Insee Flash MartiniqueForte baisse de l’emploi salarié dans les microentreprises en 10 ans

Eric Mével (Insee)

Sur la période de 2008 à 2017, les effectifs salariés dans les secteurs marchands hors agriculture diminuent de 8 %. Malgré la progression du nombre d’établissements, ceux qui emploient des salariés sont moins nombreux. Les pertes d’emploi surviennent principalement dans les microentreprises et les petites et moyennes entreprises. Le nombre d’emplois salariés progresse dans les grandes entreprises et dans les entreprises de taille intermédiaire. Elles bénéficient en effet du transfert d’emplois d‘entreprises de plus petite taille qui, par leur dynamisme économique, changent de catégorie.

Insee Flash Martinique
No 145
Paru le :Paru le18/02/2021
Eric Mével (Insee)
Insee Flash Martinique No 145- Février 2021

Une forte baisse des effectifs salariés

En 2017, dans le secteur marchand hors agriculture, 38 563 établissements sont implantés en Martinique. Seuls 8 146 d'entre eux sont employeurs avec 59 800 emplois salariés sur l'ensemble du territoire. Cet effectif salarié est en baisse de 5 220 depuis 2008, soit 8 % en moins.

Au niveau national, l’emploi salarié progresse légèrement (+ 0,6 %). La Martinique est la région française qui subit la plus forte baisse, suivie par la Bourgogne-Franche-Comté (- 7,1 %) et le Grand-Est (- 6,6 %). À l’opposé, la Guyane (+ 10,6 %) et la Réunion (+ 8,1 %) sont les régions dont les effectifs salariés progressent le plus. Cette tendance martiniquaise est donc une exception parmi les régions ultramarines. Elle s’explique en partie par une baisse démographique conséquente sur la période 2008-2017 (− 25 100 habitants) dont une grande partie de personnes en âge de travailler. De plus, le nombre de demandeurs d’emploi augmente fortement, tout particulièrement au début de la période avec les crises internationales de 2008 et 2011, et la crise sociale de 2009. La Guadeloupe recense 11 500 habitants de moins qu’en 2008 mais le nombre d’emplois salariés y augmente légèrement (+ 1 %).

Dans la zone d’emploi « Centre Agglomération », qui concentre les deux tiers des emplois salariés, les effectifs diminuent de 4 560 durant la période 2008-2017, soit une baisse de 10,4 %. Cela représente les neuf dixièmes de la baisse totale en Martinique. Le Nord-Caraïbe est la seule zone d’emploi dont les effectifs progressent (+ 588). Toutefois, cette zone ne représente que 3,8 % des emplois salariés de la Martinique en 2017.

Le tertiaire qui est le principal pourvoyeur d’emplois salariés (77,1 %) en perd 1 160, soit - 2,5 %. L’industrie en perd presque autant (−1 135,soit - 12 %). La construction est le secteur qui subit les plus fortes pertes. Ce secteur n'a pas retrouvé son niveau d'avant la crise économique de 2008 qui a particulièrement impacté le marché immobilier. Dans la période 2008-2017, le secteur perd 2 920 emplois dont 1 720 durant les seules années 2009 et 2010.

Les microentreprises à l’origine des créations d’emplois

Les établissements appartenant à des et à des localisées en Martinique emploient plus de salariés en 2017 qu'en 2008. Parallèlement, les effectifs des et des sont à la baisse (figure 1). Ce sont pourtant les microentreprises qui créent les emplois. En effet, celles qui ont connu une croissance économique ont intégré la catégorie supérieure, celle des PME. Leurs effectifs disparaissent ainsi de la catégorie des microentreprises pour être ajoutés à celle des PME. De la même façon, les PME qui se sont développées ont gagné la catégorie des Entreprises de taille intermédiaire, faisant ainsi disparaître leurs effectifs des PME. À ce jeu de transfert, ce sont les microentreprises qui apportent le plus d’emplois à la catégorie supérieure : elles transfèrent ainsi 15,6 % de leurs effectifs salariés, très majoritairement aux PME. Les PME transfèrent 15,3 % de leurs emplois, tout en bénéficiant d’emplois des microentreprises. Les ETI donnent et reçoivent des emplois, alors que les GE bénéficient d’emplois provenant de toutes les catégories (figure 2).

Plus d’emplois salariés dans les grandes entreprises et moins dans les petites

Les effectifs salariés des GE implantées en Martinique progressent de 12,2 % en 2017 et elles emploient 14,3 % des salariés de la région. Le nombre d’emplois salariés des ETI augmente de 18,1 %, elles concentrent désormais 23,9 % des emplois salariés.

La situation est différente pour les PME et les microentreprises qui perdent de l’emploi. Les PME donnent plus d’emplois aux autres catégories d’entreprises qu’elles n’en reçoivent. De plus, celles qui sont restées PME sur la période en suppriment 2 570. Globalement, les effectifs des PME baissent de 12,2 % et représentent désormais 34,5 % des salariés en 2017.

Les microentreprises perdent 5 500 emplois en 10 ans, c’est le quart de leurs effectifs. En plus, des 3 400 emplois transférés, 2 100 ont été supprimés suite à la fermeture des établissements ou à la baisse de leurs effectifs. La part régionale des emplois salariés des microentreprises qui était de 33,6 % en 2008, descend à 27,3 % en 2017.

Plus d’établissements mais moins d’employeurs

En 10 ans, le nombre d’établissements localisés en Martinique augmentent de 12,2 %, contre + 19 % en France. Les 4 200 établissements supplémentaires se répartissent dans la quasi-totalité des zones d’emplois exceptée celle du Nord-Atlantique. Toutes les catégories, de la sont concernées par cette hausse. Plus de 8 nouveaux établissements sur 10 relèvent des microentreprises. Les établissements appartenant à une GE ou à une entreprise de taille intermédiaire (ETI) restent très minoritaires, ils représentent respectivement 1,5 % et 2,6 % du total. Les petites et moyennes entreprises (PME) figurent en deuxième position avec 5,9 % des établissements. Les microentreprises, très souvent mono établissement, occupent très largement la place avec 89,9 % des établissements.

Les établissements avec des salariés sont minoritaires : en Martinique, cela ne concerne qu’un établissement sur cinq. Leur nombre augmente au niveau national de 1,2 % alors qu’il diminue de 6,6 % en Martinique, en particulier parmi les microentreprises. Seulement une sur six d’entre elles emploie du personnel en 2017 contre une sur cinq en 2008. Malgré cela, plus des deux tiers des établissements employeurs sont des microentreprises.

Figure 1Augmentation des emplois salariés des entreprises de taille intermédiaireEffectifs salariés par catégorie d’entreprises en 2008 et 2017

Augmentation des emplois salariés des entreprises de taille intermédiaire
Effectifs 2008 Effectifs 2017
Grande entreprise 7 603 8 528
Entreprise de taille intermédiaire 12 092 14 278
Petite et Moyenne entreprise 23 493 20 635
Microentreprise 21 827 16 352
  • Sources : Insee, Clap 2008, Flores 2017, Lifi

Figure 1Augmentation des emplois salariés des entreprises de taille intermédiaireEffectifs salariés par catégorie d’entreprises en 2008 et 2017

  • Sources : Insee, Clap 2008, Flores 2017, Lifi

Figure 2 La croissance des ETI provient de l’apport des PMETransferts des effectifs salariés entre catégorie d’entreprises entre 2008 et 2017

La croissance des ETI provient de l’apport des PME - Note de lecture : dans les grandes entreprises (GE) 1 300 emplois salariés proviennent d’anciennes ETI. Par symétrie, dans les ETI, 1 300 emplois salariés ont été supprimés au profit des grandes entreprises.
Catégorie d'entreprise Grande entreprise Entreprise de taille intermédiaire Petite et Moyenne entreprise Microentreprise
Grande entreprise 1358 466 56
Entreprise de taille intermédiaire -1358 3133 286
Petite et Moyenne entreprise -466 -3133 3063
Microentreprise -56 -286 -3063
  • Note de lecture : dans les grandes entreprises (GE) 1 300 emplois salariés proviennent d’anciennes ETI. Par symétrie, dans les ETI, 1 300 emplois salariés ont été supprimés au profit des grandes entreprises.
  • Sources : Insee, Clap 2008, Flores 2017, Lifi

Figure 2 La croissance des ETI provient de l’apport des PMETransferts des effectifs salariés entre catégorie d’entreprises entre 2008 et 2017

  • Note de lecture : dans les grandes entreprises (GE) 1 300 emplois salariés proviennent d’anciennes ETI. Par symétrie, dans les ETI, 1 300 emplois salariés ont été supprimés au profit des grandes entreprises.
  • Sources : Insee, Clap 2008, Flores 2017, Lifi

Figure 3Un tiers des effectifs salariés dans les PME en 2017Répartition de l’emploi salarié par catégorie d’entreprises et par zone d’emplois

Un tiers des effectifs salariés dans les PME en 2017
Code ze Zone d’emploi Grandes entreprises Entreprises de taille intermédiaire Petites et Moyennes entreprises Microentreprises
0201 Le Centre-Atlantique 618 1 061 1 504 1 727
0202 Le Centre agglomération 6 762 10 322 13 690 8 563
0203 Le Nord-Atlantique 73 44 194 435
0204 Le Nord-Caraibe 161 775 582 759
0205 Le Sud 310 548 1 332 1 711
0206 Le Sud-Caraibe 604 1 528 3 333 3 157
  • Sources : Insee, Flores 2017, Lifi

Figure 3Un tiers des effectifs salariés dans les PME en 2017Répartition de l’emploi salarié par catégorie d’entreprises et par zone d’emplois

  • Sources : Insee, Flores 2017, Lifi

Sources

Cette étude utilise une base créée par l’Insee à partir des données de démographie des établissements de 2008 à 2017 (stocks et transferts d’établissements, continuité économique…), enrichies de données sur l’emploi issues des sources Clap (2008 à 2015) et Flores (à partir de 2016) et des informations sur le contour des entreprises issues de la source Lifi(liaison financière) pour calculer les catégories d’entreprises.

Définitions

Grande entreprise :

Une grande entreprise est une entreprise qui vérifie au moins une des deux conditions suivantes :

  • avoir au moins 5 000 salariés ;
  • avoir plus de 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires et plus de 2 milliards d'euros de total de bilan.
Remarque :

Cette catégorie d'entreprises est définie par le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique.

Entreprise de taille intermédiaire / ETI :

Une entreprise de taille intermédiaire (ETI) est une entreprise qui a entre 250 et 4 999 salariés, et soit un chiffre d'affaires n'excédant pas 1,5 milliard d'euros soit un total de bilan n'excédant pas 2 milliards d'euros.

Une entreprise qui a moins de 250 salariés, mais plus de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires et plus de 43 millions d'euros de total de bilan est aussi considérée comme une ETI.

Les ETI constituent une catégorie d'entreprises intermédiaire entre les petites et moyennes entreprises (PME) et les grandes entreprises.

Remarque :

Cette catégorie d'entreprises est définie par le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique.

Petite et moyenne entreprise / PME :

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont celles qui, d’une part, occupent moins de 250 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 50 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 43 millions d’euros. Elles incluent la catégorie des microentreprises. (MIC) qui occupent moins de 10 personnes et ont un chiffre d’affaires annuel ou un total de bilan n’excédant pas 2 millions d’euros.

Remarque :

Cette catégorie d'entreprises est définie par le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique.

Microentreprise / MIC :

Une microentreprise est une entreprise occupant moins de 10 personnes, et qui a un chiffre d'affaires annuel ou un total de bilan n'excédant pas 2 millions d'euros. Les microentreprises font partie des petites et moyennes entreprises (PME).

Cette notion, utilisée à des fins d'analyse statistique et économique, diffère de celle du régime fiscal de la micro-entreprise et ne s'apparente pas non plus au statut de micro-entrepreneur, appelé auto-entrepreneur avant le 19 décembre 2014.

Remarque :

Cette catégorie d'entreprises est définie par le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, « relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique ».

 : quatre catégories d’entreprises sont définies dans le décret d’application de la loi de modernisation de l’économie (décret n° 2008-1354) pour les besoins de l’analyse statistique et économique, les microentreprises, les petites et moyennes entreprises (PME), les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grandes entreprises(GE). La notion de microentreprise, utilisée à des fins d’analyse statistique et économique, diffère de celle du régime fiscal de la micro-entreprise et ne s’apparente pas non plus au statut de micro-entrepreneur, appelé auto-entrepreneur avant le 19 décembre 2014.

La catégorie à laquelle une entreprise appartient est déterminée à partirdes données annuelles suivantes, afférentes au dernier exercice comptable clôturé : l’effectif, le chiffre d’affaires et le total du bilan.

Entreprise : plus petite combinaison d'unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d'une certaine autonomie de décision, notamment pour l'affectation de ses ressources courantes.

Établissement : une unité de production géographiquement individualisée, mais juridiquement dépendante de l'unité légale. Il produit des biens ou des services : ce peut être une usine, une boulangerie, un magasin de vêtements, un des hôtels d'une chaîne hôtelière, la « boutique » d'un réparateur de matériel informatique...

L'établissement, unité de production, constitue le niveau le mieux adapté à une approche géographique de l'économie.

Catégorie d'entreprise :

Quatre catégories d'entreprises sont définies dans le décret d'application de la loi de modernisation de l'économie (décret n°2008-1354) pour les besoins de l'analyse statistique et économique :

  • les petites et moyennes entreprises dont les microentreprises ;
  • les entreprises de taille intermédiaire ;
  • les grandes entreprises.

Pour déterminer la catégorie à laquelle une entreprise appartient, les données suivantes, afférentes au dernier exercice comptable clôturé et calculées sur une base annuelle, sont utilisées : l’effectif, le chiffre d’affaires et le total du bilan.

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont celles qui, d’une part, occupent moins de 250 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 50 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 43 millions d’euros. Parmi elles, les microentreprises occupent moins de 10 personnes et ont un chiffre d’affaires annuel ou un total de bilan n’excédant pas 2 millions d’euros.

Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont des entreprises qui n’appartiennent pas à la catégorie des PME et qui, d’une part, occupent moins de 5 000 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1 500 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 2 000 millions d’euros.

Les grandes entreprises (GE) sont des entreprises non classées dans les catégories précédentes.

Remarque :

La notion d'entreprise et la catégorie d'entreprise sont définies dans le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, « relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique ».

Champ

Le champde l’étude est le secteur marchand non agricole hors intérimaires. Les micro-entrepreneurs sont exclus du champ.

Pour en savoir plus

Bacheré H, Mirouse B., « Une dynamique d’emploi spécifique dans les grandes entreprises », Insee Première n°1839, février 2021

Creignou A., « Six zones d’emploi en Martinique - Le Centre agglomération, pôle économique de l’île », Insee Flash n°139 , septembre 2020

Cratère F., « Un marché de l’emploi plus dynamique dans l’Espace Sud Martinique », Insee Flash Martinique n°126, septembre 2019