Séances 2015-2016 du séminaire inégalités

L'Insee et la statistique publique
Dernière mise à jour le : 26/06/2015

L'évolution des inégalités sociales de tabagisme au cours du cycle de vie : une analyse selon le sexe et la génération - 16 octobre 2015

Auteurs : Damien Bricard (Ined), Florence Jusot (U. Paris-Dauphine et Irdes), François Beck (ERES, U. Paris 6 et Inserm), Myriam Khlat (Ined) et Stéphane Legleye (Ined)

Présentation par : Stéphane Legleye (Ined)

Discutant : Gaël de Peretti (Insee)

Résumé :

Comment évoluent les inégalités sociales dans la consommation de tabac en France selon l'âge et les générations ? Afin de répondre à cette question, les données du Baromètre santé recueillies en 2010 auprès de 27 653 personnes ont été mobilisées pour reconstruire de façon rétrospective le parcours tabagique de trois cohortes de naissance (1941-1955, 1956-1970 et 1971-1985). L'évolution des inégalités de tabagisme est étudiée à partir de la comparaison des prévalences du tabagisme calculées à chaque âge selon le niveau de diplôme, le sexe et la génération puis à l'aide d'un indice relatif d'inégalité estimé à l'aide de régressions logistiques. Les résultats montrent qu'après avoir été plus fréquent parmi les plus diplômés, le tabagisme a reculé dans ces milieux, alors qu'il continue de progresser parmi les groupes moins diplômés. Cette analyse confirme également le décalage d'une génération chez les femmes par rapport aux hommes dans la diffusion du tabagisme, même si les niveaux de prévalence sont aujourd'hui forts pour les deux sexes. L'importance des inégalités sociales face au tabagisme ressort aux âges jeunes, pour toutes les cohortes et pour les deux sexes. Pour les cohortes les plus anciennes, les inégalités s'amenuisent au cours de la vie jusqu'à s'inverser chez les femmes. Pour la cohorte la plus récente, les inégalités restent à un niveau élevé tout au long du cycle de vie et tendent à s'accentuer après 25 ans pour les femmes. Sur la base de ce constat, il pourrait être efficace de cibler les politiques de prévention du tabagisme selon les groupes sociaux et selon les âges de la vie, et en particulier d'axer les efforts sur la prévention de l'entrée dans le tabagisme dans les milieux les moins diplômés.

Les budgets de référence : méthode, résultats et usages - 20 novembre 2015

Présentation par : Pierre Concialdi (Ires) et Didier Gélot (Onpes)

Discutante : Laurence Rioux (Insee)

Résumé :

La présentation s'organise en deux parties. La première est principalement consacrée aux questions de méthode. On présente d'abord brièvement l'objectif de l'étude ainsi que la méthodologie déployée pour la conduire. On discute ensuite la pertinence des principaux choix méthodologiques retenus dans l'étude pour la production des résultats. Enfin, on aborde d'autres questions de méthode qui se posent dans l'interprétation des résultats, notamment lorsqu'il s'agit de comparer les budgets de référence aux repères statistiques usuels. La seconde partie présente et discute les principaux résultats de cette étude.

Le montant des budgets de référence varie ainsi de 1424 € par mois pour une personne seule d'âge actif à 3284 € pour un couple d'actifs avec deux enfants. Pour toutes les familles, les budgets de référence sont inférieurs aux budgets moyens des ménages de même configuration : ils représentent 49 % du budget moyen des couples d'actifs sans enfant et 87 % du budget moyen des familles monoparentales étudiées. On présente enfin quelques usages possibles des budgets de référence, par exemple pour l'évaluation des politiques publiques (comparaison avec les minima sociaux), ou pour mieux cerner la pertinence des échelles d'équivalence actuellement utilisées, ou encore pour la définition d'un salaire minimum décent (ou « living wage »). Pour une personne seule, le salaire nécessaire pour disposer du budget de référence s'élève ainsi à 138 % du SMIC.

Pourquoi moins d'inégalité profite à tous - Principaux résultats du rapport de l'OCDE - 15 janvier 2016

Présentation par : Michael Förster et Céline Thévenot (OCDE)

Discutant : Jérôme Accardo (Insee)

Résumé :

Au cours des 30 dernières années, les inégalités de revenu se sont creusées dans la plupart des pays de l'OCDE. Le débat qui en a résulté a tourné essentiellement autour des 1 % les plus riches. Mais ce constat ne saurait éluder la détérioration de la situation des 40 % de la population à plus faible revenu. Ce creusement de long terme des inégalités de revenu suscite des inquiétudes de nature sociale et politique, mais il engendre également des préoccupations d'ordre économique : les inégalités de revenu ont tendance à freiner la croissance du PIB.

L'un des facteurs principaux contribuant à l'accroissement des inégalités dans les pays de l'OCDE est l'augmentation de l'emploi atypique (travail temporaire, temps partiel, indépendant). Les personnes occupant de tels emplois sont moins bien loties sur de nombreux aspects de la qualité de leur emploi, par exemple le salaire, la sécurité de l'emploi ou l'accès à des formations. Un autre facteur aggravant les inégalités est l'affaiblissement de l'efficacité des mécanismes de redistribution au cours des dernières décennies. À l'inverse, les écarts d'activité entre hommes et femmes se sont réduits et ont permis de ralentir la hausse des inégalités.

Le creusement des inégalités n'est pas une fatalité. Les responsables publics disposent de toute une batterie d'instruments et d'outils pour lutter contre la montée des inégalités et susciter des opportunités pour tous, tout en favorisant la croissance. Quatre axes principaux peuvent être mentionnés : promouvoir des emplois de qualité ; développer les compétences et la formation ; encourager la participation des femmes à la vie économique ; renforcer l'efficacité des systèmes de redistribution.

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Besoin de soins de long terme, aide de la famille, transferts intergénérationnels et État-providence - 12 février 2016

Présentation par : Anne Laferrère (Insee, Crest, Université Paris Dauphine)

Discutant : Hippolyte d'Albis (Paris School of Economics, Cnrs)

Résumé :

Le risque d'avoir besoin de soins de longue durée liés à la dépendance augmente avec le vieillissement de la population. Ceci a des conséquences pour les individus et leur famille souvent impliquée dans les soins, mais aussi au niveau macroéconomique, à cause du coût des soins. L'organisation de l'aide à la dépendance est liée aux institutions de chaque pays, la dépense étant plus ou moins couverte par les systèmes d'assurance publics ou privés.

Les relations familiales intergénérationnelles sont elles-mêmes liées au contexte légal et institutionnel national. Nous essayons ici de rapprocher échanges familiaux et contexte institutionnel pour étudier dans quelle mesure les besoins de soins de long terme sont satisfaits. Les informations sur la famille élargie et son histoire sont fournies par les différentes vagues de l'enquête SHARE sur la Santé, le Vieillissement et la Retraite en Europe. On définit quatre niveaux progressifs de besoins d'aide à partir du nombre de limitations dans les activités de la vie quotidienne. En les comparant avec le type et la fréquence des aides reçues on mesure si les besoins sont ou non satisfaits. En moyenne en 2013 20 % des parents âgés de 65 ans ou plus vivant en logement ordinaire avaient besoin d'aide pour leur vie quotidienne, 8 % avaient des besoins non satisfaits.

Les configurations familiales, les relations passées et actuelles entre parents et enfants influencent la façon dont les besoins sont satisfaits. Les contextes nationaux jouent aussi un rôle. Sauf dans les pays nordiques, l'implication des enfants est primordiale dans la satisfaction des besoins après le décès du conjoint. Les enfants aident en fournissant temps et argent. La transmission du logement et la façon dont sa propriété est partagée entre parents et enfants semblent jouer un rôle.

Les participants peuvent être intéressés par ce livre accessible en ligne gratuitement :

"Ouvrir dans un nouvel ongletAgeing in Europe - Supporting Policies for an Inclusive Society", Börsch-Supan et al. (Eds.), 2015. Walter de Gruyter GmbH & Co KG., notamment le chapitre 30 "Unmet need for long term care and social exclusion".

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Une mesure de l'incertitude sur le revenu salarial futur - 4 mars 2016

Présentation par : Pierre Pora (Insee, Crest) et Lionel Wilner (Ensae, Crest)

Discutant : Gregory Verdugo (Université Paris 1)

Résumé :

Une forte incertitude sur les revenus futurs peut limiter la possibilité pour les agents de lisser leur consommation dans le temps, en restreignant leurs capacités d'anticipation. La variabilité de cette incertitude peut donc engendrer des inégalités de bien-être.

Dans le cas du revenu salarial, estimer cette incertitude suppose de pouvoir modéliser cette dernière à l'aide d'une distribution gaussienne. Cette étude se propose de caractériser les variations annuelles de revenu salarial sans faire d'hypothèse sur la forme de leur distribution, en s'appuyant sur une méthode mise au point par Guvenen, Karahan, Ozkan et Song (2015). Cela permet d'estimer non seulement l'ampleur de l'incertitude, mais aussi l'asymétrie et la dilution du risque. En exploitant le panel tous salariés, on cherche à décrire comment l'incertitude de ces évolutions annuelles de revenu salarial varie avec la position occupée sur l'échelle des revenus salariaux et dépend des caractéristiques des salariés.

Le revenu salarial futur est bien plus incertain pour les salariés les moins bien rémunérés et pour ceux qui occupent le sommet de l'échelle salariale que pour les salariés au revenu salarial intermédiaire. Sur toute la moitié haute de l'échelle, les variations annuelles de revenu salarial sont fortement asymétriques vers le bas, et le risque très peu dilué. Au final, une modélisation gaussienne peut s'avérer inadaptée. On décompose encore l'incertitude sur le revenu salarial futur en distinguant l'incertitude liée au temps de travail de celle qui se rapporte au salaire horaire. Cette décomposition s'avère utile pour comprendre pourquoi les femmes et les salariés du secteur privé sont exposés à une plus forte incertitude sur leur revenu salarial futur.

L'espérance de vie par catégorie sociale et par diplôme - 15 avril 2016

Présentation par : Nathalie Blanpain et Vianney Costemalle (Insee)

Discutant : Gwenn Menvielle (Inserm)

Résumé :

Depuis la fin des années 1970, les hommes de 35 ans ont gagné 7 années d'espérance de vie et les femmes 5,5 années. Toutes les catégories sociales ont profité de ce progrès et les écarts entre les cadres et les ouvriers se sont maintenus. Les hommes cadres vivent en moyenne 6 ans de plus que les ouvriers. Chez les femmes, les inégalités sociales sont moins marquées, seuls 3 ans séparent les cadres et les ouvrières.

L'écart entre l'espérance de vie des personnes sans diplôme et celles ayant un diplôme supérieur au baccalauréat est de 7,5 ans pour les hommes et 4 ans pour les femmes. Chez les hommes, un diplôme supplémentaire se traduit par un gain d'espérance de vie, tandis que chez les femmes, toutes celles qui ont un diplôme bénéficie d'une espérance de vie parmi les plus élevées.

Quelle que soit leur catégorie sociale, les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Même l'espérance de vie des ouvrières est supérieure d'un an à celle des hommes cadres.

Ces résultats sont obtenus à partir de l'Échantillon démographique permanent (EDP) qui donne accès à la catégorie sociale renseignée lors des recensements de la population.

En se restreignant au champ des personnes qui ont déjà été au moins une fois salarié au cours de leur vie, on peut mobiliser une autre source alimentant l'EDP composée des Déclarations annuelles de données sociales (DADS) qui renseignent en particulier la catégorie sociale.

Au niveau individuel la CS issue des recensements ne correspond que deux fois sur trois à la CS issue des DADS. Au niveau de l'espérance de vie par CS, utiliser l'une ou l'autre source conduit aux mêmes conclusions sur les écarts d'espérance de vie entre milieux sociaux.

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Division sexuée du travail dans les couples et statut marital : une exploration à partir des enquêtes Emploi du Temps - 27 mai 2016

Présentation par : Lamia Kandil & Hélène Périvier (Ofce et Sciences-Po Presage)

Discutante : Amandine Schreiber (Insee)

Résumé :

L'objet de cet article est d'analyser le partage des tâches domestiques dans les couples selon leur statut marital, et son évolution depuis les années 1980 à partir de trois enquêtes Emploi du temps de l'Insee (1985-86, 1998-99 et 2009-10). La méthode des MCO est complétée par la méthode d'appariement permettant de tenir compte de l'auto-sélection des couples au regard de leurs caractéristiques observables dans les différentes formes d'union (mariage, union libre et pacs pour l'année 2009-10). En 1985-86 ainsi qu'en 1998-99, le degré de division sexuée du travail était plus important dans les couples mariés que dans les couples vivant en union libre. Pour l'année 1985-86, cet écart s'explique par les différences de caractéristiques des couples vivant en union libre. En revanche, à la fin des années 1990, les couples en union libre optaient pour une organisation moins inégalitaire que celle des couples mariés toutes choses égales par ailleurs. Pour l'année 2009-10, en moyenne la part de travail domestique réalisée par les femmes est sensiblement la même qu'elles vivent en union libre ou qu'elles soient mariées (respectivement 72,2 % et 73,6 %), mais elle est significativement plus faible pour les femmes pacsées (64,6 %). Ces écarts ne sont pas dus aux différences de caractéristiques observables des couples selon le type d'union. L'article montre qu'une auto-sélection des couples qui s'opère sur les valeurs pourrait expliquer cet écart : en 2009-10, le pacs attirerait les couples les plus égalitaires au regard de leurs valeurs, qui, avant l'introduction de l'union civile, optaient pour l'union libre.

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Séance thématique sur le logement - 17 juin 2016

Discutant : Jean-Claude Driant (Lab'Urba, École d'urbanisme de Paris)

Les locataires et l'accès à la propriété : deux cadrages

Céline Arnold et Nathalie Donzeau (Insee, Division Logement)

Résumé :

Les enquêtes Logement de l'Insee permettent de rendre compte des grandes transformations du marché immobilier résidentiel et des ménages occupants depuis 1973. Deux cadrages sont présentés. Le premier propose un portrait des locataires, dont le niveau de vie depuis 40 ans a augmenté moins vite que celui des propriétaires. Au sein du parc social, les locataires se sont peu renouvelés depuis leur entrée massive au cours des années 1960 et 1970, restreignant l'accès des nouvelles générations. Vivre dans un « beau quartier », lorsqu'on est locataire, est plus probable au sein du secteur libre. Mais dans le parc social, les ménages les plus riches et les plus diplômés ont plus de chances d'habiter dans les quartiers aisés.

Le deuxième cadrage étudie les déterminants de l'accès à la propriété depuis les années 1980 et ce qui changé depuis la crise de 2008. Le flux de nouveaux propriétaires, encore soutenu pendant les années 2000, marque un infléchissement depuis le début des années 2010. Les inégalités d'accès à la propriété se sont accrues entre les ménages depuis 30 ans, sous l'effet de deux mécanismes. D'une part, certains facteurs, notamment le revenu, sont devenus au cours de la période récente de plus en plus discriminants. D'autre part, parmi les ménages, la concentration des caractéristiques « favorables » à l'accès à la propriété et « défavorables » a également augmenté.

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Les conditions de logement des ménages immigrés

Florent Domergue et Virginie Jourdan (DSED)

Résumé :

Les ménages immigrés sont repérables dans les enquêtes Logement depuis 1996, mettant ainsi en perspective les évolutions de la situation résidentielle des ménages immigrés à partir de quatre enquêtes Logement : 1996, 2002, 2006 et 2013. Fin 2013, selon l'enquête Logement, 2,7 millions de ménages immigrés et 25,3 millions de ménages non immigrés vivent en France métropolitaine. Un immigré peut acquérir la nationalité française, on parle alors de ménage immigré français par acquisition.

La présentation dresse un portrait des conditions des logements des ménages immigrés entre 1996 et 2013 et détaille les déterminants des statuts d'occupation et de la mobilité résidentielle des ménages immigrés. Les conditions de logement des ménages immigrés sont moins favorables que celles des ménages non immigrés. Ces différences relèvent à la fois de caractéristiques sociodémographiques souvent plus défavorables pour les ménages immigrés, mais aussi des spécificités liées à leur statut d'immigré dont il est primordial de tenir compte, à savoir l'origine, la durée de présence en France et la nationalité.

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