l’emploi total). Par ailleurs, dans cette classe, les multinationales étrangères ont un ancrage régional fort, puisque six salariés sur dix se trouvent dans des filiales majoritairement implantées dans la région. Enfin, cette classe accueille 15 % des IDE régionaux, soit le deuxième plus gros contingent, renforçant ainsi l’implantation des firmes étrangères.
Une faible concentration de l’emploi sous contrôle étranger dans quatre zones d’emploi de grandes villes
Dans les zones d’emploi de Chambéry, de Clermont-Ferrand, de Saint-Étienne et de Valence, la part de l’emploi dans les multinationales étrangères est assez proche de la moyenne régionale. Il est en revanche très peu concentré, avec seulement 15 % des salariés dans les dix plus gros établissements sous contrôle étranger, et 25 % pour la zone d’emploi de Saint-Étienne. Le plus gros établissement de la classe compte moins de 1 000 salariés. La zone d’emploi de Clermont-Ferrand se démarque avec une prépondérance étrangère dans les fonctions d’emploi présentielles. Enfin l’ancrage régional des multinationales étrangères de cette classe est relativement faible.
Dans neuf zones d’emploi, des multinationales étrangères essentiellement européennes
Neuf zones d’emploi, localisées au nord et à l’est de la région (Bourg-en-Bresse, la Maurienne, le Genevois Français, le Mont Blanc, Roanne, Romans-sur–Isère, Vichy, Villefranche-sur-Saône et Voiron) détiennent la plus grosse part de salariés en multinationales étrangères dont le centre de décision est implanté sur le continent européen (82 %, contre 66 % en moyenne régionale). Les multinationales suisses sont assez présentes dans la zone d’emploi du Genevois Français, avec près de 30 % des emplois sous contrôle étranger. La répartition des secteurs et des fonctions d’emploi des zones de cette classe est assez homogène. Enfin, dans les zones d’emploi de la Maurienne, de Bourg-en–Bresse, de Roanne et de Romans-sur-Isère, la présence étrangère dépend beaucoup d’un seul gros établissement, comme Renault Trucks à Bourg-en-Bresse par exemple.
Trois zones d’emploi aux multinationales étrangères largement tournées vers les activités productives
Trois zones d’emploi très spécialisées du nord-est de la région (la Vallée de l’Arve, Oyonnax et Mâcon pour sa partie régionale) se distinguent par leurs multinationales étrangères largement tournées vers les activités productives. La spécialisation sectorielle de ces zones d’emploi est particulièrement marquée au niveau des multinationales étrangères : dans la zone d’emploi d’Oyonnax, 47 % des emplois sous contrôle étranger se trouvent dans la fabrication de produits en plastique, contre 21 % tous salariés confondus. L’emploi dans les firmes étrangères est fortement concentré (deux salariés sur cinq dans l’un des dix plus gros établissements sous contrôle étranger). Cette classe ne comporte pourtant pas de très grands établissements (le plus gros, dans la partie située en Auvergne-Rhône–Alpes de la zone d’emploi de Mâcon, compte moins de 500 salariés). Enfin, très peu d’IDE y ont été réalisés sur la période considérée.
Six zones d’emploi comptent peu de multinationales européennes
Les multinationales implantées dans les six zones d’emploi de Belley, de la Plaine du Forez, de Vienne-Annonay, de Montélimar, de Montluçon et de Moulins sont celles pour lesquelles les centres de décision sont le moins souvent européens (pour moins de six salariés sous contrôle étranger sur dix). En contrepartie, les nationalités américaine et chinoise sont plus présentes. Pour la zone d’emploi de Belley, la part des salariés des entreprises européennes s'élève à seulement 36 % de ceux des multinationales étrangères. Pour autant, les entreprises étrangères représentent un poids important dans cette classe (14,8 % des salariés contre 13,6 % en moyenne régionale), particulièrement dans la zone d’emploi de Belley (19,4 %) et de Vienne-Annonay (17,8 %). Elle est relativement homogène en matière de fonctions d’emploi et de secteurs d’activités. Les activités productives sont bien présentes (comme Iveco dans la zone d’emploi de Vienne–Annonay). Dans cette classe, l’emploi des multinationales étrangères est assez fortement concentré, avec un salarié sur trois dans l’un des dix plus gros établissements sous contrôle étranger. La part de salariés en multinationales étrangères majoritairement implantées en Auvergne-Rhône-Alpes y est aussi la plus faible.
Une présence faible d’entreprises étrangères pour sept zones d’emploi
Enfin, les multinationales étrangères sont faiblement implantées dans sept zones d’emploi : cinq du sud-ouest de la région (Aubenas, Aurillac, le Livradois, le Puy-en-Velay et les Sources de la Loire) et deux zones alpines (la Tarentaise et le Chablais). La part de salariés sous contrôle étranger se situe entre 5,1 % et 6,7 %. Seule zone d’emploi à faire exception, la Tarentaise (10,1 %) accueille le seul établissement de la classe dépassant les 1 000 emplois, Ugitech, entraînant dans cette zone une présence suisse assez forte. La part des établissements employeurs étrangers (un sur 60) et le nombre d’IDE réalisés y sont également très modestes. Enfin, la part des cadres des fonctions métropolitaines y est particulièrement basse (6 %).
Encadré 1 - Auvergne-Rhône-Alpes, 1ère région de province pour le nombre d’IDE
Les investissements directs étrangers (IDE) sont les investissements qu’une unité institutionnelle résidente d’une économie (étrangère) effectue dans le but d’acquérir un intérêt durable dans une unité institutionnelle résidente d’une autre économie (en France) et d’exercer, dans le cadre d’une relation à long terme, une influence significative sur sa gestion. Les flux dépassant le seuil de 15 millions d’euros sont retracés via l’obligation de déclaration à la Banque de France des opérations d’investissements directs français à l’étranger ou étrangers en France.
Les projets d’IDE créant ou maintenant des emplois en France dans les trois ans sont répertoriés par Business France, via ses partenaires dans les régions, dans son bilan annuel. Ils regroupent cinq types d’opération : création, extension, reprise, reprise-extension ou rachat-extension.
En 2019, la France a accueilli 1 468 projets d’IDE (soit presque un projet européen sur cinq), ce qui en fait le premier pays d’accueil d’Europe. Dans la région, 180 projets ont été réalisés cette même année (soit 12 % du total national), en hausse de 45 % depuis 2015 (avec une moyenne annuelle de 150 IDE).
Auvergne-Rhône-Alpes est ainsi la première région de province pour le nombre de projets d’IDE sur cette période 2015-2019. Les entreprises de cinq pays (Allemagne, États-Unis, Italie, Royaume–Uni et Suisse) ont contribué à la réalisation de plus de la moitié de ces investissements.
Encadré 2 - Le mot des partenaires
Ce deuxième volet de l’étude sur la présence des multinationales étrangères dans notre région, fruit du partenariat noué avec l’Insee et Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises, permet de mieux comprendre encore comment nous pouvons tirer parti des atouts de notre territoire. Il s’agit d’une analyse qui constitue un facteur-clé de succès pour l’attractivité économique d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Philippe GUERAND, Président de la CCI de région Auvergne-Rhône-Alpes
L’agence régionale de développement économique Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises a un intérêt à interagir avec les multinationales étrangères présentes sur le territoire. Au-delà du bilan annuel des investissements directs étrangers, réalisé conjointement avec Business France, ce partenariat avec l’Insee et la CCIR permet de mieux adapter notre offre de services à leurs besoins. De plus, une connaissance approfondie de leur activité et de leurs spécificités peut conduire à des partenariats avec les entreprises régionales que nous accompagnons.
Gérard GUYARD, Président du Directoire de l’Agence Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises
Pour comprendre
La typologie des zones d’emploi a été élaborée par une analyse en composantes principales suivie d’une classification ascendante hiérarchique sur des critères de parts de salariés et d’établissements sous contrôle étranger, de cadres des fonctions métropolitaines, d’origine européenne de cet emploi étranger et de spécificité sectorielle de ces zones d’emploi. La zone d’emploi transrégionale de Mâcon n’a été prise en compte dans la typologie régionale que dans sa partie Auvergne-Rhône-Alpes.
Définitions
Les fonctions d’emploi occupées par les actifs résultent de leurs professions. Elles peuvent être réparties en quatre groupes : métropolitaines (conception-recherche, prestations intellectuelles, commerce inter-entreprises, gestion et culture-loisirs), de production concrète (agriculture et pêche, bâtiment et travaux publics et fabrication), présentielles (distribution, services de proximité, éducation et formation, santé et action sociale et administration publique) et transversales (transport et logistique et entretien réparation).
Les activités productives produisent des biens majoritairement consommés hors de la zone et des activités de services tournées principalement vers les entreprises de cette sphère.
Une entreprise majoritairement implantée dans une région a au moins la moitié de ses effectifs de France dans cette région.
L’étude porte sur les établissements des secteurs marchands, hors enseignement, santé humaine et action sociale, hors entreprises agricoles et d’administration publique, hors intérim, employant des salariés au 31/12 de l’année et dont le chiffre d’affaires de l’entreprise est connu pour 2017. L’emploi salarié dans cette étude est exprimé en équivalent temps plein.
Pour en savoir plus
« Des multinationales étrangères très implantées dans l’industrie régionale », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes n° 115, février 2021.
« Les entreprises de taille intermédiaire dynamisent les secteurs clés de l’industrie », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes n° 56, avril 2018.
« L’internationalisation de l’économie du Grand Est s’intensifie malgré la désindustrialisation », Insee Dossier Grand Est n° 13, février 2020.
« Les entreprises de taille intermédiaire concentrent 45 % de l’emploi sous contrôle étranger en France », Insee Focus n° 167, novembre 2019.