Insee Analyses Hauts-de-FranceRenouvellement de la main-d’œuvre dans l’agroalimentaire : 24 000 départs d’ici 2030

Sophie Éblé, Laurent Lefèvre, Laurence Pen, Jérémy Warmoës (Insee), Julie Pariente (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi)

Dans les Hauts-de-France, le secteur de l’agroalimentaire emploie 53 500 personnes en 2016, soit 2,5 % des emplois de la région et 9,1 % des emplois nationaux de l’agroalimentaire. Les besoins en main-d’œuvre sont importants et en croissance. La moyenne d’âge des actifs en emploi est élevée et le vieillissement s’accélère. D’ici 2030, 41 % des actifs seraient amenés à cesser définitivement leur activité, soit plus de 24 000 départs. Ces départs concerneraient principalement les ouvriers, qualifiés ou non. Au niveau local, les enjeux de renouvellement seraient marqués dans les zones d’emploi de Cambrai, Berck, Laon et Soissons.

Insee Analyses Hauts-de-France
No 117
Paru le :Paru le03/12/2020
Sophie Éblé, Laurent Lefèvre, Laurence Pen, Jérémy Warmoës (Insee), Julie Pariente (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi)
Insee Analyses Hauts-de-France No 117- Décembre 2020

53 500 emplois dans l’agroalimentaire en 2016

Le regroupe l’industrie agroalimentaire (IAA) et le commerce de gros de produits agroalimentaires. En 2016, il emploie 53 500 personnes dans les Hauts-de-France, dont 70 % dans les seules IAA (figure 1). Depuis 2016, l’emploi rebondit dans le secteur, après plusieurs années de baisse (encadré 1). Il représente ainsi 2,5 % des emplois de la région en 2016 et 9,1 % des emplois de l’agroalimentaire de France métropolitaine, plaçant la région au 5e rang derrière la Bretagne, la Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes et les Pays de la Loire.

Dans la région, les IAA sont le 1er employeur industriel devant l’automobile (28 000 emplois). Avec 37 900 emplois, elles représentent 15 % des emplois industriels régionaux, comme en moyenne nationale.

Au sein des IAA, la fabrication d’autres produits alimentaires (sucre, cacao, chocolat…) est l’activité la plus pourvoyeuse d’emplois (16 % de l’emploi de l’agroalimentaire). Dans le commerce de gros agroalimentaire, le commerce de gros de produits alimentaires et de boissons pourvoit quant à lui 22 % des emplois du secteur.

Figure 1Les IAA emploient 70 % de la main-d’œuvre agroalimentaireNombre d’emplois, part des sous-secteurs dans le total et part des 50 ans ou plus du secteur de l’agroalimentaire des Hauts-de-France en 2016

Les IAA emploient 70 % de la main-d’œuvre agroalimentaire
Nombre d’emplois Part dans le total agroalimentaire (en %) Part des 50 ans ou plus (en %)
Ensemble des industries agroalimentaires 37 900 70,9 28,5
dont :
Autres produits alimentaires (sucre, cacao,…) 8 700 16,3 32,5
Boulangerie-pâtisserie et pâtes alimentaires 4 900 9,2 24,3
Grains et produits amylacés 4 900 9,2 23,2
Viande 4 800 9,0 28,7
Produits laitiers 4 400 8,2
Fruits et légumes 3 600 6,7 31,2
Poissons, crustacés et mollusques 2 200 4,1 26,8
Aliments pour animaux 2 000 3,7 25,5
Boissons 1 800 3,4 29,4
Huiles et graisses végétales et animales 600 1,1 33,9
Ensemble du commerce de gros de produits agroalimentaires 15 600 29,1 27,3
dont :
Commerce de gros de produits alimentaires et de boissons 12 000 22,4 25,6
Commerce de gros de produits agricoles bruts 3 600 6,7 32,8
Ensemble du secteur de l’agroalimentaire 53 500 100,0 28,2
  • Source : Insee, recensement de la population 2016.

Une population en emploi âgée : 15 seniors pour 10 jeunes

Comme dans les autres secteurs d’activités, les personnes travaillant dans l’agroalimentaire sont désormais nombreuses à approcher de l’âge de la retraite du fait du vieillissement de la population active. En 2016, les personnes de 50 ans ou plus représentent 28 % des effectifs, contre 18 % pour les moins de 30 ans (figure 3). Entre 2011 et 2016, la part des a progressé de 4 points avec l’arrivée à ces âges des générations nombreuses du baby-boom.

Ce vieillissement de la population active est toutefois un peu moins marqué que dans l’industrie dans son ensemble où la part des 50 ans ou plus atteint 30 %. Surtout, les jeunes actifs sont bien moins nombreux en proportion : 15 % ont moins de 30 ans.

Figure 3De nombreux seniors actifs dans le secteur de l’agroalimentaireRépartition par âge des emplois de l’agroalimentaire en 2016 dans les Hauts-de-France et en France métropolitaine

De nombreux seniors actifs dans le secteur de l’agroalimentaire
Âge Part des actifs en emploi dans le secteur agroalimentaire par tranche d’âge (en %)
Hommes - Hauts-de-France Femmes - Hauts-de-France Hommes - France métropolitaine Femmes - France métropolitaine
Moins de 20 ans 0,83 0,56 1,09 0,82
De 20 à 24 ans 6,36 7,46 6,22 6,18
De 25 à 29 ans 10,41 11,28 9,69 10,6
De 30 à 34 ans 12,31 11,93 11,26 11,8
De 35 à 39 ans 13,09 12,73 12,09 13,21
De 40 à 44 ans 14,33 14,67 14,67 14,31
De 45 à 49 ans 14,27 13,77 15,42 14,82
De 50 à 54 ans 14,75 13,78 14,88 13,89
De 55 à 59 ans 11,27 11,00 11,56 11,08
60 ans ou plus 2,38 2,83 3,12 3,31
  • Source : Insee, recensement de la population 2016.

Figure 3De nombreux seniors actifs dans le secteur de l’agroalimentaireRépartition par âge des emplois de l’agroalimentaire en 2016 dans les Hauts-de-France et en France métropolitaine

  • Source : Insee, recensement de la population 2016.

Les jeunes ne sont que 6,4 pour 10 seniors dans l’agroalimentaire régional. Ce rapport est un peu moins déséquilibré qu’au niveau national (6 pour 10) et que dans l’ensemble de l’industrie régionale (5 pour 10). Toutefois selon le niveau de qualification, il varie du simple au double. Ainsi, les jeunes ouvriers non qualifiés sont aussi nombreux que leurs homologues seniors alors qu’on ne compte qu’un ouvrier qualifié jeune pour deux seniors. Cet écart s’explique notamment par la montée en compétences au cours de la carrière. Les besoins prospectifs en main-d’œuvre (encadré 2) pourraient être plus importants pour les ouvriers qualifiés, du fait de l’évolution des processus de production. Ce déséquilibre s’observe moins en moyenne en France métropolitaine où l’écart est moins marqué entre jeunes ouvriers (qualifiés ou non) et seniors.

Les seniors sont surreprésentés par rapport aux jeunes dans toutes les activités de l’agroalimentaire. L’écart est toutefois moins prononcé dans la région qu’en métropole, à l’exception de quatre activités : la fabrication d’huiles, d’aliments pour animaux, de boissons et d’autres produits alimentaires. Dans ces activités, les jeunes ne sont qu’entre 3,3 à 5,3 pour 10 seniors.

Un pic de départs d’ici 2022

Les des personnes de 50 ans ou plus, qu’il s’agisse de retraites ou d’autres formes de fin d’activité (santé, chômage…), atteindraient un pic en 2022 pour le secteur de l’agroalimentaire avant de décroître d’ici 2030. Au niveau national, elles progresseraient de façon continue jusqu’à l’horizon de la projection (figure 4). Dans la région, le pic serait d’un an plus précoce dans les IAA (2022) que dans le commerce de gros de produits agroalimentaires.

Figure 4Des départs de fin de carrière plus nombreux dans les IAAEstimation du nombre de cessations définitives d’activité selon le secteur dans les Hauts-de-France et en France métropolitaine (base 100 en 2016)

Des départs de fin de carrière plus nombreux dans les IAA
Agroalimentaire – Hauts-de-France dont industries agroalimentaires dont commerce de gros agroalimentaire Ensemble de l'économie régionale Industries hors industries agroalimentaires Agroalimentaire – France métropolitaine
2016 100 100 100 100 100 100
2017 105,6 107,2 101,1 103,0 106,1 104,0
2018 107,3 109,5 101,4 105,3 109,0 106,0
2019 110,6 113,6 102,4 108,0 111,7 108,0
2020 110,9 113,2 104,7 109,9 112,5 110,2
2021 113,5 115,9 107,2 110,4 113,5 111,3
2022 115,1 117,6 108,5 112,0 113,5 113,6
2023 114,1 115,8 109,5 112,9 113,0 114,0
2024 111,7 113,2 107,6 113,7 113,7 114,8
2025 111,3 112,2 108,8 114,4 113,3 114,9
2026 110,2 111,6 106,3 114,5 113,3 116,0
2027 110,2 111,1 107,6 114,8 113,5 116,5
2028 110,9 112,4 106,8 115,0 114,2 117,6
2029 110,7 112,3 106,2 115,1 113,1 117,0
2030 111,8 112,9 108,8 115,3 112,3 118,0
  • Source : Insee, recensement de la population 2015, enquête emploi en continu 2003-2016 (modèle Destinie 2).

Figure 4Des départs de fin de carrière plus nombreux dans les IAAEstimation du nombre de cessations définitives d’activité selon le secteur dans les Hauts-de-France et en France métropolitaine (base 100 en 2016)

  • Source : Insee, recensement de la population 2015, enquête emploi en continu 2003-2016 (modèle Destinie 2).

24 200 départs d’ici 2030 essentiellement dans les IAA

D’ici 2030, en moyenne chaque année, 1 600 actifs en emploi dans le secteur de l’agroalimentaire cesseraient leur activité, soit un total de 24 200 personnes. Ce volume représente 41 % des effectifs de 2015. Cette part, bien qu’importante, serait toutefois moindre que dans l’ensemble de l’industrie (44 %), en lien avec un vieillissement plus modéré. Au sein de l’agroalimentaire, le serait légèrement plus élevé (42 %) pour les actifs des IAA, plus âgés, que pour ceux du commerce de gros (40 %).

Ces taux plus élevés pour les IAA et l’agroalimentaire dans son ensemble s’expliquent notamment par la surreprésentation des ouvriers pour lesquels les départs sont plus précoces. La prise en compte de la pénibilité, ou de certains dispositifs comme celui de carrière longue, y contribue.

Dans les IAA, les ouvriers qualifiés seraient parmi les plus concernés par les cessations d’activités (390 départs en moyenne par an d’ici 2030). Ce serait également le cas pour les ouvriers non qualifiés et les techniciens des industries de process (respectivement 150 et 110 départs). Dans le commerce de gros agroalimentaire, 70 conducteurs de véhicules quitteraient leur poste chaque année d’ici 2030. L’attractivité de ces métiers sera déterminante pour leur renouvellement dans les années à venir.

Des enjeux de renouvellement marqués dans quatre zones d’emploi

Parmi les 24 zones d’emploi de la région, l’enjeu lié au renouvellement de l’emploi dans le secteur de l’agroalimentaire serait particulièrement fort dans quatre d’entre elles : Berck, Cambrai, Laon et Soissons. Ces zones emploient 7 000 personnes du secteur, soit 13 % du total régional. La part des seniors dans l’emploi y est supérieure à la moyenne régionale, de même que le poids de l’agroalimentaire dans l’emploi total (figure 5). Dans la zone de Cambrai, 36 % des actifs ont 50 ans ou plus, soit 8 points de plus que dans la région, et l’emploi de l’agroalimentaire regroupe plus de 3 % de l’emploi total de la zone (2,5 % en moyenne régionale). Dans cette zone, comme dans celle de Soissons, la nature des emplois dans les IAA est . À Berck et Laon, l’activité est davantage spécialisée (respectivement viande et autres produits alimentaires).

Pour sept zones d’emploi, qui rassemblent 32 % des emplois régionaux de l’agroalimentaire (17 000 emplois), le renouvellement de l’emploi se pose avec acuité même si le poids de l’agroalimentaire est plus faible qu’en moyenne régionale. À Beauvais, ce poids est de 1,8 %, mais les seniors représentent près de la moitié des effectifs. À Douai, 30 % des actifs du secteur ont au moins 50 ans et l’agroalimentaire pèse 1,7 % de l’emploi. On trouve à la fois des zones spécialisées et des zones mixtes. Par exemple à Lille, Roubaix-Tourcoing et Lens-Hénin, l’activité majoritaire ou dominante dans les IAA est celle des autres produits alimentaires (respectivement l’industrie de la levure avec Lesaffre, la confiserie avec Lutti et Verquin et les plats préparés avec Moy Park).

Dans neuf zones d’emploi, les tensions liées au renouvellement de l’emploi seraient moins prégnantes même si le poids du secteur de l’agroalimentaire y est supérieur à la moyenne régionale. Ces zones concentrent la moitié de l’emploi régional de l’agroalimentaire. La ZE de Boulogne-sur-Mer est ainsi celle où le poids de ce secteur est le plus important de la région (8 %). La part des seniors actifs y est proche de la moyenne régionale. Ces zones d’emploi se caractérisent enfin par des activités agroalimentaires , et sont spécialisées dans des produits différents : légumes pour Saint-Quentin (Bonduelle), poisson pour Boulogne-sur-Mer (Gelmer et Findus), et grains pour Béthune-Bruay (Roquette Frères).

Enfin, dans les zones d’emploi de Calais, de la Vallée de la Bresle-Vimeu, de Compiègne et de Creil (5 % de l’emploi régional de l’agroalimentaire), l’enjeu de renouvellement serait moins important. Les actifs du secteur de l’agroalimentaire y sont en effet moins âgés qu’en moyenne régionale et le poids de l’agroalimentaire y est plus faible.

Figure 5De forts enjeux de renouvellement dans les zones de Berck, Cambrai, Laon et SoissonsClassement des zones d’emploi des Hauts-de-France en fonction du poids de l’agroalimentaire dans l’emploi total et du poids des seniors actifs dans l’emploi de l’agroalimentaire en 2016

De forts enjeux de renouvellement dans les zones de Berck, Cambrai, Laon et Soissons
Code ZE2020 Zone d’emploi Part de l’emploi agroalimentaire dans l’emploi total (en %) Part des 50 ans ou plus en 2016 (en %) Profil de zone d’emploi
3201 Abbeville 2,6 21,1 3
3202 Amiens 2,6 26,6 3
3203 Arras 3,3 21,1 3
0054 Beauvais 1,8 45,5 2
3204 Berck 5,6 30,3 1
3205 Bethune 5,4 25,2 3
3206 Boulogne-sur-Mer 7,6 25,2 3
3207 Calais 0,9 27,6 4
3208 Cambrai 3,3 35,9 1
3209 Château-Thierry 1,9 38,3 2
3210 Compiègne 1,6 27,6 4
3211 Creil 1,0 25,0 4
3212 Douai 1,7 29,5 2
3213 Dunkerque 2,6 24,8 3
0058 La Vallée de la Bresle - Vimeu 1,1 22,2 4
3214 Laon 3,4 31,2 1
3215 Lens 2,3 28,4 2
3216 Lille 1,8 30,8 2
3217 Maubeuge 3,0 21,6 3
3218 Roubaix - Tourcoing 1,4 29,7 2
3219 Saint-Omer 3,6 24,9 3
3220 Saint-Quentin 4,9 27,8 3
3221 Soissons 3,2 31,9 1
3222 Valenciennes 1,2 30,7 2
Moyenne régionale 2,53 28,2
  • Source : Insee, recensement de la population 2016.

Figure 5De forts enjeux de renouvellement dans les zones de Berck, Cambrai, Laon et SoissonsClassement des zones d’emploi des Hauts-de-France en fonction du poids de l’agroalimentaire dans l’emploi total et du poids des seniors actifs dans l’emploi de l’agroalimentaire en 2016

  • Source : Insee, recensement de la population 2016

Encadré 1 - L’emploi de l’agroalimentaire progresse à nouveau à partir de 2016

Depuis 2015 où il a atteint son point le plus bas, l’emploi salarié dans le secteur de l’agroalimentaire des Hauts-de-France augmente de 0,6 % par an jusqu’en 2019 (+ 290 emplois par an). La hausse est portée par le commerce de gros, les IAA restant atones (figure 2). Cette reprise contraste avec la période antérieure (2007-2015) au cours de laquelle l’emploi a fortement baissé (– 0,8 % par an, soit – 400 emplois par an) suite à la crise économique de 2008. Cette reprise a par ailleurs été moins précoce et moins forte dans la région qu’en moyenne en France métropolitaine.

Dans les Hauts-de-France, la hausse de l’emploi de l’agroalimentaire est surtout portée par le commerce de gros de produits alimentaires et de boissons. Plus spécifiquement, entre 2016 et 2019, l’emploi a ainsi augmenté de 20 % (+ 500 emplois) dans le commerce de gros de fruits et légumes d’une part, et dans le commerce de gros alimentaire non spécialisé d’autre part. Au sein des IAA, la hausse de l’emploi est la plus marquée dans la fabrication de boissons (+ 15 %, soit + 300 emplois). Dans les autres activités, l’emploi reprend timidement ou continue à reculer. La crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 est cependant susceptible de renverser ces tendances (encadré 3).

Figure 2Rebond depuis 2015 de l’emploi salarié du secteur de l’agroalimentaire régionalÉvolution de l’emploi salarié entre 2007 et 2019 en Hauts-de-France et en France métropolitaine (base 100 en 2007)

Rebond depuis 2015 de l’emploi salarié du secteur de l’agroalimentaire régional
Agroalimentaire - Hauts-de-France dont commerce de gros agroalimentaire – Hauts-de-France dont IAA – Hauts-de-France Agroalimentaire - France métropolitaine
2007 100,0 100,0 100,0 100,0
2008 100,6 99,5 101,0 98,6
2009 97,8 98,6 97,5 97,1
2010 98,1 97,4 98,3 96,8
2011 98,6 96,4 99,4 96,7
2012 97,0 94,6 97,9 95,7
2013 95,4 93,4 96,1 94,7
2014 94,9 94,0 95,2 94,8
2015 93,9 93,7 93,9 95,3
2016 95,2 96,7 94,6 96,2
2017 95,2 97,0 94,5 97,3
2018 95,0 99,2 93,5 97,7
2019 96,1 102,4 93,9 98,5
  • Champ : secteur privé concurrentiel.
  • Source : Acoss, emploi salarié au 31 décembre 2007-2019.

Figure 2Rebond depuis 2015 de l’emploi salarié du secteur de l’agroalimentaire régionalÉvolution de l’emploi salarié entre 2007 et 2019 en Hauts-de-France et en France métropolitaine (base 100 en 2007)

  • Champ : secteur privé concurrentiel.
  • Source : Acoss, emploi salarié au 31 décembre 2007-2019.

Encadré 2 - Des besoins en main-d’œuvre croissants dans les IAA

Selon l’enquête « besoins en main-d’œuvre » (BMO) (sources), 2,7 % des besoins de la région concernent les IAA avec 4 100 projets de recrutement annuels en moyenne entre 2013 et 2020. C’est plus que le poids des IAA dans l’emploi régional (1,8 %). En moyenne, sur la période 2013-2020, tous métiers confondus, les établissements des IAA anticipent moins de difficultés de recrutement (30 % de leurs besoins) que dans l’industrie (38 %). Ces intentions de recrutement sont nettement plus souvent saisonnières dans les IAA (37 %) que dans l’industrie (20 %).

Les projets de recrutement concernent en premier lieu des ouvriers, mais ils ne représentent plus que 5 intentions d’embauche sur 10 en 2020, contre 7 sur 10 en 2015. Entre 2013 et 2020, les entreprises des IAA anticipent des difficultés de recrutement pour 31 % de ces projets, une part similaire à celle de l’ensemble des métiers (30 %). La majorité des besoins d’ouvriers non qualifiés est saisonnière contre seulement un quart pour les ouvriers qualifiés.

Dans l’ordre des besoins remontés par les IAA, les fonctions liées à la vente et aux services arrivent en 2e position, représentant en moyenne un quart des besoins sur la période 2013-2020. Le nombre de recrutements envisagés a progressé, passant de 460 en 2013 à 1 580 en 2020.

Les besoins en main-d’œuvre des fonctions d’encadrement sont nettement moins importants (moins d’une centaine en moyenne annuelle), mais ce sont ceux les plus difficiles à pourvoir.

Encadré 3 - Pendant la crise sanitaire, un salarié de l’agroalimentaire sur cinq a bénéficié de l’activité partielle

Durant la crise, les établissements agroalimentaires produisant pour le grand public ont dû s’adapter pour répondre à une demande plus importante, tandis que ceux tournés vers la restauration hors domicile ont vu leur activité fortement impactée (fermeture de restaurants, cantines, annulation d’événements). Entre le 1er mars et le 31 août 2020, 34 % des 3 300 établissements de l’agroalimentaire des Hauts-de-France ont déposé une demande d’autorisation préalable d’activité partielle. Au total, 19 895 salariés de ce secteur d’activité pouvaient prétendre à bénéficier du dispositif, soit 37 % des effectifs du secteur. Les 12,7 millions d’heures demandées par ces établissements représentent 2 % du nombre total d’heures demandées par l’ensemble des établissements de la région.

Ces demandes d’autorisations préalables ne se traduisent pas systématiquement par une utilisation effective. Dans la région, 924 établissements du secteur de l’agroalimentaire ont ainsi bénéficié d’une indemnisation pour 10 741 salariés (soit 20 % des salariés du secteur) et 1,7 million d’heures (soit 1,5 % des heures indemnisées à l’ensemble des établissements de la région).

Trois sous-secteurs ont particulièrement utilisé le dispositif d’activité partielle : le commerce de gros de produits alimentaires et de boissons, la fabrication d’autres produits alimentaires (sucre, cacao, confiserie notamment) et la fabrication de produits de boulangerie-pâtisserie et de pâtes alimentaires. Ils représentent à eux trois 68 % des salariés et 66 % des heures couverts par une demande, ainsi que 78 % des salariés et 80 % des heures indemnisées de l’agroalimentaire. Le commerce de gros de produits alimentaires et de boissons représente à lui seul 48 % des heures indemnisées.

Sources

L’emploi est issu du recensement de la population, exploitation complémentaire. Il s’agit des actifs ayant un emploi au lieu de travail.

Les données de l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss) fournissent des évolutions d’emploi salarié jusqu’à un horizon temporel plus récent (fin 2019). Le champ de ces séries couvre l’ensemble des cotisants du champ concurrentiel affiliés au régime général, domiciliés en France.

L’enquête « besoins en main-d’œuvre » (BMO), menée chaque année par Pôle emploi, permet entre autres d’anticiper les difficultés de recrutement, d’améliorer l’orientation des demandeurs d’emploi et de les informer sur l’évolution du marché pour l’année à venir. Les résultats de l’enquête BMO 2020 reposent sur les réponses des employeurs interrogés fin 2019 quant à leurs intentions d’embauche et leurs difficultés de recrutement anticipées pour 2020. Ils ne prennent donc aucunement en compte le choc et les conséquences économiques de la crise sanitaire intervenu en mars 2020.

Définitions

Dans cette étude, le secteur de l’agroalimentaire regroupe, d’une part les industries agroalimentaires (division 10 et 11 de la Naf révisée 2), à l’exception de l’artisanat commercial de charcuterie (10.13B) et de boulangerie-pâtisserie (10.71B, 10.71C et 10.71D), et d’autre part le commerce de gros de produits agroalimentaires, à l’exception du commerce de produits à base de tabac et alimentaire non spécialisé (46.35Z et 46.39B).

La notion de seniors dans cette étude est utilisée dans une acception large. Elle correspond aux actifs de 50 ans ou plus.

Une cessation définitive d’activité professionnelle recouvre diverses situations de départ :

  • la retraite ou la pré-retraite (71 % des cessations d’activité à l’échelle nationale en 2016) ;
  • l’inactivité pour raisons de santé et d’invalidité ;
  • le chômage pour les personnes âgées de 59 ans ou plus ;
  • tout autre type d’inactivité pour les personnes âgées de 56 ans ou plus.

Le taux de cessation rapporte le nombre de cessations définitives d’activité entre 2016 et 2030 à la population active ayant un emploi en 2015.

Spécialisation des territoires :

  • lorsqu’un sous-secteur comprend entre 50 % et 95 % de l’emploi des IAA de la zone, cette activité est dite majoritaire (exemple de l’industrie du poisson dans la ZE de Boulogne-sur-Mer) ;
  • lorsqu’un sous-secteur comprend moins de 50 % de l’emploi des IAA de la zone, mais plus de 15 points de différence avec la 2e activité, cette activité est dite dominante (exemple de la boulangerie-pâtisserie industrielle dans la ZE de Maubeuge) ;
  • les autres zones sont dites mixtes (exemple de la ZE d’Arras).

L’estimation du nombre de départs de fin de carrière est basée sur un modèle faisant vieillir les personnes en emploi en 2015 (recensement de la population au lieu de travail calé sur les enquêtes emploi en continu (EEC)) jusqu’en 2030, en simulant année après année les cessations d’activité en fonction des probabilités de départ de l’actif. Ces probabilités dépendent de l’âge, de la catégorie socio-professionnelle, du diplôme et du régime de retraite. Elles sont estimées à partir des enquêtes emploi en continu de 2003 à 2016, ainsi que des projections de probabilités de cessations d’activité élaborées à partir du modèle de microsimulation Destinie 2. Les projections intègrent les différentes réformes du système de retraites votées jusqu’en 2014.

Pour en savoir plus

« Plus de 813 000 départs de fin de carrière d’ici 2030 », Insee Analyses Hauts-de-France n° 116, novembre 2020

« 100 000 personnes de la région travaillent dans l’agriculture et les IAA », Insee Flash Hauts-de-France n° 101, juillet 2020

« Les métiers de l’agroalimentaire face à des enjeux de renouvellement », Insee Analyses Pays de la Loire n° 76, octobre 2019

« Ouvrir dans un nouvel ongletLes industries de l’agro-alimentaire : un pilier de l’économie des Hauts-de-France », Horizon eco Hauts-de-France n° 249, décembre 2017

« L’agroalimentaire en Picardie - De l’industrie au commerce de gros : des activités diversifiées et performantes », Insee Dossier n° 5, janvier 2015