Insee FocusLes entreprises de taille intermédiaire en France - Très orientées vers l'industrie

Vincent Hecquet, division Profilage et traitement des grandes unités, Insee

En 2011, dans le secteur marchand non agricole, la France abrite 3,14 millions d'entreprises, dont 5 000 entreprises de taille intermédiaire (ETI). Hors secteur financier, les ETI représentent 23 % des salariés et 23 % de la valeur ajoutée. En moyenne, elles emploient près de 700 salariés et regroupent 10 unités légales. Elles sont surreprésentées dans l'industrie manufacturière et parmi les entreprises sous contrôle étranger. Dans les ETI sous contrôle étranger, un salarié sur deux travaille dans l'industrie.

Insee Focus
No 5
Paru le :Paru le10/04/2014
Vincent Hecquet, division Profilage et traitement des grandes unités, Insee
Insee Focus No 5- Avril 2014

Une catégorie d'entreprise surreprésentée dans l'industrie

En 2011, 3,14 millions d'entreprises marchandes non agricoles sont implantées en France (selon une approche assimilant chaque groupe à une seule entreprise), dont 5 000 relèvent de la catégorie des entreprises de taille intermédiaire (ETI). Sur le champ restreint aux activités non financières, on compte 3,09 millions d'entreprises et 4 800 ETI. Ces dernières emploient 3,3 millions de salariés, soit 23 % des effectifs du champ, et réalisent 23 % de la valeur ajoutée du champ (figure 1). L'ETI moyenne emploie près de 700 salariés et compte 10 unités légales. La structure de groupe domine nettement : seules 8 % des ETI sont formées d'une seule unité légale.

Les ETI se distinguent des autres catégories d'entreprise par leur orientation vers l'industrie manufacturière et par le poids des implantations étrangères. 33 % des salariés des ETI travaillent dans l'industrie manufacturière contre 19 % des salariés des autres catégories d'entreprise. Parmi les 3,2 millions de salariés de l'industrie manufacturière, 35 % sont employés par des ETI, contre 28 % dans de grandes entreprises, 27 % dans des petites et moyennes entreprises (PME) hors microentreprises et 10 % dans des microentreprises. Compte tenu de leur orientation industrielle, les ETI jouent un rôle essentiel dans le commerce extérieur, réalisant 33 % du chiffre d'affaires exporté (figure 2).

Figure 1Principales caractéristiques des entreprises de taille intermédiaire en 2011

Principales caractéristiques des entreprises de taille intermédiaire en 2011
Entreprises de taille intermédiaire Poids dans l'ensemble des entreprises (en %)
Nombre d'entreprises 4 794 0,2
Nombre d'unités légales situées en France 46 689 1,4
Effectif salarié au 31/12 (en milliers) 3 289 23,3
Effectif salarié en équivalent temps plein (en milliers) 2 981 23,7
Chiffre d'affaires (en millions d'euros) 1 038 717 27,6
Valeur ajoutée hors taxes (en millions d'euros) 237 224 22,9
  • Champ : France, entreprises marchandes non agricoles et non financières.
  • Source : Insee, Ésane, Clap, Lifi 2011.

Figure 2Poids des entreprises dans les exportations en 2011, selon la catégorie et le type de contrôle

en %
Poids des entreprises dans les exportations en 2011, selon la catégorie et le type de contrôle (en %)
Contrôle français Contrôle étranger
Grandes entreprises 41,6 10,0
ETI 14,8 18,1
PME, y compris microentreprises 12,2 3,3
  • Champ : France, entreprises marchandes non agricoles et non financières.
  • Source : Insee, Ésane, Clap, Lifi 2011.

Figure 2Poids des entreprises dans les exportations en 2011, selon la catégorie et le type de contrôle

  • Champ : France, entreprises marchandes non agricoles et non financières.
  • Source : Insee, Ésane, Clap, Lifi 2011.

Un quart des ETI sont sous contrôle étranger

Toujours sur le champ marchand non agricole et non financier, sur les 4 800 ETI présentes en France, 1 250 sont sous le contrôle de groupes étrangers. Elles emploient 950 000 salariés, soit 29 % des salariés des ETI, et représentent 56 % des effectifs des entreprises sous contrôle étranger. À titre de comparaison, les ETI sous contrôle français emploient 2,3 millions de salariés, soit seulement 20 % des effectifs des entreprises sous contrôle français. L'industrie emploie 51 % des salariés des ETI contrôlées par des groupes étrangers contre 28 % pour les ETI françaises (figure 3).

La focalisation des implantations étrangères sur les ETI s'explique à la fois par des logiques productives et par la taille économique du territoire national. En effet, dans de nombreux cas, l'implantation en France d'un grand groupe industriel étranger correspond sur le territoire français à cette catégorie de taille. Il en résulte des écarts sectoriels, y compris au sein des activités industrielles. Les ETI sous contrôle étranger sont surreprésentées dans la fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques, dans les industries chimiques, de production de caoutchouc et de plastique, et dans l'automobile. Les ETI sous contrôle français sont plus souvent représentées dans les secteurs traditionnels (agroalimentaire, métallurgie, textile et cuir), plus près de l'orientation sectorielle des PME.

Figure 3Répartition des salariés des ETI par secteur d'activité en 2011, selon le type de contrôle

En %
Répartition des salariés des ETI par secteur d'activité en 2011, selon le type de contrôle (En %)
Industrie Construction Commerce, transport, hébergement et restauration Information et communication Activités spécialisées, scientifiques & techn., services admin. & soutien Immobilier, admin. publique, enseignt, santé & action sociale, autres services
ETI sous contrôle français 27,7 4,8 33,9 6,3 14,8 12,5
ETI sous contrôle étranger 51,2 1,3 29,0 5,2 10,9 2,4
Ensemble 34,5 3,8 32,5 6,0 13,7 9,6
  • Champ : France, entreprises marchandes non agricoles et non financières.
  • Source : Insee, Ésane, Clap, Lifi 2011.

Figure 3Répartition des salariés des ETI par secteur d'activité en 2011, selon le type de contrôle

  • Champ : France, entreprises marchandes non agricoles et non financières.
  • Source : Insee, Ésane, Clap, Lifi 2011.

Les ETI sous contrôle étranger : plus grandes et plus capitalistiques

En liaison avec ces écarts, les ETI sous contrôle étranger sont plus grandes et plus capitalistiques. Elles emploient en moyenne 760 salariés contre 660 pour celles sous contrôle français (figure 4). Dans l'industrie, les ETI sous contrôle étranger ont des immobilisations corporelles par salarié qui dépassent de près de moitié celles de leurs homologues sous contrôle français. Les ETI sous contrôle étranger ont une plus forte productivité par salarié. Bien qu'elles versent des salaires plus élevés, de 25 % en moyenne, elles parviennent à un taux de marge assez proche de celui des ETI sous contrôle français.

Figure 4Ratios des ETI en 2011, selon le type de contrôle

Ratios des ETI en 2011, selon le type de contrôle
Ensemble des secteurs Industrie manufacturière
ETI sous contrôle français ETI sous contrôle étranger ETI sous contrôle français ETI sous contrôle étranger
Nombre d'entreprises 3 546 1 248 899 615
Effectif salarié moyen 659 764 685 789
Effectif salarié EQTP moyen 592 706 628 740
VA HT / salarié (en milliers d'euros) 73,8 93,3 74,1 92,6
Immobilisations corporelles / salarié (en milliers d'euros) 198,0 153,8 122,8 181,3
Salaire annuel moyen (en milliers d'euros) 35,2 43,9 36,7 42,7
Taux de marge EBE / VA HT (en %) 25,7 24,0 22,6 25,8
Taux d'exportation (en %) 13,7 28,8 25,9 38,0
  • Champ : France, entreprises marchandes non agricoles et non financières.
  • Source : Insee, Ésane, Clap, Lifi 2011.

Sources

Les résultats sont issus de trois sources : le dispositif d'Élaboration des statistiques annuelles d'entreprises (Ésane), qui produit des statistiques structurelles d'entreprise sur les entreprises marchandes à l'exception du secteur agricole, à partir de données administratives et d'enquêtes auprès d'un échantillon d'entreprises ; Connaissance locale de l'appareil productif (Clap) qui localise les effectifs salariés ; le système d'information Liaisons financières (Lifi) qui identifie les groupes de sociétés opérant en France et détermine leur contour.

Définitions

Entreprise :

L'entreprise est la plus petite combinaison d'unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d'une certaine autonomie de décision, notamment pour l'affectation de ses ressources courantes.

Entreprise de taille intermédiaire / ETI :

Une entreprise de taille intermédiaire (ETI) est une entreprise qui a entre 250 et 4 999 salariés, et soit un chiffre d'affaires n'excédant pas 1,5 milliard d'euros soit un total de bilan n'excédant pas 2 milliards d'euros.

Une entreprise qui a moins de 250 salariés, mais plus de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires et plus de 43 millions d'euros de total de bilan est aussi considérée comme une ETI.

Les ETI constituent une catégorie d'entreprises intermédiaire entre les petites et moyennes entreprises (PME) et les grandes entreprises.

Remarque :

Cette catégorie d'entreprises est définie par le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique.

Unité légale / Entreprise-unité légale / Siren :

L'unité légale est une entité juridique de droit public ou privé. Cette entité juridique peut être :

  • une personne morale, dont l'existence est reconnue par la loi indépendamment des personnes ou des institutions qui la possèdent ou qui en sont membres ;
  • une personne physique, qui, en tant qu'indépendant, peut exercer une activité économique.

Elle est obligatoirement déclarée aux administrations compétentes (greffes des tribunaux de commerce, Sécurité sociale, DGFiP...) pour exister. L'existence d'une telle unité dépend du choix des propriétaires ou de ses créateurs (pour des raisons organisationnelles, juridiques ou fiscales). L'unité légale est l'unité principale enregistrée dans Sirene.

Remarque :

Cette définition de l'unité légale ne doit pas être confondue avec celle de l'entreprise, considérée comme unité statistique.

Groupe de sociétés :

Un groupe de sociétés est une entité économique formée par une société contrôlante et l’ensemble des sociétés qu’elle contrôle.

Contrôler une société, c'est avoir le pouvoir de nommer la majorité des dirigeants.

Le contrôle d'une société A par une société B peut être direct (la société B est directement détentrice de la majorité des droits de vote au conseil d'administration de A) ou indirect (B a le contrôle de sociétés intermédiaires C, voire D, E, etc. à qui elle peut demander de voter d'une même façon au conseil d'administration de A, obtenant ainsi la majorité des droits).

La définition statistique française actuellement en vigueur retient comme critère de contrôle pour définir les contours des groupes la majorité absolue des droits de vote.

On définit :

  • le contour restreint ou « noyau dur » du groupe comme l'ensemble des sociétés détenues directement ou indirectement à plus de 50 % par une société mère, tête de groupe ; la société mère n'est détenue majoritairement, ni directement ni indirectement, par aucune autre société. Dans cette définition, les groupes forment des ensembles disjoints deux à deux ;
  • le contour élargi d'un groupe comme l'ensemble des sociétés dont le groupe détient des participations, quel que soit le taux de détention ; de ce fait les contours élargis des différents groupes ne forment pas une partition et une société peut appartenir au contour élargi de plusieurs groupes.
Remarque :

L'espace économique où sont implantés les groupes et leurs filiales dépasse le territoire national. Par contre, les enquêtes ou les données administratives recueillent les données économiques des entreprises concernées situées sur le territoire français. Plutôt que de « contour des groupes » et « statistiques sur les groupes et leurs entreprises », il faudrait parler de contour et statistiques de la partie française des groupes.

Grande entreprise :

Une grande entreprise est une entreprise qui vérifie au moins une des deux conditions suivantes :

  • avoir au moins 5 000 salariés ;
  • avoir plus de 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires et plus de 2 milliards d'euros de total de bilan.
Remarque :

Cette catégorie d'entreprises est définie par le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique.

Petite et moyenne entreprise / PME :

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont celles qui, d’une part, occupent moins de 250 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 50 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 43 millions d’euros. Elles incluent la catégorie des microentreprises. (MIC) qui occupent moins de 10 personnes et ont un chiffre d’affaires annuel ou un total de bilan n’excédant pas 2 millions d’euros.

Remarque :

Cette catégorie d'entreprises est définie par le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique.

Microentreprise / MIC :

Une microentreprise est une entreprise occupant moins de 10 personnes, et qui a un chiffre d'affaires annuel ou un total de bilan n'excédant pas 2 millions d'euros. Les microentreprises font partie des petites et moyennes entreprises (PME).

Cette notion, utilisée à des fins d'analyse statistique et économique, diffère de celle du régime fiscal de la micro-entreprise et ne s'apparente pas non plus au statut de micro-entrepreneur, appelé auto-entrepreneur avant le 19 décembre 2014.

Remarque :

Cette catégorie d'entreprises est définie par le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, « relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique ».

Pour en savoir plus

Béguin J.-M., Hecquet V., Lemasson J., « Un tissu productif plus concentré qu'il ne semblait », Insee Première n° 1399, mars 2012.

Hecquet V., « Quatre nouvelles catégories d'entreprise », Insee Première n° 1321, novembre 2010.

Rau F., « Les grandes entreprises pèsent plus dans le Nord et les petites dans le Sud », Insee Première n° 1440, avril 2013.

« Les entreprises en France », Insee Références, octobre 2013.

Lemasson J., « Les catégories d'entreprise en France : de la microentreprise à la grande entreprise », Insee Focus n° 4, avril 2014.