Six zones d’emploi en Martinique Le Centre agglomération, pôle économique de l’île

La Martinique est découpée en six zones d’emploi (encadré 2 et figure 1). Elles sont construites de sorte que la part d’actifs occupés résidant et travaillant dans la même zone soit la plus élevée possible. Le Centre agglomération concentre 42 % des habitants en 2017 (soit 156 080 personnes) et abrite les deux communes les plus peuplées : Fort-de-France et Le Lamentin. Schoelcher et Saint-Joseph complètent cette zone d’emploi (ZE). Le Centre-Atlantique, composé de quatre communes (Gros-Morne, Le Robert, Sainte-Marie et La Trinité), est la troisième ZE en termes de nombre d’habitants (60 760 habitants). Au nord de la Martinique, deux ZE cohabitent : le Nord-Atlantique qui s’étend de Grand’Rivière au Lorrain (16 770 habitants) et le Nord-Caraïbe qui relie le Prêcheur à Case-Pilote en passant par Le Morne-Rouge (22 820 habitants). Le Sud regroupe les quatre communes littorales du François à Sainte-Anne et Rivière-Pilote (50 820 habitants). Enfin, le Sud-Caraïbe, deuxième ZE en termes de nombre d’habitants s’étend de Ducos à Sainte-Luce et Les Anses-d’Arlet (65 350 habitants en 2017).

L’évolution rapide de la conjoncture depuis mars 2020, en lien avec la covid-19, montre l’importance de connaître la structure économique des régions pour permettre d’adapter localement les politiques publiques. En effet, les territoires n’ont pas tous les mêmes potentialités ou fragilités. Le découpage en zones d’emploi constitue une partition géographique adaptée aux diagnostics économiques locaux. C’est donc à cette échelle que les caractéristiques d’un territoire vont influer sur sa plus ou moins grande capacité d’adaptation face aux mutations économiques. Au-delà de l’analyse des emplois selon le découpage sectoriel (activité principale des établissements), cette étude s’intéresse aux fonctions remplies par les actifs, résultant de la profession qu’ils occupent. Les professions sont réparties en quinze fonctions qui sont transversales par rapport aux secteurs d’activité, au statut et au niveau de qualification.

Le Centre agglomération est classé parmi les « autres grandes agglomérations et dotées de gros employeurs » et rassemble 74 070 actifs (personnes en emploi ou au chômage). Par exemple, La poste, la caisse générale de Sécurité Sociale, Onet Services Antilles, Madianet et la Compagnie foyalaise des transports urbains emploient un grand nombre de salariés. Dans le centre agglomération, la part de personnes travaillant dans la zone où elles résident est élevée : 88 %, c’est le taux de stables. Ce territoire est un pôle d’emploi. En effet, il concentre plus d’emplois que de personnes en emploi résidentes : 134 emplois pour 100 personnes en emploi résidentes. Il attire par conséquent des travailleurs vivant dans les autres zones d’emploi, appelés navetteurs. Ainsi, le taux de stables de ces zones y est faible, voire très faible (47 % dans le Sud-Caraïbe, 49 % dans le Sud, 51 % dans le Centre-Atlantique, 59 % dans le Nord-Caraïbe et 65 % dans le Nord-Atlantique, contre 78 % en France).

L’économie du Centre-Atlantique est diversifiée. Les services de proximité, qui regroupent les métiers assurant des prestations de la vie courante (cuisiniers, serveurs, coiffeurs…) sont sur-représentés (15 % contre 10 % en France).Les métiers de la santé et de l’action sociale (11 % des emplois), de l’éducation et la formation (9,1 %), de l’entretien et réparation (9,5 %) et les administrations (11 %) sont aussi particulièrement implantés sur la zone.

Les services de proximité et les fonctions de distribution, qui regroupent les professionnels de la vente aux particuliers (petits commerçants, caissiers, boulangers…) sont caractéristiques des ZE touristiques. Ces métiers sont sur-représentés au sud de la Martinique. En particulier, les services de proximité concernent 15 % des emplois dans le Sud-Caraïbe et 18 % dans le Sud (contre 13 % dans les ZE touristiques françaises). Les fonctions de distribution rassemblent 7,0 % des emplois dans le Sud et 8,8 % des emplois dans le Sud-Caraïbe (contre 9,4 % dans les ZE touristiques en France).

Aussi, les résidences secondaires au sud de la Martinique sont nombreuses mais l’implantation est bien moins marquée que dans les autres zones touristiques : elles représentent 11 % des résidences contre 31 % pour les zones similaires françaises.

L’économie des deux ZE du nord de la Martinique est orientée vers l’agriculture, notamment la production de canne à sucre et de banane. En effet, les fonctions agricoles sont sur-représentées dans ces territoires (24 % dans le Nord-Atlantique et 11 % dans le Nord-Caraïbe contre 11 % dans les ZE agricoles en France). Les services de proximité et les administrations sont également sur-représentés : 25 % des emplois dans le Nord-Atlantique et 28 % dans le Nord-Caraïbe contre 18 % dans les ZE agricoles françaises. Dans une moindre mesure, les métiers liés à l’éducation et à la formation, à l’entretien et à la réparation, à la santé et à l’action sociale, aux bâtiments et travaux publics sont également bien implantés sur ces territoires.

La Martinique présente la spécificité de dépendre de gros établissements (entre 250 et 4999 salariés), en particulier des administrations publiques. La part dans l’emploi des dix plus gros établissements publics du Sud-Caraïbe est deux fois supérieure à celle de la France, et quatre fois supérieure dans le Nord-Atlantique (32 % contre 7,7 % en France).

Par ailleurs, le tissu productif martiniquais se caractérise aussi par une concentration de l’emploi dans les petits établissements (moins de 10 salariés). Dans le Sud-Caraïbe, un tiers des salariés travaille dans un établissement de moins de 10 salariés. Ce taux fluctue entre 20 % et 28 % dans les autres ZE de Martinique (contre 18 % en France).