Insee Flash Pays de la LoireStabilité des naissances et hausse des décès en 2020

Hélène Chesnel, Ophélie Kaiser (Insee)

En 2020, la croissance démographique dans les Pays de la Loire se stabilise à un niveau supérieur au niveau national. La population augmente essentiellement du fait d’un excédent migratoire reflétant l’attractivité de la région. Le solde naturel continue de se réduire, en raison d’une stabilisation des naissances et d’une hausse des décès. Avec 1,87 enfant par femme, la région reste parmi les plus fécondes. La hausse des décès s’explique en 2020 par l’arrivée de générations nombreuses aux âges de forte mortalité et par les décès liés à la pandémie de Covid-19. La région fait cependant partie des moins touchées par la crise sanitaire en France métropolitaine.

Insee Flash Pays de la Loire
No 107
Paru le :Paru le19/01/2021
Hélène Chesnel, Ophélie Kaiser (Insee)
Insee Flash Pays de la Loire No 107- Janvier 2021

Une version actualisée a été publiée le 27 mai 2021 (Insee Flash n°113). Cette version du bilan démographique avait été établie à partir d’estimations pour les évènements survenus en fin d’année, estimations réalisées courant novembre 2020. La version actualisée s’appuie sur les données d’état civil couvrant l’ensemble de l’année 2020.

3 838 060 habitants dans les Pays de la Loire au 1ᵉʳ janvier 2021

Au 1er janvier 2021, la population des Pays de la Loire est estimée à 3 838 060 habitants (sources). La croissance démographique dans la région est soutenue : depuis l’an 2000, la population augmente de 0,8 % en moyenne annuelle, contre + 0,5 % en France métropolitaine. Cette dynamique place la région au 3e rang après la Corse et l’Occitanie.

La croissance démographique freinée par la réduction du solde naturel

Si la population continue de s’accroître, le rythme ralentit cependant ces dernières années. Alors qu’en moyenne la région gagnait 33 400 habitants par an de 2000 à 2006, puis 29 500 de 2007 à 2014, le gain annuel serait de 24 400 habitants par an de 2015 à 2020. La hausse de la population décélère également au niveau national. Selon les dernières estimations de population, la croissance se stabiliserait à + 0,6 % par an dans la région (figure 1), contre + 0,2 % en 2020 en France métropolitaine.

Figure 1La chute du solde naturel explique le ralentissement de la croissance démographique depuis 10 ans Évolution annuelle de la population des Pays de la Loire de 2000 à 2020 (en %)

La chute du solde naturel explique le ralentissement de la croissance démographique depuis 10 ans - Lecture : En 2020, c’est-à-dire du 1ᵉʳ janvier 2020 au 1ᵉʳ janvier 2021, la population des Pays de la Loire a augmenté de 0,58 % : + 0,08 % dû au solde naturel et + 0,50 % dû au solde migratoire.
Taux d'évolution de la population due au solde naturel Taux d'évolution de la population due au solde migratoire Variation de la population au 1ᵉʳ janvier
2000 0,47 0,54 1,01
2001 0,44 0,56 1,00
2002 0,42 0,58 1,00
2003 0,38 0,58 0,96
2004 0,47 0,58 1,05
2005 0,47 0,56 1,03
2006 0,51 0,42 0,93
2007 0,46 0,33 0,79
2008 0,45 0,37 0,82
2009 0,44 0,48 0,92
2010 0,44 0,39 0,83
2011 0,42 0,45 0,87
2012 0,36 0,42 0,78
2013 0,34 0,48 0,82
2014 0,34 0,41 0,75
2015 0,22 0,39 0,61
2016 0,20 0,47 0,67
2017 0,15 0,65 0,80
2018 (p) 0,13 0,50 0,63
2019 (p) 0,10 0,50 0,60
2020 (p) 0,08 0,50 0,58
  • (p) résultats provisoires
  • Lecture : En 2020, c’est-à-dire du 1ᵉʳ janvier 2020 au 1ᵉʳ janvier 2021, la population des Pays de la Loire a augmenté de 0,58 % : + 0,08 % dû au solde naturel et + 0,50 % dû au solde migratoire.
  • Source : Insee, estimations de population.

Figure 1La chute du solde naturel explique le ralentissement de la croissance démographique depuis 10 ans Évolution annuelle de la population des Pays de la Loire de 2000 à 2020 (en %)

  • (p) résultats provisoires
  • Lecture : En 2020, c’est-à-dire du 1ᵉʳ janvier 2020 au 1ᵉʳ janvier 2021, la population des Pays de la Loire a augmenté de 0,58 % : + 0,08 % dû au solde naturel et + 0,50 % dû au solde migratoire.
  • Source : Insee, estimations de population.

La croissance de la population résulte à la fois de l’excédent des naissances sur les décès (solde naturel) et de celui des arrivées dans la région sur les départs (solde migratoire). Dans la région, la hausse de la population est essentiellement liée à l’excédent migratoire, estimé à 18 900 habitants en 2020. Le solde naturel est toujours positif mais s’amenuise : équivalent à l’excédent migratoire avant 2015, il atteindrait en 2020 un niveau historiquement faible de + 3 200 habitants (figure 2). Cette diminution résulte de deux facteurs : la stabilisation des naissances et la hausse des décès.

La situation est cependant contrastée selon les départements. En Loire-Atlantique, la croissance est la plus soutenue (+ 1,2 % en 2020) et repose à la fois sur un excédent naturel et surtout un excédent migratoire très élevé. La population du Maine-et-Loire augmente plus modestement (+ 0,3 %), également grâce aux excédents naturel et migratoire. Avec une croissance de 0,6 %, la Vendée a un solde naturel négatif largement compensé par un excédent migratoire. La Sarthe et la Mayenne connaîtraient une légère diminution de leur population, liée à la fois à des déficits naturel et migratoire.

Figure 2Le solde naturel se réduit de plus en plusÉvolution du nombre de naissances, de décès et du solde naturel dans les Pays de la Loire depuis 1975

Le solde naturel se réduit de plus en plus
Année Naissances Décès Solde naturel
1975 45 615 28 364 17 251
1976 43 773 28 299 15 474
1977 44 236 26 637 17 599
1978 44 069 27 139 16 930
1979 45 081 27 121 17 960
1980 47 258 27 911 19 347
1981 47 280 27 728 19 552
1982 45 957 27 128 18 829
1983 42 072 28 659 13 413
1984 42 688 27 440 15 248
1985 42 617 27 782 14 835
1986 42 135 27 690 14 445
1987 41 396 26 903 14 493
1988 41 056 26 209 14 847
1989 39 932 26 936 12 996
1990 39 856 26 878 12 978
1991 39 593 26 413 13 180
1992 38 924 26 698 12 226
1993 37 207 26 928 10 279
1994 37 435 26 809 10 626
1995 38 916 28 263 10 653
1996 39 647 28 296 11 351
1997 39 492 28 430 11 062
1998 39 943 28 190 11 753
1999 40 803 28 568 12 235
2000 44 039 28 800 15 239
2001 43 248 28 712 14 536
2002 42 999 29 043 13 956
2003 43 404 30 691 12 713
2004 44 002 28 120 15 882
2005 44 499 28 641 15 858
2006 45 918 28 361 17 557
2007 45 181 29 102 16 079
2008 45 483 29 643 15 840
2009 45 503 29 912 15 591
2010 45 962 30 115 15 847
2011 45 052 29 859 15 193
2012 44 771 31 664 13 107
2013 44 303 31 858 12 445
2014 43 671 31 120 12 551
2015 42 049 33 867 8 182
2016 40 887 33 675 7 212
2017 40 263 34 783 5 480
2018 39 739 34 800 4 939
2019 39 429 35 374 4 055
2020 (p) 39 410 36 250 3 160
  • (p) résultats provisoires
  • Source : Insee, statistiques de l’état civil.

Figure 2Le solde naturel se réduit de plus en plusÉvolution du nombre de naissances, de décès et du solde naturel dans les Pays de la Loire depuis 1975

  • (p) résultats provisoires
  • Source : Insee, statistiques de l’état civil.

Les naissances se stabiliseraient en 2020

En 2020, 39 400 bébés seraient nés dans les Pays de la Loire (donnée provisoire). Le nombre de naissances serait stable par rapport à 2019. Ce niveau est historiquement bas et résulte d’une diminution régulière depuis 2010. En France métropolitaine, le nombre de naissances continue également de baisser en 2020. Le nombre de naissances est quasiment stable en Maine-et-Loire, Vendée et Mayenne, il diminue dans la Sarthe tandis qu’il augmente en Loire-Atlantique.

Le nombre de naissances dépend à la fois du nombre de femmes en âge de procréer et de leur fécondité. La stabilité du nombre de naissances en 2020 s’explique par une baisse modérée du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants depuis 2016, compensée très récemment par une légère augmentation de la fécondité. Dans la région, en 2019, l’ repart à la hausse alors qu’il baissait depuis 2010.

En 2019, l’indicateur conjoncturel de fécondité demeure toujours plus élevé dans les Pays de la Loire (1,87 enfant par femme) qu’en France métropolitaine (1,84), même si l’écart a nettement diminué depuis 2010. La fécondité est la plus élevée en Mayenne, avec un pic marqué pour les plus jeunes, autour de 29 ans (figure 3). Ce département est parmi les plus féconds de France métropolitaine depuis plusieurs décennies (6ᵉ rang en 2019). Cette singularité pourrait être en partie liée à un niveau de diplôme plus faible que dans les autres départements ligériens : en moyenne, les femmes moins diplômées ont davantage d’enfants et à un plus jeune âge. En Loire-Atlantique, la fécondité est la plus faible et le pic de fécondité est le plus tardif. Cette situation est liée au poids de la population de l’agglomération nantaise, avec davantage d’actifs diplômés du supérieur qui ont des enfants plus tard.

Figure 3Des pics de fécondité plus hauts et précoces que la moyenne nationale, particulièrement en MayenneTaux de fécondité lissé par âge en 2019, dans les départements des Pays de la Loire et en France métropolitaine (nombre d’enfants pour 100 femmes)

Des pics de fécondité plus hauts et précoces que la moyenne nationale, particulièrement en Mayenne
Loire-Atlantique Maine-et-Loire Mayenne Sarthe Vendée Pays de la Loire France métropolitaine
15 0,1 0,0 0,0 0,1 0,0 0,0 0,1
16 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2
17 0,3 0,3 0,3 0,3 0,2 0,3 0,3
18 0,6 0,5 0,7 0,8 0,6 0,6 0,7
19 1,1 1,1 1,4 1,5 1,1 1,1 1,3
20 1,6 1,6 2,7 2,7 1,9 1,8 2,0
21 2,3 2,5 4,4 4,0 3,1 2,8 2,9
22 3,2 3,6 5,2 5,5 4,4 3,9 3,9
23 4,1 5,0 6,7 6,7 5,6 5,1 5,0
24 5,5 6,7 8,4 8,3 7,0 6,6 6,3
25 6,9 9,2 11,5 10,5 9,4 8,6 7,8
26 8,7 11,8 14,3 12,5 12,0 10,8 9,4
27 10,5 14,0 15,6 14,1 14,0 12,6 10,8
28 12,1 14,8 17,4 14,7 15,1 13,9 12,0
29 13,4 15,5 16,9 15,0 15,1 14,6 13,0
30 14,3 15,3 16,3 15,0 15,0 14,8 13,5
31 14,6 15,1 13,7 14,1 14,0 14,5 13,5
32 14,0 13,9 11,9 13,2 13,0 13,5 12,9
33 13,0 12,2 11,2 11,1 11,1 12,1 11,9
34 11,2 10,2 10,0 9,7 9,4 10,4 10,8
35 10,1 8,8 9,0 8,0 7,9 9,1 9,6
36 8,6 7,5 6,8 7,2 6,6 7,7 8,3
37 7,3 6,1 5,4 5,9 5,2 6,4 6,9
38 5,5 4,5 3,7 4,5 3,8 4,7 5,6
39 4,0 3,2 2,8 3,4 2,8 3,5 4,5
40 2,9 2,5 2,0 2,3 2,0 2,5 3,5
41 2,0 1,8 1,7 1,7 1,5 1,8 2,6
42 1,3 1,3 1,0 1,1 0,9 1,2 1,8
43 0,8 0,9 0,8 0,7 0,6 0,7 1,1
44 0,5 0,5 0,4 0,4 0,3 0,5 0,7
45 0,3 0,3 0,2 0,2 0,2 0,3 0,4
46 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,2
47 0,1 0,0 0,1 0,0 0,0 0,0 0,1
48 0,0 0,0 0,0 0,1 0,0 0,0 0,1
49 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
  • Source : Insee, estimations de population, statistiques de l’état civil.

Figure 3Des pics de fécondité plus hauts et précoces que la moyenne nationale, particulièrement en MayenneTaux de fécondité lissé par âge en 2019, dans les départements des Pays de la Loire et en France métropolitaine (nombre d’enfants pour 100 femmes)

  • Source : Insee, estimations de population, statistiques de l’état civil.

Haut niveau de décès en 2020

En 2020, 36 200 personnes seraient décédées dans les Pays de la Loire (donnée provisoire, pouvant être revue à la hausse), soit 900 de plus qu’en 2019 (+ 2,5 %). Après une hausse de 0,9 % en moyenne annuelle sur la période 2004-2011, le nombre de décès progresse de 1,6 % par an sur la période 2012-2019, soit en moyenne + 500 décès par an. Cela s’explique par l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges de forte mortalité.

L’augmentation du nombre de décès est également liée à la pandémie de Covid-19, même si l’impact est moindre qu’au niveau national où le nombre de décès augmente de 7,6 %. Par rapport à 2019, le nombre de décès de 2020 serait stable en Vendée. Il aurait augmenté en Maine-et-Loire (+ 2,3 %), dans la Sarthe (+ 2,9 %) et surtout en Loire-Atlantique (+ 3,4 %) et en Mayenne (+ 4,5 %).

Coup de frein attendu pour l’espérance de vie en 2020

Jusqu’en 2019, l’ continue de progresser pour les hommes et les femmes, dans les Pays de la Loire comme en France. Dans les conditions de mortalité de 2019, une femme ligérienne vivrait 86,0 ans et un homme près de 79,8 ans, soit un net écart en faveur des femmes. L’espérance de vie des hommes est la même dans la région qu’au niveau national alors qu’elle était supérieure en 2010. Elle reste supérieure pour les femmes, en 2019 comme en 2010. Elle est la plus élevée en Maine-et-Loire : 86,7 ans pour les femmes, soit le 2ᵉ rang des départements français, et 81,0 ans pour les hommes, soit le 10ᵉ rang des départements. Dans la Sarthe, les espérances de vie sont les plus basses de la région (85,4 ans pour les femmes et 79,2 ans pour les hommes) et elles y ont nettement moins progressé sur la dernière décennie.

En 2020, l’épidémie de Covid-19 a sans doute impacté l’espérance de vie dans la région, comme au niveau national. Lors de la forte grippe saisonnière de 2015, l’espérance de vie dans les Pays de la Loire avait en effet été réduite de 0,4 an pour les hommes et 0,3 an pour les femmes.

Sources

Les statistiques d’état civil sur les naissances et les décès sont issues d’une exploitation des informations transmises par les mairies à l’Insee. Les naissances et les décès sont comptabilisés au lieu de domicile respectivement de la mère et du défunt (évènements dits domiciliés). Pour 2020, il s’agit d’une estimation, basée sur les évènements enregistrés au cours des dix premiers mois de l’année. En raison de la pandémie de Covid-19, l’estimation du nombre de décès en 2020 sera revue à la hausse lorsque l’ensemble des décès de l’année seront disponibles.

Le recensement de la population sert de base aux estimations annuelles de population. Pour les années 2019 et suivantes, les estimations de population sont provisoires : la population du recensement 2018 est actualisée grâce à des estimations du solde naturel et du solde migratoire apparent et d’un ajustement. Cet ajustement a été introduit pour tenir compte de la rénovation du questionnaire, qui a eu lieu lors de l’enquête de recensement 2018, et rendre comparables les niveaux de population annuels successifs (données complémentaires). Une explication détaillée est disponible sur insee.fr. Les soldes migratoires de 2018 à 2020 sont estimés provisoirement à partir des données des trois derniers soldes connus (2015, 2016 et 2017).

Définitions

L’indicateur conjoncturel de fécondité est la somme des taux de fécondité par âge, observés une année donnée. Il est égal au nombre moyen d’enfants qu’aurait une génération fictive de femmes qui connaîtraient, tout au long de leur vie féconde, les taux de fécondité par âge observés cette année-là.

L’espérance de vie à la naissance est égale à la durée de vie moyenne d’une génération fictive qui connaîtrait tout au long de son existence les conditions de mortalité par âge de l’année considérée.

Pour en savoir plus

Papon S. et Beaumel C., Bilan démographique 2020 – Avec la pandémie de Covid-19, nette baisse de l’espérance de vie et chute du nombre de mariages, Insee Première, n° 1834, janvier 2021.

Hamzaoui L. et Hervy C., Les Pays de la Loire, l’une des régions les moins touchées par la surmortalité en 2020, Insee Flash Pays de la Loire, n° 108, janvier 2021.

Lalande É. et Vahé M., Pays de la Loire : une dynamique démographique soutenue, portée par la Loire-Atlantique, Insee Analyses Pays de la Loire, n° 84, décembre 2020.

Chesnel H. et Kurzmann J., Des familles moins nombreuses, exposées à des difficultés financières, Insee Analyses Pays de la Loire, n° 82, septembre 2020.