Insee Flash MartiniqueUn marché de l’emploi plus dynamique dans l’Espace Sud Martinique

Floraline Cratère (Insee)

En 2016, la Martinique compte 131 200 emplois, en diminution sur la période 2006-2016. Néanmoins, la situation du marché de l’emploi est disparate selon les intercommunalités. L’agglomération de Fort-de-France, poumon économique de l’île, perd des emplois ainsi que la CAP Nord Martinique, tandis que l’Espace Sud Martinique reste dynamique. Dans trois cas sur dix, les personnes en emploi vont travailler hors de l’intercommunalité où elles résident. Le nombre de navetteurs est stable depuis 2006.

Floraline Cratère (Insee)
Insee Flash Martinique No 126- Septembre 2019

En 2016, 131 200 emplois sont localisés dans les trois communautés d’agglomération qui composent la Martinique (figure 1). Entre 2006 et 2016, l’emploi diminue de 0,1 % en moyenne par an soit 1 700 emplois en moins en dix ans. Ce recul est lié à la baisse de la population active occupée résultant du vieillissement de la population et des migrations résidentielles vers la France métropolitaine, amplifiées à partir de 2010.

Figure 1L’emploi progresse uniquement dans l’Espace Sud de la MartiniquePopulation et emplois par EPCI en Martinique (en nombre et évolution en %)

L’emploi progresse uniquement dans l’Espace Sud de la Martinique
Population Emplois
Effectif Evolution annuelle Effectif Evolution annuelle
2016 2006-2016 2016 2006-2016
Martinique 376 480 -0,5 131 200 -0,1
CA du Centre de la Martinique 157 450 -0,7 77 700 -0,3
CA de l'Espace Sud de la Martinique 117 170 -0,1 28 900 0,6
CA du Pays Nord Martinique 101 860 -0,8 24 600 -0,4
  • Sources : Insee, recensements de la population 2006 et 2016

En 2016, trois actifs sur dix quittent leur intercommunalité pour aller travailler : ce sont des . La plupart convergent vers la Communauté d’Agglomération du Centre de la Martinique (CACEM), poumon économique de l’île. Les principaux réseaux routiers et lignes de transport sont à destination de l’agglomération foyalaise, ce qui occasionne d’importants embouteillages (figure 2).

figure 2Une concentration des flux vers l’agglomération de Fort-de-FranceLes 9 principaux flux de navetteurs en Martinique en 2016

Une concentration des flux vers l’agglomération de Fort-de-France - Lecture : plus de 65 % des actifs ayant un emploi résident et travaillent à Fort-de-France.
Origine Destination Flux de navetteurs
Le Lamentin Fort-de-France 4 560
Fort-de-France Le Lamentin 4 140
Schoelcher Fort-de-France 3 390
Saint-Joseph Fort-de-France 2 050
Ducos Fort-de-France 1 780
Le Robert Le Lamentin 1 630
Fort-de-France Schoelcher 1 590
Le Robert Fort-de-France 1 460
Schoelcher Le Lamentin 1 010
  • Lecture : plus de 65 % des actifs ayant un emploi résident et travaillent à Fort-de-France.
  • Source : Insee, recensement de la population 2016.

figure 2Une concentration des flux vers l’agglomération de Fort-de-FranceLes 9 principaux flux de navetteurs et taux d’actifs occupés stables par commune en Martinique en 2016

  • Lecture : plus de 65 % des actifs ayant un emploi résident et travaillent à Fort-de-France.
  • Source : Insee, recensement de la population 2016.

Baisse de l’emploi dans la Communauté d’Agglomération du Centre de la Martinique

Historiquement, Fort-de-France et son agglomération concentrent l’activité économique de l’île. En 2016, six emplois sur dix sont localisés dans la CACEM. Néanmoins, le territoire perd des emplois entre 2006 et 2016 (– 0,3 % par an en moyenne, soit 2 500 emplois en moins en dix ans). Ce repli de l’activité économique de l’intercommunalité s’explique par la décroissance démographique. Les suppressions d’emploi sont ainsi concentrées dans la qui regroupe trois quarts des emplois dans l’EPCI, alors que l’emploi résiste dans la .

Entre 2006 et 2016, le nombre de navetteurs qui se rendent dans la CA du Centre de la Martinique pour y travailler est stable. Ce sont 26 800 personnes qui travaillent dans la CACEM et résident dans une autre intercommunalité.

Progression de l’emploi au sein de l’Espace Sud grâce au tourisme

En 2016, l’Espace Sud Martinique concentre 22 % de l’emploi en Martinique. C’est la seule intercommunalité dont le nombre d’emplois progresse (0,6 % en moyenne par an entre 2006 et 2016). La population active occupée résidant dans l’EPCI augmente de 0,4 % par an sur la même période alors qu’elle diminue ailleurs en Martinique, montrant ainsi l’attractivité économique et résidentielle de l’Espace Sud de la Martinique.

Ce dynamisme économique de l’Espace Sud de la Martinique est porté par l’activité touristique. Entre 2006 et 2016, la croissance de l’emploi est plus forte dans les communes touristiques notamment Sainte-Luce, le Marin, le Diamant, et les Trois-îlets.

La commune de Ducos bénéficie d’un effet de débordement de l’activité de l’agglomération foyalaise (de Fort-de France). Durant cette période, la population et l’emploi productif comme présentiel y ont fortement augmenté.

L’Espace Sud Martinique reste une intercommunalité résidentielle : seulement 58 % des actifs résidant y travaillent. Entre 2006 et 2016, le nombre de navetteurs sortants est stable : 17 300 habitants quittent régulièrement l’intercommunalité pour aller travailler. Dans le même temps, de plus en plus de personnes résidant dans une autre intercommunalité viennent travailler dans les communes de l’Espace Sud (+ 0,3 % de navetteurs entrants par an) en lien avec la croissance de l’emploi.

La Communauté d’Agglomération Pays Nord Martinique en perte de vitesse

En 2016, la Communauté d’Agglomération du Pays Nord Martinique (CAP Nord) regroupe 24 600 emplois soit 19 % de ceux de la région. Entre 2006 et 2016, l’emploi diminue à un rythme de 0,4 % en moyenne par an. Cette baisse est liée au recul de la population en âge de travailler et au manque de dynamisme économique du territoire. L’activité agricole, secteur clé de l’intercommunalité, est notamment en déclin.

Si la majorité des actifs en emploi habitant la CAP Nord travaillent sur place, leur proportion diminue légèrement (61,6 % en 2016 après 63,6 % en 2006). Les navetteurs sortants se rendent essentiellement vers l’agglomération de Fort-de-France. Mais les actifs habitant l’extrémité nord de l’île occupent le plus souvent un emploi à proximité de leur résidence, étant donné l’éloignement avec le centre de la Martinique.

Pour comprendre

Méthodologie

L’écart entre le nombre d’emplois mesuré à partir du recensement de la population et celui comptabilisé dans les sources administratives a augmenté à partir de l’enquête annuelle de recensement de 2015, prise en compte pour l’établissement des résultats du recensement des années 2013 et postérieures. Cet accroissement est concomitant avec l’introduction de la réponse par Internet dans le recensement. Les évolutions du nombre d’emplois sont donc à interpréter avec prudence. Pour en savoir plus, se référer à la fiche conseils « Activité - Emploi - Chômage ».

Définitions

Navetteurs : les navetteurs sont les personnes qui se déplacent entre leur lieu de résidence et leur lieu de travail. Sont ici considérés comme navetteurs, les personnes dont l’EPCI de résidence est différent de leur EPCI de travail.

Sphère présentielle : activités mises en œuvre localement visant à satisfaire les besoins des personnes résidentes et des touristes.

Sphère productive : activités visant la production de biens majoritairement consommés hors de la zone et activités de services tournées principalement vers les entreprises de cette sphère.

Emplois : il s’agit des emplois occupés par des personnes résidant en France, comptabilisés au lieu de travail.

Pour en savoir plus

Le Corre L, « Déplacements domicile-travail : Une intensification des déplacements domicile travail en Martinique », Insee Flash Martinique n°44, juin 2016.

Mazarin A, « Cap Nord : un espace urbain à dynamiser, un espace rural à revaloriser », Insee Analyses Martinique n°30, décembre 2018.

Cratere F., « Enquête emploi en continu : Stabilité du chômage en Martinique », Insee Analyses Martinique n°32, avril 2019.