En Bourgogne-Franche-Comté comme en France, le vote systématique devient minoritaire
Élections présidentielles et législatives confondues, seul un tiers des Français inscrits sur les listes électorales et résidant en Bourgogne-Franche-Comté ont participé aux quatre tours de scrutin. 51 % ont voté par intermittence, 13 % n’ont pas voté du tout. Depuis 2002 et le rassemblement sur une même année des deux grandes échéances nationales, le taux de vote systématique n’a jamais été aussi bas. Ce phénomène touche toutes les tranches d’âge. Au final, si l’on compte les personnes qui ne sont pas inscrites sur les listes électorales, c’est 23 % de la population en âge de voter qui est restée à l’écart du processus démocratique.
Sur les 2,1 millions de Français en âge de voter qui résident en Bourgogne-Franche-Comté, 1,9 million sont inscrits sur les listes électorales de la région en 2017, soit un taux d’inscription de 89 %. Dans la région, aucun député n’a été élu au premier tour : entre élections présidentielles et élections législatives, les inscrits ont tous eu l’occasion de voter quatre fois. 36 % d’entre eux ont répondu présent à chaque tour de chaque scrutin. À l’opposé, 13 % des inscrits se sont abstenus systématiquement.
Le vote intermittent devient majoritaire
En Bourgogne-Franche-Comté, 51 % des inscrits ont voté sans pour autant participer à toutes les échéances. C’est une évolution marquante puisqu’entre 2002 et 2012, ce comportement s’était maintenu aux alentours de 40 % tandis que le vote systématique restait majoritaire à environ 50 % (figure 1). Ce changement est fortement lié à la désaffection des électeurs pour le scrutin législatif. 21 % des inscrits ont systématiquement voté à l’élection présidentielle puis se sont systématiquement abstenus à l’élection législative, deux fois plus qu’en 2002.
tableauFigure 1 – Transfert du vote systématique vers le vote intermittentÉvolution des comportements de vote entre 2002 et 2007
Abstention systématique | Vote intermittent | Vote systématique | |
---|---|---|---|
2002 | 11,71 | 38,45 | 49,84 |
2007 | 8,19 | 38,41 | 53,40 |
2012 | 10,07 | 41,01 | 48,92 |
2017 | 12,93 | 50,67 | 36,40 |
- Champ : Français inscrits en France en 2017 et résidant dans la région en 2015
- Source : Insee, enquête sur la participation électorale 2017
graphiqueFigure 1 – Transfert du vote systématique vers le vote intermittentÉvolution des comportements de vote entre 2002 et 2007
Le vote systématique baisse pour toutes les tranches d’âge
C’est une constante : les jeunes votent moins systématiquement que leurs aînés. Cette année encore, seuls 14 % des inscrits de moins de 30 ans ont participé aux quatre échéances. Mais la participation systématique aux scrutins de 2017 est au plus bas quelle que soit la tranche d’âge observée (figure 2). La baisse est même particulièrement forte chez les quinquagénaires, dont le vote systématique chute de 23 points par rapport à 2012, de 61 % à 38 %.
tableauFigure 2 – Nette baisse du vote systématique aux élections de 2017Évolution du vote systématique par tranche d’âge entre 2002 et 2017 (en %)
2002 | 2007 | 2012 | 2017 | |
---|---|---|---|---|
De 18 à 24 ans | 30,2 | 36,0 | 24,2 | 11,9 |
De 25 à 29 ans | 23,2 | 33,4 | 21,6 | 15,2 |
De 30 à 39 ans | 40,0 | 39,5 | 38,2 | 22,2 |
De 40 à 49 ans | 57,9 | 56,2 | 48,2 | 32,8 |
De 50 à 59 ans | 57,4 | 59,7 | 60,9 | 37,7 |
De 60 à 69 ans | 64,2 | 65,6 | 60,4 | 51,3 |
De 70 à 79 ans | 57,8 | 65,3 | 60,3 | 54,2 |
80 ans et plus | 45,0 | 55,3 | 52,3 | 42,1 |
- Champ : Français inscrits en France en 2017 et résidant dans la région en 2015
- Sources : Insee, enquêtes sur la participation électorale de 2002 à 2017
graphiqueFigure 2 – Nette baisse du vote systématique aux élections de 2017Évolution du vote systématique par tranche d’âge entre 2002 et 2017 (en %)
Des pratiques électorales influencées par le diplôme et les revenus
Diplôme et niveau de vie ont un rôle crucial quant à l’assiduité aux scrutins électoraux. L’abstention systématique est trois fois plus forte chez les non diplômés que chez les diplômés de l’enseignement supérieur. Même constat lorsque l’on compare le quart des inscrits le plus pauvre au quart le plus riche : 18 % des plus défavorisés financièrement se sont abstenus, seulement 7 % pour les plus aisés (figure 3).
tableauFigure 3 – Les plus favorisés davantage concernés par les scrutinsFrançais inscrits sur les listes en Bourgogne-Franche-Comté en 2017 et résidant en Bourgogne-Franche-Comté en 2015
Abstention systématique | Vote intermittent | Vote systématique | |
---|---|---|---|
Niveau de diplôme | |||
Aucun diplôme | 21,7 | 49,5 | 28,8 |
Inférieur au Baccalauréat | 11,7 | 49,3 | 39,0 |
Baccalauréat | 10,4 | 52,9 | 36,6 |
Supérieur au Baccalauréat | 7,4 | 48,4 | 44,2 |
Niveau de vie | |||
Quartile 1 | 18,4 | 52,2 | 29,3 |
Quartile 2 | 13,8 | 52,2 | 34,0 |
Quartile 3 | 7,1 | 51,6 | 41,3 |
Quartile 4 | 6,9 | 41,1 | 52,0 |
- Champ : Français inscrits en France en 2017 et résidant dans la région en 2015
- Sources : Insee, enquêtes sur la participation électorale de 2002 à 2017
Désinvestissement électoral
La part d’inscrits qui ne votent qu’au premier tour de l’élection présidentielle a presque triplé depuis 2002 sur l’ensemble de la région pour approcher les 5 % en 2017. En Bourgogne-Franche-Comté, 23 % des Français en âge de voter n’ont pris part à aucune des quatre échéances, qu’ils se soient abstenus ou ne soient pas inscrits sur les listes électorales (figure 4).
tableauFigure 4 – Une coupure est-ouest dans le désinvestissement électoralFrançais inscrits sur les listes en Bourgogne-Franche-Comté en 2017 et résidant en Bourgogne-Franche-Comté en 2015
Codgo | Libgeo | TX inscription | Abstention systématique | Taux d’exclusion électorale |
---|---|---|---|---|
84 | Auvergne-Rhône-Alpes | 88,62 | 12,94 | 22,85 |
27 | Bourgogne-Franche-Comté | 88,78 | 12,93 | 22,70 |
53 | Bretagne | 93,03 | 11,58 | 17,74 |
24 | Centre-Val de Loire | 89,74 | 14,04 | 22,86 |
94 | Corse | 87,62 | 17,19 | 27,45 |
44 | Grand-Est | 89,33 | 14,00 | 23,17 |
32 | Hauts-De-France | 91,02 | 15,68 | 23,25 |
11 | Ile-de-France | 86,31 | 13,11 | 25,00 |
28 | Normandie | 91,20 | 12,25 | 19,97 |
75 | Nouvelle-Aquitaine | 90,91 | 13,20 | 21,09 |
76 | Occitanie | 90,33 | 12,69 | 21,13 |
52 | Pays de la Loire | 91,88 | 11,06 | 18,28 |
93 | Provence-Alpes-Côte d'Azur | 88,01 | 15,56 | 25,69 |
France métro | 89,47 | 13,37 | 22,49 |
- Champ : Français en âge de voter en France en 2017 et résidant dans la région en 2015
- Sources : Insee, enquête participation électorale 2017, échantillon démographique permanent
graphiqueFigure 4 – Une coupure est-ouest dans le désinvestissement électoralFrançais inscrits sur les listes en Bourgogne-Franche-Comté en 2017 et résidant en Bourgogne-Franche-Comté en 2015
Pour comprendre
L’enquête sur la participation électorale de 2017 porte sur le vote aux élections présidentielles et législatives des personnes résidant en France (hors Mayotte) en 2015 en capacité de voter. À cet effet, un échantillon de 300 000 électeurs potentiels a été constitué à partir de l’échantillon démographique permanent, qui contient les informations d’un échantillon de personnes concernant notamment leur inscription ou non sur listes électorales, leurs réponses à l’enquête annuelle de recensement de 2015 et leur niveau de vie issu de la source fiscale. Les caractéristiques sociodémographiques sont donc celles déclarées au recensement de la population en 2015.
La participation aux élections d’un échantillon de 45 000 personnes inscrites sur les listes électorales de France est ensuite relevée par les agents de l’Insee en consultant les listes d’émargement en préfecture dans les dix jours qui suivent le scrutin, comme tout électeur peut le faire. Le vote blanc ou nul est un vote, avec émargement sur la liste électorale. Il est donc comptabilisé comme une participation.
Pour en savoir plus
Buisson G., Penant S., Élections présidentielles et législatives 2017 : neuf inscrits sur dix ont voté à au moins un tour de scrutin, Insee Première n° 1670, octobre 2017.
Buisson G., Penant S., Élections présidentielles et législatives de 2002 à 2017 : une participation atypique en 2017, Insee Première n° 1671, octobre 2017.