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Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'Azur · Mars 2021 · n° 92
Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'AzurBouches-du-Rhône – En dépit d’une croissance de l’emploi, d’importantes poches de pauvreté

Pascale Rouaud, Olivier Sanzeri (Insee)

En 2017, 2 024 200 personnes résident dans les Bouches-du-Rhône, 3e département le plus peuplé de France. En dix ans, la population départementale augmente à un rythme moins soutenu qu’au niveau national, sous le seul effet d’un excédent naturel. L’emploi s’accroît fortement sur la période, porté par le secteur tertiaire, mais le chômage reste élevé, ainsi que le taux de pauvreté.

L’aire d’attraction de Marseille – Aix-en-Provence regroupe 86 % de la population du département. Malgré la croissance de la population et de l’emploi entre 2007 et 2017, celle-ci apparaît nettement moins dynamique que la majorité des aires de taille comparable, comme celles de Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Rennes ou Nantes.

Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'Azur
No 92
Paru le :Paru le18/03/2021

Trois pôles densément peuplés

Avec 2 024 200 habitants en 2017, le département des Bouches-du-Rhône est le 3e le plus peuplé de France. 86 % de la population se concentre dans l’ de Marseille – Aix-en-Provence, essentiellement à l’est de l’étang de Berre. Cette zone se compose de trois pôles densément peuplés qui se structurent autour des communes de Marseille, Aix-en-Provence, Martigues et d’une couronne qui dépasse les limites du département (figure 1). À l’ouest, la quasi-totalité de la population vit dans des communes de densité intermédiaire comme celle d’Arles.

Figure 1Nombre d’habitants en 2017 dans les communes des Bouches-du-Rhône et grille communale de densité

  • Note : par construction, les pôles de l’aire d’attraction de Marseille – Aix-en-Provence correspondent exactement aux communes densément peuplées du département.
  • Sources : Insee, recensement de la population 2017, grille de densité 2017.

Une croissance démographique portée par l’excédent naturel

Entre 2007 et 2017, la population des Bouches-du-Rhône augmente de 0,3 % en moyenne par an (+ 6 500 personnes chaque année), un rythme légèrement plus faible que celui de la France métropolitaine (+ 0,5 %) et, dans la région, du Var et des Hautes-Alpes (+ 0,6 %).

Cette croissance est portée exclusivement par le solde naturel. Sa contribution à la hausse de la population des Bouches-du-Rhône est d’environ 0,4 % en moyenne par an. L’excédent naturel résulte d’une proportion de femmes en âge de procréer élevée (25 % contre 23 % en France métropolitaine) et d’une fécondité importante (2,1 enfants par femme contre 1,9 en France métropolitaine).

En revanche, les migrations résidentielles contribuent à diminuer la population de 0,1 % en moyenne par an entre 2007 et 2017. À titre de comparaison, sur la même période, la population du Var augmente de 0,6 % en moyenne par an sous l’effet des migrations.

Un solde migratoire négatif pour l’ensemble des classes d’âge, à l’exception des 18-24 ans

Entre 2016 et 2017, les effectifs des 18-24 ans augmentent de 0,4 % sous l’effet des échanges migratoires avec les autres départements, quand ceux de toutes les autres classes d’âge diminuent, notamment les 25-29 ans (- 0,5 %) et les 55-64 ans (- 0,5 %).

Les échanges migratoires se traduisent surtout par des départs de retraités et des arrivées d’étudiants. En 2016-2017, ils se soldent par un déficit de 1 300 retraités. Dans quatre cas sur dix, les retraités qui quittent les Bouches-du-Rhône s’installent dans un autre département de la région. Ils privilégient le Var, sur le littoral ou dans l’arrière-pays autour de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, où le foncier est plus accessible. C’est d’ailleurs avec ce département que le solde démographique des Bouches-du-Rhône est le plus déficitaire.

A contrario, entre 2016 et 2017, le département attire 1 600 étudiants âgés de 18 ans ou plus. La plupart s’installent à Marseille ou à Aix-en-Provence. Ils poursuivent des études dans les établissements d’enseignement supérieur, notamment à Aix Marseille Université, plus grande université de France en nombre d’étudiants. Parmi les arrivants, 36 % sont originaires d’un autre département de la région.

Près d’un emploi sur trois dans la sphère productive

Environ 890 000 personnes travaillent dans les Bouches-du-Rhône. Les emplois de la sphère productive (production de biens matériels et acheminement) y sont plus représentés que dans la région (32,4 % des emplois contre 28,7 %). Ceci, grâce à l’implantation de grands établissements industriels comme ceux d’Airbus Helicopters à Marignane (fabrication de matériels de transport), d’ArcelorMittal à Fos-sur-Mer (métallurgie) et de STMicroelectronics à Rousset (fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques). Ces emplois sont les plus fréquents autour de l'étang de Berre et dans le golfe de Fos-sur-Mer, qui accueillent les activités liées au Grand Port maritime de Marseille. Ces territoires sont orientés vers l’industrie (encadré 1) mais aussi vers les activités connexes en amont ou en aval de la production, comme le transport et la logistique.

La part de l’économie présentielle (à destination de la population résidente et des touristes) est légèrement supérieure à celle de France métropolitaine (67,6 % de l’emploi total contre 65,3 %). C’est néanmoins la plus faible de la région : les secteurs non marchands, mais aussi les activités liées au tourisme, sont en effet moins présents que dans les autres départements. À titre de comparaison, le Var et les Hautes-Alpes se caractérisent par une économie présentielle davantage prédominante (respectivement 78 % et 80,9 % de l’emploi). La zone d’emploi de Marseille a un profil présentiel plus marqué (71 % de l’emploi) que le reste du département, car l’administration publique, l’enseignement et la santé humaine y concentrent davantage d’emplois.

Un emploi dynamique porté par le tertiaire

Entre 2007 et 2017, le nombre total d’emplois, salariés et non salariés, progresse de 0,7 % en moyenne par an, contre + 0,5 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur et + 0,3 % en France métropolitaine (figure 2). C’est la plus forte progression départementale de la région. L’emploi salarié contribue pour près des trois quarts à la hausse de l’emploi total sur la période tandis que l’emploi non salarié, très présent dans le département, est le plus dynamique (+ 2,1 % en moyenne par an).

Figure 2a Croissance annuelle moyenne de l’emploi total entre 2007 et 2017, par secteur

en %
Croissance annuelle moyenne de l’emploi total entre 2007 et 2017, par secteur (en %)
France métropolitaine Bouches-du-Rhône
Ensemble 0,3 0,7
Agriculture -0,9 -0,1
Industrie -1,4 -0,6
Construction -0,8 -0,4
Tertiaire marchand 0,8 0,9
Tertiaire non marchand 0,6 1,1
  • Champ : emploi total (salarié et non salarié).
  • Sources : Insee, estimations d’emploi 2007 et 2017.

Figure 2a Croissance annuelle moyenne de l’emploi total entre 2007 et 2017, par secteur

  • Champ : emploi total (salarié et non salarié).
  • Sources : Insee, estimations d’emploi 2007 et 2017.

Dans les Bouches-du-Rhône comme ailleurs, la hausse de l’emploi est portée par les activités tertiaires, tandis que la construction et l’industrie se replient. Dans le tertiaire marchand et non marchand, la progression est plus forte que celles observées à l’échelle de la région et de la France métropolitaine. Par ailleurs, le recul est beaucoup moins marqué dans l’industrie et la construction. Ainsi, le développement plus rapide de l’emploi dans le département tient surtout au dynamisme local de certains secteurs, davantage qu’à une structure sectorielle plus favorable que celle de la France.

Entre 2007 et 2017, l’emploi salarié du tertiaire non marchand croît de 2,5 % par an en moyenne dans l’action sociale (+ 1,4 % en France métropolitaine), de 1,2 % dans la santé humaine (+ 0,6 % en France métropolitaine) et de 0,6 % dans l’administration publique (évolution presque nulle en France métropolitaine). Au sein du secteur tertiaire marchand, il progresse de 1,6 % par an en moyenne dans l’hébergement-restauration (+ 1,1 % en France métropolitaine).

L’industrie apparaît particulièrement résiliente. Certes, les effectifs salariés de la métallurgie diminuent de 2,7 % par an en moyenne sur la période. Mais à l’inverse, l’emploi salarié s’accroît de 2,6 % par an dans la fabrication de matériels de transport.

Un chômage élevé et une pauvreté marquée

Pour autant, au quatrième trimestre 2017, le taux de chômage se situe à 10,7 % dans les Bouches-du-Rhône (8,6 % en France métropolitaine). En parallèle, 18,2 % des personnes vivent sous le soit 3,8 points de plus qu’en France métropolitaine. Le dans le département est stable. En 2012, il s’élevait à 18,1 %.

La pauvreté se concentre dans les où résident 16 % des habitants mais 60 % des personnes pauvres du département. La commune de Marseille et, à l’ouest du département, celles d’Arles et de Tarascon (figure 3) sont particulièrement concernées par la pauvreté. Dans certains quartiers tels que Kalliste – La Granière – La Solidarité à Marseille, Centre historique – Ferrages à Tarascon ou encore Griffeuille à Arles, plus de la moitié des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Figure 3Taux de pauvreté et nombre de personnes pauvres en 2017 dans les Bouches-du-Rhône, par commune

Taux de pauvreté et nombre de personnes pauvres en 2017 dans les Bouches-du-Rhône, par commune
Code commune Nom commune Nombre de personnes pauvres Taux de pauvreté
13001 Aix-en-Provence 17800 13,8
13002 Allauch 1400 6,8
13003 Alleins non diffusable non diffusable
13004 Arles 12300 23,2
13005 Aubagne 6800 15,1
13006 Aureille non diffusable non diffusable
13007 Auriol 1100 9,0
13008 Aurons non diffusable non diffusable
13009 La Barben non diffusable non diffusable
13010 Barbentane 500 12,0
13011 Les Baux-de-Provence non diffusable non diffusable
13012 Beaurecueil non diffusable non diffusable
13013 Belcodène non diffusable non diffusable
13014 Berre-l'Étang 2400 18,2
13015 Bouc-Bel-Air 800 5,4
13016 La Bouilladisse 400 6,4
13017 Boulbon non diffusable non diffusable
13018 Cabannes 700 16,5
13019 Cabriès 500 5,2
13020 Cadolive non diffusable non diffusable
13021 Carry-le-Rouet 400 6,4
13022 Cassis 700 9,8
13023 Ceyreste 400 8,5
13024 Charleval 300 12,1
13025 Châteauneuf-le-Rouge non diffusable non diffusable
13026 Châteauneuf-les-Martigues 2000 11,5
13027 Châteaurenard 3200 18,7
13028 La Ciotat 5200 13,2
13029 Cornillon-Confoux non diffusable non diffusable
13030 Cuges-les-Pins 500 9,0
13031 La Destrousse 300 7,2
13032 Éguilles 500 6,9
13033 Ensuès-la-Redonne 400 7,0
13034 Eygalières non diffusable non diffusable
13035 Eyguières 700 9,7
13036 Eyragues 600 14,5
13037 La Fare-les-Oliviers 700 8,3
13038 Fontvieille 400 11,7
13039 Fos-sur-Mer 1600 10,0
13040 Fuveau 700 7,1
13041 Gardanne 2700 12,7
13042 Gémenos 500 7,0
13043 Gignac-la-Nerthe 1200 12,5
13044 Grans 400 7,4
13045 Graveson 700 13,5
13046 Gréasque 300 7,5
13047 Istres 5100 12,1
13048 Jouques 400 9,2
13049 Lamanon non diffusable non diffusable
13050 Lambesc 1000 10,4
13051 Lançon-Provence 700 7,6
13052 Maillane 300 11,3
13053 Mallemort 800 12,2
13054 Marignane 6100 17,7
13055 Marseille 209400 25,9
13056 Martigues 7800 16,2
13057 Mas-Blanc-des-Alpilles non diffusable non diffusable
13058 Maussane-les-Alpilles 300 12,0
13059 Meyrargues 500 12,7
13060 Meyreuil 400 6,6
13061 Saint-Pierre-de-Mézoargues non diffusable non diffusable
13062 Mimet non diffusable non diffusable
13063 Miramas 5200 20,3
13064 Mollégès 300 11,2
13065 Mouriès 400 12,7
13066 Noves 700 13,5
13067 Orgon 700 22,2
13068 Paradou non diffusable non diffusable
13069 Pélissanne 700 7,1
13070 La Penne-sur-Huveaune 500 9,0
13071 Les Pennes-Mirabeau 1600 7,4
13072 Peynier 200 5,8
13073 Peypin 400 7,2
13074 Peyrolles-en-Provence 500 10,5
13075 Plan-de-Cuques 900 7,8
13076 Plan-d'Orgon 500 14,3
13077 Port-de-Bouc 3700 21,9
13078 Port-Saint-Louis-du-Rhône 1600 19,7
13079 Puyloubier non diffusable non diffusable
13080 Le Puy-Sainte-Réparade 500 9,7
13081 Rognac 1100 8,9
13082 Rognes 400 9,0
13083 Rognonas 400 10,3
13084 La Roque-d'Anthéron 700 14,8
13085 Roquefort-la-Bédoule 500 8,3
13086 Roquevaire 900 9,3
13087 Rousset 400 8,6
13088 Le Rove 500 9,1
13089 Saint-Andiol 500 15,9
13090 Saint-Antonin-sur-Bayon non diffusable non diffusable
13091 Saint-Cannat 500 8,3
13092 Saint-Chamas 800 9,3
13093 Saint-Estève-Janson non diffusable non diffusable
13094 Saint-Étienne-du-Grès 200 9,0
13095 Saint-Marc-Jaumegarde non diffusable non diffusable
13096 Saintes-Maries-de-la-Mer 600 19,6
13097 Saint-Martin-de-Crau 1500 10,9
13098 Saint-Mitre-les-Remparts 500 8,7
13099 Saint-Paul-lès-Durance non diffusable non diffusable
13100 Saint-Rémy-de-Provence 1700 16,6
13101 Saint-Savournin 200 6,2
13102 Saint-Victoret 800 12,7
13103 Salon-de-Provence 7100 16,0
13104 Sausset-les-Pins 600 7,2
13105 Sénas 1000 13,9
13106 Septèmes-les-Vallons 1700 15,2
13107 Simiane-Collongue 400 6,3
13108 Tarascon 4300 30,1
13109 Le Tholonet non diffusable non diffusable
13110 Trets 1100 10,0
13111 Vauvenargues non diffusable non diffusable
13112 Velaux 500 5,4
13113 Venelles 500 5,3
13114 Ventabren 300 5,0
13115 Vernègues non diffusable non diffusable
13116 Verquières non diffusable non diffusable
13117 Vitrolles 5700 16,0
13118 Coudoux 200 5,4
13119 Carnoux-en-Provence 600 9,0
13201 Marseille 1er arrondissement non diffusable 41,3
13202 Marseille 2e arrondissement non diffusable 40,5
13203 Marseille 3e arrondissement non diffusable 54,4
13204 Marseille 4e arrondissement non diffusable 22,8
13205 Marseille 5e arrondissement non diffusable 22,8
13206 Marseille 6e arrondissement non diffusable 19,4
13207 Marseille 7e arrondissement non diffusable 13,0
13208 Marseille 8e arrondissement non diffusable 11,2
13209 Marseille 9e arrondissement non diffusable 14,5
13210 Marseille 10e arrondissement non diffusable 20,6
13211 Marseille 11e arrondissement non diffusable 19,2
13212 Marseille 12e arrondissement non diffusable 12,1
13213 Marseille 13e arrondissement non diffusable 28,4
13214 Marseille 14e arrondissement non diffusable 41,3
13215 Marseille 15e arrondissement non diffusable 43,7
13216 Marseille 16e arrondissement non diffusable 27,3
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2017

Figure 3Taux de pauvreté et nombre de personnes pauvres en 2017 dans les Bouches-du-Rhône, par commune

  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2017

Le département est le 6e le plus inégalitaire de France métropolitaine. Le rapport interdécile des niveaux de vie (entre le plancher des 10 % les plus riches et le plafond des 10 % les plus pauvres) est de 3,8 (contre 3,4 en France métropolitaine). Les inégalités sont les plus marquées dans les deux principales communes du département. À Marseille, les revenus des 10 % les plus pauvres sont particulièrement faibles et ne dépassent pas 750 euros par unité de consommation (850 euros dans le département). À Aix-en-Provence, les écarts se creusent plutôt du fait des hauts revenus : les 10 % les plus riches perçoivent plus de 3 960 euros par mois par unité de consommation (3 220 euros dans le département).

Marseille – Aix-en-Provence, une aire d’attraction dont l’influence dépasse les limites du département

Les dynamiques départementales sont largement dictées par l’aire d’attraction de Marseille – Aix-en-Provence. Bien que débordant sur le Var et le Vaucluse, cette aire est principalement localisée dans les Bouches-du-Rhône et englobe une très large partie du département. Composée du pôle principal de Marseille, city d’envergure européenne (encadré 2) et des pôles secondaires d’Aix-en-Provence et de Martigues, l’aire englobe également une couronne de 685 500 habitants.

En 2017, l’aire compte au total 1 851 500 habitants. Entre 2007 et 2017, sa population augmente de 0,3 % par an en moyenne sous le seul effet du solde naturel. Les évolutions démographiques des aires d’attraction de 700 000 habitants ou plus ne sont pas homogènes et s’expliquent essentiellement par des différences d’attractivité migratoire. Dans les aires de Marseille – Aix-en-Provence, Lille et Grenoble, la croissance de la population, lestée par un déficit migratoire, est portée par l’excédent naturel. En revanche, les aires les plus dynamiques de Nantes, Rennes, Bordeaux, Toulouse ou encore Montpellier cumulent un excédent naturel et un excédent migratoire élevé.

Les disparités entre grandes aires d’attraction s’observent également en matière d’emploi.

La couronne se peuple plus vite que les pôles

Entre 2007 et 2017, comme dans les autres grandes aires d’attraction des villes, la population de la couronne augmente à un rythme bien plus élevé que celui des pôles (+ 0,6 % en moyenne annuelle contre + 0,1 %) (figure 4). Les personnes qui s’installent dans la couronne peuvent privilégier le cadre de vie et profiter à la fois de prix immobiliers plus bas et de logements de plus grande taille. La localisation des emplois évolue selon la même logique, puisque que sur la période, le nombre d’emplois progresse deux fois plus vite dans les pôles que dans la couronne.

Figure 4Croissance annuelle moyenne de la population entre 2007 et 2017 dans les aires d’attraction des villes, par type d’espace

en %
Croissance annuelle moyenne de la population entre 2007 et 2017 dans les aires d’attraction des villes, par type d’espace (en %)
Aire d’attraction Couronne Pôle(s) Ensemble
Marseille – Aix-en-Provence 0,6 0,1 0,3
Lille 0,4 0,3 0,3
Grenoble 0,5 0,2 0,4
Lyon 1,0 0,9 1,0
Nantes 1,6 0,9 1,3
Rennes 1,6 0,7 1,3
Bordeaux 1,7 1,0 1,3
Toulouse 1,7 1,1 1,4
Montpellier 1,5 1,3 1,4
  • Champ : aires d’attraction de 700 000 habitants ou plus (hors aire d’attraction de Paris).
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

Figure 4Croissance annuelle moyenne de la population entre 2007 et 2017 dans les aires d’attraction des villes, par type d’espace

  • Champ : aires d’attraction de 700 000 habitants ou plus (hors aire d’attraction de Paris).
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

Moins de fonctions métropolitaines dans les pôles de Marseille – Aix-en-Provence

Dans l’aire d’attraction de Marseille – Aix-en-Provence, les emplois de cadres relevant des fonctions métropolitaines, telles que la conception, la recherche, les prestations intellectuelles, sont moins présents que dans la plupart des autres très grandes aires : 12,2 % de l’emploi contre 16,5 % à Toulouse, 15,5 % à Grenoble et 13,5 % sur l’ensemble des aires de plus de 700 000 habitants. L’écart vient principalement du , qui concentre moins de fonctions métropolitaines que les autres pôles : 11,5 % contre 19,7 % à Toulouse, 17,7 % à Grenoble et 17,6 % à Bordeaux.

Les transports en commun plus utilisés par les personnes qui vivent et travaillent dans le pôle de Marseille

Dans l’aire d’attraction de Marseille – Aix-en-Provence, 297 000 actifs occupés vivent et exercent une activité professionnelle dans le pôle de Marseille. Pour se rendre sur leur lieu de travail, 27 % d’entre eux utilisent les transports en commun. Parmi les aires d’attraction des villes de 700 000 habitants ou plus, cette part est la plus élevée derrière le pôle de Lyon (33 %). La voiture reste néanmoins le mode de transport le plus fréquent : 53 % contre 62 % pour le pôle de Lille, 49 % pour celui de Nantes et 44 % pour celui de Lyon. Seuls 2 % des actifs occupés prennent le vélo pour aller travailler (13 % à Grenoble et 9 % à Bordeaux).

Les pratiques de déplacement différent pour les actifs occupés qui vivent et travaillent dans les de l’aire (39 000 à Aix-en-Provence et 13 500 à Martigues). Les habitants du pôle de Martigues privilégient fortement la voiture pour aller travailler (82 %). À Aix-en-Provence, plus d’un actif occupé sur deux utilise la voiture, 13 % les transports en commun et 16 % se rendent sur leur lieu de travail à pied (part la plus importante parmi les pôles d’aires d’attraction de taille équivalente).

Les déplacements domicile-travail entre pôles sont les plus massifs entre Marseille et Aix-en-Provence : 9 000 habitants du pôle de Marseille travaillent à Aix-en-Provence et 5 700 Aixois font le trajet inverse. Pour ce chassé-croisé, la voiture est le mode de transport le plus sollicité, mais un habitant sur cinq de Marseille et un sur quatre d’Aix-en-Provence utilisent les transports en commun.

Dans l’aire d’attraction de Marseille – Aix-en-Provence, 148 000 actifs occupés qui vivent dans la couronne travaillent dans l’un des trois pôles, soit 34 % de cette population (46 % à Toulouse et 41 % à Bordeaux). Cette part est stable sur dix ans. La voiture est très souvent utilisée (91 %), les transports en commun très peu (7 %). Dans d’autres aires d’attraction, les transports en commun sont plus souvent utilisés pour ce type de déplacement : 17 % à Lyon; 14 % à Lille et Grenoble.

Encadré 1 - La présence d’établissements Seveso et une exposition importante à la pollution atmosphérique

Les Bouches-du-Rhône sont particulièrement concernées par les enjeux environnementaux liés notamment à l’industrie et à la densité de population : risque industriel, pollution atmosphérique due aux industries, aux déplacements et transports de marchandises routiers.

Ainsi en 2017, le département compte 67 établissements (dont 42 « seuil haut ») sur les 96 présents en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ils se situent essentiellement sur le pourtour de l’étang de Berre, notamment sur la commune de Martigues mais aussi à proximité du port de Fos-sur-Mer. Environ 71 000 personnes, soit 3,4 % de la population des Bouches-du-Rhône, résident à moins d’1 km d’un de ces établissements. C’est plus que dans les autres départements de la région (2,7 % dans les Alpes-Maritimes, 1,7 % dans le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Provence, proche de zéro ailleurs) mais moins que dans le Rhône (7,9 %), département également très dense.

Par ailleurs, les Bouches-du-Rhône sont le premier département émetteur de PM10 (particules polluantes de moins de 10 micromètres de diamètre) de la région [Rouaud, Channac, 2019]. En 2017, l’industrie (37 % des émissions totales), les transports routiers (20 %) et le résidentiel, surtout constitué du chauffage (18 %), sont les principaux émetteurs. Dans le département, 85 % de la population est exposée sur son lieu de résidence à une concentration en PM10 dépassant la ligne directrice de l’Organisation mondiale de la santé. C’est le cas de 54 % des habitants de la région. Dans les départements industriels et urbains du Rhône et du Bas-Rhin, cette part s’élève respectivement à 68 % et 22 %.

Encadré 2 : Une city européenne au sein du département

L’office de statistiques de l’Union européenne, Eurostat, a défini la notion de fondée sur la grille de densité. La city du département est composée des six communes du pôle de Marseille qui regroupent 959 000 habitants soit 47 % de la population. C’est la 24e city la plus peuplée en Europe, avec un nombre d’habitants comparable à celles de Lille, Turin et Stockholm, mais bien en deçà des quatre cities les plus peuplées : Paris (9 696 400), Londres (8 474 800), Berlin (3 467 200) et Madrid (3 199 000).

La city de Marseille présente des similarités avec celles de Rotterdam, Anvers, Hambourg, Valence, Gênes, Liverpool et Malaga : des actifs relativement peu qualifiés, un poids important du commerce et une présence de population étrangère légèrement supérieure à la moyenne. Ces cities sont, pour la plupart, des ports importants pour le trafic de marchandises (dans le « top 10 » européen).

La richesse produite par habitant est plus élevée à Marseille que dans les cities méditerranéennes de ce groupe mais plus faible que dans celles du Nord.

Publication rédigée par :Pascale Rouaud, Olivier Sanzeri (Insee)

Définitions

L'aire d’attraction d’une ville est l'ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi et d’une couronne qui rassemble les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. Au sein du pôle de Marseille – Aix-en-Provence, on peut distinguer le pôle principal de Marseille (constitué de six communes) et les pôles secondaires d’Aix-en-Provence (une seule commune) et de Martigues (Martigues et Port-de-Bouc). L’aire d’attraction de Marseille – Aix-en-Provence est composée de 80 communes des Bouches-du-Rhône, 13 communes de Vaucluse et 22 communes varoises.

Le seuil de pauvreté correspond à 60 % du niveau de vie médian des Français et est égal à 1 041 euros mensuels par unité de consommation en 2017.

Le taux de pauvreté est la proportion d’individus dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté.

Les quartiers prioritaires de la politique de la ville sont des territoires d’intervention du ministère de la Ville, définis par la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014. Ces quartiers sont ceux où les revenus sont les plus faibles.

Les établissements soumis à la directive européenne Seveso II, retranscrite en droit français, sont des établissements qui mettent en œuvre et/ou stockent des substances dangereuses. Il en existe de deux types selon la quantité de matières dangereuses présentes dans l’installation. Les établissements Seveso « seuil haut » stockent des quantités plus importantes relativement aux établissements « seuil bas » et sont soumis à une réglementation plus stricte.

Le concept de city, défini par une méthodologie commune à l’OCDE et Eurostat, s’appuie sur la grille de densité. Ce zonage fondé sur la contiguïté de l’urbain permet des comparaisons européennes. Il ne recouvre pas exactement les métropoles administratives.

Pour en savoir plus

Chauvot N., « Bouches-du-Rhône : Croissance démographique et économique mais des signes de fragilité sociale », Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d’Azur n° 29, avril 2016

Rouaud P. (Insee), Channac Y. (AtmoSud),  « En 2017, le seuil de l’OMS dépassé pour la moitié des résidents de la région », Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d’Azur n° 80, novembre 2019

Durieux S., Rouaud P. (Insee), Belle R. (Direccte) , « Dans les quartiers les plus en difficulté, seulement un habitant sur trois en emploi », Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d’Azur n° 82, janvier 2020

Monsef A., Rouaud P. (Insee), Belle R. (Direccte) , « 22 zones d’emploi pour décrire le fonctionnement du marché du travail », Insee Flash Provence-Alpes-Côte d’Azur n° 65, septembre 2020

Chauvot N., Zampini C. (Insee), « 48 "aires d’attraction des villes" en Provence-Alpes-Côte d'Azur », Insee Flash Provence-Alpes-Côte d’Azur n° 66, octobre 2020