La production de céréales, d’oléagineux et de protéagineux en 2019 dans la région Grand Est s’élève à 11,6 millions de tonnes (Mt). Cela représente une augmentation de 5,5 % par rapport à l’année précédente et de 4,5 % comparée à la moyenne quinquennale.

Il faut cependant remettre en perspective ces bons résultats dans un contexte climatique particulier. Les colzas ont particulièrement souffert des conditions météorologiques et de nombreuses parcelles n’ont pu se développer correctement ou ont dû être retournées. Ainsi, avec 729 milliers de tonnes, la quantité de colza récoltée en 2019 est en baisse de 28 % par rapport à 2018 et de 32 % comparée à la moyenne quinquennale. Les rendements diminuent également de 6,6 % par rapport à l’année précédente et ne sont que de 29,5 quintaux par hectare (qx/ha). Des tensions géopolitiques ont régné tout au long de l’année entre la Chine, le Canada et les États-Unis, et le marché a subi la concurrence des huiles végétales asiatiques. Malgré cela, et après une légère baisse au premier trimestre, les cours du colza FOB Moselle progressent jusqu’à la fin de l’année. Ils atteignent 408 €/t en décembre, soit + 41 €/t depuis le début de l’année.

Pour compenser les pertes de surface de colza, les exploitations agricoles ont augmenté leurs surfaces en orges de printemps. Ce report se répercute sur la production, et avec 1,7 Mt produites en 2019, la production d’orges de printemps est en hausse de 30 % par rapport à 2018 et de 33 % comparée à la moyenne quinquennale. De plus, les céréales (orge de printemps et blé tendre) ont bénéficié de bonnes conditions de semis et ont pu se développer correctement au printemps. Les rendements progressent de 9 % et sont de 71 qx/ha en 2019, contre 65 qx/ha en 2018. Bien que la demande mondiale soit dynamique la majeure partie de l’année, l’offre abondante au niveau planétaire pèse fortement sur les cours des orges de printemps FOB Moselle. En fin d’année, le marché des orges se montre plus atone : les cotations se replient et atteignent 164 €/t en décembre 2019, soit une baisse de 56 €/t depuis le mois de janvier.

La culture du colza souffrant des aléas climatiques depuis quelques années, les exploitants avaient également anticipé en développant les surfaces en blé tendre. Comme l’orge de printemps, le blé tendre a bénéficié cette année de bonnes conditions de culture. En conséquence, la production de blé est de 5,5 Mt en 2019, soit 10 % de plus que l’année précédente et 12 % supérieure à la moyenne quinquennale. Les rendements 2019 sont aussi supérieurs à ceux de 2018, avec 78 qx/ha au lieu de 74 qx/ha, soit une augmentation de 6 %. Comme les autres céréales, les cours du blé tendre FOB Moselle subissent les conséquences d’une offre abondante sur les marchés mondiaux malgré une demande élevée. Même s’ils se raffermissent à partir de septembre grâce au dynamisme de la demande, les cours ne rattrapent pas leur niveau de janvier. En décembre 2019, ils sont de 171,5 €/t, soit - 24 €/t depuis le début d’année.

Les épisodes de canicule et la sécheresse estivale ont eu des effets négatifs sur la production de maïs grain dans la région. Ainsi, 1,7 Mt ont été récoltées en 2019, soit - 6 % par rapport à 2018 et - 12 % comparées à la moyenne quinquennale. En revanche, les rendements sont restés stables d’une année à l’autre, avec 95 qx/ha (+ 0,4 % par rapport à 2018). La qualité des cultures ayant été dégradée sur de nombreuses parcelles en raison de la sécheresse, une partie de la production de maïs grain a été requalifiée en maïs fourrager, d’autant plus que les éleveurs souhaitaient reconstituer leur stock de fourrage suite à la mauvaise récolte de 2018. Le développement de la méthanisation dans la région Grand Est a aussi soutenu la culture du maïs, au détriment du colza dans certains départements. Les cours du maïs FOB Rhin progressent pendant le premier semestre. Cependant, à partir de septembre, les cours sont sous la pression des récoltes mondiales abondantes. À partir de novembre, le marché devient peu actif. En 2019, les cotations des maïs perdent 7,5 €/t et atteignent 168 €/t en décembre.

Pour la deuxième année consécutive, la culture de la betterave a fait face à des conditions climatiques pénalisantes en 2019. Les épisodes caniculaires estivaux ont affecté les rendements qui sont estimés à 82 tonnes/hectare (t/ha) en moyenne, contre 91 t/ha de rendement moyen (- 10 %). Ils sont cependant très hétérogènes, l’irrigation ayant permis de limiter les pertes en plaine d’Alsace par exemple. Les surfaces diminuent à nouveau (- 7 % en un an), notamment en Champagne, mais restent à des niveaux élevés depuis la fin du système des quotas en 2017.

Les prix du sucre, qui sont restés historiquement bas lors de la campagne d’octobre 2018 à septembre 2019, remontent en Europe depuis la fin 2019 dans le sillage des prix mondiaux, en raison d’un déficit de production record.

Suite aux conditions météorologiques de 2019, le rendement moyen en pommes de terre de consommation s’établit à 46 t/ha, soit 2 t/ha de moins qu’en 2018, qui se situait au niveau de la moyenne quinquennale. Malgré l’augmentation des surfaces de près de 200 hectares, la production de 2019 est en léger recul par rapport à 2018 de l’ordre de 1 à 2 %.

Cette année est marquée par un renchérissement des coûts de production et par une prise de risque plus élevée principalement à cause du changement climatique. Dans un contexte de marché équilibré entre l’offre et la demande, les prix sont stabilisés.

Le rendement de la pomme de terre de fécule s'élève à 40 t/ha à 17 % de fécule, proche de celui de 2018, mais 10 % de moins que la moyenne 2014-2018. La baisse des surfaces de 350 ha conduit à une diminution de la production de 7 % par rapport à 2018 et de 11 % comparée à la moyenne quinquennale.

L’année 2019 se caractérise par une bonne pousse de l’herbe au printemps, suivie d’un arrêt de végétation en été et d’une reprise automnale sans réelle production. La pousse annuelle est inférieure à la pousse de référence, avec un déficit de production moyen de 30 %. Avec une hausse des surfaces de 5 000 ha et une baisse des rendements de 3 q/ha par rapport à l’année dernière, la production en maïs fourrage se situe à un niveau proche de 2018, mais 9 % en dessous de la moyenne quinquennale. Dans ce contexte, les éleveurs sont à nouveau contraints à des achats pour alimenter les animaux.

Les éleveurs du Grand Est ont livré 2 238 millions de litres de lait en 2019. C’est 36 millions de moins que l’année précédente, en raison d'une collecte en baisse sur les trois premiers trimestres, dans la continuité d’une fin d’année 2018 en recul. Comme depuis quelques années, le repli de la production conventionnelle (- 44 M) est en partie compensé par une croissance de la production biologique (+ 8 M), dépassant désormais le seuil des 100 millions de litres, soit 4,5 % des volumes régionaux.

Le nombre de producteurs conventionnels continue de baisser de 5 % par an depuis cinq ans, passant désormais sous le seuil des 4 000. Dans le même temps, 24 éleveurs supplémentaires se sont convertis au biologique dans la région, atteignant désormais le nombre de 330 exploitations.

La productivité moyenne par vache poursuit sa progression, passant la barre des 7 000 litres annuels, soit 4 400 en biologique et 7 400 en conventionnel.

La rémunération du lait biologique prolonge sa courbe ascendante, atteignant une moyenne de 473 € les mille litres, soit 8 % de plus qu’en 2018. Quant au lait conventionnel, il est rémunéré en moyenne à 357 € en 2019, soit 14 € de plus que l’année précédente, et surtout 58 € de plus qu’en 2016, année de crise laitière. Toutefois, la rentabilité des exploitations est pénalisée par des coûts de production en hausse de 1,3 %, provoqués principalement par une augmentation des prix de l’énergie et des aliments.

Sur les marchés bovins, l’année 2019 restera caractérisée par des cours dans la moyenne des années précédentes, hormis pour les réformes de laitières pénalisées par une demande plus faible.

Pourtant, les abattages ont été marqués par une baisse notable de plus de 7 % pour les gros bovins, malgré une stabilisation des réformes de vaches laitières, faisant suite à une année de forte décapitalisation des troupeaux.

Inversement, 2019 a été plutôt favorable aux exportations de jeunes bovins, avec 1 500 animaux supplémentaires, soit une hausse de 7,2 %.

Après une année 2018 particulièrement pénalisante pour les producteurs de porcs, l’année s'avère exceptionnelle, avec les cours les plus élevés de ces dernières années. La principale raison est la forte demande chinoise, qui a vu son cheptel réduit de près de 50 % suite à l’épidémie de peste porcine africaine (PPA). La hausse régionale de 21 % est d’ailleurs commune aux autres grandes places européennes, comme l'Allemagne, qui demeure la principale référence de l’UE, ainsi que les autres pays qui sont restés indemnes de PPA.

De plus, le Grand Est était la première région exposée au risque de PPA en provenance de la Belgique, mais elle est restée indemne. En effet, en début d’année, une zone blanche a été mise en place, marquée par l’installation d’une clôture de plus de 132 km allant des Ardennes à la Meurthe-et-Moselle.

La forte hausse des cotations porcines provoque d'ailleurs des tensions entre les entreprises de première transformation, subissant un surcoût de leur matière première, et la grande distribution, peu encline à répercuter cette hausse auprès de ses fournisseurs.

Concernant les porcs charcutiers, l’activité des abattoirs augmente fortement pour la troisième année consécutive, de plus de 7,5 % en unités et de 8 % en tonnage ; ces porcs sont en effet plus lourds de 250 grammes par tête en moyenne. Cette croissance d’activité provient principalement du site alsacien d’Holtzheim (+ 20 %), qui représente désormais à lui seul plus de 60 % des abattages de la région.

Après une année 2018 particulièrement favorable pour les cours des ovins, la situation s’inverse nettement en 2019, en recul de 2,3 %, pour conclure sur une moyenne la plus faible de ces dernières années.

De même, les abattages se replient fortement, en baisse de 5,5 %, pour terminer également sur les plus petites quantités traitées de ces dernières années.